Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 1419

  • À propos de « Nouveaux cathares pour Monségur » de Saint-Loup par Rüdiger NON CONFORME

    J’ai comme l’impression qu’on ne lit plus beaucoup Saint-Loup (nom de plume de Marc Augier) aujourd’hui, ce que je ne peux que déplorer. Aussi, si ces quelques considérations sur l’un de ses ouvrages phares pouvaient donner à d’aucuns l’envie de se plonger dans l’œuvre de ce grand écrivain, j’en serais ravi.

    Grand écrivain, oui, c’est indéniable. Et même si l’homme était avant tout un écrivain de combat aux idées bien trempées, il mérite d’être (re)découvert tant son talent peut séduire au-delà du lecteur typique de notre mouvance. Comme le savent ses lecteurs, Saint-Loup mettait énormément de lui-même dans ses livres et mêlait à ses convictions des thèmes chers qui avaient beaucoup compté dans son parcours personnel : la noblesse de comportement devant la vie, le dépassement de soi par le sport (ou la guerre) ou encore la joie de la camaraderie telle qu’on la pratiquait dans les Auberges de Jeunesse avant la Seconde Guerre mondiale.

    Nouveaux cathares pour Monségur, premier volume du cycle des « Patries charnelles », entraîne le lecteur dans l’Occitanie de la fin des années 1930 à la fin des années 1960 et prend comme fil directeur le combat identitaire occitan. L’Occitanie étant l’une de ces nombreuses patries charnelles constituant l’Europe voulue par Saint-Loup, une Europe fédérale respectueuse de toutes ses identités régionales. Ce combat « régionaliste » est ainsi illustré dans ce roman datant de 1968 par une galerie de personnages bien différents dont les opinions (tant politiques que religieuses), les choix devant l’histoire de leur temps, les évolutions et les divergences apportent l’essentiel de la matière ici développée.

    L’ombre de la croisade contre les Albigeois plane sur le récit et, pour bien des protagonistes de l’histoire, c’est la déclaration de guerre faite à l’Occitanie par la France du Nord au XIIIe siècle. En effet, pour Roger Barbaïra, héros du livre, « la France n’est pas la terre de mes pères », c’est « une patrie qui n’a d’autres contours qu’idéologiques ». Partant de ce postulat que la France écrase l’Occitanie depuis le Moyen Âge et que celle-ci se doit d’être libérée, Roger Barbaïra et sa bande de compagnons issue des Auberges de Jeunesse  vont tout faire pour lutter contre cette domination vue comme étrangère. Et c’est là que la plume de Saint-Loup s’exprime, à mon sens, le mieux. Quelle stratégie adopter à l’aube de la Seconde Guerre mondiale pour ces jeunes gens bien différents, tant dans la personnalité que dans les opinions politiques, mais unis par le combat identitaire ? Certains choisiront Vichy, d’autres le maquis communiste; Barbaïra choisira la S.S. Ils en viendront à s’entretuer ou à s’entraider, dépassés par les événements de la grande guerre civile européenne. Le combat continuera ensuite après la guerre, pour ceux qui y auront survécu et qui seront restés fidèles, avec d’autres moyens.

    Comme dans beaucoup de livres de Saint-Loup, on retrouve l’idée de la dureté de l’engagement. Celui qui s’engage pour une cause fait face à de multiples difficultés et la guerre vécue par les différents acteurs de cette fresque occitane en sera la meilleure illustration : combattre ou s’engager au sens large, ce n’est pas aller dans le sens de la facilité, bien au contraire. Les péripéties de ceux qui auront choisi le mauvais camp et qui deviendront des « maudits » illustrent cela à merveille : ils seront traqués, torturés et tués par ceux qui prétendaient combattre pour la « paix », la « dignité » et les « droits de l’homme » et qui sont toujours adulés et loués de nos jours puisque, dans le monde moderne, il y a des persistances qui ont la vie dure.

    Au-delà de la question identitaire, Nouveaux cathares pour Monségur est un voyage en Occitanie, dans ses châteaux, ses montagnes, ses légendes. C’est l’occasion aussi pour Saint-Loup de traiter de religion et en particulier du catharisme. Cette foi est ainsi celle de ce mystique personnage qu’est Auda Isarn (dont le nom a été repris par une célèbre maison d’édition). Membre de la bande d’amis de Roger Barbaïra, sa beauté froide la rend désirable à bien des hommes qui s’opposeront pour l’avoir mais une telle femme, dotée d’une telle foi, peut-elle réellement appartenir à un homme et lui dévouer sa vie? Auda Isarn fait partie de ces femmes un peu mystérieuses voire insaisissables que l’on retrouve dans l’œuvre de l’auteur, telle la fameuse Morigane de Plus de pardons pour les Bretons, et est résolument le personnage le plus énigmatique de l’histoire.

    Saint-Loup profite de son récit pour y fondre différents éléments ésotériques. C’est ainsi la rencontre entre Otto Rahn, l’auteur de Croisade contre le Graal et de La cour de Lucifer, d’une part et Roger Barbaïra et ses amis d’autre part qui donnera à ces derniers le goût du combat pour leur identité. C’est encore Otto Rahn qui mettra Barbaïra sur la piste des « vérités éternelles » par sa recherche du Graal dans les grottes proches de Monségur. Ce Graal, sous la plume de Saint-Loup, n’est plus la coupe qui recueillit le sang du Christ mais les tables de lois des Aryens « en écriture païenne enchevêtrée » dont la redécouverte changerait la face du monde moderne, ce qui explique les recherches menées par Rahn, en mission spéciale en 1938, puis par une section de l’Ahnenerbe à laquelle Barbaïra prêtera main forte durant la guerre avant de s’engager dans la Waffen S.S. Cet engagement s’explique par le fait que Barbaïra veut donner à l’Occitanie une place digne de ce nom dans l’Europe nouvelle et c’est seulement par le sang versé à la guerre qu’elle l’aura selon lui. De plus, il n’est plus, à l’aube de son départ sur le front de l’Est, qu’un simple combattant régionaliste. Il sait que ce combat fait partie d’un mouvement plus vaste, d’une conception totale du monde, d’une Weltanschauung où l’élément spirituel se mêle à l’élément biologique.

    Qui sont ces nouveaux cathares évoqués par le titre du livre ? Vous le découvrirez avec cet ouvrage passionnant et extrêmement bien écrit, doté d’une interprétation très personnelle de l’histoire de l’Occitanie. Nouveaux cathares pour Monségur recèle de multiples richesses qui en font un très grand roman et un ouvrage absolument indispensable pour qui veut comprendre ou découvrir Saint-Loup.

    Rüdiger Non Conforme

    • Saint-Loup, Nouveaux cathares pour Monségur, Presses de la Cité, 1968; réédition Avalon, 1986.

    • D’abord mis en ligne sur Cercle non conforme, le 17 novembre 2014.

    http://www.europemaxima.com/

  • Un jour, un texte ! La guerre, l’esprit de sacrifice par Étienne de MONTETY (4)

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. » Georges Bernanos, La France contre les robots.

    Notre premier ministre a déclaré que la France est en guerre. Mais l'ennemi est chez nous, au sein même de la population française. Il ne s'agit plus d'envoyer des professionnels, formés et aguerris combattre loin de nos terres, mais de se battre contre un ennemi sournois et impitoyable, qui use pour ses attaques de toutes nos libertés et des droits des citoyens français. Avant de faire une telle déclaration, encore eût-il fallu cultiver au sein du peuple français les valeurs qui font la force morale des nations. Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui : la guerre, l'esprit de sacrifice parÉtienne de MONTETY (4)

    « Dans l'autocar, le silence règne. Les condamnés, assis sur les cercueils, sont encadrés par des soldats de la Wehrmacht, désignés pour former le peloton d'exécution : dix militaires allemands, originaires de Sarre et de Thuringe, assis, eux sur les banquettes. L'intérieur du car est éclairé, pour prévenir toute tentative d'évasion, jetant sur la scène une lumière lugubre. A l'avant du véhicule, un magistrat en uniforme d'officier allemand, l'Oberleutnant Keyser ; il présidait il y a trois mois le tribunal militaire qui a envoyé ces hommes au peloton. A ces côtés, un prêtre, soutane noire et brassard de la Croix-Rouge : l'abbé Franz Stock.

    Quelques heures plus tôt, vers 4h30, l'aumônier est venu dans la cellule des trois hommes pour célébrer la messe. En ce jour décollation de Saint Jean-Baptiste, le précurseur du Christ. Pour la circonstance, l'église catholique revêt des ornements liturgiques rouges, du sang de ses martyrs. D'Estienne d'Orves en a fait la remarque à ses amis : cette coïncidence est pour eux une grâce extraordinaire, un signe de promesses. La messe, servie par Doornik, a été suivie avec ferveur par ses compagnons. Tous trois ont communié. Puis les prisonniers ont retenu l'abbé Stock pour que celui-ci prenne le petit déjeuner avec eux. Ils lui doivent tant de sollicitude, de services, de prières. N'a-t-il pas maintes fois passé outre le règlement, communiquant du courrier hors de la prison, le soustrayant au contrôle des autorités militaires ? Jusqu'à ce petit manuel du soldat chrétien réédité par ses soins, qui les a soutenus en captivité au point que les condamnés ont demandé à pouvoir l'emporter jusqu'au poteau d'exécution.

    Le convoi traverse Paris, désert à cette heure matinale. Pas de témoins aux fenêtres, c'est encore le couvre-feu. On croise des monuments, des bâtiments publics, dans la pâleur de l'aurore : Saint-Pierre de Montrouge, Montparnasse, les invalides, le Grand Palais, l'étoile. Honoré d'Estienne d'Orves rompt le silence pour faire à ses deux camarades un exposé sur chacun des édifices aperçus. Mais l'heure n'est plus au tourisme. Ensemble, ils récitent la prière des agonisant : Adjutorium nostrum in nomine Domini, « Notre secours est dans le nom du Seigneur ». Puis ils se mettent à chanter. Le trajet dure une heure. Pour ces hommes qui vont mourir, c'est court. Pour les soldats chargés de leur exécution, c'est interminable.

    Voici Suresnes et sa colline, et la forteresse qui, jusqu'à la guerre, abritait le 8e régiment du génie. L'endroit offre le double avantage d'être près de Paris et à l'écart. Sur le mont Valérien, il faut suivre un sentier raide, entre les arbres, qui conduit à une petite chapelle désaffectée. Jusqu'au milieu du XIX ème siècle, l'endroit était une des résidences de l'évêque de Nancy. Derrière les remparts de la forteresse s'élève l'élégante demeure du prélat, Mgr Forbin-Janson, dont les fenêtres sont surmontées d'un blason représentant ses armoiries : une croix de lorraine. Les condamnés ont-ils perçu ce détail, clin d'œil insolite du hasard à leur cause ? Ils n'en ont pas le temps. Déjà ils sont conduits par un chemin sous les arbres jusqu'à une clairière encaissée, en contrebas. Dans le fond, un talus contre lequel se dressent des poteaux. Non loin, un tunnel de pierre où se range le convoi et où l'on dispose les cercueils. Les trois condamnés descendent de l'autocar.

    D'Estienne d'Orves prend la parole et demande une faveur pour lui et ses camarades : ne pas avoir les yeux bandés, ni les poignets entravés. Requête acceptée. Chacun d'entre eux s'agenouille et reçoit de l'abbé Stock une dernière bénédiction. Leur air apaisé frappe les présents. Ils semblent ne plus appartenir à ce monde.

    Honoré d'Estienne d'Orves s'approche du président Keyser et lui déclare : « Monsieur, vous êtes officier allemand. Je suis officier français. Nous avons fait tous les deux notre devoir. Permettez-moi de vous embrasser. »

    Et, devant les soldats interdits, les deux hommes se donnent l'accolade. Enfin les condamnés font face au peloton, l'ordre claque, puis les coups de feu. L'on entend distinctement « Vive la France » et les trois hommes s'écroulent. Yan Doornik a encore la force de tracer en l'air un signe de croix, en témoignage de pardon. Il est 7 heures, le 29 août 1941. »

    Étienne de Montéty

    Extrait de : « Honoré d'Estienne d'Orves, un héros français »

    Ed. Perrin

    Lois Spalwer http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Un jour, un texte ! la guerre, le soldat par Joseph de MAISTRE (3)

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. » Georges Bernanos, La France contre les robots.

    Notre premier ministre a déclaré que la France est en guerre. Mais l'ennemi est chez nous, au sein même de la population française. Il ne s'agit plus d'envoyer des professionnels, formés et aguerris combattre loin de nos terres, mais de se battre contre un ennemi sournois et impitoyable, qui use pour ses attaques de toutes nos libertés et des droits des citoyens français. Avant de faire une telle déclaration, encore eût-il fallu cultiver au sein du peuple français les valeurs qui font la force morale des nations. Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui : la guerre, le soldat par Joseph de MAISTRE (3)

    « Ce métier de la guerre, comme on pourrait le croire ou le craindre, si l'expérience ne nous instruisait pas, ne tend nullement à dégrader, à rendre féroce ou dur, au moins, celui qui l'exerce : au contraire, il tend à le perfectionner. L'homme le plus honnête est ordinairement le militaire honnête ; et, pour mon compte, j'ai toujours fait un cas particulier du bon sens militaire. Je le préfère infiniment aux longs détours des gens d'affaires. Dans le commerce ordinaire de la vie, les militaires sont plus aimables, plus faciles et souvent même, à ce qu'il m'a paru, plus obligeants que les autres hommes.

    Au milieu des orages politiques, ils se montrent généralement défenseurs intrépides des maximes antiques, et les sophismes les plus éblouissants échouent presque toujours devant leur droiture. Ils s'occupent volontiers des choses et des connaissances utiles.

    La religion chez eux se marie à l'honneur d'une manière remarquable et, lors même qu'elle aurait à leur faire de graves reproches de conduite, ils ne lui refuseront point leur épée si elle en a besoin.

    On parle beaucoup de la licence des camps ; elle est grande sans doute ; mais le soldat communément ne trouve pas ces vices dans les camps, il les y porte. Un peuple moral et austère fournit toujours d'excellents soldats, terribles seulement sur le champ de bataille. La vertu, la piété même, s'allient très bien avec le courage militaire ; loin d'affaiblir le guerrier, elles l'exaltent.

    Le cilice de Saint Louis ne le gênait point sous la cuirasse. Voltaire même est convenu de bonne foi qu'une armée prête à périr pour obéir à Dieu serait invincible. Les lettres de Racine nous ont appris que, lorsqu'il suivait l'armée de Louis XIV en 1691, jamais il n'assistait à la messe dans le camp sans y voir quelque mousquetaire communier avec la plus grande édification… Rien ne s'accorde dans ce monde comme l'esprit religieux et l'esprit militaire. »

    Joseph de MAISTRE

    Extrait de : « Les Soirées de Saint-Pétersbourg »,

    septième entretien.

    Lois Spalwer  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Répéter que le libéralisme serait un péché paraît anachronique

    De Bernard Antony dans La Nef :

    A"[...] Le vocable libéralisme a surgi au début du XXe siècle, défini dans les dictionnaires d’alors comme la doctrine des « libéraux » ; ces derniers étant définis comme… « les adeptes du libéralisme » ! Le mot récent se greffait sur celui de « libéral » remontant au XIIe siècle dans la signification positive de « généreux », de choses dignes d’un homme libre. Le mot et la valeur de « liberté » ne remontant pas à la Révolution mais à l’Évangile, étaient donc sémantiquement au cœur du libéralisme.

    Nous nous souvenons qu’un vigilant doctrinaire, de tempérament un brin inquisitorial, nous écrivit un jour pour nous faire part de ce qu’il notait notre inquiétante habitude de trop nous référer à la liberté, valeur « maçonnique » selon lui. Nous lui répondîmes par une seule ligne : « La vérité vous rendra libre », évidence de ce que la liberté est une grande valeur chrétienne, et non maçonnique, si on ne la sépare pas de la vérité, de l’amour, de la charité.

    Mais l’embêtant avec le libéralisme, celui des premiers libéraux, c’est qu’il n’a pas été fondé sur l’accouplement à la vérité mais au contraire à la doctrine de la relativité de la notion de vérité.Le libéralisme à ses débuts s’est donc lié philosophiquement au relativisme et pratiquement au déni du fait que l’intelligence peut accéder à la vérité.[...] Le relativisme, très logiquement, a fait bon ménage avec l’individualisme et, sans paradoxe, avec l’étatisme, en tant qu’idéologie de l’État garant du « contrat social » passé entre les individus. On ne peut guère réfléchir sur tout cela sans revenir à Jean-Jacques Rousseau, sur la tombe duquel Napoléon Ier se demandait : « N’aurait-il pas mieux valu pour l’humanité que cet homme n’ait jamais existé ? »Car libéral et individualiste au départ, le libéralisme rousseauiste engendrant l’étatisme jacobin et impérial, s’est mué en machine à tuer les libertés.

    [...] Certes le relativisme philosophique et religieux débouchant sur le nihilisme relève d’un péché contre l’esprit, il est un libertinage de l’intelligence.Mais le libéralisme n’est pas de nos jours, sauf par un tout petit nombre, généralement compris dans ce sens. En fait la difficulté c’est que faute d’un terme plus adéquat, il désigne le plus souvent la revendication des nécessaires libertés économiques et sociales face à l’étatisme socialiste ou libéral-socialiste et eurocratique. Il faut d’ailleurs observer que pour ne pas apparaître comme ennemi des libertés, la plupart des personnalités politiques non d’extrême gauche veillent à n’attaquer que « l’ultra-libéralisme », de même que la doctrine sociale de l’Église (comprendre « la doctrine politique ») ne condamne que « le nationalisme exacerbé ».

    Reste d’ailleurs à se demander, en analysant les attaques contre « l’ultra-libéralisme » formulées par certains partis, s’il ne vaut pas mieux attaquer surtout plus précisément le carcan libéral-socialiste, étatique et eurocratique de nos institutions, destructeur de la vitalité économique, répressif de bien des libertés fondamentales.

    Aussi, répéter aujourd’hui que le libéralisme en soi serait un péché, me paraît quelque peu anachronique, quelque peu « à côté de la plaque ». Car en fait de « péché », et certes sans oublier les perversions du capitalisme, avec le nazisme, le communisme et l’islamisme, on a tout de même connu et on connaît des péchés bien pires contre la vérité, la liberté, la dignité humaine.

    Et puis l’intelligence politique ne consiste-t-elle pas tout de même à considérer les mots tels qu’ils sont communément compris faute de quoi on risque nous-mêmes de n’être pas entendus ?

    En matière philosophique et morale,il nous semble qu’il vaut mieux attaquer le relativisme, concept bien plus explicite et de surcroît sans cesse brillamment dénoncé par Benoît XVI, alors que celui de libéralisme évoque encore très positivement pour certains à la fois la liberté et les libertés ou encore des activités libérales et peut-être une forme de sociabilité, et plus encore le maintien de ce qui doit demeurer libre. Et ce, en une époque où les institutions nationales et supranationales sont surtout bureaucratiquement socialistes, paralysantes des libertés d’entreprendre, imposant idéologiquement leur police de la pensée au service de la désintégration nihiliste, morale et sociale.

    Aussi, le libéralisme étant tellement décrié de l’extrême gauche à l’extrême droite, nous éprouvons quelquefois l’envie réactive de le défendre au moins dans l’ordre économique. Mais certes, pour les raisons évoquées précédemment, le terme n’est pas satisfaisant. Hélas on n’arrive pas à bien le remplacer. Certains évoquent les courants « libertariens américains » (cela ne signifie pas libertaire), sympathiques à certains égards dans leur refus de l’omnipotence et de l’omniprésence de l’État. D’autres nous conseillent que plutôt que de nous dire « libéraux », avec toute l’ambiguïté du terme, nous pourrions à l’occasion utiliser le terme de « libertophiles » exprimant notre ferveur pour la liberté et les libertés fécondes ? Cela ne suscite pas non plus notre enthousiasme.

    Mais l’important n’est-il pas surtout de réanimer sans cesse la doctrine catholique de la liberté qui procède de la vérité et dont découlent les devoirs, les droits et ces libertés si nécessaires à une civilisation du respect de la vie et de la dignité humaine ?"

    Michel Janva

  • Destinée de la monarchie en Grande Bretagne

    Ce 31 janvier le quotidien conservateur britannique The Telegraph annonçait la publication de deux biographies consacrées au prince de Galles. Il ne s'agit aucunement de reportages mondains, encore moins de ces ragots dérisoires prétendument sensationnels, à laquelle on semble trop souvent réduire, de ce côté-ci de la Manche, la famille royale d'Angleterre.

    Il s'agit, au contraire, de livres fort sérieux, publiés respectivement par la rédactrice en chef de Time Magazine, Mme Catherine Mayer, et par un ancien directeur de la communication et de la stratégie du 10 Downing Street, Alister Campbell, proche conseiller de Tony Blair.

    Car, à 66 ans, l'héritier présomptif de la glorieuse Couronne d'Édouard le Confesseur, a eu le temps depuis tant d'années de se passionner pour de nombreux centres d'intérêt. La galanterie française m'interdisant de souligner ici que Sa Gracieuse Majesté sa mère n'est âgée que de 88 ans, qu'elle ne règne que depuis 62 ans, et ne devrait rencontrer aucune difficulté à dépasser, avec l'aide de Dieu, la durée du règne de Victoria étiré de 1837 à 1901. De plus en plus amené à exercer, parmi les 16 royaumes et les 53 pays du Commonwealth, plus quelques autres, ce métier harassant de la représentation, le prince ne bénéficie pas du compte de pénibilité.

    Au-delà des sottises médiatiques il apparaît que le fils d'Élizabeth est un grand homme, doué d'une forte personnalité, et c'est peut-être ce qui lui rendra difficile son métier de Roi. Soyons cependant certains que la relève sera assurée, par lui ou par ses fils, comme elle l'a toujours été, même aux heures les plus mouvementées de sa Maison.

    Dans ce film américain à grand spectacle consacré en 1963 aux "55 jours de Pékin", une image forte méritait qu'on la retienne. On y voit les ambassadeurs de France et de Grande-Bretagne – l'excellent David Niven – contraints de jeter des livres au feu, se débarrassant sans regret des histoires respectives de leurs nations alors encore rivales. L'épisode se passe pendant la guerre dite des Boxers, en 1900, donc entre la crise de Fachoda de 1898 et l'Entente Cordiale de 1905. Aujourd'hui on peut se demander si on disposerait même, dans les hautes sphères de notre république nombriliste, d'une connaissance de l'Histoire de l'Angleterre, indispensable cependant pour comprendre la nôtre.

    En France, en effet, sous l'Ancien Régime, nous avons adulé nos rois, sans doute au-delà de toute raison. Même au malheureux Charles VI, on pardonna sa "petite reine", Odette de Champdivers qui, pour le divertir, introduisit à la cour le jeu de cartes. C'est la rupture de cet attachement passionnel à la royauté, en particulier entre 1790 et 1792, qui a rendu si difficile par le passé, l'idée de rétablir raisonnablement une monarchie constitutionnelle.

    En Angleterre, au contraire, on peut soutenir que c'est d'abord l'institution que l'on a toujours respectée, comme ciment de la nation, y compris aux pires moments, y compris au XVIIIe siècle quand le roi ne parlait même pas la langue de ses sujets. Cette force civique admirable n'interdit certes pas d'aimer, mais elle ne s'en embarrasse pas.

    Cette puissance conservatrice a son histoire… qui mérite plus qu'une visite !

    Sayous+coningsby- celle du XVIIe siècle avec les "Deux Révolutions d'Angleterre" par Edmond Sayous

    - celle de l'apparition du parti conservateur au XIXe siècle, à découvrir avec le roman à clef "Coningsby"par Benjamin Disraëli

    Profitez de l'offre spécialeque vous proposent les Éditions du Trident !

    http://www.insolent.fr/