Certains, à droite et au centre, constatent avec plaisir, voire appuient les progrès des formations de l'extrême gauche, censées conquérir une part de l'électorat du Parti socialiste et compromettre les chances de celui-ci de revenir au pouvoir rendant ainsi la monnaie de leur pièce à ceux qui, à gauche, aidaient naguère l'extrême droite pour freiner l'avance du RPR et de l'UDF. Au-delà de ces médiocres considérations tactiques, a-t-on assez mesuré la nocivité des courants gauchistes qui, de nos jours, polluent de plus en plus notre société tout entière ?
Le mouvement social est à présent grandement influencé par l'Union syndicale Solidaires, notamment les syndicats SUD, ainsi que par la FSU, le Parti des travailleurs à FO, les communistes orthodoxes de la CGT que Bernard Thibault ne contient pas
Et sur la vie politique pèsent de façon accrue les Alternatifs, ATTAC, le MRAP, les proches de José Bové, les mouvements gauchistes comme Droits devant, Droit au logement
sans compter les partis trotskistes et les restes du Parti communiste. Ce ne sont là que des groupuscules, dira-t-on, leur influence sur les électeurs est marginale, ils rivalisent, se déchirent et n'ont aucune chance d'accéder à de grandes responsabilités.
Sans doute, mais lorsqu'on mesure l'ampleur des perversions idéologiques dont ils imprègnent notre vie sociale et politique, on comprend la paralysie qui affecte celle-ci.
Même les moins révolutionnaires, les plus réformistes de nos responsables syndicaux, pour ne pas se couper d'une partie de leurs troupes se forcent à tenir un langage intransigeant et à adopter des positions radicales dont ils connaissent la vanité, ce qui, de plus en plus, perturbe le dialogue des partenaires sociaux et paralyse la négociation, entrave le paritarisme.
Quant aux politiques, c'est pire. Les 300 pages de motions que les socialistes ont publiées les 24 et 25 septembre sont à cet égard confondantes : on veut « étendre les 35 heures » aux petites entreprises, les « généraliser » car là où on les a appliquées, elles « ont permis la création de 400 000 emplois » ! Il faut augmenter les impôts, instituer une « taxe écologique », une « taxe sur les transactions financières », une « cotisation de solidarité », fusionner l'impôt sur le revenu avec la CSG qui deviendrait ainsi progressive sans compter la pénalisation des communes ne construisant pas assez de logements pour les immigrés, la réétatisation d'EDF et de GDF, la nationalisation de la distribution de l'eau, l'abrogation des lois votées pour sauver le régime de retraites
Comme les Communistes et les Verts ne voudront pas être en reste sur les Socialistes, cela nous promet de belles propositions pour les mois à venir, alors que nous entrons en période électorale. Et de singulières initiatives quand une alternance politique interviendra !
Mais la contagion des débordements gauchistes ne se limite pas là. Elle atteint aussi les Centristes, dont par exemple le candidat, lors de l'élection législative partielle de Lille, expliquait qu'il fallait s'unir et se dresser face « au cannibalisme effréné du capital » ceci pour ne rien dire de propos récents de François Bayrou
Même le président de la République a trouvé dans les publications de l'ultra-gauche son idée saugrenue d'instituer une taxe supplémentaire sur les billets d'avion pour financer le développement des pays du tiers-monde, alors que c'est de corruption et de guerres civiles qu'ils souffrent surtout.
Tous, parmi nos responsables, affirment vouloir réformer ce qui doit l'être pour stimuler la croissance économique, accroître l'emploi, améliorer la vie sociale, la santé, l'éducation, la formation professionnelle, l'environnement
Louables intentions, qui ne pourront toutefois se concrétiser que si, au préalable, on a eu le courage de dénoncer les sophismes dont les ultra-gauchistes nous assaillent et de s'opposer ouvertement à ceux qui les colportent.
Morvan Duhamel
« Chronique économique, syndicale et sociale »
© POLEMIA
10/2005