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culture et histoire - Page 1422

  • Georges Orwell V/S Big Brother

    Georges Orwell (de son vrai nom Eric Blair) fut un homme engagé qui échappa pourtant à tout dogmatisme. Quand la majorité des intellectuels de son époque succomberont aux sirènes du totalitarisme, lui, restera un esprit libre (chose qui ne lui fut pas pardonnée). Socialiste convaincu, ses positions politiques s’inspirent plus de son expérience de l’existence que de lectures théoriques. 
    Quand pensée et action s’unissent 
    Né au Bengale en 1903, sa famille fait partie de ses fonctionnaires zélés qui firent la grandeur de l’empire Britannique. Envoyé suivre ses études en Angleterre, il retourne aux Indes pour devenir officier de police en Birmanie. Au bout de cinq ans de service, il rentre en Europe dégoûté à jamais de l’impérialisme. Lui qui avait déjà montré, pendant sa scolarité, son aversion pour toute forme d’injustice, réprouve l’étroitesse d’esprit de la petite caste coloniale et la misère dans laquelle elle maintient les peuples colonisés. Renonçant à toute forme de carrière, il veut se consacrer à l’écriture et se tourne vers le journalisme. Collaborant à la presse de gauche et libertaire, on l’envoie dans les bassins houillers du Nord de l’Angleterre pour faire un reportage sur les conditions de vies des mineurs. Il vécut ainsi plusieurs mois avec les ouvriers de Wigan et Sheffield dans la grisaille du pays houiller. `C’est une révélation pour lui, il tirera de son expérience son style saisissant de vérité et ses convictions socialistes. Il observe la dignité et la solidarité quotidiennes des travailleurs, ce « Common decency », cette civilité de tous les jours des humbles. Hautement moral, ce sentiment d’entraide rejette l’égoïsme du capitalisme marchand. Poursuivant sa vie de journaliste sans le sou pendant les années 30, il connaît la galère et se retrouve au bord de la misère. Il fréquentera même les hospices pour vagabond et multipliera les petits boulots pour survivre. 
    La Catalogne libre : le rêve en arme 
    Quand en 1936, la guerre civile éclate en Espagne, il se précipite à Barcelone pour s’engager dans les rangs républicains. Il se retrouve dans une capitale catalane en pleine ébullition révolutionnaire. Orwell rejoignit les miliciens du POUM (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste), il mit à contribution sa formation militaire britannique et forma les jeunes miliciens espagnols sans expérience, à la caserne Lénine. Avec eux, il monta vers les tranchées du front d’Aragon. Quand il descend pour une brève permission après un hiver en enfer, il découvre Barcelone plongé dans des combats fratricides entre d’un coté les milices du POUM et de la CNT-FAI anarchistes et les communistes soutenus par les agents soviétiques que Staline a envoyés en masse en Espagne. 
    Dégoûté, il remonte pourtant en première ligne pour fuir cette atmosphère étouffante. Le 20 Mai, Orwell est grièvement blessé d’une balle qui lui traverse la gorge. En convalescence, il apprend l’écrasement du POUM par les staliniens. Les responsables de l’organisation sont kidnappés et exécutés clandestinement par les communistes, les miliciens sont désarmés et versés dans la nouvelle armée républicaine dirigée par le Parti Communiste. Orwell doit quitter en secret l’Espagne pour échapper aux agents staliniens à sa poursuite. Pourtant, si l’aventure finit mal, il restera porteur d’un rêve d’émancipation de la Catalogne Libre. 
    Un homme libre contre le totalitarisme 
    A partir de son retour, son refus de tous les totalitarismes sera absolu et il les combattra par tous les moyens. Le Pacte germano-soviétique est pour lui la confirmation de la convergence des forces autoritaires. Il rejoint le camp des démocraties, avec le sentiment clair qu’entre deux maux, il faut choisir le moindre. Si le gouvernement de son pays était loin d’être parfait, la vieille tradition de liberté individuelle anglo-saxonne présentait infiniment plus de garanties pour son indépendance de pensée que les dictatures nazies ou soviétiques. 
    Durant la guerre, il met sa plume au service des alliés, il est annonceur à la BBC et couvrira comme reporter les derniers combats sur le front Ouest. Il écrit pendant cette période, la Ferme des Animaux, critique du stalinisme et dénonciation de la trahison par les communistes des révolutions russe et espagnole. Le livre ne trouvera pas d’éditeur sous la pression des autorités anglaises qui ne veulent pas froisser la susceptibilité du petit père des peuples qui est encore un allié des démocraties. Quand débutera la guerre froide, les choses vont bien changer, puisque le livre sera récupéré pour servir la propagande anti-communiste la plus primaire (La CIA financera même les adaptations cinématographiques de la ferme et de 1984). Ayant perdu sa femme, Orwell va se retirer dans une petite Île, au large de l’Écosse. Vivant la vie paysanne et élevant son fils adoptif, il réalise son rêve d’un retour à la terre hors des tumultes du monde moderne. Quand la maladie le rattrape, il s’épuise à boucler son dernier livre, 1984. Endurant stoïquement les pires souffrances, il termine son œuvre majeure avant de mourir de la tuberculose, le 21 janvier 1950. 
    L’autre socialisme 
    Orwell ne s’est jamais gêné pour attaquer dans ses écrits les intellectuels de gauche qui prônaient, dans leurs confortables salons, la dictature du prolétariat,mais qui pour rien au monde n’auraient pu supporter de vivre à leurs côtés. Cette « gauche tapette », comme il l’aimait l’appeler sur un ton moqueur, faisait fuir par ses discours vains et creux ceux que le socialisme aurait pu attirer. L’auteur de 1984 avait une vision concrète et pratique du socialisme : « Si quelqu’un commençait par demander qu’est-ce que l’homme ? Quels sont ses besoins ? Quelle est pour lui la meilleure façon de se réaliser ? on découvrirait que le fait d’avoir le pouvoir d’éviter tout travail et de vivre de la naissance à la mort dans la lumière électrique en écoutant de la musique en boîte, n’est nullement une raison de vivre de cette manière. L’homme a besoin de chaleur, de loisir de confort et de sécurité : il a aussi besoin de solitude, d’un travail créateur et du sens du merveilleux. S’il reconnaissait cela, il pourrait utiliser les produits de la science et de l’industrie en fondant toujours ses choix sur ce même critère : est-ce que cela me rend plus humain ou moins humain ». 
    Un socialisme qui chercherait, à défaut de pouvoir parfaire la société humaine, à la rendre meilleure ne serait-ce qu’en réduisant l’injustice et les inégalités, une société décente basée sur la recherche du bien commun. Orwell savait que si cette société n’arriver pas, l’humanité se verrait plonger dans la barbarie sans fin : « Si vous désirez une image de l’avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain éternellement » écrivait-il dans 1984. Il plaçait ses espoirs dans la prise de conscience des masses populaires, qui tôt au tard, se dresseront contre l’oppression.
     

  • Carrefour Royal 2015 : Le libéralisme contre les libertés

    Samedi 24 janvier avait lieu le Carrefour Royal de l’Action Française. Le thème était « Le libéralisme contre les libertés » avec des invités prestigieux comme Jean-Frédéric Poisson, le président du parti Chrétien-Démocrate, ou l’historienne Marion Sigaut. Malgré un sujet difficile, la salle était pleine avec 300 personnes présentes. N’en déplaise aux esprits fâcheux, les jeunes et les intellectuels étaient majoritaires ; Le Carrefour Royal semble devenir un passage obligé de toute personne bien formé.

     

    1 ère table ronde : Jacques de GUILLEBON, Jean-Frédérique POISSON, Charles ROBIN

    Stand de la Librairie de Flore

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  • Les cathos aux mains propres...

    Le Carrefour royal organisé par l’Action française a été, cette année encore, un succès, tant par le nombre de participants que par la qualité des débats.

    L’Action française a voulu à cette occasion enfoncer le clou sur le rôle du libéralisme économique et politique qu’on savait déjà destructeur de notre industrie, de notre patrimoine et de notre indépendance nationale.

    Or il s’en prend aussi à la personne humaine avec cette doctrine hypocrite qui sacralise l’individualisme et le bien être au point de condamner, sous prétexte de compassion, l’enfant à naître qui ne risque pas de manifester dans les rues ainsi que le malade, l’handicapé ou le vieillard, (à cause de la souffrance), et dont la résistance n’est pas vraiment à craindre.

    Ainsi l’AF, fidèle à Maurras, applique le principe de l’inégalité protectrice, développée dans l’introduction de « Mes Idées politiques », livre de chevet de tous nos militants.

    Parmi les invités à l’une des tables rondes, Christophe Geffroy, rédacteur en chef de la Nef, magazine catholique, s’en est pris à notre camarade Philippe Ménard, rédacteur en chef lde L’Action Française 2000, pour avoir évoqué l’idée très maurrassienne, selon laquelle l’application de la politique naturelle en elle même, défendue par l’Eglise, suffisait à dénoncer l’horreur du système, sans pour autant qu’on ait la foi.

    Nous avons ainsi assisté à une profession de foi explosive et fort intéressante, les sourcils froncés, du genre : «  Hors de l’Eglise, point de salut ! », qui provoqua d’ailleurs de beaux applaudissements.

    Mais qu’avait donc dit notre camarade qui lui valut, ainsi qu’à l’œuvre maurrassienne, cette admonestation si musclée ?

    Il n’a en effet que repris la pensée de Maurras qui trouvait toutes les vertus à l’Eglise sans laquelle la France n’existerait pas, mais lui-même n’avait pas la foi. On peut le regretter, mais cela ne l’a pas empêché de défendre la catholicité dans notre pays, jusqu’à s’en prendre sévèrement à la démocratie chrétienne : aux yeux de Maurras, tout ce qui affaiblissait l’Eglise, affaiblissait la France.

    Cela ne plaît pas aux cathos de gauche bien sûr, mais aussi à beaucoup de cathos de droite.

    Pourtant ce reproche fait à l’AF ressemble à celui qui conduisit à sa condamnation en 1926 : l’accusation de positivisme religieux ou plus simplement d’instrumentalisation de l’Eglise, la réduisant à l’état de moyen, alors qu’elle est une fin.

    Admettons que ce péché nous vaille d’être jugés par les catholiques bon teint, qui effectuent chaque jour quelques brasses dans le bénitier.

    Constatons quand même que Pie XII, treize ans plus tard, leva l’excommunication, alors que la position de l’AF n’avait pas bougé. Ce péché n’est donc pas aussi terrible qu’on voudrait le dire !

    Prenons en compte d’autre part que l’AF n’est pas un mouvement religieux, mais reconnaît toute la place que l’Eglise joue dans notre civilisation et notre identité nationale. Moi qui suis chrétien pratiquant et père de famille nombreuse, je ne vois que des avantages à ce que des non-croyants, des agnostiques comme se définissait le maître de Martigues, disent le plus grand bien de ma Sainte Mère. Irai-je pour autant leur reprocher leur manque de foi ?

    Tout au plus pourrai-je le regretter, mais à coup sûr je ne les traiterai pas en ennemis.

    Je n’ai jamais compris cette pruderie qui affecte des gens aussi intelligents, aussi fins dans leurs analyses, auteurs d’articles et d’ouvrages remarquables, qui consiste à reprocher à l’AF de ne pas être apostolique.

    Et pourtant, je serai curieux de faire le compte du nombre de vocations religieuses et sacerdotales qui sont issues de nos rangs, rien qu’autour de moi j’en dénombre déjà une dizaine, alors imaginons en cent ans et dans toute la France !

    Mais les mouvements catholiques, s’ils ont toute notre sympathie, n’ont jamais prouvé leur efficacité politique.

    Maurras nous a donné des outils de réflexion, le principe du politique d’abord, qui ne signifie pas que le politique prime en échelle de valeur sur le reste, mais qu’il est prioritaire dans l’ordre de l’action, puisque déterminant dans la reconstruction des solidarités nationales.

    Alors chacun son « job », comme disent les « managers »...

    Quant à nous, nous faisons le pari que si les Français reviennent à la France de toujours, leur chemin sera balisé pour qu’ils reviennent aussi et enfin à l’Eglise, si Dieu le veut.

    Olivier Perceval

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Les-cathos-aux-mains-propres

  • Pol Pot et Ian Smith : le bourreau et le patriote

    Note de lecture de Camille Galic, journaliste, essayiste, écrivain…

     « On ne peut lire ce Pol Pot et ce Ian Smith, qui participent d’une très nécessaire réinformation, sans ressentir une grande nostalgie et surtout une profonde amertume ».

    Quarante ans après l’entrée des Khmers rouges à Phnom-Penh, trente-cinq ans après l’instauration du pouvoir noir en Rhodésie, deux événements ont provoqué d’épouvantables drames humains ainsi que des catastrophes économiques dans l’indifférence des « civilisés » généralement si sourcilleux sur les droits de l’homme : il est temps de rappeler qui en fut responsable, au-delà des psychopathes Pol Pot et Mugabé. Sont également accablantes les responsabilités d’un Occident rendu complice des horreurs alors perpétrées, car systématiquement désinformé et lobotomisé par la Pensée unique.


    Notre nomenklatura de gauche n’avait pas attendu les tueries de Charlie Hebdo et de l’hyper casher de Vincennes pour se livrer à une gigantesque opération de sidération. Il y aura quarante ans le 18 avril prochain, elle avait mêmement manipulé le peuple français en lui présentant comme « la fête à Phnom-Penh » (cf. Patrice de Beer, correspondant du Monde ayant donné le la à tous ses confrères) l’entrée dans la capitale cambodgienne des Khmers rouges qui, en moins de quatre ans, allaient se livrer à des massacres entrainant 1,7 million de morts selon l’hypothèse basse. Plus du cinquième de la population cambodgienne fut anéanti, soit par des purges et des massacres planifiés, soit par l’exode forcé des urbains vers les campagnes, où nombre des citadins transplantés périrent d’épuisement et d’inanition. Il en fut de même de la liquidation de la quasi-totalité du personnel médical et il en résulta quantité de morts par épidémies et le décès des blessés laissés sans soins.

    Cambodge : c’est la faute à Robespierre, c’est la faute à Rousseau

    A l’occasion de ce tragique anniversaire qui, n’en doutons pas, sera occulté par ceux-là mêmes qu’enchanta en 1975 la victoire du Kampuchéa démocratique, Nicolas Tandler publie sous le titre Pol Pot un portrait terrifiant de ce dernier, de son vrai nom Saloth Sar. Né en 1928 dans une famille de paysans très aisés jouissant en outre de la protection d’une parente, concubine du roi Norodom Sihanouk, et donc vivant à l’occasion au palais, le jeune Saloth, bien qu’élève médiocre, bénéficia en 1949 d’une bourse pour étudier à Paris. Là, comme d’autres Asiatiques avant lui, le Chinois Chou En-lai et le Vietnamien Hô Chi Minh notamment, il s’initia essentiellement aux beautés de notre Grande Révolution. Adhérent en 1952 au PC«F» et cornaqué par l’activiste eurasien Jacques Vergès qui devait jusqu’au bout veiller sur sa carrière, il voua ainsi un culte à Rousseau et à Robespierre dont les utopies devaient inspirer son futur programme, notamment sur la création d’un « homme nouveau », et la régénération des autres, que « nous contraindrons d’être libres », selon la formule du divin Jean-Jacques, par le « retour à la nature ».

    camille Pol PotSpécialiste des régimes communistes avec lesquels il se familiarisa très jeune comme collaborateur de la revue Est & Ouest et de l’institut d’Histoire social fondés par Georges Albertini bien connu des habitués de Polémia (1), Nicolas Tandler relate avec précision la montée de Saloth Sar, qui ne deviendra officiellement Pol Pot qu’en mars 1974, dans la hiérarchie marxiste khmère : un parcours exemplaire à la faveur de la délation des camarades catalogués tièdes ou renégats, de règlements de comptes et de purges internes à l’issue desquels ce terne apparatchik triomphera comme « Frère numéro 1». Bourreau de son propre peuple avant de mourir en 1998 dans son lit, il fut veillé dans la jungle où il s’était réfugié par une toute jeune épouse, tout cela sans avoir jamais eu le moindre compte à rendre.

    Il serait toutefois trop simple de faire de Pol Pot et de ses acolytes les seuls responsables et coupables de la tragédie et de la saignée dont le peuple khmer ne s’est toujours pas remis, coincé qu’il est entre la mainmise de Pékin sur ses ressources naturelles (avec notamment une déforestation frénétique de ses côtes au profit de gigantesques plantations de palmiers à huile) et la prééminence du dollar-roi.

    Dès la signature par Pierre Mendès-France des Accords de Genève scellant en 1954 la perte de l’Indochine française, le petit royaume s’était retrouvé au centre des appétits chinois, vietnamiens et américains attisés par les multiples intrigues, souvent brouillonnes et contradictoires, d’un Norodom Sihanouk uniquement soucieux de préserver son pouvoir et ses avantages personnels.

    A partir de 1973, c’est Washington qui, pour se venger de Hanoï et du Vietcong, finança les Khmers rouges réputés à juste titre antivietnamiens, puis qui les aida à obtenir et à conserver leur siège à l’ONU malgré les accusations filtrant du Cambodge sur la cruauté du régime. Ce financement considérable ne cessa qu’en juillet 1990, donc après l’occupation vietnamienne (1979-1989) décidée pour secourir les Vietnamiens du Cambodge persécutés, tout comme les Cham musulmans, par le racialiste Pol Pot, et qui, au début du moins, fut perçue par beaucoup de Khmers comme un soulagement après ces années d’un calvaire sans équivalent dans l’histoire contemporaine.

    Reste que ce calvaire avait été de longue main imaginé et programmé par Pol Pot, protégé de l’esthète Vergès et pseudo-intellectuel hors-sol se prenant pour un démiurge : la pire race de révolutionnaires, hélas pour l’honneur de la France imitateurs de nos Grands Ancêtres et adorateurs de nos Immortels principes.

    Rhodésie : un avant-poste trahi par l’Occident

    A l’opposé d‘un Pol Pot totalement déculturé, apparaît le fermier (d’origine écossaise) Ian Smith, artisan en 1965 de l’indépendance de la Rhodésie du Sud, devenue en 1970 République de Rhodésie dont il fut le premier ministre jusqu’à juillet 1979, quelques mois avant la dévolution du pays au pouvoir noir, voulue et signée par le gouvernement britannique en décembre de la même année. La voie était ainsi ouverte, après la sanglante guerre civile (et tribale) entre les Ndébélés de Joshua Nkomo et les Shonas de Robert Mugabé, à la dictature marxiste (et raciste) instaurée par ce dernier.

    Depuis trente-cinq ans omnipotent président du Zimbabwe sans que nul ne s’en indigne sous nos climats, Mugabé aujourd’hui nonagénaire a, par sa politique de terreur, de spoliation et de redistribution clientéliste des terres en vertu de la rolinat-smith« réorganisation socialiste », vidé l’ancienne Rhodésie de ses élites – pas uniquement blanches, même si celles-ci furent les premières victimes – et l’a menée au chaos économique doublé d’une famine endémique.

    Tout le contraire de Ian Smith qui, en quelques années et en dépit de la guerre et du terrorisme, avait fait de sa patrie un pays médicalement très avancé, ce qui profita avant tout aux Bantous, et si prospère sur le plan agricole qu’il servait de garde-manger (viande et céréales) à ses voisins noirs, notamment la Zambie. Pourtant ces derniers furent les plus acharnés à réclamer officiellement à son encontre la prise de sanctions toujours plus sévères par l’ONU, tout en organisant eux-mêmes la contrebande de produits agro-alimentaires afin de nourrir leurs populations.

    Dans son Ian Smith, paru curieusement en même temps que le Pol Potde Tandler dans la même collection, Jean-Claude Rolinat relate avec sympathie l’itinéraire de cet homme quelconque, modeste et discret, patriote britannique engagé comme pilote dans la RAF et plusieurs fois blessé pendant la Seconde Guerre mondiale et qui tout naturellement, devint patriote rhodésien effrayé par les horreurs tribales commises au Kenya puis dans l’ex-Congo belge, qu’il voulait à tout prix épargner aux siens.

    Il s’acharna donc à la survie de ce « pays des Anglais heureux » dont Agatha Christie, qui y séjourna dans les années 1920, écrit dans L’homme au complet marron qu’elle « n’avai[t] jamais vu et ne verrai[t] jamais rien d’aussi magnifique » que ses paysages, qu’elle « aimai[t] follement » (2). Cet enthousiasme ne pouvait qu’être partagé par ceux qui, comme moi, eurent la chance de les contempler avant le lâchage du régime par l’allié sud-africain soucieux de se concilier les grandes puissances et les Nations Unies, qui ne lui en surent d’ailleurs aucun gré, et la trahison des politiciens britanniques — conservateurs compris dont Margaret Thatcher et sir Christopher Soames, gendre de Churchill.

    Mais déjà la Rhodésie n’était plus le « pays des Anglais heureux » : à l’initiative de la Zapu de Nkomo et du Zanu de Mugabé lançant leurs raids depuis la Zambie, les massacres de Blancs se multipliaient (notamment en 1979 celui de toute la famille d’un pasteur, le bébé Natacha de six mois retrouvé la tête éclatée à coups de pierre), les incendies de récoltes se développaient ainsi que les abattages de bétail ; la ravissante capitale Salisbury (désormais rebaptisée Hararé) était elle aussi visée et les rares touristes qui s’aventuraient sur le Zambèze aux chutes Victoria étaient la cible de tirs d’obus tirés depuis la Zambie.

    Dans la plus parfaite indifférence de la « communauté internationale » qui n’avait d’yeux que pour les « nationalistes » noirs… stipendiés par Moscou et Pékin mais aussi par certains intérêts américains louchant sur l’exploitation du chrome et autres minerais précieux, seuls sauvèrent alors l’honneur de l’Occident des hommes venus des anciens dominions de la Couronne mais aussi de France et engagés dans les Selous Scouts – pour une solde dérisoire ainsi que le souligne Jean-Claude Rolinat dans son livre chaleureux – aux côtés de leurs frères d’armes rhodésiens.

    On ne peut lire ce Ian Smith et ce Pol Pot, qui participent d’une très nécessaire réinformation, sans ressentir une grande nostalgie et surtout une profonde amertume. Car si les populations du Kampuchéa hier et du Zimbabwé aujourd’hui ont connu et connaissent encore, toutes races confondues, une telle souffrance, c’est à l’égoïsme des « civilisés » qu’on le doit. Et surtout à leur passivité devant le mensonge pratiqué à une très grande échelle par les médias internationaux.

    Camille Gali, 20/01/2015

    Nicolas Tandler, Pol Pot, Ed. Pardès, novembre 2014, collection « Qui suis-je ? », 128 pages avec iconographie.

    Jean-Claude Rolinat, Ian Smith, Ed. Pardès, décembre 2014, collection « Qui suis-je ? » 128 pages avec iconographie

    Notes :

    (1) Georges Albertini : voir sur notre site les recensions des trois livres de Morvan Duhamel :

    Les écrits en prison de Georges Albertini, par Morvan Duhamel

    Entretiens confidentiels de Georges Albertini, par Morvan Duhamel

    En mission pour Georges Albertini, par Morvan Duhamel

    (2) Camille Galic, Agatha Christie, 128 pages avec iconographie. Ed. Pardès, décembre 2013, collection « Qui suis-je ? »

    http://www.polemia.com/agatha-christie-de-camille-galic/

    http://www.polemia.com/pol-pot-et-ian-smith-le-bourreau-et-le-patriote/

  • La gauche en soutien au capital par Pierre LE VIGAN

    Charles Robin offre, avec La gauche du capital, un regroupement de ses études sur la généalogie du libéralisme libertaire. Sa thèse est connue des lecteurs de Jean-Claude Michéa. Il n’y a pas un « libéralisme » économique, de « droite », qui s’oppose à un « libertarisme » sociétal, de « gauche ». Il y a un seul mouvement qui transforme la société, et passe par des acteurs socio-politiques qui se partagent le travail mais font, précisément, le même travail. Le libéralisme est en d’autres termes toujours en phase avec le libertarisme car il s’agit de déconstruire tous les liens, tous les enracinements, toutes les communautés pour aboutir à un homme nu, donc désaliéné selon l’extrême gauche, mais aussi totalement ouvert au libre marché, à la consommation mondiale unifiée, selon les libéraux. C’est le même homme suradapté à un monde de plus en plus intégralement marchandisé, postpolitique qui convient aux libéraux (dits de droite) et aux libertaires (dits de gauche).

     

    Le travail de désencastrement de l’homme, de désincarnation (au profit de sa liquéfaction), de « libération » de toutes les valeurs et de tous les liens, est convergent, qu’il soit opéré par la droite « libérale avancée » ou par la gauche « libérale-libertaire », et concoure à un même résultat. Car, de fait, l’homme sans liens devient homme sans qualité, sans spécificité, sans identité culturelle, sans classe, sans syndicat, et est livré au marché, et celui qui est livré au marché est bel et bien « libéré », comme le rêve l’extrême gauche, de la famille, de la durabilité, de la transmission, de la « patrie », de la « solidarité de tribu » (ou de métier), du sexisme, du machisme, au profit de la consommation hédoniste de la sexualité et du relationnel en général (les « amis » que l’on a sur Facebook…).

     

    Résumons. Le libéralisme n’est pas conservateur, il n’y a rien de plus révolutionnaire. Quant à la gauche elle n’est pas socialiste, elle est « la gauche du capital », elle est la pointe avancée de la déconstruction des peuples. Qui profite à qui ? Au capital.

     

    Voilà notamment ce que développe, rigoureusement, Charles Robin. Autant dire que son livre est essentiel.

     

    Pierre Le Vigan

     

    • Charles Robin, La gauche du capital. Libéralisme culturel et idéologie du marché, Krisis, 244 p., 18 €.

    http://www.europemaxima.com/

  • L’insolence des anarchistes de droite

    Les anarchistes de droite me semblent la contribution française la plus authentique et la plus talentueuse à une certaine rébellion insolente de l’esprit européen face à la « modernité », autrement dit l’hypocrisie bourgeoise de gauche et de droite. Leur saint patron pourrait être Barbey d’Aurévilly (Les Diaboliques), à moins que ce ne soit Molière (Tartuffe). Caractéristique dominante : en politique, ils n’appartiennent jamais à la droite modérée et honnissent les politiciens défenseurs du portefeuille et de la morale. C’est pourquoi l’on rencontre dans leur cohorte indocile des écrivains que l’on pourrait dire de gauche, comme Marcel Aymé, ou qu’il serait impossible d’étiqueter, comme Jean Anouilh. Ils ont en commun un talent railleur et un goût du panache dont témoignent Antoine Blondin (Monsieur Jadis), Roger Nimier (Le Hussard bleu), Jean Dutourd (Les Taxis de la Marne) ou Jean Cau (Croquis de mémoire). A la façon de Georges Bernanos, ils se sont souvent querellés avec leurs maîtres à penser. On les retrouve encore, hautins, farceurs et féroces, derrière la caméra de Georges Lautner (Les Tontons flingueurs ou Le Professionnel), avec les dialogues de Michel Audiard, qui est à lui seul un archétype. 
    Deux parmi ces anarchistes de la plume ont dominé en leur temps le roman noir. Sous un régime d’épais conformisme, ils firent de leurs romans sombres ou rigolards les ultimes refuges de la liberté de penser. Ces deux-là ont été dans les années 1980 les pères du nouveau polar français. On les a dit enfants de Mai 68. L’un par la main gauche, l’autre par la main droite. Passant au crible le monde hautement immoral dans lequel il leur fallait vivre, ils ont tiré à vue sur les pantins et parfois même sur leur copains. 
    À quelques années de distances, tous les deux sont nés un 19 décembre. L’un s’appelait Jean-Patrick Manchette. Il avait commencé comme traducteur de polars américains. Pour l’état civil, l’autre était Alain Fournier, un nom un peu difficile à porter quand on veut faire carrière en littérature. Il choisit donc un pseudonyme qui avait le mérite de la nouveauté : ADG. Ces initiales ne voulaient strictement rien dire, mais elles étaient faciles à mémoriser. 
    En 1971, sans se connaître, Manchette et son cadet ADG ont publié leur premier roman dans la Série Noire. Ce fut comme une petite révolution. D’emblée, ils venaient de donner un terrible coup de vieux à tout un pan du polar à la française. Fini les truands corses et les durs de Pigalle. Fini le code de l’honneur à la Gabin. Avec eux, le roman noir se projetait dans les tortueux méandres de la nouvelle République. L’un traitait son affaire sur le mode ténébreux, et l’autre dans un registre ironique. Impossible après eux d’écrire comme avant. On dit qu’ils avaient pris des leçons chez Chandler ou Hammett.Mais ils n’avaient surtout pas oublié de lire Céline, Michel Audiard et peut-être aussi Paul Morand. Écriture sèche, efficace comme une rafale bien expédiée. Plus riche en trouvailles et en calembours chez ADG, plus aride chez Manchette. 
    Né en 1942, mort en 1996, Jean-Patrick Manchette publia en 1971 L’affaire N’Gustro directement inspirée de l’affaire Ben Barka (opposant marocain enlevé et liquidé en 1965 avec la complicité active du pouvoir et des basses polices). Sa connaissance des milieux gauchistes de sa folle jeunesse accoucha d’un tableau véridique et impitoyable. Féministes freudiennes et nymphos, intellos débiles et militants paumés. Une galerie complète des laissés pour compte de Mai 68, auxquels Manchette ajoutait quelques portraits hilarants de révolutionnaires tropicaux. Le personnage le moins antipathique était le tueur, ancien de l’OAS, qui se foutait complètement des fantasmes de ses complices occasionnels. C’était un cynique plutôt fréquentable, mais il n’était pas de taille face aux grands requins qui tiraient les ficelles. Il fut donc dévoré. 
    Ce premier roman, comme tous ceux qu’écrivit Manchette, était d’un pessimisme intégral. Il y démontait la mécanique du monde réel. Derrière le décor, régnaient les trois divinités de l’époque : le fric, le sexe et le pouvoir. 
    Au fil de ses propres polars, ADG montra qu’il était lui aussi un auteur au parfum, appréciant les allusions historiques musclées. Tour cela dans un style bien identifiable, charpenté de calembours, écrivant « ouisquie » comme Jacques Perret, l’auteur inoubliable et provisoirement oublié de Bande à part. 
    Si l’on ne devait lire d’ADG qu’un seul roman, ce serait Pour venger Pépère(Gallimard), un petit chef d’œuvre. Sous une forme ramassée, la palette adégienne y est la plus gouailleuse. Perfection en tout, scénario rond comme un œuf, ironie décapante, brin de poésie légère, irrespect pour les « valeurs » avariées d’une époque corrompue. 
    L’histoire est celle d’une magnifique vengeance qui a pour cadre la Touraine, patrie de l’auteur. On y voit Maître Pascal Delcroix, jeune avocat costaud et désargenté, se lancer dans une petite guerre téméraire contre les puissants barons de la politique locale. Hormis sa belle inconscience, il a pour soutien un copain nommé « Machin », journaliste droitier d’origine russe, passablement porté sur la bouteille, et « droit comme un tirebouchon ». On s’initie au passage à la dégustation de quelques crus de Touraine, le petit blanc clair et odorant de Montlouis, ou le Turquant coulant comme velours. 
    Point de départ, l’assassinat fortuit du grand-père de l’avocat. Un grand-père comme on voudrait tous en avoir, ouvrier retraité et communiste à la mode de 1870, aimant le son du clairon et plus encore la pêche au gardon. Fier et pas dégonflé avec çà, ce qui lui vaut d’être tué par des malfrats dûment protégés. A partir de là on entre dans le vif du sujet, c’est à dire dans le ventre puant d’un système faisandé, face nocturne d’un pays jadis noble et galant, dont une certaine Sophie, blonde et gracieuse jeunes fille, semble comme le dernier jardin ensoleillé. Rien de lugubre pourtant, contrairement aux romans de Manchettes. Au contraire, grâce à une insolence joyeuse et un mépris libérateur. 
    Au lendemain de sa mort (1er novembre 2004), ADG fit un retour inattendu avecJ’ai déjà donné, roman salué par toute la critique. Héritier de quelques siècles de gouaille gauloise, insolente et frondeuse, ADG avait planté entre-temps dans la panse d’une république peu recommandable les banderilles les plus jubilatoires de l’anarchisme de droite. 
    Article de Dominique Venner dans Le Spectacle du Monde de décembre 2011