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culture et histoire - Page 1491

  • « L’humanisme politique de saint Thomas d’Aquin » : un ouvrage fondamental réédité !


    Un bel ouvrage soigné et relié, pour une œuvre majeure : « un exposé systématique de la philosophie politique de saint Thomas d’Aquin, livrant sa pensée authentique ».

    L’auteur, le dominicain Louis Lachance († 1963) – docteur agrégé de philosophie, maître en théologie, professeur à l’université canadienne – fut un grand connaisseur des écrits du « Docteur Commun » et de ceux d’Aristote.

    Cet ouvrage est son maître-livre, incontournable sur les relations entre individu et État.

    L’édition de 1948 était devenue introuvable depuis un moment, et ce texte vient de faire l’objet d’une réédition revue et soigneusement présentée.

    536 pages, Ed. Quentin Moreau, 48 €. Reliure pleine toile avec jaquette.
    On peut l’acheter en ligne ici ou à la boutique parisienne de la Librairie française.

    Présentation de l’éditeur :

    « l’auteur s’attache à replacer la politique sur le plan moral c’est-à-dire sur le plan de l’agir humain. Ceci est à l’opposé de certaines conceptions qui ne voudraient voir dans la politique d’une métaphysique ou qu’unephysique sociale.

     

    L’Etat doit être à la poursuite du bien commun, bien commun qui doit correspondre véritablement aux aspirations et aux exigences de la nature humaine.
    L’Etat travaille donc à la poursuite d’un véritable humanisme.
    Ce bien humain, quel est-il ? L’auteur entreprend une vaste enquête pour nous le faire (re)découvrir en compagnie de saint Thomas d’Aquin.
    Le père Lachance se refuse d’entrer dans une distinction abusive entreindividu et personne, qui dénature toute la perspective de la vie politique et humaine.  L’Etat n’est pas au service de la personne. Au contraire la personne est sub-ordonnée à l’Etat.
    C’est dans la vie sociale que l’homme trouve sa perfection et rien ne peut faire disparaître la dimension politique de sa vie morale. »

    http://www.contre-info.com/lhumanisme-politique-de-saint-thomas-daquin-un-ouvrage-fondamental-reedite#more-34512

  • Alors pourquoi être royaliste ?

    « Tous les Français sont monarchistes comme moi. Ils le sont sans le savoir, moi je le sais »

    Bernanos

    Depuis Aristote, les éveilleurs de peuple sonnent l'alarme contre les fossoyeurs des nations. Il suffit d'étudier les penseurs contre-révolutionnaires pour s'en convaincre. La liste n'est pas exhaustive : Burke, Bonald, de Maistre, Rivarol, Balzac, Taine, Renan, Le Play, La Tour du Pin, Proudhon, Maurras...

    La raison : La Monarchie est la condition institutionnelle, fonctionnelle pour la réconciliation dans la société, la foule suit les minorités énergiques mais pas de Bastille avant l’Encyclopédie, disait Maurras.

     

    L’écologie

    N’est elle pas en fait la Monarchie, le jardin de France que nous a laissé le roi, la continuité et la famille quoi de plus naturel, l’hérédité par le consensus populaire, la possession du temps. L’écologie qui est un travail sur l’éternité, ne peut se pratiquer qu’avec une politique construisant pour les générations suivantes. Seule la monarchie peut assurer, la continuité politique, stable et solide, pour relever les défis de l’écologie. (Voir annexe 2)

    La France est un héritage.

    « Lorsque les abandons de souveraineté ont commencé, j’ai estimé ce processus dangereux en l’absence d’un régime monarchique en France. La Royauté est en effet, l’élément de stabilité qui permet à l’identité nationale de ne pas se dissoudre dans un melting pot »

    Henri, Comte de Paris

    Eglises romanes, villages de province et Versailles, sont des témoignages. Nous pouvons construire humainement avec les métiers au Rez-de-chaussée.

    Sociaux parce que royalistes

    « Les économistes on les appellera à l’heure des comptes, pas pour parler de l’homme »

    J. Anouilh

    N’oublions jamais, et surtout aujourd’hui, que la vérité se trouve en dehors de ces deux erreurs extrêmes : la liberté accordée à tout et à tous, ou la suppression de toutes nos libertés. De nos jours, ce n’est pas en défendant la démocratie libérale qui, en elle-même, est une erreur, que nous pourrons éviter une erreur encore plus grave : le régime totalitaire. Il faut montrer inlassablement qu’il existe un régime plus vrai. Parce qu’il correspond à la nature de l’homme, à ses besoins. Ce qui ne veut pas dire obligatoirement à ses désirs.

    Région et décentralisation

    « Quand on hait les tyrans, il faut aimer les rois »

    V. Hugo

    Libérer les provinces, faire des referendums comme en Suisse, retrouver le sens de la participation citoyenne intégrale. Nous voulons un Etat minimum avec les milliers de républiques locales et provinciales, familiales, professionnelles, culturelles, associatives…

    Pratiquer une réelle décentralisation, un extrême fédéralisme, une désétatisation

    La stratégie familiale :

    « L’art de la démocratie c’est d’empêcher les hommes de s’occuper de ce qui les regarde et de les faire décider de ce à quoi ils n’entendent rien »

    P. Valery

    Il faut s'intégrer dans les associations de proximité. Les parents d'élèves d'abord, pour la famille et ensuite pour la participation dans la vie locale. Eviter d’acheter au maximum les produits que les pubs cherchent à nous vendre. (Si tout le monde cessait d’acheter les produits sous prétexte justement qu’ils font l’objet de grandes campagnes de publicités, cela ferait longtemps que les pubs n’existeraient plus). Cela ne signifie pas non plus qu’il ne faut plus avoir de loisirs, mais plutôt, orienter ceux-ci vers un art de vivre. Nous considérons tout simplement notre engagement pour la France comme étant une forme de loisir et un sens profond de l'amour du prochain. Le Salaire maternel avec la retraite, une voix par enfant, étendre la propriété, association de quartier, bon scolaire et adoptions, les familles paient la redevance, ils doivent donc avoir le droit de décider des programmes diffusés…

    Bien se nourrir ! Court-circuiter les réseaux de distribution, ce sera d’ailleurs plus sain pour notre santé et celle de nos enfants, en apprenant à connaître des petits producteurs (viandes, fruits et légumes...) et acheter directement chez eux. Vous retrouverez de vrais contacts avec le « Pays Réel » tout en retissant des liens efficaces avec le sens de la parole et la qualité. Faire découvrir aux enfants, la nature, la vraie nourriture. N’oublions pas que la santé passe d'abord par une bonne alimentation et que celle-ci représente la première médecine. C’est cela la vraie résistance dans le développement de la vie communautaire. C’est cela décider, en citoyen au delà des manipulations du système... C’est cela la vraie résistance. La vie communautaire est garante d'indépendance. C’est pour cela que la République détruit : famille, commerce, artisanat, paysannerie...

    Donner à chaque communauté des pouvoirs concrets dans leur propre domaine

    Souveraineté et politique d’aide au Tiers monde

    « Le premier effet d’une institution saine, c’est d’infléchir l’égoïsme individuel au service du bien commun et de faire coïncider dans la plus large mesure possible l’intérêt privé et le devoir social »

    G. Thibon

    Nous pouvons apporter notre aide aux pays du Tiers Monde. S’il fallait trouver un autre argument que celui qui nous anime de l'aide au prochain, nous pourrions pour convaincre les matérialistes, avancer l'argument qu'en les aidant, nous nous sauvons. Il faut arrêter le désert... (Lire le livre de R. Pernoud : "Le Moyen-âge, pour quoi faire ?") Développer et travailler avec la Francophonie, l’Amérique Française, les Chrétiens d’Orient, l'Alliance latine et les pays gaëliques...

    - Retrouver dans le peuple un dynamisme et alléger l’Etat.

    - En finir avec le règne des bureaux et des fonctionnaires (gâchis et inefficacité)

    Tout désespoir en politique est une sottise absolue disait Maurras. Comme les romains, la charrue et l’épée ou les israélites du temps d’Esdras, d’une main la truelle, de l’autre l’épée.

    F. Winkler

    http://www.actionroyaliste.com/bibliotheque-du-gar/etre-royaliste/1400-alors-pourquoi-etre-royaliste-

  • Le vrai testament de Bastiat : les Harmonies sociales

    140913Frédéric Bastiat (1801-1850) a certes sa petite rue à Paris.

    Mais trop de peu de gens connaissent la pensée de l'homme qui écrivait : "Liberté ! Voilà, en définitive, le principe harmonique. Oppression ! Voilà le principe dissonant ; la lutte de ces deux puissances remplit les annales du genre humain".

    On le connaît, pas assez d'ailleurs, pour son talent d'écriture. Sa plume alerte fait de lui une sorte de Voltaire de l'économie."Depuis que nous avons publié, disait-il avec esprit, un rapport au Roi sur le grand parti qu'on pourrait tirer d'une paralysie générale des mains droites, comme moyen de favoriser le travail, il paraît que beaucoup de cervelles sont en quête de nouvelles recettes protectionnistes."

    La publication de ces Harmonies sociales, écrites à l'heure de la mort, en 1850, pour conclure ses Harmonies économiques publiées quelques mois plus tôt, permettait en 2001 au professeur Jacques Garello de voir en lui le vrai prophète d'une authentique "troisième voie" entre les socialistes étatistes et les conservateurs du capitalisme de connivence.

    À l'heure où les Français remettent en cause une classe politique dont, conseiller général des Landes depuis la Restauration, élu député en 1848, il voyait déjà poindre la nuisance, on ne peut le redécouvrir qu'avec intérêt.

    Il affirme en effet et explique de façon claire : "les Harmonies sociales contenues en germe dans ces deux principes : propriété, liberté. Nous verrons que toutes les dissonances sociales ne sont que le développement de ces deux autres principes antagoniques aux premiers : spoliation, oppression."

    POUR COMMANDER LE LIVRE "HARMONIES SOCIALES" 256 PAGES 25 EUROS

    - par internet sur le site des Éditions du Trident

    - ou par correspondance enadressant un chèque de 25 euros
    aux Éditions du Trident 39 rue du Cherche-Midi 75006 Paris

    http://www.insolent.fr/

  • Les vertus, l’amitié et la vie heureuse dans l'Ethique à Nicomaque

    A. Sagesse, prudence et tempérance 

    Il faut maintenant en venir aux vertus intellectuelles qui sont les plus hautes. La prudence s’oppose à la sagesse qui est fondée sur la science. La véritable science procède par syllogismes à partir des principes, alors que la prudence n’est une science que « par accident », puisqu’elle ne connaît que les conclusions. La prudence est une vertu utile pour diriger la famille ou la cité, elle est la capacité à conjecturer, donc à connaître les conclusions sans pouvoir remonter aux principes. 

    La science vient au premier rang, car elle s’accompagne de démonstration et porte sur les choses qui, existant nécessairement, ne peuvent être objet de délibération. Inversement, la prudence est seulement « une disposition, accompagnée de règle vraie, capable d’agir dans la sphère de ce qui est bon ou mauvais pour l’être humain ». La prudence a rapport aux choses humaines et « aux choses qui admettent délibération ».

    B. Tempérance et plaisir 

    Si la tempérance est une vertu tellement importante, c’est parce qu’elle est la vertu qui permet la conservation de la prudence. L’intempérance n’est pas équivalente à la poursuite des plaisirs, car il faut distinguer entre les plaisirs qui sont nécessaires et ceux qui ne le sont pas. Plus généralement, les plaisirs qu’il faut fuir sont les plaisirs qui peuvent être accompagnés de douleur.

    « Ceux qui identifient le plaisir avec le bien » ont tort. En effet, si le plaisir est un bien, il n’est pas démontré qu’il est le bien suprême. Le plaisir ne peut pas être le bien suprême puisqu’une vie de plaisir et de sagesse est supérieure à une vie de plaisir sans sagesse. Si le composé a plus de valeur que le simple, c’est que le plaisir et le bien sont différents.

    Mais la condamnation du plaisir est si manifestement contraire à notre nature que les discours en ce sens resteront impuissants quelles que soient les intentions qui les inspirent. Une distinction raisonnée des plaisirs est nécessaire : 1) on ne peut s’en tenir à la recherche du plaisir ; 2) il y a des distinctions entre les plaisirs (certains sont à rejeter absolument) : il y a des plaisirs qui ont une cause noble et d’autres, une cause infâme ; 3) le plaisir ne se confond pas avec le bien et tout plaisir n’est pas désirable.

    Les différences spécifiques entre les plaisirs 

    Il y a un type de plaisir propre à chaque activité. Le plaisir propre est celui qui accroît l’activité. Celui qui aime les mathématiques se consacrera entièrement aux mathématiques. De même il y a une douleur propre.

    Le plaisir sera qualifié de bon ou mauvais suivant la qualification morale des activités. Le plaisir lié à une activité vertueuse comme l’étude est un bon plaisir. Les plaisirs varient selon les espèces et, au moins dans l’espèce humaine, selon les individus. Le problème est donc de déterminer ceux des plaisirs qui conviennent à l’homme complet et bienheureux.

    C. L’amitié

    Dans le système des vertus, l’amitié prend une place particulière. Puisque l’éthique a une dimension sociale, l’amitié permettra cette articulation de la relation interindividuelle et de la vie sociale dans son ensemble.

    De tous les biens, l’amitié apparaît comme l’un des plus importants. Tous les autres biens que nous pouvons posséder sont vains dès lors que nous n’avons pas d’amis. Mais l’amitié vraie est celle des hommes vertueux, car elle échappe à tout calcul ; elle est uniquement le partage des joies et des peines de ceux qui se livrent à la connaissance. L’amitié fondée sur l’attente d’avantages réciproques n’est pas une véritable amitié.

    L’amitié revêt deux formes principales. La plus commune est l’amitié qui existe entre égaux ; mais il peut aussi y avoir de l’amitié entre un supérieur et un inférieur. Là encore, comme dans toutes les vertus, règnera une sorte d’égalité, mais cette fois d’égalité proportionnelle car « l’affection est fonction du mérite des parties ». Autrement dit, les règles de l’amitié se rapprochent de celles de la justice.

    C’est pourquoi il est normal que « la justice croisse en même temps que l’amitié, attendu que l’une et l’autre existent entre les mêmes personnes et possèdent la même extension ». Ainsi l’amitié apparaît comme une vertu proprement politique qui se développe en même temps que se renforce la cité, car aucune communauté humaine ne peut exister sans qu’il y ait quelque amitié entre ses membres.

    D. Le problème du bonheur ; bonheur et divertissement 

    Le bonheur n’est pas le divertissement ou le jeu. Le divertissement est une activité qui peut être recherchée pour elle-même, mais c’est une activité qui peut conduire à négliger son corps ou sa maison. Le divertissement est condamné comme puéril. Il n’est admis qu’au même titre que le repos. Il n’est donc pas une fin, mais sa fin est l’activité.

    On le voit : le bonheur ne va pas sans sérieux. Les choses sérieuses ont plus de valeur que les choses amusantes. Donc la vie heureuse ne peut être que dans les choses sérieuses.

    Le bonheur va se diviser en deux, suivant le type de vertu mis en jeu : 1) le bonheur comme activité conforme aux vertus intellectuelles ; c’est la contemplation, c’est-à-dire le genre d’activité le plus conforme aux plus hautes exigences de l’âme ; 2) le bonheur comme activité conforme aux vertus morales ; c’est la prudence qui est orientée vers la vie pratique, c’est-à-dire la praxis sociale.

    En effet, le bonheur est l’activité conforme à la vertu. Donc le bonheur est l’activité conforme à la partie la plus haute de l’homme. Cette partie est celle qui, en nous, est la plus divine. L’activité de cette partie de l’âme est la contemplation. Le bonheur parfait est contemplation.

    L’éthique est pratique. C’est pourquoi « on voit le législateur accorder son attention à la fois à l’éducation et au genre de vie des citoyens ». Vivre dans une cité régie par des bonnes lois, c’est le meilleur moyen d’acquérir les dispositions nécessaires à la vie morale, car « l’éducation publique s’exerce évidemment au moyen des lois et seulement de bonnes lois produisent une bonne éducation ».

    Þ On recommandera tout particulièrement les livres VIII et IX consacrés à l’amitié. Sur la prééminence de la vie contemplative, voir le livre X, 7-8.

    L’Ethique à Nicomaque parvient ainsi à sa fin propre : l’éthique est subordonnée à la science politique et la recherche de la vie heureuse est presque impossible si on ne vit pas dans une cité gouvernée par des lois justes. On ne peut manquer d’être frappé par la force encore si vive de la pensée morale d’Aristote, qui unit d’un côté, l’élévation de l’âme et la recherche d’un idéal de sagesse sublime – celui de la science désintéressée et de la contemplation – et un, d’un autre côté, un souci de la vie pratique qui ne se dément jamais. On a une éthique eudémoniste, orientée par la recherche du bonheur, mais un bonheur qui prend racine dans le souci de l’autre et trouve une de ses plus belles expressions dans l’amitié. Enfin, on doit noter l’actualité d’une pensée qui pose les plus redoutables questions de la théorie de l’action dans les termes qui sont encore très largement les nôtres.

    Source : http://www.lenuki69.com/article-ethique-a-nicomaque-d-aristote-presentation-generale-60235810.html

    http://www.oragesdacier.info/2014/09/les-vertus-lamitie-et-la-vie-heureuse.html

  • [Archives] Sur les traces de Jeune nation : Pierre Sidos et l'Oeuvre française en 1980

  • Frédéric le Grand, chef de guerre

    De son vivant, Frédéric-Guillaume se lamentait d’avoir un fils si peu intéressé par la chose militaire, préférant s’instruire en cachette de choses inutiles et de mener une vie de « mignon », à l’instar de son grand-père, Frédéric Ier. Pourtant, lorsque le jeune Frédéric monte sur le trône à la mort de Frédéric-Guillaume, la légèreté va laisser place à un sens du devoir et du dévouement peu commun envers la patrie, mue par un pragmatisme politique et militaire qui permettra à ce jeune souverain, ce « Salomon du Nord » comme l’appelait Voltaire, de faire entrer la Prusse dans le concert des Nations européennes.

    Petite histoire de la Prusse avant Frédéric II

    L’histoire de la Prusse médiévale et moderne est une histoire complexe, tout autant que celle du Saint Empire, auquel elle a longtemps été affiliée. Prusse et Marche de Brandebourg, les deux provinces qui composent le royaume de Prusse lors de l’accession de Frédéric, ont longtemps connu une histoire séparée, qu’il serait bien trop long de détailler ici.[1]

    Trois souverains ont marqué l’histoire de la Prusse à la période qui nous intéresse. Frédéric III d’abord, grand-père de Frédéric le Grand. Par son alliance avec le Saint-Empire et la maison de Habsbourg, il obtient en 1701, avec l’approbation de l’empereur d’Autriche Léopold Ier, le titre royal et prend le nom de Frédéric Ier « Roi en Prusse ». Oui, « roi en Prusse », car au départ Frédéric Ier n’est « que » roi de la province Prusse. En dehors de ce territoire, il reste, entre autre chose, margrave de Brandebourg. Le passage du titre de « roi en Prusse » à celui de « roi de Prusse » n’est en fait qu’un glissement sémantique, aucun événement particulier n’ayant marqué ce passage. L’habitude faisant, on ne parlera plus que d’un royaume, le royaume de Prusse, composé grosso modo[2] du Brandebourg, capitale Berlin et siège du pouvoir, et de la Prusse orientale, capitale Königsberg.

    C’est ensuite Frédéric-Guillaume Ier, fils de Frédéric Ier, qui laisse un héritage conséquent à la Prusse. Frédéric-Guillaume est l’antithèse de son père. Si ce dernier aimait plus que tout la vie de cour et la frivolité, voulant imiter le grand souverain de son temps qu’était Louis XIV, Frédéric-Guillaume lui, est un être plutôt austère, sévère, préférant la compagnie de ses généraux à celle des courtisans. Cela lui vaudra d’ailleurs le surnom de « roi-sergent » : bien qu’il ne mena aucune guerre, Frédéric-Guillaume entretint une armée extrêmement disciplinée et bien équipée. Grand administrateur, Frédéric-Guillaume stoppa net le train de vie de la cour de Prusse une fois son père mort, privilégiant le développement de son État, la création d’une administration centralisée et efficace, ainsi que d’une armée performante capable de défendre son royaume. Le troisième souverain est, bien entendu, Frédéric II.

    Frédéric II, un enfant idéaliste…

    Frédéric II naît le 24 janvier 1712. Il est l’aîné d’une famille de dix enfants, quatre garçons et six filles. L’enfance de Frédéric est une douloureuse expérience. Son père, très autoritaire, refuse que le jeune garçon suive des études classiques, souhaitant qu’il reçoive l’éducation minimum lui permettant de gérer un État. Pas de langues mortes, pas d’histoire antique, encore moins de philosophie ou de littérature. Ces matières, Frédéric les apprendra en cachette, avec la complicité de son précepteur, qui mettra des livres en français à sa disposition.

    Frédéric ne supporte pas son père, qui ne se gène pas pour l’humilier devant ses officiers, en se moquant ouvertement de son air efféminé. La souffrance endurée le conduira à tenter de s’enfuir en Angleterre avec son ami le plus proche — et amant ? —, Hans von Katte, via le Hanovre, où règne son oncle maternel George II. Mais à la veille du départ, c’est le drame. Le projet arrive aux oreilles du roi de Prusse, qui fait enfermer les jeunes gens à la forteresse de Küstrin. Katte est condamné à mort et est exécuté sous les fenêtres de Frédéric, intentionnellement. Craignant pour sa vie, Frédéric n’a d’autre choix que de se soumettre à la volonté de son père. Celui-ci, malgré le serment d’obéissance que lui prête son fils, ne lui fait plus confiance, et ne change en rien ses brimades. Mais Frédéric tient bon. Il veut se racheter.

    Il en vient à apprendre l’art de la guerre auprès d’officiers de son père, qui lui enseignent les bases du commandement. Au bout d’un moment, on lui confie le commandement d’une petite unité de la Garde, qu’il commande avec un réel talent, et finit contre toute attente à prendre goût à la chose, pour le plus grand plaisir de son père.

    Ce dernier, qui avait placé son fils en résidence surveillée depuis l’incident, relâche quelque peu son emprise et autorise son fils à aller s’installer à Rheinsberg, vers la fin de l’année 1736, où Frédéric entrevoit pour la première fois, et selon ses propres mots « le visage du bonheur ». C’est durant cette période de quiétude, qui durera quatre ans, qu’interviennent deux évènements importants dans la vie de Frédéric : sa correspondance avec Voltaire et la rédaction de l’Antimachiavel.

    C’est une œuvre importante que cet Antimachiavel. Frédéric le rédige en réponse à la sa lecture du Prince, « un livre abominable » selon lui. Le texte reprend la construction de l’œuvre de Nicolas Machiavel, en vingt-six points, où Frédéric s’attache à démonter les arguments du Florentin. On y trouve notamment une critique de l’absence totale de morale chez Machiavel, pour qui la défense de l’État passe au-dessus de toute autre considération, la dénonciation de la guerre de conquête due à la vanité d’un seul homme au dépend du bien-être de son peuple…

    C’est le portrait type du « despote éclairé » que peint ainsi Frédéric dans son manifeste. C’est d’après ce principe qu’il entend régner plus tard, un règne de raison et de justice. Hypocrisie ? Lorsque l’on sait que Frédéric envahit la Silésie l’année de son accession au trône, et ce sans déclaration de guerre, on est en droit de le penser. Mais il faut se rappeler que Frédéric, malgré les interdictions de son père, a été bercé de littérature classique et des prémices des Lumières, notamment à cause de sa francophilie. Le jeune Frédéric est un idéaliste, qui a une haute opinion du pouvoir et du bien que le juste souverain doit faire. Toute cette pensée s’effondre lorsque Frédéric-Guillaume meurt, le 31 mai 1740.

    … devenu roi pragmatique

    À vingt-huit ans, Frédéric monte sur le trône de Prusse sous le nom de Frédéric II. En 1740, rien n’a beaucoup changé depuis le règne de son grand-père : la Prusse est la curiosité de l’Europe, un petit royaume, faible, sans ressource, peuplé de 2 200 000 âmes, divisé en deux, d’un côté le Brandebourg, de l’autre la Prusse orientale, séparé par la Prusse occidentale appartenant à la Pologne.

    Malgré tout, le début du règne de Frédéric II commence bien : son père lui a légué un royaume parfaitement bien administré, avec une armée fort bien disciplinée, même si elle n’a jamais servi.

    Contrairement à ses prédécesseurs, Frédéric veut marquer l’histoire et faire entrer la Prusse dans le concert des Nations européennes. À une époque où une Nation n’est riche que d’hommes, la Prusse fait pâle figure face aux grandes puissances comme l’Autriche et la France. Si Frédéric veut avoir voix au chapitre, il doit montrer qu’il en est digne, que la Prusse n’est pas un État de second rôle.

    L’occasion se présente lorsque l’empereur Charles VI d’Autriche meurt. Ce dernier, n’ayant pas de descendant mâle pour lui succéder, lègue par la Pragmatique Sanction de 1740 l’intégralité des États des Habsbourg à sa fille, Marie-Thérèse. Pensant que cette dernière ne saura s’imposer, Frédéric décide de s’appuyer sur une vieille revendication familiale pour envahir la Silésie, région située au Sud du Brandebourg, sans déclaration de guerre.

    Frédéric pense frapper un grand coup, et il a raison : la Silésie est résolument la région la plus riche de l’empire d’Autriche, représentant près de 20% de ses revenus. De plus, une majorité de la population est restée très attachée au protestantisme, malgré l’effort déployé durant la contre-réforme pour ramener dans le giron catholique les populations déviantes. Les armées prussiennes envahissent donc la Silésie, dont la conquête s’avère d’une facilité record. Personne en Europe ne s’attendait à cela, malgré le fait que tous les esprits étaient tournés vers cette région du monde, espérant un prompt dépeçage de l’empire des Habsbourg.

    Frédéric entend négocier avec Marie-Thérèse, qu’il pense pouvoir réduire à accepter ses conditions. Mais contre toute attente, cette dernière ne se laisse nullement faire. Lionne parmi les loups, elle parvient à s’affirmer comme souveraine en une année, et ne compte pas laisser le Prussien s’en tirer si facilement.

    Au printemps 1741, les troupes impériales entrent en Silésie. Frédéric entend riposter avec force, afin de pousser Marie-Thérèse à signer rapidement la paix. Il choisit donc d’affronter les Autrichiens à Mollwitz. Alors que les choses auraient dues tourner en faveur des Prussiens, les troupes de Frédéric perdent pied et paniquent. Frédéric est persuadé par son entourage de fuir et d’aller se réfugier dans un moulin, où il apprend quelques temps plus tard…qu’il a gagné ! En son absence, ses officiers ont réussi à réorganiser les rangs et à faire fuir les autrichiens, sans parvenir à les écraser toutefois.

    Piètre baptême du feu pour celui qui s’imaginait déjà auréolé de gloire. C’est pourtant cette semi-humiliation qui va pousser Frédéric à se pencher plus avant sur la tactique. Cette bataille fut « son école », selon ses propres termes. Pour l’aider dans ses recherches, Frédéric peut compter sur l’aide et les conseils de Karl Théophil Guichard, un allemand d’origine huguenote, militaire et historien, parfait connaisseur de l’Antiquité.

    Comme à son habitude, Frédéric lit beaucoup, il se documente. Pas auprès des auteurs antiques comme Polybe ou Végèce, non. Frédéric est pragmatique, ses pensées se tournent donc vers des auteurs plus contemporains, surtout des Français — le français est la seule langue qu’il maîtrise parfaitement — comme Folard et Feuquières, tous deux officiers de Louis XIV.

    La pensée militaire de Frédéric II

    Frédéric n’est pas un stratège. C’est un pragmatique, nous l’avons dit. Durant les trois guerres qu’il va mener pendant les 46 ans de son règne, son objectif premier sera de mener une guerre courte, rechercher la bataille décisive, qui poussera l’ennemi à la paix. Ce qui peut sembler banal pour un amateur d’histoire napoléonienne ne l’est pas du tout à l’époque.

    Du temps de Frédéric, la stratégie est dans l’impasse. Les batailles en rase campagne sont statiques, les unités sont déployées en ordre mince, causant un grand nombre de pertes, pour des résultats discutables. Ni le choc de la cavalerie ou de l’infanterie ne sont encore pensés, ou du moins ne se sont pas employés.

    Ce type de guerre, forgé par de puissants États capables d’endurer de longs conflits grâce à leurs ressources économiques et humaines, comme l’Autriche ou la France, ne peut en aucun cas satisfaire le roi de Prusse. Régnant sur un petit État, pauvre économiquement et humainement, Frédéric ne peut se permettre de participer à une guerre d’usure comme se livrent depuis plusieurs siècles les grandes Nations européennes. De cette impérieuse nécessité va naître la pensée militaire contemporaine.

    Frédéric s’emploie en effet à rechercher une victoire décisive rapidement, rejouant continuellement le jeu de Sparte contre Athènes à l’époque classique. Réhabilitant l’ordre oblique, tactique consistant à renforcer l’une de ses ailes tout en en dérobant une autre afin de concentrer le feu sur l’aile opposée, Frédéric parvient à défaire des ennemis parfois supérieurs numériquement. Ses qualités manœuvrières combinées à la parfaite discipline de son armée lui valent des succès retentissants, comme à la bataille de Leuthen en 1757, où à 35 000 contre 65 000 Autrichiens, Frédéric parvient, à la faveur du brouillard, à redéployer son armée sur le flanc de l’armée adverse, faisant un carnage. Le bilan en atteste : 6000 Prussiens tués contre 22 000 Autrichiens. Malgré tout, l’ordre oblique n’est pas une tactique à toute épreuve, car si l’offensive n’est pas poussée jusqu’au bout, l’élan de la troupe est stoppé, et cette dernière devient fort vulnérable aux assauts de la cavalerie adverse.

    Frédéric ne sort d’ailleurs pas toujours vainqueur. À la longue, ses adversaires comprennent sa tactique, et font tout pour refuser le combat, le forçant à mener une guerre d’usure, nocive pour la Prusse. Mais celui que l’on surnomme désormais « le Grand », comme tant d’autres avant lui, possède une chance incroyable, cette bonne étoile qui veille sur les hommes illustres.

    La première manifestation de cette chance, c’est Mollwitz. Plus tard, en 1759, alors que les troupes russo-autrichiennes viennent de défaire l’armée prussienne, ouvrant la route vers Berlin, tout semble perdu pour Frédéric, qui songe d’ailleurs au suicide, pour l’honneur. Or contre toute attente, l’ennemi fait route vers le Sud, permettant à Frédéric de renforcer son armée et de vaincre. Deuxième « miracle de la maison de Brandebourg ». Troisième miracle : alors qu’une coalition franco-russo-autrichienne combat la Prusse durant la guerre de Sept Ans, la tsarine Elisabeth de Russie, alors grande puissance émergente, meurt. Son successeur, Pierre III, profondément prussophile, signe à la barbe de ses alliés la paix avec Frédéric, et s’allie même avec lui ! Cette passion pour la Prusse coûtera d’ailleurs la vie au malheureux Pierre, vite remplacé par Catherine II.

    Finalement, au bout de 46 années de guerre, le bilan militaire de Frédéric II reste mitigé. Fait incontestable, c’est sous son règne que la Prusse a émergé sur la scène européenne. Par le nombre de ses faits militaires, grâce auxquels elle s’est profondément agrandie par l’annexion de la Silésie et de la Prusse occidentale, réalisant l’unité territoriale qui lui manquait, la Prusse est désormais une puissance sur laquelle il faut compter, passant de 2 à 6 millions d’habitants. Mais à quel prix ? À la mort de Frédéric II en 1786, la Prusse est exsangue humainement et économiquement. 3 guerres, 21 batailles, 11 victoires, 7 défaites et 3 batailles indécises ont coûté la vie à près de 150 000 soldats prussiens. Presque autant deviennent invalides.

    Tactiquement parlant, bien que Frédéric ait réinventé l’offensive — ce que les auteurs français, comme Guibert, théoriseront — sa tactique n’est pas infaillible et n’est pas parfaite : la poursuite de l’adversaire défait, clé de voûte de la victoire dans la pensée napoléonienne, n’est pas possible du temps de Frédéric, essentiellement pour des contraintes logistiques, mais aussi parce que la notion de corps d’armée capables d’opérer de manière semi-autonome, n’existe pas encore.

    Malgré tout, Frédéric reste le grand penseur militaire du XVIIIe siècle, celui qui a apporté un souffle nouveau à l’art du combat. Ses mémoires militaires seront d’ailleurs pieusement étudiées à l’école militaire prussienne par trois générations d’officiers, prolongeant le mythe de la victoire décisive, chimère qui poursuivra l’état-major allemand jusqu’en 1945.

    Nicolas Champion

    Bibliographie

    BLED Jean-Paul, Frédéric le Grand, Paris, Fayard, 2004, 540 p.

    LOPEZ Jean, « 1745-1945 : deux siècles de fureur et de mythes », in La supériorité militaire allemande ? Le mythe du siècle !, Guerres & Histoire, n°7, Juin 2012

    WILDEMANN Thierry, « Frédéric II, l’autodidacte surdoué » in Guerres & Histoire, n°19, Juin 2014

    source : Le bréviaire des patriotes 

    http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EuEpVEAZApXlTkDNcb.shtml