« Notre politique familiale fonctionne. Pourquoi vouloir la détruire ? », s'est interrogé Nicolas Sarkozy, à propos de l'intention affichée de François Hollande de supprimer le quotient familial. Mais fonctionne-t-elle vraiment ?
Le 18 janvier, ouvrant à l'Elysée le sommet social, le président de la République a lancé : « (...) il est indispensable de conserver notre politique familiale. » Pourtant, la politique familiale n'a guère tenu de place dans la campagne présidentielle de 2007 - et moins encore durant le quinquennat, au cours duquel les promesses faites dans l'enthousiasme de son arrivée à l'Elysée ont disparu comme neige au soleil. Que l'on songe, par exemple, au versement des allocations familiales dès le premier enfant - déjà promis par Jacques Chirac en 2002.
Bien au contraire, par une espèce d'inversion systématique, Nicolas Sarkozy et son gouvernement - dont la première mouture ne comprenait pas même de ministère de la Famille, pour être confiée ensuite au tandem Morano-Bertrand ! - se sont en quelque sorte acharnés à multiplier les mesures anti-familiales, que ce soit contre la nature de la famille : (qu'on pense au statut de beau-parent, au pacs mis sur le même pied d'égalité que le mariage, à l'homoparentalité...) ; ou contre sa réalité matérielle (restriction du congé parental d'éducation, conçu par notre président comme « un immense gâchis », indexation des prestations familiales et des aides au logement sur la croissance et non plus sur l'inflation, tentative de reporter la revalorisation des allocations familiales du 1er janvier au 1er avril, tentative de fiscaliser le congé parental, etc.)
Aujourd'hui, le bouleversement continue. Nicolas Sarkozy, qui trouve ridicule la proposition socialiste de suppression du quotient familial (mais qui envisageait naguère son plafonnement), compte désormais sur la TVA sociale pour financer la politique familiale.
Certes, libérer le travail des charges qui pèsent lourdement sur lui n'est pas forcément une mauvaise piste. Elle mérite à tout le moins réflexion. Mais il n'est pas sûr - loin de là... - que Nicolas Sarkozy s'y engage résolument au nom de la famille.
Du mariage hommo a l'union civile
D'abord, que n'a-t-il mis en place cette idée plus tôt ? Que ce soit au gouvernement ou à l'Elysée, voilà des années qu'il est en mesure de le faire. Or, c'est à l'heure de solliciter vraisemblablement une nouvelle fois nos suffrages qu'il paraît soudain s'étonner que notre politique familiale soit financée par les entreprises...
Ensuite, sa main droite semble obstinément, mais non évangéliquement, ignorer ce que fait sa main gauche. Ainsi s'interroge-t-il désormais sur la question du « mariage » homosexuel. Luc Chatel, ministre de l'Education nationale (il vaut mieux en parler tôt...), affirme : « Je pense que c'est une tendance de l'histoire, une évolution et sans doute qu 'un jour il y aura une légalisation du mariage homo. » C'est sans doute pourquoi il a tenu à inscrire la théorie du « gender » dans les programmes scolaires...
Entre « tendance » et « évolution », la majorité présidentielle ne sait pas exactement, semble-t-il, où se situe le couple homosexuel. Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au Logement - ça touche décidément tous les secteurs -, souligne davantage encore ce flou : un mariage, c'est trop; mais un pacs, ce n'est pas assez. En définitive, il se prononce pour une union civile. Après tout, n'est-ce pas ce que le président-candidat lui-même avait proposé en 2007 ?
Sarkozy pense toujours a une « union civile »
D'accord, en juin 2011, une proposition de loi socialiste visant à la « reconnaissance, dans le code civil, du mariage contracté par deux personnes de même sexe » a été retoquée. Mais, si l'on en croit désormais Libération, « Nicolas Sarkozy va réunir, dans quelques jours à l'Elysée, les principaux collaborateurs qui travaillent à son futur programme pour trancher la question du mariage gay ». Info ou intox ? Pour finir, et suite sans doute à la signature d'un manifeste par 82 parlementaires UMP et Nouveau Centre, Nicolas Sarkozy fait savoir qu'il ne pense toujours qu'à une « union civile ». Quousque tandem ? (1)
Olivier Figueras monde&vie du 21 janvier 2012
1). Jusqu'à quand ?