Partout, des exclamations horrifiées : dans des pays du tiers monde, les émeutes de la faim se multiplient. Et les organisations financières mondialistes, Fonds Monétaire International (FMI), Banque Mondiale (BM), de se récrier et d'accorder des « aides d'urgence ». Mais qui donc a provoqué la flambée des prix des denrées alimentaires dans le « village global »? Est-ce la faute aux conditions atmosphériques, au réchauffement, aux gens des « pays riches » - nous, par exemple -, affreux gaspilleurs d'énergie et de biens de consommation ? Il suffit d'examiner les évolutions alimentaires et politiques des dernières décennies pour reconstituer le processus.
Le système mondialiste, financier et politique, a un credo : aucun pays ne doit être autosuffisant, ni industriellement, ni du point de vue agricole. L'autosuffisance, c'est du nationalisme, c'est inacceptable. Seules les très grandes puissances, Etats-Unis, Chine ... sont autorisées à organiser comme elles l'entendent leur régime alimentaire. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Que ce soit en Egypte ou au Bangladesh, au Burkina Faso ou en Haïti, les habitudes de consommation ont fondamentalement changé ces deux dernières décennies. Toujours plus de viande aux repas, du blé et du lait partout, pour des populations où ils étaient inconnus ou rares, ne sont que les aspects les plus voyants du phénomène. Ces produits sont importés chez les nouveaux consommateurs, bouleversant et leur mode de vie, et leur économie. Car ils sont soumis à toutes les variations des prix des transports, et de conditions de récoltes, du climat aux mouvements sociaux.
Hausse vertigineuse des matières premières
La part de l'alimentation dans les dépenses dès habitants d’États du tiers monde s'élève à 45 %, contre 15 % dans les pays développés. Cette énorme différence donne la clé du problème actuel. Avec un tel arrière-plan, les spéculateurs des bourses spécialisées de Chicago ou de Londres, qui manipulent, à la hausse, les cours du soja, du riz, du blé, du maïs, et autres denrées, jonglent avec des tonneaux de poudre. Du coup, les variations climatiques du genre hiver chinois dur, ou sécheresse australienne sévère (qui réapparaissent au demeurant cycliquement) ont des effets ravageurs, permettant aux gourous verts de tirer des conclusions fausses et faisant diversion quant à la responsabilité du système mondialiste. Dont la doctrine se résume ainsi : « Un seul monde, une seule civilisation, une alimentation aux normes universelles. » L'obsession de l' interdépendance obligatoire des nations aboutit à la fin de l'autosuffisance alimentaire, y compris en France, où cela commence insidieusement. Les ménagères de notre pays constatent des hausses du prix du lait, des fromages, etc .. , déclenchées par les directives de Bruxelles, ayant abouti à des manques gigantesques en bovins. Ce n'est qu'un début.
Les émeutes de la faim sont-elles appelées à disparaître comme par enchantement, sous l'effet bénéfique de subventions (remboursables) des organismes mondialistes ? C'est hautement douteux, une désorganisation majeure s'esquissant. La demande alimentaire de l'Inde, de la Chine et du Brésil, monte en flèche. Sur tous les produits les plus convoités, les plus consommés. A ce facteur de cherté accrue, s'ajoute la stratégie des fonds financiers anglo-saxons. Echaudés par l'immobilier, ils se rabattent sur les matières premières, dont les alimentaires. Leurs stocks de capitaux se déplacent à vive allure en ce moment. Les médias sous influence rétorquent que les « grands dirigeants » de la planète ne laisseront pas tomber les Etats en cours de déstabilisation. Seulement, il faudrait renoncer à des gains importants. Or, ce n'est pas possible à longue échéance, car les guerres en cours, Irak et Afghanistan, coûtent bien plus cher que prévu, et leur terme recule sans cesse. Les lendemains qui chantent vont devoir se faire attendre
Alexandre MARTIN : National Hebdo du 24 au 30 avril 2008