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Victoire sémantique : 5 ans après Fabrice Robert, les médias utilisent de plus en plus le concept de « droite identitaire »

PARIS (NOVOpress) — Si l’on peut le résumer grossièrement, le principe de base du « gramscisme » est que les victoires culturelles précèdent les victoires politiques. D’où l’importance de la sémantique comme vecteur de nouveaux paradigmes.

C’est ainsi que les Identitaires, dans le droit fil de leur volonté d’être des éveilleurs de peuple, lancent des concepts repris (souvent avec déformation) par les politiques, les journalistes et les chercheurs. Dernier exemple en date : la droite identitaire.

Concept mis en avant dès 2007 par Fabrice Robert, président du Bloc identitaire, dans un texte exposant les différences entre les Identitaires et ce que l’on appelle communément la droite nationale. Intitulé « Orientations pour une droite identitaire », ce texte décrit un certain nombre de thèmes susceptibles de définir ce qui pourrait caractériser cette droite identitaire : Europe, social, identité. Ainsi que les méthodes et stratégies de cette droite identitaire. Méthodes et stratégies rappelées par Fabrice Robert  et Philippe Vardon dans leurs diverses interventions lors de la dernière Convention identitaire. Cinq ans plus tard, il semble que ce concept de droite identitaire soit de plus en plus repris par les politiques, les journalistes et les chercheurs.

Précurseurs
Précurseurs, les Identitaires le sont. D’une part, parce que Patrick Buisson a défendu pendant la campagne présidentielle cette exigence d’identité et de social pour obtenir les suffrages des classes populaires. Alliance qu’il a développée dernièrement dans un entretien au Figaro, reprenant qui plus est les travaux du géographe Christophe Guilluy sur les fractures françaises, fractures notamment identitaires. Un Patrick Buisson pertinent vu que ce sont ces thématiques qui ont permis à Nicolas Sarkozy d’être proche de la victoire lors de la dernière campagne présidentielle. Une réussite reconnue par  Christophe Guilluy lui-même.

Cependant, les termes identitaires ont récemment mis sur le devant de la scène dans le cadre de l’élection pour la présidence de l’UMP. Ainsi dans un billet pour le site du Point, Philippe Tesson indique : « Du fait de la fracture qui la divise, fracture qui affecte même sa composante principale : l’UMP. On sait où passe cette ligne de fracture. Elle oppose une droite plus moderne, plus ouverte, à une droite plus conservatrice, plus identitaire. » Et ce pour expliquer la soi-disant fracture idéologique entre Jean-François Copé et François Fillon.

Or, s’il est bien une droite qui peut sembler moderne et novatrice, c’est la droite identitaire, notamment parce que la démondialisation, le localisme sont de nouveaux paradigmes, bien plus pertinents que le « centrisme » dont François Fillon serait l’une des incarnations.

La droite identitaire à la barre ?
Mais ce n’est pas la première fois que Jean-François Copé serait censé incarner cette droite identitaire. Ainsi, lors du lancement de la campagne « Pas mon président », le journaliste de Marianne Joseph Macé-Scaron, sur twitter, tenta d’imposer le terme de #droiteidentitaire pour tout ce qui se situerait – à ses yeux –  «  trop à droite  »,  c’est-à-dire plus clairement dans une droite se voulant (ou se prétendant…) en rupture avec la « bienpensance multiculturaliste ».

Ensuite, le politologue Gaël Brustier avait fait paraître le 21 novembre dernier une tribune dans le Monde titrée : « La droite identitaire à la barre ». Dans cette tribune, Gaël Brustier revient à la fois sur les thèmes mis en avant par Patrick Buisson mais aussi sur la stratégie suivie par Jean-François Copé.

Puis, toujours pour le Monde, la blogueuse et journaliste Coralie Delaume, du collectif « gauche populaire », comparait droite identitaire et gauche « diversitaire » : « Droite identitaire et gauche “diversitaire” : mêmes armes, même combat ? »

Cette « gauche populaire », très critique de la gauche « diversitaire » qu’est Terra Nova, prend au sérieux la dimension identitaire du combat politique et les nouveaux paradigmes qui en découlent. Ainsi, Laurent Bouvet, animateur de la « gauche populaire »,  est l’anti-Terra Nova par excellence et c’est en esprit libre qu’il avait répondu aux questions de Novopress sur son opposition au droit de vote des étrangers, voici quelques mois.

Le 6 mai dernier (jour de la victoire de François Hollande), Laurent Bouvet livrait sur les réseaux sociaux son malaise quant aux drapeaux étrangers brandis un peu partout sur la Place de la Bastille, et plus encore sur l’absence manifeste de drapeaux tricolores. Un peu dur à avaler pour celui qui entend redonner à la gauche le sens de la Nation et de la République, et dénonce la dérive communautariste.

Commentant la polémique, il s’effraie d’un affrontement entre « droite identitaire » et « gauche identitaire » (et l’on saisit bien que les deux ne défendraient pas la même identité…). Commentant l’émission de Frédéric Taddéi Ce soir ou jamais, il va même plus loin en affirmant que cet affrontement sera « l’un des clivages fondamentaux des temps à venir ».

Trait d’union valabale et viable
Si l’on constate que les éditorialistes et les chercheurs s’emparent aujourd’hui de ce concept – avec  leur propre définition qui ne prend pas complètement en compte la spécificité des Identitaires – l’utilisation de ces termes montre bien que la thématique identitaire est une thématique majeure de la politique. A tel point que l’on peut affirmer que si d’aventure une union des droites devait se réaliser entre une partie de l’UMP et le FN, le seul trait d’union viable et valable serait la droite identitaire.

Arnaud Naudin, Novopress http://fr.novopress.info/

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