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culture et histoire - Page 1300

  • Le défi du peuple : survivre au libéralisme

    E&R Lorraine recevait les essayistes Alain de Benoist et Charles Robin le samedi 18 avril 2015 dernier pour une conférence sur le thème : « Le défi du peuple : survivre au libéralisme ».

    Partie 1 : Alain De Benoist sur le Traité Transatlantique

     

    Partie 2 : Charles Robin sur la philosophie libérale

    http://www.egaliteetreconciliation.fr/Le-defi-du-peuple-survivre-au-liberalisme-34464.html

  • Les Raisons du combat culturel

    Editorial de Frère Thierry

    Nous n’aimons guère notre  époque, ou, plus exactement, notre époque ne nous aime guère. Depuis des décennies, la société mondialiste qui nous est vendue comme promesse de paradis terminal, de fin de l’Histoire béate, ne fait plus illusion auprès des observateurs un tant soit peu critiques, des hommes de bon sens qu’on rejette dans le camp de l’ennemi en les appelant « réactionnaires ». Le vaste supermarché global, pacifié et unifié, recèle d’insondables horreurs derrière les sourires figés des hordes d’homo oeconomicus qui arpentent les allées. La société mondialiste n’a pas besoin d’hommes, elle n’a besoin que de consommateurs, d’humains réduits à leurs plus basses fonctions d’absorption, d’assouvissement des pulsions et des désirs mimétiques. En cela, cet Empire du Bien dont parlait le regretté Philippe Muray est un totalitarisme. Totalitarisme doux ou mou, certes, mais totalitarisme tout de même, dans ses procédés comme dans ses objectifs. L’Empire veut donc produire à la chaîne des consommateurs, des hommes dociles, souples à l’injonction. Pour ce faire, les déraciner est indispensable, charnellement et spirituellement. Au cœur de cette entreprise nihiliste, la culture est la cible prioritaire. Il faut faire en sorte que les personnes ignorent de plus en plus qui elles sont : on effacera donc d’abord leur histoire, on les privera de chronologie ; on dissoudra leurs traditions, rejetées dans les Ages Sombres d’avant le Village global ; on leur coupera l’accès aux œuvres artistiques et techniques, fruits du génie des leurs ancêtres ; on détruira toute échelle de valeur et de comparaison, sapant l’esthétique et le goût. On les rendra étrangers à leur propre langue, inaptes à l’expression de la pensée et de l’émotion, donc inaptes à être des hommes, ces singuliers animaux faits à l’image du Créateur. On en fera des zombies dénués de toute arme et de toute stratégie pour s’opposer à l’ablation de leur âme et à leur disparition à terme. 

    Ce combat contre la culture et les cultures (entendues comme les manifestations différenciées des génies des ethnies, des peuples et des races) exige une riposte adaptée, un combat culturel. Que peut bien recouvrir cette notion ? Ce combat vise à défendre l’intégrité de la personne humaine, unique aux yeux de Dieu et enracinée dans l’Histoire. Cette intégrité fait tenir ensemble toutes les capacités de l’homme, intellectives comme émotives, techniques comme artistiques, et les ordonne en vue d’une fin qui les dépasse, qui nous dépasse tous. Pas de vraie culture sans métaphysique, d’une part, et pas plus sans Histoire d’autre part. Ceci implique de reconnaître l’inscription de l’homme et de sa culture dans un contexte religieux et métaphysique et de le défendre comme tel. Point n’est besoin d’être soi-même croyant. : pour preuve, l’agnostique Charles Maurras fut bien l’un des plus ardents défenseurs du rôle de l’Eglise et des créations de la foi. Défendre la culture, c’est défendre un au-delà de l’homme, alors que l’Ennemi veut nous réduire à un en-deçà de l’homme. Défendre une culture, c’est aussi défendre l’histoire de cette culture et des générations qui l’ont portée, c’est s’inscrire dans une lignée, une continuité, se reconnaître dans une suite d’innombrables prédécesseurs, et assumer pleinement et entièrement ce qui est à la fois une dette, un héritage et un honneur. Linéarité du temps historique, ponctuée par la cyclicité des rythmes naturels : l’histoire de la Culture, c’est la Tradition, l’histoire des cultures, ce sont les traditions.

    D’abord, assumer et défendre la dimension métaphysique et religieuse de l’homme, assumer et défendre la tradition et les traditions. Mais comment ? Le combat culturel est en fait un combat pour l’intelligence, à l’aide de l’intelligence : par la mémoire, nous accumulons les références historiques, littéraires, poétiques, musicales, architecturales, folkloriques, politiques, et notre intelligence ordonne ces références et nous en fait comprendre les structures. L’intelligence, c’est le don de Dieu pour que l’homme se comprenne. La culture est la mise en forme individuelle et collective de l’intelligence, par l’expérience des aïeux. La culture est l’enclume sur laquelle notre intelligence va se forger, puis se développer, s’aiguiser, s’exercer, se tremper. Sans culture, l’intelligence est matière sans forme, inerte donc inutile. L’homme dont l’intelligence ne sert pas est mûr pour l’esclavage. La culture est donc la condition de la liberté, puisque c’est grâce à elle que notre intelligence personnelle peut devenir épée et bouclier de notre corps et de notre âme.

    Il faut revenir à l’étymologie du mot « culture » pour en bien saisir toutes les implications. Le verbe latin colere signifie cultiver une terre, un champ, et par extension « prendre soin de quelque chose ». L’agriculture est le soin apporté à la terre pour qu’elle produise ses meilleurs fruits. Le passage de l’agriculture à la culture, de la matérialité du sol à l’abstraction de l’esprit, passage qui s’opère chez les auteurs romains, en particulier chez Cicéron, conserve cette idée de soin, de travail permanent en vue de la production, de la mise au monde des meilleurs fruits de l’âme. Cette dernière est notre champ, et constamment nous devons être à l’ouvrage, il en va de notre salut physique et moral : sarcler, labourer, semer, faucher, glaner, surveiller, protéger des nuisibles. Le combat culturel est d’abord un effort, une violence faite à soi-même pour se montrer digne de la culture que nous héritons. C’est, pour chacun d’entre nous, un travail immense, harassant, impliquant la concentration, la méditation, la mémoire, la logique, toutes les capacités intellectives qui doivent emmagasiner sans cesse les informations triées et ordonnées par le goût et l’expérience, mais aussi la sensibilité artistique, la capacité d’étonnement et d’émerveillement. 

    Le combat culturel implique de savoir où trouver, dans l’immense répertoire de la culture que l’honnête homme ne maîtrisera jamais qu’à peine, les preuves, les exemples, les arguments, sous quelque forme que ce soit, qui permettent de s’opposer au mensonge et de tendre, toujours tendre vers la Vérité. La culture donne tout à la fois fierté et humilité, confiance nécessaire en soi et en son héritage, doute et remise en question tout aussi nécessaires. C’est donc en se cultivant que l’on peut défendre légitimement son legs et son identité, et c’est par cette défense intelligente, passionnée et solide que l’on peut convaincre les indécis, voire nos adversaires. 

    Pour quiconque veut participer, à son niveau, au combat politique pour la sauvegarde de nos patries et de notre civilisation européenne chrétienne, il doit être évident que le combat culturel est l’une des armes principales. C’est lui qui permet, s’il est intelligemment mené, par son effet sur un nombre croissant de personnes, de renverser les modes idéologiques qui conditionnent les comportements sociaux. L’hégémonie gauchiste et progressiste sur le monde des lettres, des arts, de l’université et des media depuis cinquante ans, avec ses aspects les plus mortifères, les plus nihilistes, a pu se mettre en place par une stratégie habile et dénuée de scrupules d’épuration et de disqualification de l’adversaire et de sidération idéologique. Toute contestation, que ce fût du pédagogisme à la Mérieux, de la sociologie de Bourdieux, de l’art contemporain, était immanquablement rejetée dans le camp du Mal, de la Réaction, voire du Fascisme éternel. Mais cette sidération n’a qu’un temps, même si ses ravages vont continuer à s’exercer: l’apparition d’Internet, en particulier, est la chance de tous les militants de la ré-information et du combat culturel, en ce qu’elle permet la constitution de groupes de pression, en ce qu’elle diversifie les sources d’information et permet ainsi au simple citoyen, s’il s’en donne la peine, de vérifier et recouper le contenu souvent douteux véhiculé par les media de masse. Le but qu’il faut fixer au combat culturel est d’obtenir la majorité idéologique, quand bien même l’on ne serait que politiquement minoritaire (ce qui est, de fait, le cas). Nul n’est besoin de se faire sectateur de Gramsci pour comprendre que cette majorité idéologique est la condition nécessaire (mais pas toujours suffisante) d’une majorité politique et donc de l’inflexion de la vie de nos cités et de nos pays dans le sens qui nous semble ordonné sur et vers le Bien, le Beau et le Vrai. Elle ne peut s’obtenir que par l’effort constant de personnalité d’horizon divers mais unis par une culture commune, le sachant et voulant la défendre, sans se renier, sans déposer les armes.

    Très concrètement, en quoi consiste la formation d’un combattant culturel (qui n’est au fond que l’activité quotidienne de l’honnête homme et du patriote) ? Elle tient en deux mots : travail et dialogue. Expliquons-nous : le travail, c’est le labour du champ de l’âme et de l’esprit. C’est prioritairement la lecture. L’honnête homme lit, avec un œil critique, une sensibilité ouverte, une mémoire qui fonctionne à plein régime, dans les transports en commun ou sur un canapé, mais il doit impérativement lire. Lire les classiques de la littérature, les livres d’histoire, de philosophie, les essais politiques ; se constituer sa propre bibliothèque, ses références sues par cœur, découvrir les auteurs de la contre-culture chrétienne et/ou patriote et de proche en proche, se constituer une galaxie, une constellation culturelle d’écrivains qui fourniront sans cesse les munition de la lutte permanente : Barrès, Péguy, Bloy, Maurras, Claudel, Bernanos deviendront des familiers, puis, dans un processus d’élargissement éclectique mais sélectif et critique, on s’attaquera à la science-fiction théologique de Maurice G. Dantec, à la critique du libéralisme de Jean-Claude Michéa, à la pertinente défense de l’esprit européen de Jean-François Mattéi, aux fines analyses philosophiques du temps présent de Pierre Manent ou Chantal Delsol. On ira, toujours attentif et ouvert à la découverte, avec suffisamment de formation intellectuelle de base (qui s’acquiert par la fréquentation assidue des classiques…et des manuels d’histoire littéraire et d’histoire des idées !) pour trier le bon grain de l’ivraie, en sachant que, souvent, l’on adhère aux analyses des auteurs sans pour autant valider leurs solutions et prescriptions (ainsi de l’anarchiste ancienne école Michéa). On ira se confronter aux textes des adversaires pour maîtriser leurs armes mieux qu’ils ne maîtrisent les nôtres : il faudra lire Michel Foucault, Jacques Attali ou Michel Onfray. On cartographiera les auteurs, les écoles et courants de pensées, leur histoire mouvante. Mais l’important est de lire, de relire, de mémoriser et de prolonger la lecture par d’autres lectures. Après, pour ouvrir toutes les voies d’acquisition de la culture générale, il faut maîtriser les disciplines d’un trivium et d’un quadrivium pour le temps présent, adapter ces divisions de l’enseignement des arts libéraux instituée par le philosophe Boèce aux exigences d’un homme de culture dans le monde des années 2010 : connaissance intime de la langue française, de sa grammaire, de l’orthographe, des conjugaisons et de la richesse immense de son lexique ; connaissance du patrimoine artistique (peinture, musique, sculpture, architecture…) ; connaissance du patrimoine religieux et pratique du culte ; connaissance des traditions populaires, du folklore et à nouveau pratique; connaissance des enjeux géopolitiques et attention régulière aux nouvelles du monde. Sur ces bases-ci, une culture générale opérationnel, en ordre de bataille, peut être édifiée. 

    Dans un second temps, ce que nous appelons le dialogue est en fait une version mi-socratique mi-militante : il s’agit, en ne perdant aucune occasion, d’ouvrir le dialogue non pas avec les convaincus, ce qui n’est que rassurant, mais avec tous ceux qu’il reste à convaincre, à orienter vers une certaine idée du Beau, du Bien et du Vrai, vers le bonheur inépuisable de la culture française, européenne et chrétienne et vers l’urgence de la lutte pour sa sauvegarde et à terme pour notre survie en tant que peuple de culture, singulier, unique. En donnant l’exemple d’une culture maîtrisée dans ses aspects les plus variés, et pratiquée, le combattant culturel va susciter la curiosité, l’interrogation, parfois la réprobation, les critiques, mais c’est grâce à cette démarche qui cumule la conviction, l’invitation à la réflexion, l’anticonformisme, et le plaisir du savoir, que l’on peut ouvrir les esprits à notre combat. Le réfractaire au monde moderne tel qu’il nous est vendu se doit d’être cet aiguillon toujours alerte qui montre du doigt les impasses et les contradictions de ce qui, dans la pensée correcte du totalitarisme mou ambiant, est censé aller de soi. 

    Pour conclure, il faut garder présent à l’esprit que toute culture est par définition vivante, elle vit avec nous qui la portons. Elle risque de fait de mourir si nous n’avons plus les épaules assez solides pour la porter haut. C’est notre devoir de citoyen, de chrétien, d’homme, c’est notre honneur que de batailler pour la culture et par elle.

    http://www.cercleareopage.org/

  • Les années charnière du Second Empire

    Le monde catholique se divisa après la révolution de 1830. Sa fidélité à Charles X puis à son petit-fils Henri V se relâcha peu à peu, jusqu'à ce qu'il cesse d'être légitimiste, et même contre-révolutionnaire. Retour sur une anticipation du Ralliement de 1891.

    Très jeune, Philippe Pichot-Bravard s'est fait connaître en publiant une Épopée de la Vendée (éditions du Choletais) aussi brillante que documentée, dans laquelle cet Angevin, qui avait rédigé un mémoire sous la direction du professeur Xavier Martin, ne dissimulait pas ses choix et ses préférences. Quelques années ont passé, transformant un adolescent prometteur en historien de grande valeur, alliant à la rigueur de la recherche la qualité du style et la constance dans l'idéal, vertu peu fréquente.

    Aveuglement

    Après deux romans historiques originaux, Le Duel ou les rebelles de l'An II, puis Le Vol de l'Aigle, dont les intrigues se déroulaient entre 1793 et 1815, Philippe Pichot-Bravard publie Le Pape ou l'Empereur, inspiré d'un mémoire de science politique soutenu à l'université de Paris II (Panthéon-Assas), étude remarquable sur l'attitude des catholiques sous le Second Empire, qui obligera désormais les spécialistes du règne de Napoléon III à nuancer quelques jugements. Et passionnera tous ceux qui s'intéressent à l'histoire des idées politiques tant les années 1852-1870 se révèlent un laboratoire dont les expériences nous affectent encore. (Tempora, 200 p, 19 euros.)

    L'ACTION FRANÇAISE 2000 - Vous mettez en évidence au temps du Second Empire l'aveuglement ou l'opportunisme politique de quelques champions du catholicisme, leurs préoccupations à courte vue. Pourtant, la droite compte de sincères défenseurs de la foi. Quelques mots peut-être sur le rôle et la personnalité de Falloux, Berryer ou surtout de Veuillot ?

    PHILIPPE PICHOT-BRAVARD - L'unité du monde catholique a volé en éclats au moment de la révolution de 1830, après que le pape Pie VIII, en reconnaissant le nouveau régime, eut encouragé implicitement le clergé et les fidèles à dissocier foi religieuse et fidélité dynastique. Après 1830-1832, nous pouvons relever chez les catholiques quatre attitudes politiques différentes.

    Quatre attitudes

    Il y a une solide proportion de catholiques contre-révolutionnaires qui, pour l'immense majoritéd'entre eux, restent attachés à Charles X puis à son petit-fils Henri V. Il y a un légitimisme populaire, qui rallie la paysannerie de Bretagne et le monde ouvrier des villes du Midi, avec à sa tête La Rochejacquelein et l'abbé de Genoude, et un légitimisme libéral et parlementaire, représenté par Falloux et Berryer. Parmi ces catholiques contre-révolutionnaires, Louis Veuillot fait exception. Il est catholique avant tout et ultramontain. La question dynastique est, à ses yeux, accessoire, ce qui explique la facilité avec laquelle il se rallie à Louis-Napoléon Bonaparte en 1851. Veuillot ne deviendra légitimiste qu'après 1870. Il y a aussi une proportion non moins importante de catholiques conservateurs qui soutiennent l'ordre établi, dès lors que cet ordre n'est pas agressivement anticlérical.

    Visions incompatibles

    Il y a encore une petite proportion de libéraux catholiques, lecteurs de Montalembert, de Lacordaire, d'Albert de Broglie et d'Augustin Cochin (le grand-père de l'historien des sociétés de pensée), qui se montre soucieuse de réconcilier l'Église et la liberté, une liberté définie de manière moderne. Sous l'influence de Lacordaire, ils en viennent petit à petit à vouloir réconcilier l'Église et le monde moderne, c'est-à-dire avec les valeurs de 1789, ne voyant pas que l'hostilité des héritiers de 89 à l'Église rend illusoire un effort de réconciliation entre deux visions du monde complètement incompatibles. Tout leur système de pensée repose sur une erreur d'analyse. Ils sont persuadés que la flambée d'anticléricalisme des années 1830-1832 est due au fait que l'Église était sous la Restauration trop proche de la monarchie ; alors qu'en réalité, les discours et les écrits des libéraux de 1830 montrent bien que Charles X a été renversé parce qu'il était trop favorable à l'Église. Comme les doctrinaires de la Restauration (le parti du canapé), ils se distinguent davantage par la qualité que par la quantité. Dans les années 1850, Le Correspondant compte deux mille abonnés alors que L'Univers en aligne onze mille. Falloux est au carrefour du légitimisme et du libéralisme catholique.

    Les premiers catholiques sociaux

    Il y a enfin quelques individualités qui plaident pour une réconciliation entre l'Église et lemonde révolutionnaire. Ils plaident pour une démocratie chrétienne laïque, parfois socialisante. En 1848, Arnaud de l'Ariège et Buchez en sont les principaux représentants, faisant "pont et planche" entre l'abbé Grégoire et Marc Sangnier.

    Entre 1830 et 1880, une partie importante du monde catholique cesse d'être légitimiste, cesse d'être contre-révolutionnaire et finalement se rallie, malgré les mises en garde du Syllabus, aux valeurs du monde moderne. Certains d'entre eux ont anticipé le Ralliement de 1891. Sans l'appoint de ces catholiques ralliés, il est probable que le camp républicain ne l'aurait pas emporté lors des élections décisives de 1876 et de 1877. Songez qu'alors la Mayenne, l'Ille-et-Vilaine, le Finistère, une partie du Massif central et de la Basse-Normandie choisissent d'élire des républicains conservateurs, ne revenant vers les monarchistes qu'en 1885, après l'adoption des lois Ferry.

    L'AF 2000 - À côté d'hommes prêts à des concessions aventurées dont ils ne semblent pas toujours avoir mesuré les conséquences, existe une autre droite catholique, légitimiste, qui refuse d'entrer dans ce jeu. Ne s'exclut-elle pas de la vie politique et ne se prive-t-elle de toute influence ?

    Ph. P.-B. - Les notables légitimistes continuent souvent à exercer une influence locale, économique et politique, par l'exercice de mandats locaux. Le monde légitimiste joue également un rôle important dans la renaissance spirituelle du XIXe siècle, renaissance dont la Restauration avait donné l'impulsion : oeuvres missionnaires, scolaires et surtout sociales. Souvenons-nous que les légitimistes sont les premiers, dans les années 1830, à attirer l'attention du public sur l'effroyable misère matérielle et spirituelle du monde ouvrier et sur les réformes concrètes qu'ils conviendraient d'effectuer.

    Zouaves pontificaux

    L'AF 2000 - Des rangs des légitimistes sortirent les zouaves pontificaux. Pourriez-vous nous dire s'ils trouvèrent ainsi une occasion honorable de reprendre un peu d'influence ?

    Ph. P.B. - Lorsque la politique des nationalités, encouragée par Napoléon III, menace l'existence des États pontificaux, ils volent au secours du pape. Ainsi, entre 1860 et 1870, deux mille neuf soixante quatre Français rallient les bannières pontificales ; ils sont issus, pour la plupart, de familles de l'Ouest où les jeunes gens rêvent de montrer qu'ils sont animés du même courage que leurs pères, oncles et grands-pères combattants de la Vendée ou de la Chouannerie. Écartés du service du pays par leur fidélité dynastique, les légitimistes ont trouvé là une occasion de renouer avec le service des armes.

    Face à l'Homme révolutionnaire

    Il est vrai que la conception qu'ils nourrissent de la patrie n'est pas la même que la conception qu'incarne l'Empire. Pour l'Empire, comme pour la République, être patriote implique une adhésion au contrat social, aux valeurs du régime, valeurs que rejettent les catholiques légitimistes demeurés attachés à la France de Clovis, de Saint Louis et de Jeanne d'Arc. Dès lors, leur engagement traduit un patriotisme de substitution, expression supplémentaire d'un rejet de l'Empire. Encouragé par les dons des fidèles, leur engagement est nourri d'un esprit de sacrifice et de gratuité d'une rare noblesse, comme en témoigne l'émouvante histoire du jeune Quatrebarbes.

    L'AF 2000 - Vous mettez en évidence un point souvent occulté par les spécialistes d'histoire religieuse comme par les historiens des idées politiques : les véritables intentions de Pie IX lors de la promulgation en 1854 du dogme de l'Immaculée Conception, prologue à la publication du Syllabus, et qui dépasse le strict champ de la foi pour proposer un contre-modèle de société et d'humanité à la philosophie rousseauiste. Quelques précisions sur ce sujet ?

    Ph. P.B. - Le dogme de l'Immaculée Conception est proclamé par Pie IX le 8 décembre 1854. Sa proclamation répond d'une part à un souci spirituel, d'autre part à un souci philosophique et politique. Dans le domaine spirituel, Pie IX entreprend de reconquérir les âmes au jansénisme en encourageant la piété mariale de manière spectaculaire.

    Péché originel

    Dans le domaine temporel, la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception permet au pape de récuser la vision de l'homme propagée par la pensée de Jean-Jacques Rousseau. Alors que Rousseau affirmait que l'homme est naturellement bon et que la société le pervertit, l'Église rappelle que l'homme a été blessé par le péché originel avant d'être racheté par le sang du Christ, fils de Dieu né d'une vierge conçue sans péché afin d'être le temple charnel du Sauveur. Honorer la Vierge Marie sous le vocable d'Immaculée Conception souligne implicitement la nature pécheresse de l'homme. L'exception confirme la règle. Il y a là, de la part du pape, un appel à rompre avec la philosophie révolutionnaire. Ce n'est pas dans la société, ou chez autrui, que l'homme doit chercher la cause de ses misères, mais en lui. Ce n'est pas en s'attaquant à l'ordre social que l'homme mettra fin à ses souffrances mais en luttant contre lui-même pour s'élever jusqu'à la sainteté dont la mère du Christ offre un exemple achevé. À la révolte de l'homme révolutionnaire qui exalte ses droits et rejette Dieu, le pape oppose le modèle de "l'humble servante" qui accepte que lui soit fait selon la volonté de Dieu.

     

    Propos recueillis par Anne Bernet L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 17 au 30 septembre 2009

  • « Une horreur moderne : la civilisation du pouvoir de l'avoir » | Par Francis Cousin.

    Francis Cousin a l’habitude de s’exprimer sous pseudonymes dans divers revues et sites internet. Avec sa permission, nous diffusons aujourd’hui ce papier signé Gustave Lefrançais et paru dans le N°737 des « Écrits de Paris » (Éditions des Tuileries) en décembre 2010. [NDLR de Scriptoblog]


    Face à l'horreur moderne… De la civilisation du pouvoir… Rappelons-nous toujours l’émotion spontanée de la communauté de l’être archaïque…

    N’en déplaise à  toutes les idéologies de justification des mensonges économiques et politiques de lasociété de l’avoir, le communisme primitif le plus primitif exprimait bien et d’abord l’immanence naturelle dusouci de l’être, en la vérité qualitative de l’essence émotionnelle du jouir et du ré-jouir humains… C’est en tout cas et une fois de plus, la conclusion pratique évidente à laquelle on aboutit face à une découverte remarquable effectuée dernièrement par une équipe de paléoanthropologues lors de fouilles effectuées sur le gisement de la Sima de los Huesos (la Cime des Os) dans la Sierra de Atapuerca, dans la province de Burgos en Espagne…

    L’espace ici étudié est celui des territoires traditionnels de l’Homo heidelbergensis qui a vécu en Europe au Pléistocène. Cet ancêtre commun de l’Homme de Néanderthal et de l’Homo Sapiens qui occupait ces lieux, il y a environ 530 000 ans, vivait et se nourrissait communautairement par la cueillette et surtout par la chasse. Il était expérimenté pour venir à bout du gros gibier, par exemple les chevaux et les rhinocéros laineux. Il fabriquait avec soin des armes diversifiés et notamment des épieux à lancer qui pouvaient atteindre jusqu’à 2,50 m de long ainsi que de multiples outils en silex. Les marques de découpage sur les os retrouvés indiquent que ces derniers étaient raclés méticuleusement pour que l’on en retire la viande. Les os étaient aussi utilisés comme instruments pour la fabrication d’outils en silex. Avec habileté,  le bois et les os étaient taillés et l’on confectionnait aussi, à partir d’eux, des aiguilles pendant que les tendons, eux, servaient de fils. Et ainsi, avec la peau, les aiguilles et les tendons, il était possible d’élaborer des vêtements particulièrement chauds et résistants. Le développement de ses capacités sociales et culturelles tel que les restes de campements communautaires méthodiquement ordonnés en témoignent laisse très clairement supposer  que l’Homo heidelbergensisqui vivait centralement autour de feux communs possédait déjà les fondements d’une langue simple mais efficacement fonctionnelle. La culture matérielle d’Homo heidelbergensis correspond en fait au Paléolithique inférieur et le plus souvent il s’agit d’Acheuléen.

    Les archéologues ont aussi découvert des traces nombreuses d’os calcinés, ce qui  indique indéniablement la pratique élaborée de rites funéraires avérés. Sur la trentaine d’individus identifiés et examinés dans la Sierra de Atapuerca, un crâne a très particulièrement retenu l’attention du Centro de Evolucion y Comportamiento Humanos de Madrid. Ce crâne est très probablement celui d’une jeune fille d’une dizaine d’années et les fragments que l’on en a retrouvé permettent de diagnostiquer les traces certaines d’une craniosynostose, une maladie génétique rare débutant au cours de la vie fœtale et qui provoque une soudure prématurée des os crâniens susceptible d’entraîner de sévères et irréversibles déficiences psychomotrices.

    D’où, la conclusion d’évidence qui s’impose immédiatement et logiquement… Atteinte par cette grave et invalidante malformation congénitale, la jeune fille en question n’aurait jamais pu atteindre l’âge relativement avancé qui fut le sien sans la sollicitude, l’attention et  l’égard permanents des siens au sein du groupe dans lequel elle est née et a justement pu vivre dans une bien-veillance obligée de chaque instant. Si cette dernière a donc pu exister, grandir, résister et subsister malgré son lourd handicap, cela procède de l’accompagnement attentif et systématique du groupe de chasseurs-cueilleurs qui était le sien. Cette découverte confirme que l’accueil, la compréhension, la douceur, l’ouverture d’âme et la sollicitude que l’on peut porter aux personnes souffrantes, malades ou infirmes n’est pas un comportement récent dans l’histoire de l’humanité… Bien loin de là, du reste, puisqu’aujourdhui, si l’on retire les avantages financiers des impostures économiques générales en jeu et les pathologies spectaculaires compensatoires de fallacieuse bonne conscience mises en scène, les fraîches et franches relations directes à l’autre sont dorénavant ici extrêmement  rares…

    Il y a un bon demi-million d’années, nos ancêtres lointains qui vivaient en groupes communautaires ignorant le pouvoir, l’argent et la servitude étaient donc d’instinct capables de ce sentiment, de cette inclination et de cette sensibilité pratique qui regarde l’autre avec émoi, bouleversement et com-préhension. Voilà qui vient nous rappeler les très pertinentes analyses de Marx et d’Engels dans les Grundrisse et dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État tels qu’ils avaient su démontrer que les communautés  primitives sont des espaces où l’être ensemble  indivisé (et pour cela,  se voulant totalité une de sa propre immanence de besoins et de désirs) est une dynamique de vie sans scission entre dominants et dominés qui ignore tout organe séparé de pouvoir et qui d’emblée s’émeut de tous en chacun et de chacun en tous.

    Dans la tribu primitive, il n’y a pas d’organe séparé du pouvoir parce que le pouvoir n’est pas sépare de la communauté parce que c’est elle – en l’essence de son être – qui le détient comme son être en tant que totalité unitairement homogène de son auto-mouvement de vie, d’affection, de délicatesse, de sentir, de re-sentir et de fidélité.

    Quel est le lieu réel du pouvoir dans la communauté primitive? C’est la totalité du  vivre ensemble lui-même qui le détient et l’exerce comme unité totale de son indivision globale de corps et d’âme. Ce pouvoir non séparé de la communauté s’exerce en un seul sens et  il anime tous les sens en un seul projet : maintenir dans l’indivision l’être de la communauté, empêcher que la non-réciprocité entre les hommes installe la division dans le groupe. Il s’ensuit que ce pouvoir s’exerce sur tout ce qui est susceptible d’aliéner la société, d’y introduire la désagrégation, le morcellement et le parcellement. Il s’exerce, entre autres, sur l’institution d’où pourrait surgir la captation du pouvoir, la chefferie. Le chef est, dans la tribu, sous surveillance d’intelligence critique constante. La communauté veille à ne jamais laisser le goût du prestige passager se trans-former en désir de pouvoir permanent.

    Si l’appétit de pouvoir du chef devient trop évident, la procédure mise en jeu est simple et c’est toujours la même: on le réprimande puis on l’abandonne, voire même on le tue. La crainte clairvoyante de la séparation habite très certainement la communauté primitive, mais elle possède fondamentalement les moyens de la conjurer par l’ardeur passionnelle à exister et à aimer qualitativement les joies de l’être.

    L’exemple des communautés préhistoriques nous enseigne là que la division n’est pas inhérente à l’être de l’être ensemble et qu’en d’autres termes, l’État n’est pas éternel, qu’il a, ici et là, une date de naissance et qu’il aura d’ailleurs et bien évidemment une date de mort.

    Pourquoi la pathologie de la domestication étatique a-t-elle émergé ? La question de l’origine de l’État doit se préciser ainsi : à quelles conditions une communauté cesse-t-elle d’être primitive et accepte-elle que les satisfactions de l’être se trouvent subjuguées par les inversions mortifères de la dialectique de l’avoir ?

    Pourquoi les expériences, les normes et les savoirs qui empêchent le surgissement de l’État défaillent-ils, à tel ou tel moment de l’histoire ?

    Il est hors de doute que seule l’interrogation attentive et critique du fonctionnement affectif profond des communautés primitives permet efficacement d’éclairer le problème des origines du déchoir dans l’errance étatique des asservissements de l’acquérir. Et ainsi, la lumière jetée sur le moment de la genèse de l’État éclaire-t-elle également les conditions de possible réalisation de sa liquidation historique quand demain, fatigués de subir la tyrannie du spectacle du quantitatif, les êtres humains décideront de re-trouver l’humanité des véritables tréfonds de leur être.

    L’homme du communisme primitif  était naturellement en relation naturelle à l’humain et tout en même temps en rapport d’humanité à la nature. Cette découverte à la fois remarquable et touchante en vieille terre d’Espagne vient exhumer cette réalité des profondeurs ignorée depuis des lustres d’insipidité universitaire et étatique et suivant laquelle il est manifeste que la préhistoire fut aussi préhistoire d’une passion et d’unecompassion non encore abruties par la temporalité du commerce et du pouvoir.

    Qu’en est-il du produire dans la communauté pré-historique ? À cette question fondamentale, la réponse classique de la vérité officielle de la crasse imbécillité médiatico-universitaire dominante est la suivante : la vie archaïque pré-historique est un vagabondage  de subsistance et de pauvreté, elle parvient au mieux à assurer la survie du groupe incapable de sortir du sous-développement technique. Le sauvage écrasé par son environnement écologique et sans cesse guetté par la famine et l’angoisse, telle est l’image d’idiotie ignare habituellement répandue.

    Manipulation idéologique des faits, a déjà répliqué depuis longtemps l’anthropologue de vrai terrain Marshall Sahlins. Passant des chasseurs australiens et Bochimans aux communautés néolithiques d’agriculteurs primitifs telles que l’on pouvait encore au siècle dernier, les observer en Afrique ou en Mélanésie, au Viêt-Nam ou en Amérique du Sud, relisant sans parti pris les archives  connues et y ajoutant des données chiffrées argumentés, celui-ci affirme, avec méthode et recherche que non seulement la communauté primitive n’est pas une dynamique de misère mais qu’elle est la première et jusqu’à présent la seule vie commune d’abondance.

    Comme le disait Marx dans sa radicale critique absolue et universelle de tous les capitalismes tant de sauce bolchévique que de soupe libérale ou de brouet social-démocrate : « Si l’homme primitif ne rentabilise pas son activité, c’est non pas par ce qu’il ne sait pas le faire, mais parce qu’il n’en a ni l’envie ni le besoin puisqu’il se trouve en une autre dimension que celle de l’entassement, de l’accumulation et de l’addition. »

    Evidemment, en ces temps là, la relation d’être à la vie qui considérait qu’il n’est de richesse que d’être, n’empêchait pas nos très lointains ancêtres de se tuer en des guerres d’ailleurs limitées et éphémères qui avaient d’abord pour objet d’empêcher les dérives du commerce pacifique qui transforme toujours et aliénatoirement le produire pour l’homme en travailler pour l’échange. Mais, il est tout de même réconfortant d’apprendre sur le terrain concret de la vie réelle vérifiée que le comportement humain vrai a bien entendu préexisté à l’invention des impostures de la morale lorsque le temps civilisationnel du politique et de l’économique a généralisé la paix des éthiques commerçantes et la guerre interminable des religions de l’expansion pour que la dictature démocratique  du calcul cosmopolitique finisse par s’emparer du monde.

    http://www.chire.fr/I-Grande-16092-n-737-decembre-2010.net.jpgLa guerre localisée et circonscrite entre tribus est une façon pré-historique de repousser l’émergence économique du rencontrer avec  la politique de l’avoir et donc d’endiguer la menace d’une délégation de pouvoir menant aux dérives intrinsèquement liées à la naissance des sociétés de la médiation, de la possession et de la rentabilisation.

    Les communautés primitives refusent la différenciation économique et politique en s’interdisant le surplus matériel du spectacle social des prétentions et des représentations qui génèrent inévitablement les démesures infinies du marché narcissique du fétichisme des impuissances de l’ego qui réifie les êtres et qui divinise les choses.

    Aujourd’hui, dans la société du triomphe de l’équivalent général-argent près de 30 000 personnes meurent de faim chaque jour dans le monde, soit une toutes  les quatre secondes, ceci dans l’indifférenciation démocratique la plus absolue puisque désormais tout a un prix et que cette mort est la première facture normalement due au système de l’échange qui veut que dans le circuit des transactions, chaque marchandise humaine soit indifféremment équivalente à n’importe quelle autre humaine marchandise consommée par la vie ou par la mort mais toujours digérée par les impératifs de la distribution financière de la quantité nécessaire.

    À la différence de ces milliers d’errants isolés et solitaires qui décèdent, chaque année, dans le sans-abrisme froid, insensible et triste du despotisme de la valeur qui précisément les trouve sans valeur, cette jeune fille pré-historique dans le monde de l’anti-valeur, a eu le contentement de trouver des êtres d’être avec qui une relation d’essence, de sensation et de sentiment a pu jaillir en pur dé-sintéressement d’avoir et en strict attachement d’être…

    De la sorte, nous sommes avertis que dans l’embarras momentané que pouvait occasionnellement rencontrer la communauté de l’être archaïque, jamais personne ne restait à l’écart de son groupe dans le délaissement et l’esseulement car l’abondance dans le satisfaire communautaire des chasseurs-cueilleurs était avant tout un accomplir de chacun en l’être et de l’être en chacun. À l’opposé, dans la société de l’avoir qui a aujourd’hui fini par définitivement voiler l’être à lui-même, l’abondance paranoïaque du système solipsiste des objets s’en va tellement loin dans l’abomination de l’in-sensible que le dés-intéressement pour l’être humain qui ne serait pas produit rentable de marchandisation estampillé, peut tout à fait tolérer la mort industrielle de millions d’hommes qui n’ont pas le bon ticket pour entrer dans les grandes surfaces où s’obtiennent les accréditations certifiés pour la sur-vie organisée.

    Au moment où la crise radicale du monde du produire de l’intérêt est en train d’atteindre le point crisique majeur où le produire de l’intérêt mondial ne peut plus supporter les mensonges du crédit par lesquels il a longuement fait semblant de croire que la vérité de sa finitude spatiale pourrait être compensée par une fausse infinitude temporelle, il est plus que jamais temps de se remémorer les inspirations et les enthousiasmes d’avant l’argent… Ce vieux monde pourri de temporalité marchande va crever et c’est tant mieux, regardons donc un tout petit peu vers l’Homo heidelbergensis, non pas évidemment pour fuir déraisonnablement dans un retrouver nostalgique impossible qui n’aurait pas de sens mais pour penser subversivement la rationalité du sens de la communauté humaine, cette fois non plus locale, restreinte et étriquée mais universelle, cosmique, révolutionnaire et consciente du Tout historique de son histoire…

    Contre la pourriture marchande qui sacralise les errances de l’oubli de l’être…

    À bas l’échange, le salariat et l’État…

    Vive la communauté ontologique et universelle de l’être de l’homme…
    Gustave Lefrançais

    (pseudonyme de Francis Cousin) 13 septembre 2009.

    http://www.scriptoblog.com/index.php/archives/billets-d-auteurs/47-societe11/1763-une-horreur-moderne-la-civilisation-du-pouvoir-de-l-avoir-par-francis-cousin

  • Le torque celtique.

    Le torque est un collier rigide en métal (bronze, fer ou or), ouvert ou fermé, dont le type remonte à la fin de l'âge du Bronze européen, au début du Ier millénaire av. J.-C. Son nom vient du latin torquis, qui évoquait un motif torsadé.
    C'est pendant la période de Hallstatt (850 - 450 av. J.-C.), première grande période de la civilisation celtique, que le torque se diffuse comme parure et devient un objet accompagnant courament les défunts dans leur sépulture. Il est alors porté aussi bien par les hommes que par les femmes ; il était destiné à des usages divers, puisqu'au-delà de la parure, il servait de cadeau de prestige dans le cadre des échanges aristocratiques, mais aussi d'objet votif destiné à remercier une divinité pour son aide, ainsi qu'un élément très souvent associé à la tombe. Pour accompagner les morts, on fabrique alors des modèles en or spécialement destiné à cet usage.

    Par ailleurs, dès cette époque, les héros et les dieux sont souvent représentés portant le torque, signe de la grande valeur symbolique de l'objet. Sur le "Pilier des Nautes découvert à Paris", le dieu Cernunnos porte un torque autour du cou et un autre torque sur chacun de ses bois, ce qui montre le caractère sacré de cet élément de parure. 
    Pendant l'époque laténienne (450 - 50 av. J.-C.), l'usage du torque se modifie quelque peu : il devient beaucoup plus rare dans les sépultures masculines, mais reste un objet indissociable de la parure funéraire féminine, dans les couches aristocratiques de la population. Pourtant, il reste un objet de parure très courant, en particulier dans les milieux guerrier, comme l'attestent les très nombreuses représentations figurées de Celtes des IVème - IIème siècles av. J.-C., comme par exemple ceux du relief de Civitalbà, en Italie centrale, il en devient même, parmi les populations italiques et grecques, le signe d'identification par excellence du guerrier celte. 

    Le décor du torque, à l'époque laténienne, devient d'une grande richesse, intégrant entrelacs, motifs végétaux issus du monde italique et traditionnelles représentations de têtes celtiques. Il semble que chaque peuple ait développé un décor qui lui était propre, le torque devenant ainsi également un moyen de reconnaissance ethnique. Les dépôts votifs de torques ont toujours cours, souvent associés à des monnaies, qui ont fait leur apparition dans le monde celtique au IVème siècle av. J.-C., avec l'imitation des statères de Philippe de Macédoine. En Grande-Bretagne, mais aussi dans la Péninsule ibérique, ces dépôts sont parfois d'une richesse extraordinaire et la découverte de la région de Newark, si elle offre un exemplaire d'une valeur artistique exceptionnelle, vient confirmer l'importance de la pratique votive et du caractère hautement symbolique du torque de l'autre côté de la Manche.

    http://racinescharnelles.blogspot.fr/2010/09/le-torque-celtique.html

  • Nation et régions, un seul et même combat

    La réforme territoriale et l’annonce récente de François Hollande de faire ratifier prochainement la Charte européenne des langues régionales et minoritaires par la France a réveillé la vieille opposition entre jacobins et régionalistes. Une opposition parfois viscérale ne laissant guère de place pour le débat constructif. D’un côté on accuse les régionalistes de vouloir détruire la France en la divisant, de l’autre on accuse les jacobins de nier les identités régionales. Dans ce conflit qui n’avance guère, il faut bien reconnaître que les torts sont partagés et que tout cela résulte d’une incompréhension, voire d’une réelle volonté de ne pas chercher à entendre et comprendre les arguments de l’autre.

    Les jacobins, défenseurs de la France « une et indivisible », oublient bien souvent que ce pays qu’ils aiment tant n’a été pendant des siècles qu’une assemblée de provinces les plus diverses et variées avec des langues, des cultures et même des lois différentes, mais ayant fait allégeance au même roi. Ils oublient également que derrière les grands principes théoriques de la République jacobine, il y a une réalité parfois très différente sur le terrain, notamment dans les régions périphériques à forte identité. Cette réalité, c’est que les frontières, en France, sont des constructions qui reposent sur des critères politiques et non ethniques et culturels. C’est pour cela que l’on retrouve des peuples coupés en deux par une frontière (Catalans, Basques, Flamands, etc.). De même que certains territoires périphériques sont davantage tournés vers l’extérieur. Ainsi, l’Alsace est centrée vers l’axe rhénan alors que les jeunes de Perpignan vont plutôt chercher du travail à Barcelone qu’à Paris.

    Enfin, certains jacobins voient dans le régionalisme l’arme de l’Union européenne et des mondialistes contre les nations. Là encore, la réalité a démontré le contraire. Que ce soit en Catalogne comme en Écosse, Bruxelles a ouvertement apporté son soutien aux gouvernements nationaux de Londres et de Madrid face aux indépendantistes. Enfin, les mondialistes souhaitent l’uniformisation des individus et la disparition des peuples. Ce qui est quand même l’exact contraire de ce que souhaitent les régionalistes qui veulent affirmer leur identité.

    Pour autant, ces derniers ont également leur part de responsabilité dans ce conflit entre nation et régions. On ne peut nier que chez certains régionalistes, notamment à gauche, le combat est avant tout un combat indépendantiste contre la France. Or, la France n’est ni l’Espagne ni la Grande-Bretagne. L’État-nation est une réalité charnelle dont les Français sont imprégnés. Réclamer aujourd’hui, en France, l’indépendance d’une région est une erreur car elle se confrontera certes aux jacobins pur jus, mais également à une grande partie de la population, y compris ceux qui sont sensibles aux identités régionales.

    Alors, dans cette guerre de position qui ressemble sérieusement à une impasse, le compromis est plus que jamais nécessaire. Aujourd’hui, concevoir la nation et les régions comme des notions opposées est une erreur. Dans une démarche identitaire, nation et régions sont complémentaires pour ne pas dire fusionnelles. D’autant plus que les menaces, notamment démographiques et migratoires, qui pèsent sur la France et plus largement sur le continent européen donnent à ces luttes intestines un caractère très secondaire.

    Jordi Vives Boulevard Voltaire :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/dep_interieur/EuupEpklVAJfSTWFZP.shtml