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culture et histoire - Page 1419

  • Un jour, un texte ! La guerre, la discipline par Paul CLAUDEL (5)

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. » Georges Bernanos, La France contre les robots.

    Notre premier ministre a déclaré que la France est en guerre. Mais l'ennemi est chez nous, au sein même de la population française. Il ne s'agit plus d'envoyer des professionnels, formés et aguerris combattre loin de nos terres, mais de se battre contre un ennemi sournois et impitoyable, qui use pour ses attaques de toutes nos libertés et des droits des citoyens français. Avant de faire une telle déclaration, encore eût-il fallu cultiver au sein du peuple français les valeurs qui font la force morale des nations. Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui : la guerre, la discipline par Paul CLAUDEL(5)

    « MAURICE – Qu'est-ce qu'un soldat ? (Un temps) Un oiseau voyageur… mais qui ne suit jamais son plaisir ni sa fantaisie et qui ne règle pas son vol sur la rigueur ou la douceur de la saison. On lui commande d'aller – et il va ; de s'arrêter – et il s'arrête ; de frapper – et il frappe ; de se faire tuer – et il meurt. Et c'est bien ainsi. Il est dans les mains de son supérieur, comme dans la main du Créateur la créature, et il détient sur la terre le privilège de proposer aux autres hommes l'image de l'obéissance parfaite qui règne dans le ciel – et qui devrait partout régner. (Tristement) Mais l'obéissance n'est plus aimée, même chez les chrétiens.

    EXUPÈRE – Oh ! chef ! Pourvu qu'elle soit à peu près maintenue.

    MAURICE – Non, Exupère, non ! Obéir sans amour c'est, selon moi, mal obéir. Je ne saurais souffrir qu'on diminue une vertu si haute. – N'oublie pas que c'est à son ombre que, dans notre métier, croissent toutes les autres vertus : l'humilité, la pauvreté, la patience… la chasteté et la bravoure… le respect du chef et le don de soi.

    EXUPÈRE – Les vertus chrétiennes sont donc des vertus militaires ?

    MAURICE – Je le crois, ami. Ce qui fait le vrai soldat, comme le vrai chrétien, c'est le détachement de tout. – Aussi bien, il ne lui vaut rien, s'il a une famille, une maison, un champ, de trop songer à ce qu'il laisse. Il rentrera dans son bien lorsqu'il sera vieux. En attendant il est pareil aux apôtres pêcheurs, débauchés par Jésus au bord des lacs de Galilée. Comme eux, il a opté pour un plus haut devoir qui consiste à suivre le maître. Et tant qu'il n'a pas versé tout son sang ou épuisé toute sa force, il n'est pas quitte envers celui-ci.

    EXUPÈRE, après un temps de réflexion – Vous ne m'en voudrez pas de vous le dire en face. Oui, chef, je connais certains maîtres auxquels il est facile d'obéir. Ceux-là ont qualité pour commander aux hommes, au nom du Maître tout-puissant qui délègue le commandement à tel ou tel. Ceux-là sont dignes, bons et justes. Mais, s'ils ne le sont pas, dois-je les écouter ?

    MAURICE – Sans doute.

    EXUPÈRE – Même s'ils donnent l'exemple de tous les vices ?

    MAURICE – Tu le dois.

    EXUPÈRE – S'ils sont ivrognes, fourbes, débauchés, prévaricateurs ?

    MAURICE – Certainement.

    EXUPÈRE – Même s'ils persécutent mes frères ?

    MAURICE – Oui. Même en ce cas, Exupère. Et d'autant plus tu devras te montrer fidèle – à condition qu'ils ne te commandent pas le mal… je veux dire rien de contraire à ce que prescrit notre loi. Ici s'arrête leur pouvoir, au nœud de notre conscience ; mais seulement ici. »

    Paul CLAUDEL

    Extrait de : « Saint Maurice et ses compagnons »

    Lois Spalwer http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • [Chez nos confrères] La France face au multiculturalisme – par Gabriel Robin

    « Laissez la culture à la gauche, ça lui donnera un os à ronger », avait dit Charles de Gaulle, une erreur majeure dont nous payons encore les conséquences aujourd’hui. A vouloir projeter par la force la France dans le monde d’après, post-historique, les tenants du pouvoir depuis quarante ans ont rendu la France orpheline d’elle-même, expatriée de son être propre. La cohésion et la force d’un ensemble de civilisation, et ce quel que soit son système politique organique, résident dans l’identification culturelle profonde que s’en font ses composantes humaines (subséquemment avec son histoire et son essence), et non pas dans ses richesses territoriales ou matérielles. Les peuples sont attachés à leur(s) histoire(s), nonobstant les positionnements idéologiques d’une élite politique de plus en plus déterritorialisée. L’immigration massive nous a contraints à aménager notre façon de vivre, à noyer notre culture dans un maelstrom informe qui est devenu au fil du temps le théâtre de l’affrontement stérile de micro-tribus antagonistes.

    D’aucuns, tel Laurent Bouvet, parlent de « crispations identitaires » ; celles-ci sont le produit d’une déculturation totale, d’une quête de sens inassouvie car rendue impossible par le déracinement des êtres que l’on jette dans le monde comme étant des « fils de personne ». L’homme n’est pas un être jeté là, l’homme n’est pas qu’un animal rationnel animé d’un égoïsme forcené, il est aussi le fruit d’une lignée culturelle. Nous ne savons plus qui nous sommes, et, paradoxalement, l’autre nous est encore plus étranger, nous sommes comme « expatriés du réel ». Aimé Césaire soulignait fort justement qu’une « civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente ». Le pouvoir est incapable de résoudre l’insécurité culturelle dans laquelle se retrouve plongé son peuple car il est incompétent pour définir précisément les maux qui affligent notre nation : en effet il en est le responsable direct ! Si la France était incarnée par la république apaisée, voire irénique, que nous présente François Hollande, il n’y aurait pas eu ces attentats, il n’y aurait pas eu ces manifestations de soutien d’une jeunesse en marge qui ne veut plus se reconnaître comme appartenant à l’ensemble culturel dans laquelle se trouve notre identité nationale. Il faut dire qu’on leur a inlassablement répété que la France était désormais multiculturelle (ou de toute éternité pour certains), que son histoire précédente était monstrueuse, qu’elle devait faire repentance ; comment alors vouloir s’assimiler à une nation vidée de sa substance, faible, présentant pour seule transcendance un tout uniformisé et mondialisé qui n’est qu’un rien.

    D’aucuns, tel Laurent Bouvet, parlent de « crispations identitaires » ; celles-ci sont le produit d’une déculturation totale, d’une quête de sens inassouvie car rendue impossible par le déracinement des êtres que l’on jette dans le monde comme étant des « fils de personne ». L’homme n’est pas un être jeté là, l’homme n’est pas qu’un animal rationnel animé d’un égoïsme forcené, il est aussi le fruit d’une lignée culturelle. Nous ne savons plus qui nous sommes, et, paradoxalement, l’autre nous est encore plus étranger, nous sommes comme «expatriés du réel ».

    C’est pour toutes ces raisons, extrêmement préoccupantes, que nous devons de toute urgence retrouver notre identité culturelle nationale, et, surtout, la valoriser et la transmettre. Notre culture a pour caractéristique sa capacité à l’examen critique et à la raison, ces deux éléments ayant permis l’émergence du débat d’idées garantissant l’épanouissement des libertés d’expression et d’opinion (qui n’ont pas grand-chose en commun avec l’injure et la dialectique éristique constamment mises en avant sur les plateaux de télévision, mais passons). Plutôt que de subventionner des œuvres qui nient la culture nationale, l’Etat devrait aider une création d’avant-garde qui soit une force de projection de notre culture historique et une arme diplomatique conséquente. Non, nous n’avons pas à nous résoudre à l’abaissement, à la petitesse d’une culture sans relief, sans élévation. L’effacement de notre culture traditionnelle devait faciliter l’intégration de tous dans une société post-nationale. Mais le « vivre-ensemble » à la manière post-moderne est d’abord un « vivre avec », puis un « revivre » sous une autre forme foncièrement différente de celle qui fut auparavant, il n’y a donc pas de volonté d’assimiler des peuples à notre culture mais bien plutôt le projet de tous nous assimiler à marche forcée à une vision du monde globalisante fondée sur une utopie conceptuelle dont on ne peut mesurer les conséquences. L’échec est total, dramatique.

     

    N’hésitons plus à le dire : remporter la bataille culturelle est impératif à un sursaut national. En présentant un contre-modèle fédérateur, les mouvements patriotiques susciteront un élan puissant qui trouvera un écho populaire conséquent. La dialectique sociologique marxiste qui se base sur la relation entre les oppresseurs et les opprimés (hier le colon par rapport aux damnés de la terre, puis le sexe masculin par rapport au sexe féminin, et ainsi de suite, jusqu’à nos jours où les relations entre citoyens ne se conçoivent que dans un rapport de concurrence victimaire) est la norme inversée de notre société.

    Pour autant, il serait dangereux de sombrer dans une posture réactionnaire stérile et sclérosante. « Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent le plus haut », avançait le poète provençal Frédéric Mistral, et la France possède une tradition avant-gardiste qu’elle doit à tout prix conserver. Sociologiquement, la culture s’entend comme ce qui a trait au domaine « psycho-affectif », à la « sensibilité », voire très subjectivement au goût qu’entretient, en commun, un collectif d’hommes donné et plus ou moins réduit. Il y a dans la culture nationale, une culture cultivée (conception centrée sur les humanités classiques et les beaux-arts) et une culture populaire (culture de masse). Au sein même de la culture cultivée nationale s’opère une nouvelle division entre la contre-culture d’élite ou d’avant-garde et la culture classique, etc. Le fait culturel prend donc l’aspect d’une poupée russe ou d’une polyphonie. Ce qui signifie que notre société est devenue complexe, et donc polyculturelle, depuis déjà fort longtemps. Cette polyculture ne saurait se confondre avec la multiculture qui est un danger mortel pesant sur un Etat-nation unitaire ; à rebours de la polyculture qui apporte une saine émulation, la multiculture se présente souvent comme une stérile juxtaposition, voire opposition des contraires.

    N’hésitons plus à le dire : remporter la bataille culturelle est impératif à un sursaut national. En présentant un contre-modèle fédérateur, les mouvements patriotiques susciteront un élan puissant qui trouvera un écho populaire conséquent. La dialectique sociologique marxiste qui se base sur la relation entre les oppresseurs et les opprimés (hier le colon par rapport aux damnés de la terre, puis le sexe masculin par rapport au sexe féminin, et ainsi de suite, jusqu’à nos jours où les relations entre citoyens ne se conçoivent que dans un rapport de concurrence victimaire) est la norme inversée de notre société. Notre choix est de ne pas reconnaître de communautés autres que la communauté nationale, et la France ne reconnaîtra à son tour publiquement que sa culture historique. Nous préférons élever le peuple (dans son ensemble et sans considération pour les origines particulières de chacun) à la grandeur de son histoire, que le cantonner à cette sous-culture dominante qui s’est imposée partout. C’est à ce prix du ré-enracinement historique que pourra être abattue l’insécurité culturelle propre aux sociétés multiculturelles.

    Gabriel Robin,
    secrétaire général du Collectif Culture pour le Rassemblement Bleu Marine

    http://fr.novopress.info/182037/chez-nos-confreres-la-france-face-au-multiculturalisme-par-gabriel-robin/#more-182037

  • [Entretien exclusif Novopress] Alain de Benoist : “La Révolution Conservatrice n’est pas du tout un mouvement unitaire” (1/2)

    Figure de ce qu’il est convenu d’appeler la « Nouvelle Droite », Alain de Benoist a – par ses très nombreux travaux – profondément renouvelé notre famille de pensée, dans une optique transversale et métapolitique. Il vient de publier « Quatre figures de la Révolution Conservatrice allemande », ouvrage qui nous fait pénétrer dans l’immense richesse de ce mouvement d’idées, apte à nous donner des pistes pour les défis actuels.

    Propos recueillis par Pierre Saint-Servant

    La Révolution Conservatrice retient depuis plusieurs décennies votre attention. Dans votre dernier ouvrage, vous avez choisi de l’aborder par l’intermédiaire de quatre personnalités, symbole probable de la grande diversité de ce mouvement. Comment définiriez-vous cette Konservative Revolution ?

    Les représentants de la Révolution Conservatrice allemande n’ont que rarement utilisé ce terme pour se désigner eux-mêmes. L’expression ne s’est imposée qu’à partir des années 1950, à l’initiative de l’essayiste Armin Mohler, qui a consacré à cette mouvance un énorme « manuel » (La Révolution Conservatrice en Allemagne, 1918-1932) traduit en France en 1993. Elle désigne couramment ceux des adversaires de la République de Weimar, hostiles au traité de Versailles, qui se réclamaient d’une idéologie « nationaliste » distincte de celle du national-socialisme. Mohler les regroupe en trois familles principales : les jeunes-conservateurs (Moeller van den Bruck, Othmar Spann, Oswald Spengler, Carl Schmitt, Wilhelm Stapel, etc.), les nationaux-révolutionnaires (Ernst Jünger [photo], Franz Schauwecker, Ernst Niekisch, etc.) et les Völkische, qui sont des populistes à tendance souvent biologisante ou mystique. La Révolution Conservatrice n’est donc pas du tout un mouvement unitaire, même s’il existe entre ses représentants certains points communs. C’est plus exactement une mouvance, qui ne comprend pas moins de trois ou quatre cents auteurs, dont seule une minorité ont été traduits en français. Cette mouvance n’a pas à proprement parler d’équivalent dans les autres pays européens, mais pour ce qui concerne la France, on pourrait à bien des égards la rapprocher de ceux que l’on a appelés les « non-conformiste des années trente ».

    Sous le IIIe Reich, peu de révolutionnaires conservateurs se sont ralliés au régime. Quand ils l’ont fait (comme Carl Schmitt), cela a généralement été pour peu de temps. Certains se sont exilés, quelques uns ont été assassinés (Edgar J. Jung), d’autres sont entrés dans la Résistance, ce qui leur a valu d’être emprisonnés (Ernst Niekisch) ou exécutés (Harro Schulze-Boysen). La plupart ont vécu dans une sorte d’exil intérieur (Jünger) rarement dépourvu d’ambiguïté.

    Si la Révolution Conservatrice reste méconnue en France, n’est-ce pas en partie à cause de la contradiction des termes qu’elle semble contenir ? Les définitions françaises et allemandes des termes « conservateur » et « révolutionnaire » seraient-elles à ce point différentes ?

    En France, le mot « conservatisme » est assez péjoratif. On le tient volontiers pour synonyme de « réactionnaire ». Il en va très différemment en Allemagne, où le mot « droite » est en revanche peu employé. L’association, à première vue surprenante, des mots « conservateur » et « révolutionnaire » témoigne d’abord, d’un point de vue théorique, d’une volonté de conciliation des contraires (c’est au fond l’idée hégélienne d’Aufhebung, de dépassement d’une contradiction). Mais elle répond aussi à l’idée que, dans le monde tel qu’il est devenu, seul un bouleversement général, c’est-à-dire une révolution, permettra de conserver ce qui vaut la peine d’être conservé : non pas le passé, mais ce qui ne passe pas. Arthur Moeller van den Bruck écrit ainsi : « Le réactionnaire se représente le monde tel qu’il a toujours été. Le conservateur le voit comme il sera toujours ». Il ajoute que, par opposition aux réactionnaires, qui ne comprennent rien à la politique, « la politique conservatrice est la grande politique. La politique ne devient grande que lorsqu’elle crée de l’histoire ».

    Sous le IIIe Reich, peu de révolutionnaires conservateurs se sont ralliés au régime. Quand ils l’ont fait (comme Carl Schmitt), cela a généralement été pour peu de temps. Certains se sont exilés, quelques uns ont été assassinés (Edgar J. Jung), d’autres sont entrés dans la Résistance, ce qui leur a valu d’être emprisonnés (Ernst Niekisch) ou exécutés (Harro Schulze-Boysen). La plupart ont vécu dans une sorte d’exil intérieur (Jünger) rarement dépourvu d’ambiguïté.

     

    La confusion sémantique ne s’arrête pas là. Le terme « socialiste » est aujourd’hui utilisé (tant par ceux qui s’en réclament que par ceux qui s’y attaquent) à tort et à travers. Voir l’équipe Hollande-Valls-Macron se réclamer du socialisme est aussi ridicule qu’entendre certains invoquer une « dictature socialiste » pour nommer le désordre libéral-libertaire actuel. Que recouvre le socialisme dont se réclament à la fois Arthur Moeller, Werner Sombart ou encore Ernst Niekisch, au-delà de leurs nuances respectives ?

    Une idée propre à de nombreux révolutionnaires conservateurs est que « chaque peuple a son propre socialisme » (Moeller van den Bruck). Sous Weimar, la notion de« socialisme allemand » est d’usage courant aussi bien à droite qu’à gauche, y compris au sein des organisations nationalistes. Werner Sombart, grand spécialiste de l’histoire du mouvement social et du capitalisme, est d’ailleurs l’auteur d’un livre portant ce titre (Le socialisme allemand, traduction française en 1938). Oswald Spengler parle de « socialisme prussien », c’est-à-dire d’un socialisme porté par l’éthique et le style prussiens, qui rejette d’un même mouvement les valeurs bourgeoises et la « prolétarisation ». Expliquant que Marx a dévoyé le socialisme en l’entraînant en Angleterre, patrie du libéralisme, il affirme qu’il faut maintenant le« rapatrier » dans le pays où « chaque Allemand véritable est un travailleur ». Ces références montrent que pour la Révolution Conservatrice l’ennemi principal est très clairement le libéralisme.

    L’association, à première vue surprenante, des mots « conservateur » et « révolutionnaire » témoigne d’abord, d’un point de vue théorique, d’une volonté de conciliation des contraires (c’est au fond l’idée hégélienne d’Aufhebung, de dépassement d’une contradiction). Mais elle répond aussi à l’idée que, dans le monde tel qu’il est devenu, seul un bouleversement général, c’est-à-dire une révolution, permettra de conserver ce qui vaut la peine d’être conservé : non pas le passé, mais ce qui ne passe pas. Arthur Moeller van den Bruck écrit ainsi : « Le réactionnaire se représente le monde tel qu’il a toujours été. Le conservateur le voit comme il sera toujours ». Il ajoute que, par opposition aux réactionnaires, qui ne comprennent rien à la politique, « la politique conservatrice est la grande politique. La politique ne devient grande que lorsqu’elle crée de l’histoire ».

    L’un des riches débats qui animèrent les rangs de la Révolution Conservatrice opposa les tenants d’un « ruralisme », admirateurs de la paysannerie et contempteurs du mode de vie urbain aux partisans d’une prise en main de la technique et de la figure mythique du Travailleur (que contribuèrent à forger tant Jünger que Niekisch). Que peut-on en retenir ?

    C’est en effet l’un des traits qui distinguent les jeunes-conservateurs des nationaux-révolutionnaires. Les premiers, très influencés par l’idée du Reich médiéval, en tiennent souvent pour une société des « états » (Stände) où la paysannerie, lieu par excellence des solidarités organiques et des traditions populaires, joue un rôle essentiel, tandis que les seconds se veulent à la fois plus radicaux et plus « modernistes ». Cela dit, un auteur comme Oswald Spengler n’hésite pas à donner une interprétation « faustienne » de la technique. Le cas d’Ernst Jünger est plus complexe. Son livre sur Le Travailleur (1932), qui oppose à la Figure du Bourgeois une sorte de métaphysique du Travail, est une apologie « titanesque » de la Technique en tant que facteur de « mobilisation totale », mais l’auteur des Orages d’acier reviendra par la suite sur cette façon de voir, notamment sous l’influence de son frère, Friedrich Georg Jünger, auteur dans l’immédiat après-guerre d’un livre très hostile à la technique (Die Perfektion der Technik) que l’on peut considérer comme un ouvrage fondateur de l’écologisme actuel.

    Ce qui frappe dans les portraits que vous dressez, c’est la difficile incarnation politique des idéaux portés par la Révolution Conservatrice. L’extraordinaire fécondité intellectuelle de ce mouvement donne d’autant plus le vertige que ses réalisations politiques paraissent faibles. Qu’en est-il ?

    Il est exact que la Révolution Conservatrice n’a pas réussi à s’imposer politiquement, ce qui est fort dommage, car elle aurait évidemment constitué une alternative positive à l’hitlérisme. Sur le plan politique, elle s’est plutôt manifestée par des activités « ligueuses », des clubs de réflexion, des associations multiples et variées, ce qui n’empêche pas qu’on repère sans peine son influence à l’intérieur du Mouvement de jeunesse (Jugendbewegung) issu de l’ancien Wandervogel, ou à la faveur d’événements ponctuels, comme la révolte paysanne dans le Schleswig Holstein. Mais cela n’a pas suffi à en faire une dynamique de premier plan. Cela s’explique notamment par le fait qu’à quelques exceptions près, les représentants de la Révolution Conservatrice n’étaient pas des politiciens, mais des écrivains et des théoriciens. D’un autre côté, c’est aussi ce qui nous permet de les lire encore aujourd’hui avec profit.

    C’est en effet l’un des traits qui distinguent les jeunes-conservateurs des nationaux-révolutionnaires. Les premiers, très influencés par l’idée du Reich médiéval, en tiennent souvent pour une société des « états » (Stände) où la paysannerie, lieu par excellence des solidarités organiques et des traditions populaires, joue un rôle essentiel, tandis que les seconds se veulent à la fois plus radicaux et plus « modernistes ».

    http://fr.novopress.info/182021/entretien-exclusif-novopress-alain-de-benoist-la-revolution-conservatrice-nest-pas-du-tout-un-mouvement-unitaire-12/

  • À propos de « Nouveaux cathares pour Monségur » de Saint-Loup par Rüdiger NON CONFORME

    J’ai comme l’impression qu’on ne lit plus beaucoup Saint-Loup (nom de plume de Marc Augier) aujourd’hui, ce que je ne peux que déplorer. Aussi, si ces quelques considérations sur l’un de ses ouvrages phares pouvaient donner à d’aucuns l’envie de se plonger dans l’œuvre de ce grand écrivain, j’en serais ravi.

    Grand écrivain, oui, c’est indéniable. Et même si l’homme était avant tout un écrivain de combat aux idées bien trempées, il mérite d’être (re)découvert tant son talent peut séduire au-delà du lecteur typique de notre mouvance. Comme le savent ses lecteurs, Saint-Loup mettait énormément de lui-même dans ses livres et mêlait à ses convictions des thèmes chers qui avaient beaucoup compté dans son parcours personnel : la noblesse de comportement devant la vie, le dépassement de soi par le sport (ou la guerre) ou encore la joie de la camaraderie telle qu’on la pratiquait dans les Auberges de Jeunesse avant la Seconde Guerre mondiale.

    Nouveaux cathares pour Monségur, premier volume du cycle des « Patries charnelles », entraîne le lecteur dans l’Occitanie de la fin des années 1930 à la fin des années 1960 et prend comme fil directeur le combat identitaire occitan. L’Occitanie étant l’une de ces nombreuses patries charnelles constituant l’Europe voulue par Saint-Loup, une Europe fédérale respectueuse de toutes ses identités régionales. Ce combat « régionaliste » est ainsi illustré dans ce roman datant de 1968 par une galerie de personnages bien différents dont les opinions (tant politiques que religieuses), les choix devant l’histoire de leur temps, les évolutions et les divergences apportent l’essentiel de la matière ici développée.

    L’ombre de la croisade contre les Albigeois plane sur le récit et, pour bien des protagonistes de l’histoire, c’est la déclaration de guerre faite à l’Occitanie par la France du Nord au XIIIe siècle. En effet, pour Roger Barbaïra, héros du livre, « la France n’est pas la terre de mes pères », c’est « une patrie qui n’a d’autres contours qu’idéologiques ». Partant de ce postulat que la France écrase l’Occitanie depuis le Moyen Âge et que celle-ci se doit d’être libérée, Roger Barbaïra et sa bande de compagnons issue des Auberges de Jeunesse  vont tout faire pour lutter contre cette domination vue comme étrangère. Et c’est là que la plume de Saint-Loup s’exprime, à mon sens, le mieux. Quelle stratégie adopter à l’aube de la Seconde Guerre mondiale pour ces jeunes gens bien différents, tant dans la personnalité que dans les opinions politiques, mais unis par le combat identitaire ? Certains choisiront Vichy, d’autres le maquis communiste; Barbaïra choisira la S.S. Ils en viendront à s’entretuer ou à s’entraider, dépassés par les événements de la grande guerre civile européenne. Le combat continuera ensuite après la guerre, pour ceux qui y auront survécu et qui seront restés fidèles, avec d’autres moyens.

    Comme dans beaucoup de livres de Saint-Loup, on retrouve l’idée de la dureté de l’engagement. Celui qui s’engage pour une cause fait face à de multiples difficultés et la guerre vécue par les différents acteurs de cette fresque occitane en sera la meilleure illustration : combattre ou s’engager au sens large, ce n’est pas aller dans le sens de la facilité, bien au contraire. Les péripéties de ceux qui auront choisi le mauvais camp et qui deviendront des « maudits » illustrent cela à merveille : ils seront traqués, torturés et tués par ceux qui prétendaient combattre pour la « paix », la « dignité » et les « droits de l’homme » et qui sont toujours adulés et loués de nos jours puisque, dans le monde moderne, il y a des persistances qui ont la vie dure.

    Au-delà de la question identitaire, Nouveaux cathares pour Monségur est un voyage en Occitanie, dans ses châteaux, ses montagnes, ses légendes. C’est l’occasion aussi pour Saint-Loup de traiter de religion et en particulier du catharisme. Cette foi est ainsi celle de ce mystique personnage qu’est Auda Isarn (dont le nom a été repris par une célèbre maison d’édition). Membre de la bande d’amis de Roger Barbaïra, sa beauté froide la rend désirable à bien des hommes qui s’opposeront pour l’avoir mais une telle femme, dotée d’une telle foi, peut-elle réellement appartenir à un homme et lui dévouer sa vie? Auda Isarn fait partie de ces femmes un peu mystérieuses voire insaisissables que l’on retrouve dans l’œuvre de l’auteur, telle la fameuse Morigane de Plus de pardons pour les Bretons, et est résolument le personnage le plus énigmatique de l’histoire.

    Saint-Loup profite de son récit pour y fondre différents éléments ésotériques. C’est ainsi la rencontre entre Otto Rahn, l’auteur de Croisade contre le Graal et de La cour de Lucifer, d’une part et Roger Barbaïra et ses amis d’autre part qui donnera à ces derniers le goût du combat pour leur identité. C’est encore Otto Rahn qui mettra Barbaïra sur la piste des « vérités éternelles » par sa recherche du Graal dans les grottes proches de Monségur. Ce Graal, sous la plume de Saint-Loup, n’est plus la coupe qui recueillit le sang du Christ mais les tables de lois des Aryens « en écriture païenne enchevêtrée » dont la redécouverte changerait la face du monde moderne, ce qui explique les recherches menées par Rahn, en mission spéciale en 1938, puis par une section de l’Ahnenerbe à laquelle Barbaïra prêtera main forte durant la guerre avant de s’engager dans la Waffen S.S. Cet engagement s’explique par le fait que Barbaïra veut donner à l’Occitanie une place digne de ce nom dans l’Europe nouvelle et c’est seulement par le sang versé à la guerre qu’elle l’aura selon lui. De plus, il n’est plus, à l’aube de son départ sur le front de l’Est, qu’un simple combattant régionaliste. Il sait que ce combat fait partie d’un mouvement plus vaste, d’une conception totale du monde, d’une Weltanschauung où l’élément spirituel se mêle à l’élément biologique.

    Qui sont ces nouveaux cathares évoqués par le titre du livre ? Vous le découvrirez avec cet ouvrage passionnant et extrêmement bien écrit, doté d’une interprétation très personnelle de l’histoire de l’Occitanie. Nouveaux cathares pour Monségur recèle de multiples richesses qui en font un très grand roman et un ouvrage absolument indispensable pour qui veut comprendre ou découvrir Saint-Loup.

    Rüdiger Non Conforme

    • Saint-Loup, Nouveaux cathares pour Monségur, Presses de la Cité, 1968; réédition Avalon, 1986.

    • D’abord mis en ligne sur Cercle non conforme, le 17 novembre 2014.

    http://www.europemaxima.com/

  • Un jour, un texte ! La guerre, l’esprit de sacrifice par Étienne de MONTETY (4)

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. » Georges Bernanos, La France contre les robots.

    Notre premier ministre a déclaré que la France est en guerre. Mais l'ennemi est chez nous, au sein même de la population française. Il ne s'agit plus d'envoyer des professionnels, formés et aguerris combattre loin de nos terres, mais de se battre contre un ennemi sournois et impitoyable, qui use pour ses attaques de toutes nos libertés et des droits des citoyens français. Avant de faire une telle déclaration, encore eût-il fallu cultiver au sein du peuple français les valeurs qui font la force morale des nations. Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui : la guerre, l'esprit de sacrifice parÉtienne de MONTETY (4)

    « Dans l'autocar, le silence règne. Les condamnés, assis sur les cercueils, sont encadrés par des soldats de la Wehrmacht, désignés pour former le peloton d'exécution : dix militaires allemands, originaires de Sarre et de Thuringe, assis, eux sur les banquettes. L'intérieur du car est éclairé, pour prévenir toute tentative d'évasion, jetant sur la scène une lumière lugubre. A l'avant du véhicule, un magistrat en uniforme d'officier allemand, l'Oberleutnant Keyser ; il présidait il y a trois mois le tribunal militaire qui a envoyé ces hommes au peloton. A ces côtés, un prêtre, soutane noire et brassard de la Croix-Rouge : l'abbé Franz Stock.

    Quelques heures plus tôt, vers 4h30, l'aumônier est venu dans la cellule des trois hommes pour célébrer la messe. En ce jour décollation de Saint Jean-Baptiste, le précurseur du Christ. Pour la circonstance, l'église catholique revêt des ornements liturgiques rouges, du sang de ses martyrs. D'Estienne d'Orves en a fait la remarque à ses amis : cette coïncidence est pour eux une grâce extraordinaire, un signe de promesses. La messe, servie par Doornik, a été suivie avec ferveur par ses compagnons. Tous trois ont communié. Puis les prisonniers ont retenu l'abbé Stock pour que celui-ci prenne le petit déjeuner avec eux. Ils lui doivent tant de sollicitude, de services, de prières. N'a-t-il pas maintes fois passé outre le règlement, communiquant du courrier hors de la prison, le soustrayant au contrôle des autorités militaires ? Jusqu'à ce petit manuel du soldat chrétien réédité par ses soins, qui les a soutenus en captivité au point que les condamnés ont demandé à pouvoir l'emporter jusqu'au poteau d'exécution.

    Le convoi traverse Paris, désert à cette heure matinale. Pas de témoins aux fenêtres, c'est encore le couvre-feu. On croise des monuments, des bâtiments publics, dans la pâleur de l'aurore : Saint-Pierre de Montrouge, Montparnasse, les invalides, le Grand Palais, l'étoile. Honoré d'Estienne d'Orves rompt le silence pour faire à ses deux camarades un exposé sur chacun des édifices aperçus. Mais l'heure n'est plus au tourisme. Ensemble, ils récitent la prière des agonisant : Adjutorium nostrum in nomine Domini, « Notre secours est dans le nom du Seigneur ». Puis ils se mettent à chanter. Le trajet dure une heure. Pour ces hommes qui vont mourir, c'est court. Pour les soldats chargés de leur exécution, c'est interminable.

    Voici Suresnes et sa colline, et la forteresse qui, jusqu'à la guerre, abritait le 8e régiment du génie. L'endroit offre le double avantage d'être près de Paris et à l'écart. Sur le mont Valérien, il faut suivre un sentier raide, entre les arbres, qui conduit à une petite chapelle désaffectée. Jusqu'au milieu du XIX ème siècle, l'endroit était une des résidences de l'évêque de Nancy. Derrière les remparts de la forteresse s'élève l'élégante demeure du prélat, Mgr Forbin-Janson, dont les fenêtres sont surmontées d'un blason représentant ses armoiries : une croix de lorraine. Les condamnés ont-ils perçu ce détail, clin d'œil insolite du hasard à leur cause ? Ils n'en ont pas le temps. Déjà ils sont conduits par un chemin sous les arbres jusqu'à une clairière encaissée, en contrebas. Dans le fond, un talus contre lequel se dressent des poteaux. Non loin, un tunnel de pierre où se range le convoi et où l'on dispose les cercueils. Les trois condamnés descendent de l'autocar.

    D'Estienne d'Orves prend la parole et demande une faveur pour lui et ses camarades : ne pas avoir les yeux bandés, ni les poignets entravés. Requête acceptée. Chacun d'entre eux s'agenouille et reçoit de l'abbé Stock une dernière bénédiction. Leur air apaisé frappe les présents. Ils semblent ne plus appartenir à ce monde.

    Honoré d'Estienne d'Orves s'approche du président Keyser et lui déclare : « Monsieur, vous êtes officier allemand. Je suis officier français. Nous avons fait tous les deux notre devoir. Permettez-moi de vous embrasser. »

    Et, devant les soldats interdits, les deux hommes se donnent l'accolade. Enfin les condamnés font face au peloton, l'ordre claque, puis les coups de feu. L'on entend distinctement « Vive la France » et les trois hommes s'écroulent. Yan Doornik a encore la force de tracer en l'air un signe de croix, en témoignage de pardon. Il est 7 heures, le 29 août 1941. »

    Étienne de Montéty

    Extrait de : « Honoré d'Estienne d'Orves, un héros français »

    Ed. Perrin

    Lois Spalwer http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Un jour, un texte ! la guerre, le soldat par Joseph de MAISTRE (3)

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. » Georges Bernanos, La France contre les robots.

    Notre premier ministre a déclaré que la France est en guerre. Mais l'ennemi est chez nous, au sein même de la population française. Il ne s'agit plus d'envoyer des professionnels, formés et aguerris combattre loin de nos terres, mais de se battre contre un ennemi sournois et impitoyable, qui use pour ses attaques de toutes nos libertés et des droits des citoyens français. Avant de faire une telle déclaration, encore eût-il fallu cultiver au sein du peuple français les valeurs qui font la force morale des nations. Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui : la guerre, le soldat par Joseph de MAISTRE (3)

    « Ce métier de la guerre, comme on pourrait le croire ou le craindre, si l'expérience ne nous instruisait pas, ne tend nullement à dégrader, à rendre féroce ou dur, au moins, celui qui l'exerce : au contraire, il tend à le perfectionner. L'homme le plus honnête est ordinairement le militaire honnête ; et, pour mon compte, j'ai toujours fait un cas particulier du bon sens militaire. Je le préfère infiniment aux longs détours des gens d'affaires. Dans le commerce ordinaire de la vie, les militaires sont plus aimables, plus faciles et souvent même, à ce qu'il m'a paru, plus obligeants que les autres hommes.

    Au milieu des orages politiques, ils se montrent généralement défenseurs intrépides des maximes antiques, et les sophismes les plus éblouissants échouent presque toujours devant leur droiture. Ils s'occupent volontiers des choses et des connaissances utiles.

    La religion chez eux se marie à l'honneur d'une manière remarquable et, lors même qu'elle aurait à leur faire de graves reproches de conduite, ils ne lui refuseront point leur épée si elle en a besoin.

    On parle beaucoup de la licence des camps ; elle est grande sans doute ; mais le soldat communément ne trouve pas ces vices dans les camps, il les y porte. Un peuple moral et austère fournit toujours d'excellents soldats, terribles seulement sur le champ de bataille. La vertu, la piété même, s'allient très bien avec le courage militaire ; loin d'affaiblir le guerrier, elles l'exaltent.

    Le cilice de Saint Louis ne le gênait point sous la cuirasse. Voltaire même est convenu de bonne foi qu'une armée prête à périr pour obéir à Dieu serait invincible. Les lettres de Racine nous ont appris que, lorsqu'il suivait l'armée de Louis XIV en 1691, jamais il n'assistait à la messe dans le camp sans y voir quelque mousquetaire communier avec la plus grande édification… Rien ne s'accorde dans ce monde comme l'esprit religieux et l'esprit militaire. »

    Joseph de MAISTRE

    Extrait de : « Les Soirées de Saint-Pétersbourg »,

    septième entretien.

    Lois Spalwer  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html