Si l’on est chrétien, un peu ou beaucoup, c’est le livre que l’on peut offrir sans risque comme cadeau de Noël. L’enfance de Jésus, de Benoît XVI, vient de paraître aux éditions Flammarion. Après deux volumes publiés sur Jésus de Nazareth, voici comme un portique d’entrée pour sa grande œuvre sur le Christ. Un best-seller en perspective, sortant à point pour se retrouver, sous le sapin, en cadeau d’appoint.
On commence à connaître le style de Benoît XVI… Des phrases simples, précises. Aucune volonté de sensationnel, pas d’effets de manche, mais une volonté inexorable de s’inscrire au cœur du problème considéré et d’y atteindre par les mots les plus simples, tout en s’y installant de la manière la plus claire. Tout le monde peut comprendre ce pape intelligent. Du côté du lecteur, une seule condition est requise: l’attention. Ce livre est fait de multiples coups de projecteurs sur chaque détail des Evangiles de l’enfance du Christ. Il faut accepter de le lire lentement. De déguster !
Vouloir à tout prix trouver du sensationnel dans ces pages, comme ces journalistes incultes (sur Europe 1, par exemple) qui focalisent sur trois lignes (trois lignes !) de Benoît XVI à propos de la date exacte de la naissance du Christ, c’est absurde, et cela montre bien la manière dont on traite aujourd’hui du christianisme dans les médias. A part dans des revues explicitement chrétiennes, comme « Monde et Vie », on a l’impression que tout est retenu à charge et qu’on est toujours dans le petit jeu du « Cherchez l’erreur ! ». « L’Eglise s’est trompée, Benoît XVI le reconnaît », a-t-on pu lire ou entendre ici et là. En fait, l’erreur de calcul revient à un moine bien connu, Denys le Petit (470- 540), qui, pour notre calendrier, place la naissance du Christ cinq ans après la date réelle. Cette erreur n’a aucune incidence sur la fiabilité historique des Evangiles. A l’époque, on calculait les années en fonction des dates de règnes. Et c’est ainsi qu’est daté le début de la prédication de Jean-Baptiste dans l’Evangile de saint Luc, au chapitre III: « La quinzième année du règne de Tibère César, Quirinius étant gouverneur de Syrie, la parole de Dieu fut adressée à Jean fils de Zacharie dans le désert… ». Pour ce qui est de la date de naissance du Christ, quand on a comme paramètre le fameux recensement ordonné par Auguste, qui, observe le pape, a duré une dizaine d’années et qui a comporté à la fois un volet démographique pur et – bien sûr – un volet foncier et fiscal, on peut comprendre que rien ne soit facile… Aujourd’hui encore, nous ne possédons aucune vraie certitude, même si une opinion dominante s’est dégagée pour faire naître Jésus en – 6…
Aucune sorte de repentance n’est à trouver dans ces pages, qui sont un merveilleux cocktail de foi, d’érudition, de réflexion personnelle et de poésie mystique. On peut dire que le pape ne refuse a priori aucune des objections de l’exégèse critique. Il pèse chacune à l’aulne de sa vraisemblance et à l’aulne de la foi qui l’anime. Mais, tout en s’appuyant sur cette science, ce livre est plus qu’un livre de science. S’en dégage une sagesse qui donne envie d’être chrétien, à ceux qui veulent bien prendre le temps de lire pour apprendre à connaître…
Joël Prieur http://fr.novopress.info/
Article de l’hebdomadaire “Minute” du 5 décembre 2012 reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.
Note de Novopress : Le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, a indiqué que Joseph Ratzinger n’a pas écrit ce livre en tant que pape mais en tant que théologien. Ce que contient le livre ne relève donc pas de l’autorité morale qu’ont pour les catholiques les écrits officiels d’un pape.