culture et histoire - Page 1303
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Périco Légasse : pourquoi la France est devenue moche
Ronds-points, parkings, zones commerciales...pour Périco Légasse, l'enlaidissement de la France est une conséquence de la mondialisation qui uniformise le territoire sous la bannière du double impératif produire/consommer.FigaroVox : Les paysages français ont-ils beaucoup changé ces 30 dernières années du fait de la multiplication des zones commerciales et industrielles à l'entrée des villes ?Périco Légasse : C'est même l'un des phénomènes marquants, voire déchirants, de la morphologie contemporaine française. La France n'est pas qu'une entité culturelle de dimension internationale, c'est aussi un territoire culturel de réputation mondiale. Son visage participe de son image. Or nous assistons depuis trente années à un massacre organisé de ce tableau sur lequel s'est bâti, non seulement le renom touristique et pittoresque de ce pays, mais aussi sa légende de pays de l'art de vivre. Il y a une quarantaine d'années, le journaliste Michel Péricard, avant qu'il ne soit élu député-maire de Saint-Germain-en-Laye, animait sur «la deuxième chaine» de l'ORTF une émission intitulée «La France défigurée». Il dénonçait déjà les ravages - que l'on appelle aujourd'hui environnementaux - d'un urbanisme brutal, de la mercantilisation sauvage des faubourgs de grandes villes et de «L'expansion économique» telle qu'elle est croquée dans la Soupe au chou, de Claude Zidi (1976) où Louis de Funés et Jean Carmet, symboles de la «France fossile» étaient confinés dans leur ferme comme des primates pour s'être opposés à l'ouverture d'un centre d'attraction autour de chez eux. Caricature ? Hélas non, prémonition, car la réalité est bien pire. Et de voir ces abords d'agglomérations ainsi transformés en boulevards de la surconsommation dans un concours de laideur fait mal au ventre. On a abîmé, souillé, détruit, violé des paysages magnifiques pour les remplacer par des enfers multicolores bétonnés ou métallisés afin que les citoyens viennent y accélérer la dynamique de défiguration de leur pays. Il faut bien vivre, certes, et donner du travail à tout le monde, mais quand le remède consiste à enclencher un processus qui ruine l'économie nationale par un abaissement systématique des prix via une mutilation organisée du cadre de vie et de l'esthétique des espaces urbains, on se demande si la facture n'est pas chère payée. Je me promène en Europe, et il est vrai que peu de pays échappent à cette dégradation environnementale, toutefois, j'ai l'impression qu'en France, certains élus locaux ont lancé un concours de mauvais goût pour rendre les choses encore plus moches. Il faut avouer que l'horreur dépasse parfois la fiction.Quelles sont les causes profondes de ces mutations ?Le besoin de transformer le citoyen en consommateur puis, la mécanique du profit à grande vitesse aidant, de le transformer en sur-consommateur d'une surproduction générée à cet effet. Et comme il ne s'agit pas de le faire attendre ou se déplacer trop loin, on lui met tout, du rayon de surgelé à la salle de bain en passant par la voiture, le bricolage, la décoration, le sport et le jardinage, à portée de la main. En fait, les fameuses «zones» (d'activités commerciales, industrielles ou économiques), si bien nommées, ne sont que la reproduction à échelle «agglomérative» de la grande surface. L'urbanisation obéit aujourd'hui à la logique de la grande distribution: d'un côté la ville avec sa population, que l'on pourrait qualifier de «zone clientèle», en barres de HLM ou en zone pavillonnaire, et, à côté, l'étalage à grande échelle des produits que l'on pourrait qualifier de «zone consommation». La masse clientélisée à côté du supermarché. Comme dans les élevages industriels de poulet, on apporte son granulé à la volaille sur un tapis. Pour cela il faut aménager le cadre de vie en circuit.De Lille à Marseille, on trouve les mêmes restaurants, les mêmes ronds-points, le même urbanisme : pourquoi une telle uniformisation ?Et si j'étais un brin provocateur, j'ajouterai: les mêmes goûts, les mêmes infos, les mêmes idées, les mêmes dogmes et les mêmes envies… Ce sont les joies de la mondialisation, que nos experts appellent pudiquement la globalisation. Quand vous avez une grosse usine qui produit de gros besoins avec de gros moyens il faut que ce bien de consommation là convienne au plus grand nombre possible de demandeurs. Donc les mêmes enseignes proposant les mêmes marques sur les mêmes critères de choix. Au cas où l'on tenterait d'y échapper, la publicité télévisée, plus colossal instrument de propagande de tous les temps, vous martèle le cerveau sans relâche en vous expliquant, à la façon de la Rolex de Jacques Séguéla: «si t'as pas ça à ton âge, tu as raté ta vie», en le déclinant à toutes les sauces. Et comme il faut reconnaître très vite le logo, la couleur, la forme, le design, le style, le slogan, on le reproduit à l'infini et à l'identique sur tous les espaces suburbains. Normal, car ce gigantesque besoin artificiel ne peut être assouvi et commercialisé que si un immense territoire marchand est mis à disposition du système. Les consommateurs étant rassemblés dans des villes on concentre tout ça autour de la ville. En d'autres termes ça s'appelle un marché de concentration. Je maintiens la formule et je l'assume.Comment expliquer que le remplacement progressif du patrimoine par des habitats fonctionnels se fasse dans la plus complète indifférence ? Les Français auraient-ils perdu le sens de l'esthétique ?Non, car, pour l'heure, ils ne l'on pas tous perdu, même si l'on assiste à un phénomène de masse. Mais si l'on explique que le summum du summum de l'épanouissement social, c'est d'avoir sa maison, et que l'on fait en sorte que l'on puisse acheter une maison d'usine à bas prix, ce qui est le cas de l'habitat préfabriqué, on donne à chacun le moyen d'être propriétaire. Tout cela est parfaitement louable car posséder son logement est une aspiration légitime. Et un droit inaliénable. Sauf que l'usine à maisons fabrique la même maison pour tous et que tout cela est concentré sur un territoire délimité. En fait on reproduit le phénomène de l'appartement, mais sur une base individuelle et séparée du voisin. La voirie devient une méga cage d'escalier. Les conséquences urbanistiques sont donc calamiteuses. A partir d'un certain seuil de concentration, je ne vois pas la différence avec le coron. Et comme la sociologie démographique va dans ce sens, les agglomérations françaises sont condamnées à répondre et à satisfaire cette attente là. Cela a t-il donné des cadres de vie où l'être humain s'améliore ou s'épanouit ? C'est une autre affaire. Hélas, la «mochitude» est aujourd'hui la norme, pour ne pas dire la règle, pour n'être que le reflet d'une logique économique elle même très moche puisqu'elle ne met plus l'homme au centre de sa finalité mais le fric.Que pensez-vous du développement des éoliennes et des panneaux solaires dans les campagnes françaises ? L'écologie ne mérite-elle pas qu'on lui sacrifie un peu de laideur ?Question douloureuse, car l'écologie est la défense de l'environnement, et le premier environnement, c'est le paysage. Les éoliennes et les panneaux solaires sont des remèdes à un système excessif, avec les mêmes objectifs : produire. Ils ne sont donc que la bonne conscience de ce système, pas un progrès écologique en lui même. Certes, ce sont des moyens «idéaux» de production d'énergie durable, enjeu fondamental de notre civilisation. Mais à quel prix ? Ai je vraiment envie de vivre «proprement» et «durablement» dans un tel univers visuel ? Est ce si «propre» de défigurer un paysage légendaire, une vallée, ou un village, avec ces prouesses de l'éco-technologie ? Ai-je envie de vivre dans un environnement transformé en base spatiale de film de science-fiction sous prétexte que je limite la casse d'une logique que je ne remets par ailleurs pas en cause puisque je continue à consommer de l'énergie. Le serpent se mord la queue, bien sûr, mais le problème est de savoir quel avenir je réserve à la planète. Je pars du principe un peu simpliste que se pourrir la vue c'est déjà se pourrir la vie.Un pays abimé, défiguré, mais vivant, ne vaut-il pas mieux qu'une France muséale et figée dans un bucolisme attirant les touristes ? La France peut-elle échapper à l'un de ces deux destins : celui de la France des parkings et celui de la France des chambres d'hôtes ?Et si les Aztèques et les Incas, pérennisés dans leur civilisation, n'avaient pas été éradiqués par l'Occident chrétien «au nom des Evangiles», le monde s'en porterait-il plus mal ? Dirions nous aujourd'hui aux Indiens d'Amazonie qu'ils s'accrochent à un monde «muséal» figé dans son «bucolisme tropical» sous prétexte que leur archaïsme primitif s'oppose à la transformation de leur paradis en enfer industriel de progrès ? Tristes tropiques que la France des parkings. A quel drôle de choix nous voici confrontés. Riches et pollués à mort ou pauvres mais en bonne santé ? Il existe peut-être un juste milieu. De la tomate hors sol pleine de pesticides et sans goût toute l'année ou un peu de bonne tomate de juillet à septembre ?«Notre bonne vieille mère la Terre» comme disait le général de Gaulle dans son discours de Bayeux en 1946 ne pourra pas supporter longtemps la forme de consommation qui régit l'humanité depuis trente ans. A ce train là, le parking c'est l'antichambre du cimetière. C'est un choix philosophique de civilisation. Je le redis, mourir riches et puissants en pleine croissance ou durer dans le bon sens décroissant ? Vaste débat. Moi j'ai ma réponse. -
Mésopotamie Les Origines De Notre Civilisation
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l'archéologie interdite
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In Memoriam - Alesia
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Livre : Un philosophe face à la Révolution - La pensée politique de Louis de Bonald
Considéré comme le penseur de la Réaction, Louis de Bonald est en fait un moderne qui s'ignore. Son projet intellectuel a consisté à subvertir la pensée et les concepts des Lumières pour construire un système qui refonde rationnellement la légitimité monarchique en reprenant à son compte toutes les grandes idées de la modernité politique tout en les réinterprétant dans un sens opposé à celui de la Révolution. La pensée bonaldienne dévoile le caractère élastique des concepts modernes. Robert Spaemann montre comment les efforts du vicomte de Bonald pour refonder une philosophie sociale l'amènent finalement à faire de la théorie de la société une forme de prima philosophia tellement englobante qu'elle en vient à prendre la place de la métaphysique. Père de la sociologie, Louis de Bonald annonce Comte et Maurras mais également Lamennais.
Acheter le livre ici Robert Spaemann a enseigné la philosophie à l'université de Munich. Il est connu en Allemagne pour être un spécialiste de Fénelon et de la pensée bonaldienne. Il a également consacré de nombreuses études à l'inversion de la téléologie comme trait de la modernité. Deux de ses ouvrages sont déjà parus en français : Bonheur et Bienveillance (PUF) et Notions fondamentales de la morale (Flammarion).
source : Chire.fr :: lien
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Entrevue du C.N.C #6 : Rébellion
Réponses de Jean Galié et de Louis Alexandre.
1) Quelle est la genèse du projet de Rébellion ?
Louis Alexandre : La revue Rébellion est née de la volonté d'un petit groupe de camarades toulousains de dépasser les limites de « l'extrémisme » de droite comme de gauche. Au début des années 2000, nous étions face à des impasses et il nous fallait chercher ailleurs la rupture révolutionnaire à laquelle nous aspirions...
Nous avons donc débuté un travail d'inventaire sans concessions, nous ne pouvions compter que sur nos forces et notre volonté. Mais cela a finalement payé et nous avons réussi à rendre crédibles nos idées. Aujourd'hui encore, nous conservons l'effervescence de cette époque dans nos esprits.
2) Quel bilan tirez-vous de vos 10 ans d’activisme dans la diffusion des idées ?
Louis Alexandre : Il ne faut pas avoir peur de défricher de nouveaux terrains, d'aller de l'avant et de lancer des initiatives. Nous avons été, à notre modeste niveau, des précurseurs souvent isolés à nos débuts. Mais des thèmes que nous avons développés voici dix ans trouvent un écho dans un large public aujourd'hui. Cela nous réjouit, mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers.
Il ne sert à rien d'entreprendre une bataille politique, si nous n'avons pas d'abord gagné la bataille des idées. Et nous ne gagnerons la bataille des idées que si nous parvenons à donner un sens cohérent et compréhensible à notre pensée. Il était important de faire de Rébellion une arme efficace dans cette bataille, c'est actuellement notre chantier principal.
3) Constatez-vous un intérêt croissant pour votre revue ces derniers temps ?
Louis Alexandre : La revue connaît un développement important depuis trois ans. Cela n'est pas le fruit de la chance ou du hasard, mais repose sur un important travail. C'est le résultat de prises de contact directes, de campagnes militantes, d'organisations d'événements et de nombreux déplacements dans toute la France pour notre équipe. Le travail et l'effort sont la source de la réussite de tout projet.
Le succès actuel de notre publication a révélé une attente d'un large public.Rébellion est pour cela une revue singulière car elle agrège un lectorat vraiment non-conformiste et venu d'horizons très différents. Ce succès, nous le devons à nos lecteurs et aux camarades qui œuvrent pour faire connaître nos idées. Nous ne pourrons jamais assez les remercier pour cela.
4) Quels sont les auteurs qui sont au cœur de la pensée de votre revue ?
Jean Galié : Cela est clairement dit dans la rubrique exposant la présentation de nos positions se trouvant dans chaque numéro (Proudhon, Blanqui, Sorel...) . Brièvement, disons qu'il s'agit de la tradition révolutionnaire transmise au sein de l'expérience du mouvement prolétarien dans sa dimension internationale. Il faut avoir recours à la pensée des auteurs ayant traduit de la manière la plus intelligente l'aspiration à la constitution de la communauté humaine débarrassée de l'aliénation capitaliste. Toute réflexion allant en ce sens mérite d'être examinée. De même, celle-ci peut fournir des bases afin de ne pas chuter dans des impasses et des fausses oppositions au système dominant. A ce niveau, la théorie marxienne est incontournable ainsi que l'étude des auteurs et courants s'étant situés à la marge et en opposition à la social-démocratie, au marxisme officiel, etc.
5) Quels sont les auteurs à suivre aujourd’hui selon vous ?
Jean Galié : "Suivre" pas dans le sens de suivisme, bien évidemment. Comme nous le disions à l'instant, le recours aux "classiques" de la pensée de la communauté humaine authentique (le communisme marxien) alimentera toujours notre orientation. Il s'agit d'une question de méthode afin de ne pas s'égarer et non pas de nostalgie muséale. Après, il y a bien sûr, des auteurs apportant leur pierre à l'édifice de la critique du système. Alain de Benoist fait un travail remarquable à cet égard, en abordant les questions essentielles se posant au monde contemporain et en éclairant leur genèse et leur soubassement philosophique. Citons, du côté du courant marxiste, le travail fécond de Costanzo Preve en Italie, dont quelques ouvrages sont traduits en français et dont les productions méritent d'être plus connues en France, au-delà des efforts déjà existants de ceux qui les popularisent chez nous. On peut trouver évidemment d'autres auteurs intéressants, abordant telle ou telle question mais nombre d'entre eux restent bien souvent à mi-chemin de la critique à conduire selon nous (Michéa, par exemple).
Louis Alexandre : Dans les auteurs actuels, j'ajouterai aussi les travaux d'Alexandre Douguine sur l'alternative eurasiste.
6) Comment définissez-vous votre pensée politique ?
Jean Galié : Dans les conditions présentes - et depuis longtemps - la politique est un rapport de forces entre classes antagonistes. La classe dominante le sait très nettement et joue de cet avantage. La puissance "publique" n'est pas neutre, même si l'Etat a du faire des concessions aux travailleurs à la suite de leurs luttes et aussi pour mieux les anesthésier. Mais ces "avantages acquis" au sein du monde aliéné ne sont néanmoins pas éternels et sont en train de disparaître assez rapidement. L'offensive est conduite par les forces du capital. Alors, la politique que la classe exploitée devrait conduire serait la stratégie afin de combattre les attaques de celles-ci. Cela, sans illusions, il est nécessaire de s'affronter à l'organe de la coercition dominante, l'Etat. La politique serait l'expression du devenir hégémonique des prolétaires conscients sur les forces de la dissolution du lien social par laquelle le capital se reproduit dans son ensemble. L'hégémonie du prolétariat est corrélativement sa disparition en tant que condition prolétarienne soumise au travail salarié dominé par le fétichisme de la marchandise. Ce n'est qu'à cette condition que l'on peut envisager la fin de l'autonomie du politique au-dessus de la société et l'au-delà de la politique.
7) Quels sont vos liens avec les milieux dits de « gauche radicale » ou de « droite radicale » ?
Jean Galié : Ces notions et courants, "radicaux" ou pas ne nous intéressent pas. Nous écoutons, et nous pouvons dialoguer avec tous ceux qui manifestent une volonté authentique de tourner le dos à ce système capitaliste pourri. Malheureusement, ils sont encore trop peu nombreux même si des intentions de révolte apparaissent çà et là. Les lubies de droite et de gauche sont paralysantes ; si vous comprenez que ce monde ne peut être aménagé au sein d'un consensus entre classes sociales, alors allons-y! Réapproprions-nous nos conditions d'existence sociale, c'est cela le fond du problème!
8) En quoi consiste concrètement l’OSRE ? Pour quelle(s) raison(s) cette structure a été créée ?
Louis Alexandre : L'Organisation Socialiste Révolutionnaire Européenne est l'expression militante des idées de la revue Rébellion. C'est le regroupement des personnes voulant faire vivre ses idées sur le terrain. C'est le fer de lance de la diffusion de notre revue et le vecteur de campagnes ciblées ( par exemple contre l'Otan, pour la libération sociale et nationale de l'Europe...).
9) Que pensez-vous des initiatives du réseau MAS ?
Louis Alexandre : Il nous apparaît qu'une lutte isolée limite la portée de l'idée socialiste révolutionnaire européenne. Il est donc primordial de participer au vaste chantier de construction d'un mouvement dissident balbutiant. Nous croyons en la nécessité d'une coordination de l'ensemble des groupes qui œuvrent dans ce sens. En suivant l'idée d'un enracinement dans la réalité, nous considérons que la création d'un réseau souple d'échanges et de mise en commun d'expériences et de compétences est possible entre les divers organisations, cercles, associations et publications qui partagent les mêmes valeurs.
Nous partageons justement avec le MAS ses valeurs militantes. C'est une structure politique intelligente qui recherche une véritable rupture militante. Nous soutenons donc ses initiatives de solidarité sociale, sportive et de formation. Nous sommes aussi des auditeurs fidèles de Méridien Zéro.
10) Passons de la théorie à la pratique… Que doit faire un dissident aujourd’hui dans sa vie quotidienne pour résister au Système et pour entamer la reconquête de la souveraineté nationale et populaire ?
Louis Alexandre : Ne pas avoir peur de s'investir sur plusieurs fronts est notre philosophie militante. Quand l'on nous dit qu'un choix doit être fait entre la réflexion et l'action, le politique et le culturel... nous répondons que nous refusons cette hémiplégie de l'engagement. En investissant tous les espaces d'action, nous imposerons d'autant mieux notre vision globale, nos solutions à la fin du monde capitaliste moderne.
De même, en participant activement à la vie de la communauté dissidente naissante, on donne un sens véritable à son existence. Elle devient une tension créative et tragique vers un idéal. Une fidélité sans actes à des idées n'est rien ; un engagement est nécessaire pour les faire vivre. Nous avons tous des obligations et des moyens limités. Mais notre volonté n'est-elle pas plus forte ? Ne pouvons-nous pas faire mieux ?
Ne regardons pas ailleurs et ne jugeons pas les autres si nous ne sommes pas capables de faire mieux qu'eux. Soyons sérieux et efficaces. Un militant doit toujours être exigeant envers lui- même, il ne doit jamais se reposer sur les acquis mais conserver un esprit d'avant-garde. La force de l'exemple, la volonté de faire mieux et la camaraderie doivent être le cœur vivant de son engagement.
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archives/category/nos-entrevues/index-4.html
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Interview à Kostas Mavrakis, La mystification de l'art moderne
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Passé Présent n°63 - Hiroshima et Nagasaki, 70 ans après
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Huntington Phillips Samuel - Le choc des civilisations
Auteur : Huntington Phillips Samuel
Ouvrage : Le choc des civilisations
Année : 1996
Lien de téléchargement : Huntington_Phillips_Samuel_-_Le_choc_des_civilisations.zip
Préface. En été 1993, la revue Foreign Affairs a publié un article que j'avais écrit et qui s'intitulait : « The Clash of Civilizations ?» Selon les éditeurs de cette revue, cet article a suscité en trois ans plus de débats que tous ceux qui ont été publiés depuis les années quarante; en tout cas, davantage que tout ce que j'ai jamais écrit. Les réactions et les commentaires qu'il a entraînés sont venus de tous les continents et d'une foule de pays. Le public a été diversement impressionné, intrigué, choqué, effrayé et déconcerté par ma thèse: les conflits entre groupes issus de différentes civilisations sont en passe de devenir la donnée de base de la politique globale. Quoi qu'il en soit, cet article a touché le nerf sensible chez des personnes appartenant à toutes les civilisations. Vu l'intérêt soulevé, les comptes rendus erronés qu'on en a donnés et les controverses qu'il a fait naître, il m'a semblé souhaitable d'explorer plus à fond les points abordés dans cet article. Une bonne façon de poser une question consiste à partir d'une hypothèse. C'était le sens de mon article, dont le titre comportait un point d'interrogation - ce qu'on n'a en général pas remarqué. Cet ouvrage, quant à lui, a pour but de donner une réponse plus complète, plus approfondie et plus documentée à la question posée par mon article. Je m'efforce ici d'expliciter, d'affiner, de compléter et, le cas échéant, de redéfinir les thèmes que j'avais abordés, de développer de nombreuses idées et de traiter de nombreux sujets laissés de côté ou bien seulement effleurés. Notamment: le concept de civilisation; la question de savoir s'il existe une civilisation universelle; la relation entre pouvoir et culture; l'évolution des rapports de force entre les civilisations; l'adaptation d'une culture autre dans les sociétés non occidentales; la structure politique des civilisations; les conflits engendrés par l'universalisme occidental, le militarisme musulman et l'affirmation de la Chine; les réactions à la montée en puissance de la Chine; les causes et la dynamique des guerres frontalières; enfin, l'avenir de l'Occident et d'un monde devenu civilisationnel. L'influence déterminante de la croissance démographique sur l'instabilité et l'équilibre de la puissance n'était pas traitée dans mon article. Tout comme un deuxième thème important, qui est résumé dans le titre et dans la chute de ce livre : «Les chocs entre civilisations représentent la principale menace pour la paix dans le monde, mais ils sont aussi, au sein d'un ordre international désormais fondé sur les civilisations, le garde-fou le plus sûr contre une guerre mondiale. » Ce livre n'a pas été conçu comme un ouvrage de sciences sociales. C'est plutôt une interprétation de l'évolution de la politique globale après la guerre froide. Il entend présenter une grille de lecture, un paradigme de la politique globale qui puisse être utile aux chercheurs et aux hommes politiques. Pour tester sa signification et son opérativité, on ne doit pas se demander s'il rend compte de tout ce qui se produit en politique internationale. Ce n'est certainement pas le cas. On doit plutôt se demander s'il fournit une lentille plus signifiante et plus utile que tout autre paradigme pour considérer les évolutions internationales. J'ajouterai qu'aucun paradigme n'est valide éternellement. L'approche civilisationnelle peut aider à comprendre la politique globale à la fin du XXe siècle et au début du XXIe. Pour autant, cela ne veut pas dire que cette grille de lecture est pertinente pour le milieu du XXe ni qu'elle le sera pour le milieu du XXIe. Les idées qui ont donné naissance à mon article et à ce livre ont été développées en public pour la première fois dans le cadre d'un cycle de conférences qui s'est tenu à l'American Enterprise Institute de Washington, en octobre 1992. Elles ont aussi été exprimées dans une contribution au projet mené, grâce à la Smith Richardson Foundation, par le John M. Olin Institute sur « The Changing Security Environment and American National Interest ». Après la publication de mon article par Foreign Affairs, j'ai été invité dans tous les États-Unis à nombre de séminaires et de colloques sur « le choc », auxquels participaient des universitaires, des hauts fonctionnaires, des dirigeants d'entreprise et d'autres groupes de personnes. En outre, j'ai eu la chance de pouvoir participer à des débats dans beaucoup d'autres pays, comme l'Afrique du Sud, l'Allemagne, l'Arabie Saoudite, l'Argentine, la Belgique, la Corée, l'Espagne, la France, la Grande-Bretagne, le Japon, le Luxembourg, la Russie, Singapour, la Suède, la Suisse et Taiwan. J'ai ainsi pu me confronter à toutes les civilisations, à la seule exception de l'hindouisme. J'ai donc pu bénéficier du point de vue de ceux qui participaient à ces débats. En 1994 et en 1995, j'ai dirigé un séminaire à Harvard sur la nature du monde d'après la guerre froide; les commentaires enlevés et parfois même critiques de ceux qui y assistaient m'ont beaucoup stimulé. Mon travail pour ce livre doit aussi beaucoup à l'émulation et aux échanges qui règnent au John M. Olin Institute for Strategie Studies and Center for International Affairs de Harvard. Mon manuscrit a été lu entièrement par Miehael C. Desch, Robert o. Keohane, Fareed Zakaria et R. Scott Zimmerman. Leurs commentaires m'ont conduit à beaucoup l'améliorer dans son contenu comme dans sa structure. Pendant que j'écrivais, Scott Zimmerman m'a aidé dans mes recherches. Sans son énergie, sa compétence et son soutien, je n'aurais jamais pu finir ce livre aussi vite. Peter Jun et Christiana Briggs, nos assistants à l'université, ont aussi joué un rôle important. Grace de Magistris a tapé les premières ébauches du manuscrit et Carol Edwards l'a repris avec soin et efficacité tellement de fois qu'elle doit désormais en connaître par cœur de longs passages. Denise Shannon et Lynn Cox chez Georges Borschardt, Robert Asahina, Robert Bender et Johanna Li chez Simon & Schuster ont suivi avec professionnalisme et dévouement le parcours du manuscrit jusqu'à sa sortie. J'ai une dette immense vis-à-vis de toutes ces personnes qui ont aidé à faire exister ce livre. Elles l'ont rendu bien meilleur qu'il ne l'aurait été sans elles. Les défauts qui subsistent sont de ma responsabilité. J'ai pu travailler à ce livre grâce au soutien financier de la John M. Olin Foundation et de la Smith Richardson Foundation. Sans leur aide, finir ce livre aurait pris des années. J'apprécie beaucoup leur assistance généreuse. D'autres fondations se polarisent de plus en plus sur les questions exclusivement américaines; elles deux, au contraire, méritent la louange parce qu'elles continuent à s'intéresser aux travaux sur la guerre, la paix, les questions de sécurité nationale mais aussi internationale, et à les soutenir. Samuel P. Huntington. ... -
Interview à Nicolas Tandler, Les secrets de Lenine