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culture et histoire - Page 1296

  • Assez ! Il faut rendre justice au Moyen-Age

    Réflexion de Bernard Antony :

    "Dans le numéro de Paris-Match de cette semaine, sur le congrès islamique de Pontoise, une photo de pleine page est ainsi légendée : « Des prédicateurs français renvoient nos filles et nos épouses au Moyen-Âge » (sic !). 

    Les prédicateurs en tenue salafiste, Mehdi Kabir et Nader Abou Anas, peuvent bien en effet être hélas de nationalité française alors que leur vraie patrie semble plutôt être l’oumma islamique. 

    Mais pour ce qui est du Moyen-Âge, du nôtre, les femmes n’étaient pas murées dans des harems ou ne pouvant sortir qu’accompagnées. Elles n’étaient pas recouvertes de linceuls ne laissant apparaître que leurs yeux. Il n’est que de voir la beauté des robes et des parures au long des époques de ce que l’on appelle le « Moyen-Âge ». 

    Il y en eut beaucoup, grandes reines et princesses, pour gouverner, il y en eut pour écrire, il y en eut pour fonder des monastères et des œuvres admirables de charité, pour exercer très fréquemment la médecine, d’autres se consacrant à l’administration de domaines et de biens, d’autres à différents métiers, au commerce, à la littérature

    Il y eut en effet bien des femmes écrivains, des éducatrices et de grandes suzeraines. Et sait-on à Paris-Match que dans nos temps féodaux les filles étaient majeures à l’âge de 12 ans, deux ans avant les garçons ? Et il y eut aussi des femmes combattantes telles Jeanne Hachette et sainte Geneviève. 

    Mais à la fin du Moyen-Âge, Dieu fit surgir la plus grande des héroïnes de notre histoire, la plus extraordinaire des saintes : Jeanne d’Arc. Elle ne se déplaçait pas sous une burqa. Pour sa pureté, elle n’avait pas  besoin d’enfermement. 

    Puissent les Françaises et les Français d’âme et de cœur et de piété filiale se souvenir ou apprendre combien la Chrétienté médiévale, dans laquelle l’amour de la Vierge Marie tenait une immense place, a été une grande époque d’éclosion du génie féminin. La femme a œuvré beaucoup dans la Chrétienté et la Chrétienté a magnifié admirablement la femme (...)

    PS: J’ai cherché en vain dans deux librairies islamiques, à Paris et à Toulon, de cet islam dit de France, le moindre livre sur une femme ou signé d’une femme. En dehors des Hadîths avec les peu ragoûtantes histoires des femmes et concubines du prophète : rien ! Il est vrai que l’on n’y trouve non plus aucun livre de littérature française."

    Philippe Carhon

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  • Sur les racines de l'Europe

    Lorsqu’on aborde la question des racines de l’Europe, c’est-à-dire de l’héritage qui a forgé sa culture et sa civilisation, il faut avoir présentes à l’esprit deux entités :

    1°/ l’Occident, de l’Atlantique à la péninsule Balkanique ; 
    2°/ l’immense Empire romain d’Orient, qui allait du sud du Danube jusqu’aux confins du royaume perse, englobant la Grèce, la Macédoine, Constantinople (évidemment), les cinq régions qui forment aujourd’hui l’ouest de la Turquie (Bithynie, Galatie, Cilicie, Cappadoce, Phénicie), le Liban, la Palestine et l’Egypte.

    La question des racines de l’Europe se cristallise donc sur l’histoire culturelle et les relations entre ces deux entités : et c’est là l’objet de l’ouvrage de Sylvain Gouguenhem (1), que nous allons analyser et peut-être commenter et compléter quelque peu.

    Il faut avoir également présente à l’esprit – et les études de Raymond Le Coz nous mettent en garde à ce sujet (2) – la confusion entre « Arabes », ou Arabité, et Islam (3), l’Islam étant une civilisation fondée sur la religion, l’Arabité étant une culture de langue écrite arabe, par des populations, soit chrétiennes arabisées, soit arabes chrétiennes, puis arabes musulmanes ou non, à partir des invasions qui dès avant le milieu du VIIe siècle occupèrent l’Arménie, la Mésopotamie, la Syrie, la Palestine et l’Egypte (4). Mais il faut remonter bien au-delà de cette date pour saisir cet héritage que l’Occident a reçu et remodelé pour en faire la culture et la civilisation européennes. Nous ne referons pas ici les études de Raymond Le Coz, ni celles de Sylvain Gouguenheim, études d’ailleurs convergentes mais vues seulement sur des terrains différents. Force est cependant d’exposer ici les faits historiques dans leur ordre chronologique.

    L’héritage hellénique et l’Empire romain d’Orient

    Sans doute est-il nécessaire de préciser dès l’abord que l’Empire romain d’Orient, où le christianisme se diffusa principalement à l’intérieur de l’aire de culture hellénistique (5), vécut toujours dans l’univers philosophique et scientifique légué par les Grecs antiques, un héritage qu’il n’a cessé de cultiver et de diffuser dans toutes les régions occidentales à forte implantation grecque : Sicile, Italie du Sud, Ravenne. C’est dans ces foyers d’intellectuels et de traducteurs qu’il faut chercher les premiers courants de transmission à l’Occident de cette culture, devenue peu à peu chrétienne.

    Partant du monde byzantin, Raymond Le Coz nous rappelle le rôle fondamental des chrétiens des premiers siècles, véritables passeurs de la culture grecque. Qui étaient-ils ? Ils étaient divisés en plusieurs Eglises : 
    1°/ nestoriens, héritiers depuis le IVe siècle de l’Ecole de Nisibe puis d’Edesse (6), en Perse et Mésopotamie, de langue syriaque ; 
    2°/ jacobites, en Syrie, de langue syriaque ; 
    3°/ melkites, en Egypte, Syrie, Irak, de langue grecque ; 
    4°/ coptes, en Egypte, de langue issue du parler pharaonique.

    Tous étaient des chrétiens, ou le devinrent au cours du VIe siècle, plus tard soumis à l’islam, dont beaucoup furent arabisés. Tous ont œuvré à la transmission du savoir antique pendant les siècles qui ont précédé Mahomet : médecins, scientifiques, philosophes et traducteurs, formés à l’Ecole d’Alexandrie, la « Catéchèse » ou « Didascalée », où l’on enseignait une philosophie toute imprégnée de culture grecque, où étaient formés depuis le VIe siècle des philosophes médecins, astronomes, astrologues, alchimistes, et dont les plus grands noms sont Oribase (IVe s.), médecin de l’empereur Julien « l’Apostat », auteur d’une vaste encyclopédie médicale perpétuant la mémoire de pratiques plus anciennes ; Ammonius (1re moitié du VIe s.), philosophe éminent, commentateur d’Aristote ; Jean Philopon, son disciple, chrétien néoplatonicien, qui utilisait Aristote pour expliquer le christianisme ; Paul d’Egine (625-690), le dernier grand représentant de l’Ecole d’Alexandrie. Avec l’arrivée de l’Islam et la conquête d’Alexandrie (642), l’Ecole de la ville fut fermée, avant d’émigrer à Constantinople, et sa bibliothèque fut incendiée quelques décennies plus tard, peut-être par le huitième calife umayyade Umar II. Nestoriens et jacobites prennent le relais, toujours fondé sur Galien (que les Pères grecs estimaient très proche du christianisme) et sur Hippocrate : l’ensemble formant ce qui fut appelé la Summa Alexandrinorum, comme nous l’enseignera au IXe siècle le savant chrétien Hunyn ibn Ishâq. Et c’est ce corpus qui sera transmis par ces intermédiaires nécessaires aux Arabes nouveaux venus, et utilisé par eux. Ainsi, les premiers califes umayyades installés à Damas feront appel à des médecins locaux grecs, tous issus de l’Ecole d’Alexandrie ; et il ne faut pas oublier qu’ils continueront de former, longtemps encore, la majorité des populations des pays conquis. A Antioche, siège de l’Eglise jacobite, on traduit Aristote, Hippocrate, la Summa Alexandrinorum et les Pères, en langue syriaque, dès le VIe siècle. Puis d’autres traductions suivront en langue arabe.

    VIIIe siècle, l’âge d’or des nestoriens, médecins des califes à Bagdad

    A partir du milieu du VIIIe siècle et de la fondation par Al Mansur (754-775), à Bagdad et non plus à Damas, d’un immense empire, commence l’âge d’or des nestoriens qui deviennent, et jusqu’au XIIIe siècle, les médecins des califes, à Bagdad où ils fondent un hôpital. Ils transmettent aux musulmans le savoir grec antique qu’ils avaient déjà traduit en syriaque depuis au moins le Ve siècle et qu’ils traduisent désormais en arabe, soit directement à partir du grec, soit par l’intermédiaire du syriaque. Tous ces médecins furent toujours de fins lettrés, grammairiens et polygraphes, auteurs d’ouvrages originaux dont certains resteront au programme des universités jusqu’à la fin du Moyen Age. La plus grande figure d’entre eux fut Hunayn ibn Ishaq, déjà cité plus haut (808-873), arabe chrétien, trilingue, philologue, philosophe, historien et médecin, auteur de L’Introduction à la médecine, grand transmetteur de la science grecque, inventeur du lexique médical arabe, qui fut aussi médecin des califes (7). Quant aux jacobites, les plus grands d’entre eux furent Sévère Sebokt (+667), Jacques d’Edesse (+708), auteur d’un Hexaemeron, traité de géographie, de botanique et de zoologie, Stephanos d’Athènes (v.555-v.638), médecin, philosophe et astronome, qui transmit ces textes à Byzance et fut le médecin du roi de Perse, sans oublier l’Iranen Abu Sahal al Masihi (8), chrétien, médecin, logicien, astronome, qui fut le maître d’Avicenne (Ibn Sînâ). Les melkites, qui brillaient déjà dans l’Ecole d’Alexandrie, eurent aussi de grands noms, tels Alexandre de Tralles (525-605), né à Ephèse, le plus grand médecin byzantin du VIe siècle (9), qui vécut entre Byzance et Rome, y exerçant la médecine, son frère, Anthomios, architecte, qui construisit avec Isidore de Milet l’église Sainte-Sophie, Aetius d’Amida (502-575), gynécologue, obstétricien et chirurgien, et Paul d’Egine (625-690), déjà cité, dont l’œuvre fut considérable (10). Tous ces savants traduisaient directement du grec en arabe et furent, dès l’arrivée de la dynastie umayyade (650-750), médecins des califes.

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  • [Entretien exclusif] Marianne des Brigandes : "revalorisons l'héroïsme !"

    Une Marianne sur Vexilla Galliae? Plaît-il? Rassurez-vous tout de go, hardis lecteurs. Il ne s'agit pas de l'emblème de notre république timbrée, à l'image d'une ukrainienne qu'il eût été préférable de voir faire le mannequin plutôt que le Manneken-Pis (partout). Vous êtes ici entre de bonnes mains, celles d'une musicienne et chanteuse dont la voix ne traduit pas l'hystérie d'une blondasse jetée, mais le combat d'une charmante brune aux saines valeurs balancées à contrepied de ce(ux) contre quoi elle lutte, en compagnie musicale de ses six acolytes, Les Brigandes. Marianne partage avec N.V.B. un sourire désarmant, mais un sourire en guerre. Celle qui s'en défend diablement n'est pas la plus masquée des deux.

     Vexilla Galliae : Vous avez déclaré lors d'une entrevue : "il est vrai que l’on aime bien l’idée d’une monarchie par dégoût de la République des Jacobins". Aussi, lorsque je vous ai sollicitée pour vous présenter Vexilla Galliae, vous m'avez répondu "On aime Louis (de Bourbon, ndlr)". J'ai l'honneur de vous annoncer que, plus que monarchiste (ce mot-valise, en carton), vous êtes royaliste, donc en passe de devenir légitimiste, le seul royalisme qui vaut en France. Qu'en dites-vous?

     Marianne : D’abord, en tant qu’artiste qui s’exprime dans la sphère de l’amusement, je ne peux me positionner sur des questions qui divisent les patriotes français. Je suis engagée contre un ennemi commun, et c’est ce qui importe quant à mes convictions d’interprète de chansons à la fois contestataires et humoristiques sur la décadence de la société moderne.
    Du temps de l’Action Française de Maurras, on ne connaissait que les Orléans, mais le vieux tribun n’est plus là pour dire sa préférence. A moins qu’il n’ait laissé des indications?
    Je suis d’accord sur le qualificatif de royaliste, d’abord parce que je connais la démonstration de Maurras sur la supériorité politique de la monarchie, mais surtout pour la beauté de l’idéal. On peut supposer que l’unité qui lie les anglais à travers le monde repose sur l’identification à la Couronne, comme symbole d’une fraternité Britannique.
    Quelqu’un nous a écrit que les français sont royalistes depuis qu’ils sont devenus orphelins. Du temps des rois, on ne pouvait se dire royaliste puisque c’était le régime naturel. Comme pour l’écologie, on en parle depuis que la nature est détruite. Aujourd’hui, la royauté fait rêver et cela devrait avoir plus d’impact que les démonstrations sur la suprématie politique de la royauté qui avait été démontrée par Platon comme une évidence.
    Les Bourbons qui réapparaissent, un peu comme par enchantement, ça éveille quelque chose dans nos cœurs, surtout que le prétendant a belle allure, sans reproche à l’encontre de l’Orléans qui est sans doute un garçon formidable, ne serait-ce que par le respect que l’on doit à sa lignée, en dépit de la bavure fatale de son ancêtre maçon. Les Orléans seraient-ils maudits à jamais? Donc je ne veux pas polémiquer, même après avoir essayé de lire un fastidieux rapport de justice sur le prétendant légitime. J’ai renoncé. On se demande comment la justice maçonnique avec ses juges gauchos pourrait résoudre le dilemme sur la légitimité royale?
    Je sais qu’il existe des règles de succession mais c’est compliqué à comprendre.
    Ce qu’il nous faut c’est un prétendant dynamique et charismatique, volontaire et déterminé, plus que des arguments de droit qui n’intéresseront personne. La question est de savoir si le prétendant légitime a l’ambition et la pugnacité pour imposer son image aux français ou s’il ne fait qu’accomplir son devoir. Il doit se faire connaître et apprécier par ses actes. Aujourd’hui, il doit devenir une personnalité reconnue et même adulée, quasiment une star, ou bien rien n’arrivera. Enfin, c’est mon idée en tant que saltimbanque. Et puis, je n’ai pas les clés de cette affaire de droit, et comme d’autres, il s’agit surtout de feeling pour la personne.
    Je ne sais pas qui règle la communication de Louis de Bourbon, mais pour plaisanter, je dirai qu’il lui faut un agent aussi habile que celui qui gère l’image du prince Charles. Et surtout ne pas se compromettre avec le gotha aristochic qui ne s’est jamais ruiné pour la cause de la Restauration nationale. Heureusement, le prince n’a pas l’air d’avoir de mauvaises fréquentations, et nous serions disposées à nous produire lors d’un gala en son honneur - pour interpréter des chansons neutres qui ne fâcheront personne, bien entendu.
    Nous, Les Brigandes, nous soutenons une résistance contre le mondialisme, ce qui nous oblige à un devoir de réserve quant à nos convictions. Nous touchons une sphère assez large depuis Egalité et Réconciliation jusqu’à la F.S.S.P.X., en passant par les Dieudonnistes de la quenelle, le F.N. des partisans de J.-M.L.P., et de manière générale la mouvance dite nationaliste, qu’elle soit chrétienne, paganiste ou agnostique. On mord aussi dans les casernes et dans divers espaces culturels où se maintient une certaine idée de la France. Nous avons donc l’ambition de devenir la référence en terme de music-hall des antimondialistes de tous bords. J’espère que nous éveillerons des vocations dans le genre de la variété, car s’il existe du rap et du rock révolté, ce n’est pas du goût de tout le monde.
    Si je suis royaliste, je veux bien être légitimiste, et j’espère que la Providence donnera raison au plus valeureux, au plus généreux, au plus intelligent, au plus chrétien, bref à celui qui aime le plus la France et qui est prêt à lui donner sa vie.

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  • Quand la Hongrie était mise en esclavage par les Turcs

    Christian Combaz a vécu en Hongrie et il rappelle certaines données historiquesque les bonnes consciences de l'Europe de l'Ouest feraient bien de connaître avant de condamner les dirigeants de ce pays :

    Central_europe_1683"[...] Dans la série «le saviez-vous?», dans les dernières années du règne de Louis XIV, trois millions de Hongrois ont été réduits en esclavage par les Turcs et dispersés à travers la Turquie après une invasion complète de leur territoire, un anéantissement de leur culture, une multiplication des écoles coraniques, le tout dans un pays aussi farouchement catholique que pouvait l'être la France des abbayes cisterciennes. Malgré une lobotomie permanente sur le thème «c'est du passé tout ça», les Hongrois d'aujourd'hui, dont l'esprit de famille est obsessionnel, ne peuvent pas oublier les cruautés et les dévastations commises, car leur littérature et leurs livres d'histoire sont pleins de ce désastre quasi-biblique. On a beau leur dire, et nous dire, «vous mélangez tout, les deux situations n'ont rien à voir», il n'appartient à personne de se glisser dans l'imaginaire des Hongrois pour décréter qu'il doivent cesser de faire des cauchemars à propos des grandes invasions qu'ils ont subies. On ne peut pas mettre un peuple entier, qui a été martyrisé pendant un siècle, sous thérapie forcée en lui répétant que ses craintes sont vaines et que tout va bien se passer."

    Sur la carte ci-dessous (cliquer pour agrandir), nous voyons qu'en 1683 la Hongrie n'était plus qu'une petite bande à l'Ouest, le reste ayant été conquis par l'Empire ottoman. C'est seulement après la victoire de Vienne en 1683 que les Turcs ont commencé à être repoussé. Il faudra 16 ans pour reconquérir les territoires perdus.

    Michel Janva

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  • La dentelle du rempart (II)

    Dans cette anthologie de 350 pages, on trouve les points les plus importants de la doctrine de Maurras, non en un exposé sec mais dans une diversité vivante, reflet d'une riche pensée.

    Continuons à parler de La Dentelle du rempart. Les textes qui constituent ce florilège furent choisis par Bernard Grasset et René Brécy (1). On peut imaginer ensuite le contrôle rigoureux et bienveillant de Maurras. Mme Tresguenas-Mistral, digne héritière du poète, glana des Pensées variées « piquées » dans l'intervalle des chapitres « comme pour ouvrir les jours d'une dentelle dans l'épaisseur d'un rude appareil ».

    La nation

    La première partie s'intitule La Terre et la Nation : un extrait du Discours préliminaire de l'Enquête sur la Monarchie montre qu'une nation est une société naturelle qui dure. Une page sur Démosthène défendant l'indépendance athénienne face aux abandons de la démocratie définit le sentiment national. Un texte dédié à Jacques Bainville, La France séquanienne et la France provençale, illustre la richesse et la légitime diversité d'une nation.

    La deuxième partie, Les Conflits de l'histoire, expose, par des exemples, les bienfaits de l'hérédité monarchique en France et, en opposition, les calamités que nous devons à la République (un texte emprunté à Quand les Français ne s'aimaient pas).

    L'Avenir nous présente « l'éducation de Monck », le militaire, le haut-fonctionnaire, l'homme politique républicain repenti qui entreprend de restaurer la monarchie. Mais elle ne se restaure pas comme par enchantement et il ne s'agit pas de remplacer le bonnet phrygien par une couronne sans réformes profondes, sans restauration de l'Ordre après avoir nettoyé les écuries d'Augias. Dictateur et Roi constitue un des plus beaux morceaux d'anthologie. La quatrième partie du recueil s'appelle Principes et Pensées : on y trouve des pages sur la notion d'Ordre, sur l'idée de Civilisation. Le Dilemme de Marc Sangnier fournit l'essentiel du chapitre avec l'Ordre romain et l'Ordre catholique qui le reprend et le transfigure.

    Un exemple et des leçons

    Puis viennent les Poèmes civiques, le magnifique hymne à Paris, d'abord, des extraits de l'Ode à la bataille de la Marne où Maurras chante la civilisation française, enfin des extraits du Mystère d'Ulysse, lourds d'un message crypté de philosophie politique. Sixième partie, Libéralisme et libertés, Démocratie et peuple, définissent clairement des notions trop souvent laissées floues.

    Vient ensuite une longue section consacrée à Romantisme et Révolution, d'après le titre d'un livre dont l'édition définitive (2) donne une des clefs de la pensée de Maurras : y sont réunis Trois Idées politiques et L'Avenir de l'Intelligence, magistrale et prophétique analyse de l'abaissement et de l'asservissement des esprits que nous connaissons. On y voit les ravages esthétiques, moraux et sociaux, donc politiques, d'une façon de sentir et de penser née de Rousseau. Maurras y oppose les certitudes de la science politique.

    La huitième partie se nomme La Guerre. Bien que le premier texte s'intitule Récit des temps mérovingiens, il s'agit de la Grande Guerre qui reste d'actualité quoi qu'en disent les étourneaux qui nous gouvernent. La neuvième partie porte le nom de Sépultures : Maurras y rend hommage aux jeunes gens d'Action française tombés pour la patrie, dont Pierre David, « héros juif d'Action française ». À cet hommage aux morts, il oppose le goût romantique de la mort que symbolise Chateaubriand

    Chacun son tour !

    Enfin, dixième et dernière partie, une Confession politique tirée du Signe de Flore : « Bien qu'on l'ait beaucoup dit, je ne suis pas né royaliste. Je ne suis même pas tout à fait un Blanc du Midi, comme Barrès aimait à l'écrire. » À travers de longs tâtonnements, le jeune Maurras vint à la monarchie et n'eut de cesse d'y entraîner ses contemporains. Qu'après lui, par son exemple et ses leçons, nous y entraînions les nôtres !

    Je recommande à tous, et particulièrement aux jeunes gens, la lecture de ce livre. On y trouve en 350 pages les points les plus importants de la doctrine, non en un exposé sec mais dans une diversité vivante, reflet d'une riche pensée. Comme on y voit l'homme, l'artiste et le penseur, les idées politiques ne sont pas coupées des sources vives de la vie intérieure de Charles Maurras.

    Gérard Baudin L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 3 au 16 décembre 2009

    1 - Nous avons parlé de Bernard Grasset dans le précédent article. René Brécy était le pseudonyme d'Eugène Langevin (1878-1956), collaborateur fidèle et talentueux du quotidien d'Action française. Il participa à de nombreux recueils de textes sur Maurras et Bainville. André Marty le cite souvent dans L'Action française racontée par elle-même (Nouvelles Éditions Latines, 1968).

     

    2 - Bibliothèque des OEuvres politiques, 1928.

  • La perte du sacré fait de l'homme un passant sans histoire.

    Notre entendement et notre capacité de réaction sont quotidiennement attaqués par le bruit continu des informations diffusées. Aussi, dans ce brouhaha, il devient de plus en plus difficile de distinguer les messages les plus venimeux.

    La publicité, qui se plait à mettre en scène des instants de la vie quotidienne en mimant le comportement du Français moyen, se pose dangereusement comme modèle normatif en imposant des comportements trop souvent nihilistes. La perte de la dignité humaine progresse de jour en jour dans une atonie généralisée. Ainsi dernièrement, une publicité radiophonique a clairement signifié le passage accompli de la femme objet à l’amour « bricole ».

    Une femme vient chez un concessionnaire acheter une voiture. En égrenant la liste de ses exigences concernant le moteur et les accessoires, elle mentionne : « qu’elle ne couche pas ! »

    Cette annonce, où l’acte d’amour devient consommable, un loisir parmi d’autres, loin d’être anodine nous démontre combien la désacralisation est en marche, avance par touche.

    Il y a dans la bêtise asservie comme dans le génie, une profondeur abyssale et peut-être infinie. La lobotomisation actuelle s’accompagne d’une forme « d’âmotomisation », en effet, il ne s’agit pas de retirer uniquement ses capacités de réflexion à l’homme, il est nécessaire d’ôter la source et la mer réceptrice de ces réflexions, en un mot son âme.

    Car cette âme, où s’inscrivent la dimension religieuse et l’élévation de l’être au-delà de la matière, sa transcendance, doit être assassinée, piétinée par les commerçants du mondialisme qui redoutent tout élan spirituel susceptible de nuire aux comportements mécaniques et immédiats du consommateur. Pour voir agoniser l’âme de l’homme, il suffit de ne plus la nourrir, de l’asphyxier, de désacraliser son univers.

    Est-ce la chute de la tête sacrée de Louis Capet, sacrifiée, qui résonne et rebondit sans cesse, créatrice d’un sentiment de culpabilité vengeur, qui évide ainsi nos crânes ? Nous sommes, il est vrai, passés bien rapidement de la thaumaturgie transcendantale aux crèmes antivieillissement manufacturées.

    Cette reculade dans la maturation philosophique de l’homme est bien plus vertigineuse que tous les voyages interplanétaires imaginables. L’indifférence de l’homme à cette manipulation continuelle, née de l’explosion du monde des machines me semble plus grave encore que la pollution sécrétée par ce même monde industrialisé et fou.

    Est-ce le fait de ne plus être en relation directe avec ce que l’on crée, est-ce l’omniprésence de la machine, intermédiaire avec la réalité, qui a désacralisé nos créations, notre travail et le monde qui nous entoure ?

    Dans cette perspective quelles seront les répercussions de l’envahissement du virtuel et de l’immédiateté ? L’homme deviendra t-il, s’il ne l’est pas déjà, un chapeau de Magritte suspendu dans l’espace avec ses centaines d’amis dupliqués sur la toile de Facebook ? Après l’amour, le travail, voilà une… façon efficace de désacraliser l’amitié, par le chiffre, par la juxtaposition de nombrilismes. Dans cet énorme « building » à visages multiples qu’est Facebook, dans cette multitude de messages où en s’affichant l’intimité se meurt, dans ce tumulte, se révèle la différence fondamentale entre la communication et la transmission. Il semblerait que l’abus de la première nuise à la qualité de la seconde, ce qui convient à ce monde où valeur et sens doivent être sacrifiés.

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