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culture et histoire - Page 1495

  • L’Apôtre : le film à voir cette semaine

    Laurent Dandrieu, critique Cinéma à Valeurs Actuelles vous parle du dernier film de Cheyenne Carron : L’Apôtre. On y découvre l’histoire d’Akim, un jeune musulman pratiquant. Des circonstances tragiques vont lui faire découvrir le catholicisme. Contre l’avis de sa famille, il décide de s’y convertir. 

     

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?L-Apotre-le-film-a-voir-cette

     
  • [Aix] Café Actualité d’Aix-en-Provence : la démocratie totalitaire, le mardi 7 octobtre

    Pour sa reprise, le Café Actualité d’Aix-en-Provence a le plaisir de recevoir Jean-Pierre MAUGENDRE, président de Renaissance Catholique, qui présentera : "COMMENT ET POURQUOI LA DÉMOCRATIE DEVIENT TOTALITAIRE ?"

    MARDI 7 OCTOBRE de 18h 45 à 20 h 30 Café "Le Festival", 1 cours Mirabeau

    Entrée libre. Participation sous la forme d’une consommation. Renseignements : 06-16-69-74-85

    La démocratie peut-elle devenir totalitaire ? Cette association de mots semble antinomique et paraîtra presque blasphématoire à certains. Mais au-delà des mots et des principes vertueux, il y a les idéologies et les faits : le phénomène qui voit les démocraties modernes s’ingérer toujours plus dans des domaines qui échappaient traditionnellement à l’État. Institutionnaliser une nouvelle morale. Tenter de déplacer les limites du bien et du mal. Les événements entourant l’adoption de la loi instituant le prétendu "Mariage pour tous" ont servi de révélateur à beaucoup de nos contemporains abasourdis par ce qu’ils observaient. Il s’agit maintenant de passer de la révolte contre les conséquences à l’analyse des causes. Ce sera l’objet de cette conférence.

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  • Des droits contre l'homme

    On trouve dans les déclarations de 1789 et de 1948 des articles qui sont l'aboutissement d'une tradition de jurisprudence. Ce que nous condamnons, c'est la fausse conception de l'homme dans laquelle ces articles se trouvent insérés et qui a inspiré quelques autres articles réellement condamnables.

    L'exemple d'une déclaration des droits avait été donné dès 1778 par les auteurs de la Déclaration d'indépendance des États-Unis, mais au moins désignaient-ils Dieu comme l'auteur des droits inaliénables. Les Constituants français de 1789, eux, se sont contentés dans le préambule de placer leur déclaration « en présence et sous les auspices de l'Être suprême », ce qui ne les engageait à rien...

    Libres et égaux...

    L'article 1er est sot : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » Maurras l'a fait remarquer : l'homme laissé libre, donc seul, en venant au monde n'aurait aucune chance de vivre. La naissance est un beau spectacle d'autorité nécessaire et d'inégalité protectrice. D'ailleurs, liberté et égalité sont un couple impossible : là où la liberté est illimitée, les forts écrasent les faibles ; là où l'égalité règne, il faut obliger tout le monde à passer sous la même toise...

    La déclaration de 1948 corrige très légèrement cette conception abstraite de l'individu. Elle remplace « hommes » par « êtres humains » (art. 1). Ils ont donc un être et ne sont plus de simples atomes, ils ont une « dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine » (préambule). Mais leurs « droits égaux et inaliénables » sont, dans l'énoncé, juxtaposés à cette dignité ; ils ne sont pas explicitement fondés en elle. Donc on est toujours dans l'individualisme comme en 1789.

    Le conflit institutionnalisé

    L'article 2 de 1789 est un brûlot : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. » C'est du pur Rousseau : chacun est sur terre pour y chercher sa satisfaction personnelle, il ne doit obéir qu'à lui-même, donc ne se lier à la société que dans la mesure où il y trouve son intérêt, selon les termes d'un "contrat social".

    Les droits dits « de l'homme et du citoyen » doivent être compris comme ceux du citoyen en tant qu'homme, non ceux de l'homme en tant que citoyen. Car "l'Homme", dans la nation, n'est plus héritier (débiteur), mais créancier (sujet de droits).

    Le rôle de l'État devient alors de conserver à tous cette possibilité pour chacun de ne vivre que pour et selon soi. Il sort ainsi de sa mission traditionnelle qui est de gérer le bien commun par-dessus les biens particuliers, et toute question politique ou sociale se trouve posée en termes de droits, donc dans un climat conflictuel. Résultat : des lobbies peuvent s'organiser pour paralyser l'État. Sans compter qu'une société où tout est droits voit se multiplier les déprimés, les aigris, les névrosés, ceux pour qui toute malchance est une injustice. Allons plus loin : comment une société fondée sur le droit de vivre chacun pour soi peut-elle faire comprendre aux immigrés que s'intégrer à une nation, cela se mérite ?

    Vient ensuite (toujours en 1789) la liste des « droits ». D'abord la liberté, posée sans complément, donc comme un absolu. C'est oublier que la liberté ne vaut que par l'usage que l'on en fait. De cet oubli découle la mise sur le même plan de « toutes les opinions ». (« Mêmes religieuses », précise l'article 10, comme si la religion n'était rien de plus qu'une opinion !... La Terreur n'était pas loin.)

    Suivent, entre autres droits, la liberté de parler et d'imprimer, puis la propriété, tous droits mieux garantis par le Décalogue (Tu ne mentiras pas, tu ne voleras pas...) que par une déclaration qui en est la caricature. Déclarer la propriété comme un droit absolu, et non par rapport au bien commun, donc sans responsabilités sociales, est source de graves conflits.

    La liberté selon la déclaration de 1948 est apparemment plus réaliste. Elle parle des droits de la famille (art. 16), du droit des parents de choisir le genre d'éducation pour leurs enfants (art. 26), mais ce même article dit que l'éducation doit former au respect des Droits de l'Homme, ce qui n'est pas une garantie contre une école étatique imposant son idéologie.

    Quant à la liberté de religion et de culte, fondée sur le droit individuel, elle est plus celle de « changer de religion » (art. 18) que celle de rester ferme dans sa foi envers et contre tout. Cet article peut aussi bien être invoqué pour réclamer la liberté du culte que pour obliger un peuple à renoncer à toute référence religieuse. On comprend pourquoi les États communistes n'ont jamais eu de difficulté à adopter les fameux Droits de l'Homme...

    Le lit d'Hitler

    Signalons en outre que la déclaration de 1948 énonce le « droit à la vie » (art. 3), juste avec le droit à la liberté et à la sûreté de la personne, mais là encore dans un contexte individualiste, ledit droit à la vie peut tout aussi bien servir à défendre l'enfant à naître qu'à ériger la vie elle-même en un droit dont on peut user à sa guise, voire en décidant pour soi-même ou pour les autres à partir de quand la vie commence ou cesse de mériter d'être vécue. Quand le droit à la vie est égal au droit à la liberté, donc fermé à toute référence transcendante, la qualité de la vie prend le pas sur le sens de la vie, et cette vie n'est plus protégée réellement contre l'avortement, l'euthanasie, et toute forme d'eugénisme.

    Venons-en à l'article 3 de la déclaration de 1789 : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément. » Un chef-d'oeuvre d'abstraction démentielle. Attention, ce texte n'a rien de "souverainiste" : quand le peuple est souverain, la nation n'est pas comprise comme la communauté historique de destin, elle est le peuple en corps dressé face au roi qui en août 1789 n'en était déjà plus la tête. De la très rousseauiste « volonté générale » (art. 6) massifiée, tout doit "émaner".

    Alors, tout reposant sur l'individu, il faut détruire ou affaiblir les organismes naturels (familles, paroisses, corporations, provinces qui encadraient l'individu) pour ne plus laisser subsister que l'État, centralisateur à outrance, seul habilité à définir la liberté. Cela afin que chacun, n'ayant plus de lien particulier, puisse être "vertueux" et se fondre dans la volonté générale. Déconnecté des forces vives où il puisait sa sève, le citoyen a dès lors vocation à être interchangeable, et bientôt "mondialisé".

    Le joug collectif

    Écrasant ainsi les individus concrets sous le joug d'une entité collective, cet article 3 a été dès 1792 une machine de guerre contre tout pouvoir ne venant pas d'en-bas (le roi, les prêtres, les nobles, les pères de famille).

    L'article 6 allait dans le même sens en accordant les dignités à des citoyens « sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents » : comme aucune transcendance n'est plus reconnue pour juger des critères de la "vertu" ou de la pureté de tel individu ou groupe, cela peut déboucher sur une espèce de république des purs ou des génies, voire sur le culte du surhomme et de la race supérieure, comme sur toutes formes de populicides. Car la "volonté générale" peut facilement devenir celle des purs, de ceux qui se sont le plus dépouillés d'eux-mêmes pour coller à l'idéologie du moment. Des bourreaux de la Vendée à Hitler, les Droits de l'Homme ont déjà une morbide postérité.

    La déclaration de 1948 se contente de remplacer « volonté générale » par « volonté du peuple » (art. 21), et de préciser qu'il faut des élections libres... Elle ne corrige rien de fondamental. Disons même qu'elle sacralise à outrance les Droits de l'Homme, devenus « la conscience de l'humanité », « l'idéal commun à atteindre par tous les peuples » (préambule) . Donc une super-religion qui n'a rien d'une chance pour l'avenir du monde...

    Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 4 au 17 décembre 2008

  • La lutte implacable pour l'empire du monde


    140926

    Jules Monnerot avait décrit, dès 1949, au lendemain du "coup de Prague" (1)⇓ le communisme comme "l'islam du XXe siècle."  (2)⇓

    À l'époque, on doit le rappeler, cette comparaison semblait osée.

    Elle peut, pour d'autres raisons, être contestée par les mêmes bons esprits politiquement corrects. Non que l'on puisse ignorer les crimes de "l'entreprise léniniste", ainsi que le qualifie l'auteur de la Sociologie du communisme. Tout ou plus cherchera-t-on à les minimiser, à les relativiser, et, tout doucement à les faire oublier.

    Or, de plus en plus l'islamisme se comporte en ce XXIe siècle comme le successeur totalitaire du communisme.

    En fait les événements récents nous montrent hélas que cette tentative d'effacement discret affaiblit le monde civilisé. Dans leur confrontation avec l'islamo-terrorisme nos sociétés, et plus précisément encore, nos dirigeants et nos gros moyens de désinformation perdent de vue la parenté "structurelle" entre les deux ambitions totalitaires :

    Le léninisme d'hier fonctionnait déjà comme se développe aujourd'hui une certaine forme d'islamisme, cherchant à faire renaître les conquêtes militaires de ses prétendus "pieux ancêtres". (3)⇓

    L'un comme l'autre se ressemblent dans leur lutte implacable pour l'IMPERIUM MUNDI  (4)⇓ l'empire du monde.

    Apostilles

    1.   Nom donné par les Occidentaux à l'invasion de la Tchécolovaquie par l'URSS en 1948 avec l'appui des communistes locaux
    2.  Titre du 1er tome de sa Sociologie du communisme" 
    3.  C'est la signification du mot arabe "salafiyya" que nous transposons en "salafisme"
    4.  Titre du 3e tome de la Sociologie du communisme".

    http://www.insolent.fr/

  • Les Nanas et l'art dégénéré

    La France est un pays où l’Art compterait et serait apprécié à sa juste valeur. Pensez… L’exposition « Moi, Auguste, empereur de Rome » au Grand Palais, a réalisé à peine 100 000 entrées. Mais on espère bien que l’exposition Niki de Saint Phalle, pour laquelle Le Figaro Magazine s’enthousiasme vivement dans son numéro du weekend dernier, fera bien plus ! Le Grand Palais a été réquisitionné pour l’occasion ! Quand on aime, on ne compte pas et ce, même dans la France « en crise » !

    Il faut dire que Niki de Saint Phalle rentre parfaitement dans les canons de l’Art officiel, elle qui était une cosmopolite fanatique.  La rétrospective qui lui est consacrée vous permettra de découvrir 200 des « œuvres », enfin des créations, de cette boulimique de l’art poubelle qui en a réalisé des milliers… Malheureusement, deux de ses « œuvres » phares : son Arche de Noé et son Golem que l’on trouve à Jérusalem ne pouvaient être déplacés pour l’occasion ! Mais vous pourrez vous délecter de ses « nanas » !

    Voyez ci-dessous certaines des perles de cette « féministe radicale mais aussi activiste antipatriarcale » (victime d’inceste durant sa jeunesse) qui « créait comme on manifeste » pour reprendre Le Figaro Magazine qui tombe en pâmoison devant ces « sculptures extraordinaires, colorées » aux « personnages fantastiques ».

    Inutile de faire le critique d’art à la con. Y a rien à dire. Ce sont juste des sculptures pourries réalisées par une femme dont l’esprit était tout sauf sain. Oser nous dire que cela rend hommage à la féminité est quand même d’un culot éhonté ! Ça rend plutôt hommage à la pâte à sel de maternelle à la sauce maladie mentale, oui ! Qui oserait dire que cela est artistique ?

    L’art d’une société et d’une époque en dit beaucoup sur celles-ci, sur leurs valeurs, leurs manières de se voir et de se concevoir. L’art officiel que le système promeut et impose rejette tout ce qui fait que l’Art est Art. Point de beauté, de transcendance, d’harmonie, d’équilibre ou de grandeur ! Non ! A la place, vous avez la laideur, la déformation, les tares, le délire d’esprits malades et déracinés dont toute création serait artistique pour la simple et bonne raison que c’est de la « création ». Hop ! Finis les Praxitèle, Titien ou Breker qui plaçaient leurs œuvres sous le signe de la perfection ! Place à Chagall, Oppenheim et Shelomo Selinger ! Un changement qui n’est pas qu’artistique, vous en conviendrez avec moi...

    Et pendant ce temps, la BNF (Bibliothèque Nationale de France) lance une souscription publique, oui, vous avez bien lu, afin qu’elle puisse acquérir un manuscrit royal datant de la renaissance : Description des douze Césars avec leurs figures (détails ici)! On fait appel à vous car la BNF n'aurait pas les moyens de payer... Et pour cause ! En France, le blé injecté dans la "culture" est majoritairement utilisé pour subventionner des expositions d'art dégénéré du genre de celle de Niki de Saint Phalle, des artistes exotiques ou des associations de gauchistes illuminés. De nombreux châteaux menacent ruine et "on" a déjà vendu une bonne partie du patrimoine du pays, les églises y passant même ! Donc franchement, acheter un manuscrit datant de l'époque barbare où il n'y avait ni télés ni Iphones, faut pas déconner! La culture française officielle est bien à l’image de la société d’aujourd’hui et des calamiteux personnages qui se sont souvent succédés en tant que ministres de leur culture : bobos hallucinés ou/et dégénérés aux mœurs sexuelles infamantes.

    Rüdiger / C.N.C

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/09/27/les-nanas-et-l-art-degenere-5456009.html

  • En "al-Andalus", le grand-père d'Averroes déportait (déjà) les chrétiens

    Averroes, connu comme philosophe, théologien rationaliste islamique, juriste, mathématicien et médecin musulman andalou de langue arabe du XIIe siècle, et commentateur d'Aristote, fut exilé par les autorités musulmanes de son époque à cause de l'originalité de sa réflexion, qui le fait accuser d'hérésie.

    L'observatoire de l'islamisation propose un livre de Dominique Urvoy, professeur de pensée et civilisation arabes à l'université de Toulouse-II, auteur de nombreux ouvrages, qui revient dans sa biographie d'Averroès (Ibn Rushd) sur l'attitude de son grand-père, Abû-l-Walîd b. Rushd, vis-à-vis des chrétiens andalous, alors qu'il est le gardien de l'orthodoxie musulmane à l'époque :

    "[...] En 1125, le roi d’Aragon, Alphonse Ier le Batailleur, est appelé  à la rescousse par les chrétiens d’Al-Andalus. Ceux-ci que l’on nomme traditionnellement « mozarabes » , c’est à dire « ceux qui se veulent arabes », endurent en effet, depuis l’arrivée des Almoravides, des persécutions constantes, alors qu’elles n’étaient que sporadiques auparavant. La date cruciale est sans doute 1099, où le pouvoir fait détruire une église proche de Grenade, à laquelle les fidèles attachaient une signification particulière. De vexations en oppositions, on abouti à l’expédition du puissant voisin, qui accomplit un raid à la fois impressionnant et sans résultat notable, si ce n’est de mettre en péril ses alliés locaux. Abû-l-Wâlid b.Rushd, [grand-père d'Averroes] bien qu’âgé, juge la situation suffisamment préoccupante pour faire le voyage de Marrakech, capitale de l’empire.

    Il prône l’expulsion des chrétiens, mesure que le souverain renforce encore en les faisant déporter vers les régions de Meknès et de Salé, où ils seront absorbés par la population musulmane, comme le seront les victimes de quatre déportations ultérieures.[...]"

    De tout temps, la cohabitation avec l'islam s'avère difficile ...

  • La puissance au XXIème siècle

    Pierre Buhler, ancien professeur associé à Sciences Po, est diplomate. Il est l’auteur d’Histoire de la Pologne communiste – Autopsie d’une imposture (Karthala, 1997) et de la Puissance au XXIe siècle – Les nouvelles définitions du monde (CNRS Éditions, 2011, 2ème édition mise à jour, livre de poche, 2014). Il s’exprime ici à titre personnel.
    Dans la dynamique incessante de la puissance, qui affecte tant sa distribution que ses formes, la variable décisive devient la vitesse, le rythme, de l’adaptation, et plus encore, l’innovation.
    Dans le cadre de ses synergies géopolitiques, le Diploweb.com est heureux de vous présenter un extrait de l’ouvrage de Pierre Buhler, La puissance au XXIe siècle, CNRS Editions, coll. « Biblis », 2014, 619 p., 12€.
    Qu’est-ce que la puissance au XXIe siècle ? C’est à une exploration des transformations de ce concept central du système international que nous convie cet ouvrage. Il en examine les fondements, en dégage les règles qui gouverneront sa redistribution. Démographie, économie, droit, géographie, contrôle des réseaux, force militaire, innovation : quels sont les nouveaux attributs de la puissance ?
    Les convulsions qui se succèdent à un rythme effréné et dérèglent nos grilles de lecture annoncent-elles un ordre nouveau ? Sous quelles formes inédites la puissance continuera-t-elle de façonner le monde ?

    « La première et passionnante synthèse sur les métamorphoses de la puissance dans le monde. » Le Figaro
    « Il faut lire cette véritable grammaire de la puissance d’autant que le style est aussi fluide que le sujet est lourd. » Les Échos
    Prix Antéios 2012

    «La première et passionnante synthèse sur les métamorphoses de la puissance dans le monde.» Le Figaro
    «Il faut lire cette véritable grammaire de la puissance d’autant que le style est aussi fluide que le sujet est lourd.» Les Échos


    Le livre de Pierre Buhler, La puissance au XXIe siècle sur le site de l’éditeur

     

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    DANS quelques semaines, Berlin célébrera les 25 années de la chute du mur. Le temps d’une génération. C’est un monde méconnaissable qu’aurait découvert, si elle se réveillait le 9 novembre prochain, cette mère de famille, fictive, du film allemand Good Bye Lenin !, tombée dans le coma quelques jours avant les événements de 1989. Un monde métamorphosé par un quart de siècle de bouleversements, ponctuées du fracas, heureux, de l’effondrement du communisme, de celui, tragique, de la chute des tours du World Trade Center, de celui, menaçant, de la plus grande crise financière depuis la Grande Dépression. Un monde redéfini par l’avènement d’une Chine devenue deuxième puissance économique mondiale, par le décollage économique de l’Inde, par la résurgence d’une Russie agressive, par l’apparition de nouveaux aspirants à la puissance.
    L’après-Guerre Froide portait les promesses d’un nouvel ordre international : les « dividendes de la paix » et la sécurité coopérative, le multilatéralisme enfin efficace, la post-modernité européenne, le triomphe de la démocratie, la prospérité, le commerce, l’interdépendance des nations sur une planète menacée par des fléaux communs... Quelques conflits continuaient certes de la ravager, dans les Balkans, dans le Caucase, en Afrique, au Timor, et au Proche-Orient bien sûr. Mais plutôt que des signes avant-coureurs d’un désordre à venir, il fallait voir là les convulsions d’un ordre ancien en passe de s’éteindre. Et que la communauté internationale, guidée par la Raison et armée de la Force, finirait par maîtriser.
    « Hyperpuissance » débonnaire, l’Amérique de Clinton exprimait parfaitement ce Zeitgeist, cette atmosphère cotonneuse et vaguement optimiste, confirmée par la pacification réussie dans l’ex-Yougoslavie. Celle qui se dessinait en filigrane dans le projet républicain annonçait des turbulences, mais ce sont les attentats de New York et Washington qui ont tiré le monde de la torpeur de l’après-Guerre Froide et qui ont posé les termes du nouvel ordre international.
    D’abord en révélant brutalement combien la puissance avait changé de visage, de méthode, de nature. Toutes sortes d’« acteurs transnationaux » – entreprises multinationales, organisations non-gouvernementales, réseaux terroristes – se sont subrepticement invités dans le jeu de la puissance, allant jusqu’à défier les États sur un terrain de l’action armée, considéré pourtant comme leur apanage incontesté. Ce n’est pas contre un État que les États-Unis sont alors partis « en guerre », mais contre une confrérie islamiste radicale organisée en réseaux fortement décentralisés.
    La puissance reste cette force impérieuse qui ordonne toujours le champ des relations internationales

    Ensuite en réhabilitant la fonction première de la puissance, ce postulat fondateur qu’est le besoin de sécurité. Fauve blessé, l’Amérique s’est libérée de toutes les inhibitions qui contenaient son immense force militaire et a retrouvé ses instincts de décembre 1941, des lendemains de Pearl Harbor. Mais le paysage de l’après-11 septembre n’a pas seulement déblayé le terrain à la résurgence de la puissance américaine. Il a aussi fait apparaître sous une lumière crue la permanence et la force de cette logique de puissance inscrite dans la trame de l’histoire politique de l’humanité. Loin de s’étioler, loin de se diluer dans une improbable et insaisissable post-modernité, la puissance reste cette force impérieuse qui ordonne toujours le champ des relations internationales.
    C’est une notion à la fois mystérieuse et banale, de prime abord, que celle de puissance. Banale, elle l’est par ses accents familiers : l’histoire et l’actualité abondent en références aux grandes puissances, aux « superpuissances », aux puissances nucléaires ou à l’« hyperpuissance ». Mais lorsqu’elle n’est pas autrement qualifiée, « la puissance » évoque une sorte d’omnipotence vaguement inquiétante, portée par des forces occultes et des moyens inavouables. A l’examen, pourtant, la puissance s’avère être l’une ni l’autre. Elle peut être analysée, décrite, appréhendée autant que tout autre concept politique. En dégager les règles permet d’en lire et d’en comprendre le narratif, d’en suivre le fil rouge à travers l’histoire.
    Ce fil rouge est d’abord, sans surprise, celui de la guerre, à la fois expression et instrument les plus constants de la puissance. Mais il apparaît aussi dans l’organisation politique, lorsqu’elle produit, dans des régions du monde qui n’ont pourtant guère de contact – voire aucun – la même forme, celle de l’empire. Puis, lorsque les empires se décomposent, le fil mène à la naissance de l’État-nation moderne, prélude à une nouvelle distribution, mais aussi à une combinaison novatrice et redoutablement efficace de ces deux ingrédients de la puissance que sont les ressources et la volonté. Avec, de surcroît, une supériorité technologique et militaire qui permet de la projeter, depuis l’Europe, dans le monde entier, détruisant les empires archaïques, bâtissant des empires coloniaux eux-mêmes voués à leur tour à la destruction.
    C’est donc dans cette intimité, dans cette relation singulière, organique, entre État et puissance qu’il faut d’abord chercher les ressorts de celle-ci. Dans la fin première du politique, aux origines mêmes de l’État, et qui est la sécurité. La puissance ordonne largement les rapports interétatiques, mais pas seulement sur le mode du rapport de forces, de l’intimidation ou de la coercition : les États ont également choisi, pour réguler leurs rapports, d’élaborer un corps de règles de droit. Loin, cependant, d’être un pur produit de la raison, le droit international est encore, en caricaturant à peine, « la continuation de la politique par d’autres moyens » lorsque les normes ainsi forgées et les mécanismes d’application inscrivent dans l’ordre juridique les préférences de la puissance, sa vision du monde, ses choix moraux.
    Au-delà des fondements de la puissance dans ses rapports avec l’État et le droit, la question se pose de ses déterminants, de ses ressources, de ses modalités. Ceux qui, comme Raymond Aron, ont cherché à les cerner au plus près font d’abord référence aux ressources physiques – ou « matérielles » – qui s’ordonnent classiquement autour de l’espace ou du sol, du nombre et de l’économie.
    Le critère du sol renvoie à la géographie, et aux avantages conférés par la nature, la richesse du sous-sol, la maîtrise de grands espaces ou de voies de communication. Mais c’est aussi un trait distinctif de l’espèce humaine que de déployer des trésors d’ingéniosité pour ne pas se laisser enfermer dans le déterminisme de la géographie. Toutes les constructions intellectuelles qui tendent à surévaluer ce déterminisme et à ériger en ressources de la puissance les avantages du territoire ou les dotations en énergie fossile, par exemple, sont exposées au démenti de la réalité. La question se pose aussi, à terme, pour la Russie, ébranlée par l’implosion de l’Union Soviétique, qui a habilement mobilisé la rente de sa puissance passée et des ressources de son sous-sol pour se réinsérer dans le jeu, avec un projet avéré de correction des frontières héritées de l’éclatement de l’URSS et de formation d’une sphère d’influence autour d’elle.
    Le critère du nombre est également à manier avec précaution, car le rapport entre démographie et puissance, s’il présente toutes les apparences de l’évidence, ne permet pas nécessairement de dégager une relation claire de causalité. Le nombre n’est une condition ni nécessaire ni suffisante de la puissance, même si l’un et l’autre sont souvent allés de pair. Mais la démographie obéit à des paramètres qui ne se laissent pas aisément manier par la politique. Celle-ci a, en revanche, un impact décisif sur l’industrialisation et le décollage économique. Lorsque ces phénomènes touchent des géants démographiques comme la Chine ou l’Inde, on assiste à l’émergence soudaine de nouveaux acteurs sur la carte de la puissance.
    Le schéma classique de la puissance renvoie à un ensemble de ressources, physiques, humaines, économiques offrant à l’État souverain, qui a triomphé de tous les pouvoirs « privés », une gamme d’instruments à sa discrétion – militaires, industriels, bien sûr, mais aussi technologiques, financiers, économiques et idéologiques - offrant une plate-forme de projection de cette puissance au-delà de ses frontières. Les États-Unis ont indubitablement défriché le terrain depuis 1945, exportant vers le « monde libre » non seulement de la sécurité et des soldats, mais aussi leurs entreprises multinationales, leurs méthodes de management, leur culture, leurs normes, leurs préférences, l’ouverture des frontières et la dérégulation.
    Les processus ainsi amorcés, qui ont fait tache d’huile, formant les rouages contemporains de la mondialisation, ont transformé les modalités et les formes de la puissance. Celle-ci se limite moins que jamais à sa seule dimension militaire. Elle se loge de plus en plus dans la persuasion, la séduction, l’influence, la norme, bref, tous les éléments de ce soft power qui, employé avec dextérité par tel ou tel État, ou groupe d’États, permet d’imposer sa volonté avec bien plus d’efficacité que par les armes, la menace ou l’intimidation.
    Mais ces modes d’action sont aussi à la portée de toutes sortes d’acteurs privés qui entrent de plain-pied, de la sorte, dans l’arène de la puissance et en perturbent le jeu. Ils bénéficient en effet d’un phénomène radicalement nouveau, la révolution de l’information et de la communication, qui confère à la logique de réseau un potentiel immense, encore peu exploré. Entreprises, marchés, organisations non gouvernementales, philanthropes, media et « internationales » terroristes nourries par le terreau du fanatisme religieux, individus spontanément rapprochés par des « réseaux sociaux »... tous prospèrent dans cet espace libre et prometteur, dessinant une nouvelle dimension, celle de la puissance privée. La logique, pyramidale et territoriale, de la puissance étatique est, là, contournée, défiée, et contrainte de se réinventer elle aussi.
    Ces phénomènes, ces tendances lourdes affectent d’abord, et sur un mode assez classique, la distribution de la puissance dans le monde, avec un déplacement vers l’Asie de son centre de gravité. En gestation depuis une décennie ou deux, cette redistribution bat son plein, spectaculairement, sur les plans économique et industriel. Avant de revêtir une forme militaire, technologique, politique et intellectuelle. Elle touche au premier chef les deux héritiers d’empires millénaires que sont la Chine et l’Inde. Bouleversant non seulement les équilibres régionaux de la puissance – avec des conséquences, au premier chef, pour le Japon et les États-Unis – mais aussi le poids relatif de l’ensemble de l’Asie dans cette distribution.
    L’Europe prend sa part, elle aussi, de cette transformation de la puissance, dont elle a inventé et mis en œuvre des formes authentiquement novatrices, qui ne doivent rien aux catégories familières de la coercition et de l’intimidation, mais constituent une illustration convaincante de la logique du soft power. C’est à cette aune-là, celle du succès, au-delà de ses frontières, des normes sécrétées par l’Union européenne, que doit être évalué son rôle sur l’échiquier de la puissance. Pas à celle de sa capacité à se transmuer en un réceptacle de la puissance étatique classique, une perspective qui relève de l’utopie.
    Enfin, tant la redistribution de la puissance que sa transformation laissent au centre du jeu son arbitre ultime, les États-Unis, « confortablement installés au sommet de la chaîne alimentaire militaire », selon une métaphore ironique, mais pleine de justesse. Cette prééminence ne transforme pas l’Amérique en un empire d’un nouveau genre, mais la désigne, en l’absence d’alternative et avec un consensus implicite d’une majorité d’Etats, comme la « puissance par défaut », seule à même de dispenser le bien public de la sécurité mondiale. Mais elle l’expose constamment aux risques de l’« arrogance de la puissance ».
    Et elle a un coût que l’Amérique, qui a failli, dans la crise de 2008-2009 dans son rôle de garante de la « stabilité hégémonique », ne peut plus assumer sans recourir à l’emprunt à l’étranger. Avec l’inexorable ascension des puissances émergentes se dessinent les contours d’un monde « post-américain », selon l’expression forgée par le publiciste américain Fareed Zakaria.
    Au total, dans la dynamique incessante de la puissance, qui affecte tant sa distribution que ses formes, la variable décisive est la vitesse, le rythme, de l’adaptation, et plus encore, l’innovation. C’est en effet dans le rapport à l’innovation, sous toutes ses formes, pas seulement technologique, mais aussi sociale, économique, intellectuelle, que s’esquissent les « lignes de fuite » de la puissance. Et que se détachent ceux qui ont compris et appris les règles de cette « grammaire de la puissance » qui, dans sa logique intemporelle comme dans ses manifestations nouvelles, gouvernera sa redistribution au XXIe siècle.

    Pierre Buhler

    Source  : Diploweb 

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EuEEAuEpAyNNykghCO.shtml