La guerre que se livrent François Fillon et Jean-François Copé est une simple querelle d’ambitieux. N’allez pas croire qu’il s’agit d’un combat idéologique. Mettre la main sur le parti, surtout quand on est dans l’opposition, c’est jouir d’un statut envié, avec fric, bagnole qui fait pin-pon et tout un petit personnel qui vous cire les pompes. Vous êtes Vizir et vous n’aurez aucun mal à claquer le beignet à cet ectoplasme d’Harlem Désir sur un plateau télé.
Jean-François Copé se prépare depuis belle lurette, et une courtoise opposition à Sarko du temps où il gérait le groupe UMP à l’Assemblée, à mettre la main sur le parti. Il a eu tout le temps de le modeler à sa pogne. On s’en aperçoit aujourd’hui. Enfin, à l’image de Sarko, il ne cache pas ses ambitions. Mais, ne cherchez pas les idées, il n’en a pas. Il considère qu’il n’est de problème qu’un énarque ne puisse résoudre. C’est, enfin, un libéral très soupe sociale démocrate.
Le cas Fillon est différent. C’est un « suceur de roue » comme l’on dit dans le cyclisme. Longtemps dans l’orbite de Philippe Séguin, il a intrigué pour se faire nommer ministre par Chirac, ce qui est le rêve de tout député de base. Très vite, il a pris le goût du pouvoir, aussi quand Chirac l’a viré, il s’est précipité dans les bras de Sarko. Bonne pioche. Il est devenu pendant cinq ans un Premier ministre fantôme. Ce qui lui allait parfaitement, il est incapable de prendre une décision.
Car, ce qu’aime Fillon par-dessus tout, c’est son train de vie. Il est tout aussi bling bling que Sarko. C’est un frimeur. Et, il s’est pris la grosse tête à Matignon. Il a cru qu’il occupait la fonction. Sarko banané, voici le cruel retour au réel. Plus de voiture qui fait pin-pon et surtout des fins de mois plus étriquées. C’est alors que toute la frange centriste de l’UMP lui a fait comprendre qu’il pourrait être leur Vercingétorix. L’occasion de se refaire une santé au nom d’un pseudo gaullisme social dont il n’a jamais écrit la première ligne.
Le ressentiment, chez Fillon, s’ajoute certainement à une ambition que l’on a un peu vite étiqueté haine. Car la politique, c’est aussi l’art d’assassiner ses amis, son voisin quand ce n’est pas son père et sa mère.
De cette querelle, mis à part ceux qui ont un intérêt direct dans l’affaire pour s’être mouillés dans l’espoir d’une récompense, comme Valérie Pécresse, surnommée la « traîtresse », ou Eric Ciotti, surnommé « Ciottise » et autre vulgaire Wauquiez, la plupart des députés s’en foutent.Car, ce à quoi ils tiennent le plus, c’est le Parti et surtout l’étiquette qui va avec. Sans étiquette, pas d’élection, pas de fric. On ne monte jamais au front à poil. C’est la raison pour laquelle, tous les élus, ramassis de pétochards, se rangeront derrière celui qui aura éliminé l’autre. Sans état d’âme. Et, ils iront avec empressement négocier leur investiture et tout rentrera dans l’ordre.
Le seul qui a vraiment de quoi faire la faire la gueule, c’est Juppé, dit « le Bordelais ». Ce parrain d’opérette a tout foiré et les jeunes générations lui tirent un bras d’honneur. Juste retour des choses quand on a pris trop longtemps les autres pour des imbéciles.
PS : Jean-François Copé, qui vient de s’auproclamer de nouveau président de l’UMP, confirme bien qu’il n’y aura aucune alliance avec une quelconque droite nationale. Les Loges sont toujours à la manoeuvre.
source Patrick Parment dans Synthèse nationale