Audrey Pulvar pouvait espérer détourner l’attention médiatique à l’égard des élections internes de l’UMP en annonçant le même jour, sa séparation avec le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg. Le chaos gigantesque qui a été enfanté hier par cette compétition, chacun des deux camps, celui de M. Fillon, comme celui de M. Copé revendiquant la victoire, a douché ses espoirs. Car c’est bien à un évènement politique majeur auquel nous assistons, celui d’une UMP qui, déjà traversée par une forte ligne de faille idéologique entre ses dirigeants d’un côté, ses adhérents et élus de base de l’autre, apparaît désormais en plein jour profondément, durablement divisée, déchirée. Un parti coupé en deux, ravagé par les haines et les rancœurs, qui vient de se tirer une balle dans le pied avant d’entamer le long marathon électoral de 2014…
Lorsque nous notions la semaine dernière sur ce blog que cette compétition interne laisserait des traces , nous ne nous étions pas trompés. Jean-François Copé et François Fillon, endossant respectivement les costumes du général Tapioca et du général Alcazar ont tous deux revendiqué la victoire et se sont mutuellement accusés de fraude tout au long de la soirée.
Le secrétaire général de l’UMP et député-maire de Meaux, a revendiqué 1000 voix d’avance sur son rival. François Fillon lui a répondu aussitôt depuis son QG parisien pour contester la victoire à son adversaire et annoncer la sienne, « avec 224 voix d’avance. »
Par l’intermédiaire du sénateur David Assouline, le PS a cependant fait part de ses inquiétudes de voir le pilier droit du Système dans une telle déconfiture, craignant bien évidemment qu’elle ne profite à l’opposition nationale. « Je ne peux pas me réjouir de cette situation », a-t-il dit le sénateur sur iTELE.
M. Assouline a rappelé que « Jacques Chirac avait su mettre un cordon sanitaire entre la droite et l’extrême droite »,mais surtout que « la France a besoin bien sûr d’une majorité, d’un gouvernement qui agi, mais aussi d’une opposition qui fasse des propositions, qui soit constructive parce que nous sommes dans un moment où des orientations peuvent être débattues encore (…) » a-t-il estimé.
Il appartiendra à la Commission d’Organisation et de Contrôle des Opérations Électorales (COCOE), de trancher ce litige. En attendant les deux clans s’insultent copieusement et se traitent de tricheurs via le réseau social Twitter. Valérie Rosso-Debord, soutien de Jean-François Copé, a résumé le climat qui règne entre « compagnons » avec ce tweet qui en dit long :« #UMP étrange à Nice 1178 bulletins pour 590 signatures ….les morts ont voté »…ambiance !
Les éditorialistes ne sont pas tendres et fustigent à qui mieux-mieux un spectacle grotesque et lamentable. « Ce fut la nuit des longs couteaux » affirme Jean-Michel Helvig dans La République des Pyrénées. « On croyait avoir tout vu avec le congrès socialiste de Reims il y a quatre ans, et pourtant rarement parti gouvernemental aura donné spectacle aussi pitoyable que l’UMP hier » note de son côté Bruno Dive dans Sud-Ouest. C’est Nicolas Sarkozy qui doit être content…
Grotesques, lamentables, un certain nombre de personnalités l’ont été aussi en tentant de dissimuler le formidable succès des rassemblements contre le mariage et l’adoption par les couples homosexuels, derrière les agressions dont auraient été victimes dimanche, lors de la manifestation organisée à Paris sous l’égide de Civitas d’Alain Escada, des militantes du mouvement extrémiste Femen et des journalistes, parmi lesquels Caroline Fourest.
Une dizaine de membres de FEMEN, arborant des cornettes de bonne sœur et totalement nues à l’exception d’une simple culotte, le corps couvert de slogans « pro-gays », ont en effet été écartées sans ménagements de cette manifestation qu’elles entendaient perturber, puis embarquées par la police.
Comme le rapportait le site d’Egalité et Réconciliation, citant l’enquête d’une journaliste, « les activistes de FEMEN (des ukrainiennes) sont payées pas moins de 1000 dollars par mois, le triple du salaire moyen en Ukraine (…). Ce goupuscule serait sponsorisé par le milliardaire allemand Helmut Geier, la femme d’affaires allemande Beat Schober, et l’homme d’affaires américain Jed Sunden. Wikipédia soutient également la version selon laquelle ce dernier financerait les actions de FEMEN…»
Dans les faits, il faut admettre que ce type de provocation des FEMEN est comparable à celle qui consisterait, par exemple, à hurler des slogans pro Hamas en brandissant un drapeau palestinien au sein d’une manifestation pro-israélienne du Likoud, ou l’inverse. Et dans l’hypothèse que nous évoquons ici, le tabassage aurait été bien réel…
Bien sûr, ce sont encore les catholiques qui sont moqués, certainement parce qu’ils ne sont pas aussi « méchants » et « violents » que l’on essaye de le faire croire. Nos courageuses Femen ne se seraient certainement pas montrées aussi éructantes et dépoitraillées à la sortie d’une mosquée ou d‘une synagogue, les autorités de ces deux religions ayant pourtant elles aussi dénoncé la folie « du mariage pour tous »…
Mme Fourest, elle même présente sur place et se plaignant d’avoir été « été « poursuivie et frappée , affirme que ses extrémistes féministes ont été « tabassées».
Une version des faits que dément formellement Bruno Gollnisch qui était lui aussi à cette manifestation, comme il était également présent à celle qui était organisée la veille. Il a constaté que « nos délicates féministes n’ont pas été rouées de coups. » « Tout juste leurs oreilles ont été égratignées par le passage de notre cortège devant l’église Saint-François Xavier dont les cloches ont sonné à toute volée pour saluer les défenseurs de la famille! »
Au contraire, a relevé Bruno Gollnisch, « j’aimerai que les manifestations organisées par la gauche, qui sont très souvent, sinon systématiquement, le théâtre de violences, soient aussi exemplaires que les rassemblements qui se sont déroulés cette fin de semaine. Que ce soit à Paris ( 70 000 manifestants selon la préfecture de police, 200 000 selon les organisateurs, chiffre beaucoup plus prés de la réalité), à Lyon (entre 22 000 et 27 000 participants), à Marseille, Toulouse, Nantes Rennes, Laon… ».
Outre Bruno Gollnisch et Marie-Christine Arnautu, vice-présidente en charge des affaires sociales, membre du Bureau exécutif, plusieurs membres du Bureau politique du FN étaient présents à l’une ou l’autre des manifestations parisiennes contre le mariage homo, voire aux deux : Brigitte Neveu, Catherine Salagnac, Jean-Marc de Lacoste-Lareymondie, Charles Perrot… ; beaucoup de nos amis manifestaient aussi dans les cortèges en province, comme Christophe Boudot à Lyon…
Sans surprise, le chœur des pleureuses professionnelles s’est déchaîné pour fustiger le retour de la bête immonde . Six députés socialistes (Patrick Menucci, Yann Galut, Jérôme Guedj, Sébastien Denaja, Nicolas Bays et Anne-Yvonne Le Dain) ont écrit dimanche au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, pour demander « la dissolution immédiate » ( !) de l’Institut Civitas.
Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a « condamné fermement la lâche agression dont a été victime Caroline Fourest (sic) et (lui a témoigné son) soutien contre la violence obscurantiste et imbécile ». Un domaine dans lequel le brave Harlem en connaît effectivement un rayon…
Le porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a qualifié dimanche sur France 3 , de « dérapage » le slogan - non à l’homofolie – de la manifestation de Civitas. Le gouvernement n’aura « aucune tolérance ». « Il n y a aucune place pour les agressions d’extrême droite dans notre pays » a-t-elle ajouté
Il y a effectivement toute la place offerte pour toutes les autres, mais cela, les Français le savent déjà Najat !