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On recherche écologistes responsables, sérieux, réalistes, consensuels…

La générosité des socialistes n’a pas été récompensée. C’est ainsi qu’en Bretagne, les écologistes ont put hériter de deux députés (François de Rugy et Paul Molac) et de deux sénateurs (Ronan Dantec et Joël Labbé), alors que leur poids électoral – on a pu le vérifier lors de la récente élection présidentielle – n’excède pas 3% du corps électoral. A coup sûr, on peut les qualifier d’enfants gâtés. Pourtant leur comportement au Parlement ne ressemble en rien à l’attitude que l’on est en droit d’attendre des membres d’une majorité. A cet égard, il s’agit d’enfants indisciplinés. Avec Notre-Dame-des-Landes, c’est le bouquet doivent considérer les socialistes. A tel point que, si l’accord électoral PS-Verts était à renégocier – si on refaisait le match en quelque sorte -, il est probable, voire certain que les socialistes feraient moins preuve de « charité chrétienne » : les cadeaux seraient limités au strict minimum. Pour la Bretagne, François de Rugy, peut-être, mais c’est tout.

 

À l’Elysée et à Matignon, on apprécie peu la plaisanterie. Si bien qu’en haut lieu, on se met à rêver d’une écologie débarrassée des Verts. Des « spécialistes en écologie », ça existe en dehors de la boutique EELV.  François Mitterrand avait déjà réussi cette manœuvre à la veille des élections régionales de 1992 : l’Elysée avait financé la mise sur orbite de « Génération écologie », un machin financé par le tandem Jean-Louis Borloo-Brice Lalande. Grâce aux listes présentées par Génération écologie, la progression des Verts avait été brisée aux élections régionales, l’électorat écologiste – ou qui se découvrait subitement écologiste car le PS n’était pas à la mode en cette période – s’était partagé entre les deux formations. Au conseil régional de Bretagne, il y avait donc un groupe Verts et un groupe Génération écologie. Celui-ci ne connut pas une carrière brillante car composé de gens venant de tous les horizons (par exemple anciens du RPR), souvent sans colonne vertébrale politique et très vaguement écologistes. Il ne fut donc pas très difficile à l’exécutif (Josselin de Rohan) de les débaucher, moyennant quelques pourboires, et de les amener à voter avec la majorité de droite.

 

Des travaux d’approche sont donc en cours avec la sphère écologiste. Ne serait-ce que pour montrer aux élus et militants verts qu’ils ne possèdent pas le monopole de l’écologie, il est possible au gouvernement de trouver d’autres interlocuteurs…Mardi 4 décembre 2012 : Bernard Poignant, maire de Quimper, conseiller « spécial » du président de la République, reçoit à l’Elysée les rescapés de Génération écologie. Le dialogue est aisé à construire : « Que pouvez-vous faire pour les élections municipales de 2014 ? », « Et pour les régionales de 2015 ? », demande Poignant. Réponse des visiteurs : « On a besoin d’argent pour monter des listes… » (sous-entendu avec n’importe qui). « Je vais en parler au Président », rétorque Poignant dans son immense sagesse. Après tout, Génération écologie pourrait servir à récupérer une partie de l’électorat écologiste très désorienté depuis l’entrée au Gouvernement du tandem Duflot-Canfin. Sans parler des électeurs socialistes qui ne savent plus où ils en sont.

 

Jeudi 6 décembre 2012 : Nicolas Hulot (photo) est nommé par François Hollande « envoyé spécial pour la protection de la planète ». L’ancien animateur de TF1 et président de la Fondation pour la nature et l’homme a précisé que cette « mission internationale en faveur de la préservation de l’environnement » était « bénévole »,  « suprapolitique » et « complémentaire de la diplomatie existante ».

 

Il y a encore six mois, Bernard Poignant n’aurait pas reçu à l’Elysée le dernier quarteron de militants Génération écologie et Nicolas Hulot n’aurait pas été nommé « envoyé spécial ». Aux responsables d’EELV d’en tirer les conclusions qui s’imposent : ils ne sont plus en cour. Quant à Nicolas Hulot, il a quelques comptes à régler avec les Verts. Ils l’ont humilié gravement en lui préférant pour l’élection présidentielle la plus catastrophique de toutes les candidates, une certaine Eva Joly. Sans oublier la réception « chaleureuse » qui fut faite à l’homme d’Ushuaïa lors de sa visite à Notre-Dame-des-Landes, pendant la campagne pour les primaires écologistes : des militants excités lui balancèrent au visage un seau d’épluchures de pommes de terre ; ça ne s’oublie pas.

 

Conclusion : si les Verts espèrent bénéficier de quelques subsides, ils peuvent attendre longtemps. Des hochets style « envoyé spécial » auraient certainement fait plaisir à quelques dirigeants qui n’ont pas le privilège d’être parlementaires. C’est raté.

 

Paul Le Guern http://fr.novopress.info

 

Article publié initialement sur Novopress Breizh.

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