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La France, fille aînée de la franc-maçonnerie ? Seconde partie

 

Le progressisme contre le Progrès

Tout exposé scientifique démontre ses résultats de manière publique et l’on peut, grâce à la raison qui est universelle, vérifier si l’exposé est vrai ou faux. Nul petit groupe prétendant posséder les qualités de discernement ne doit interférer sur quelque exposé. Or, cette démarche antiscientifique est celle des maçons, qui ont décidé que cela est bon pour nous, selon un parti pris décidé hors de tout contre-pouvoir. En s’enfermant dans l’ésotérisme, les maçons se sont donc interdit l’usage scientifique de la raison et ils se sont condamnés à répéter des dogmes, des partis-pris.

Le progrès social dont les franc maçons se veulent les partisans n’a aucune valeur scientifique, précisément parce que pour la science, les étapes du progrès ne peuvent être connues à l’avance ! En parlant à tout propos d’avancées, les maçons trahissent donc là le fait qu’ils ont une idée a priori des lignes que doit suivre le progrès social. Or, en définitive, la situation est la suivante : les franc maçons gardent en souvenir de l’époque des « Lumières » l’idée que le progrès ne peut être que graduel, ce qui est correct. Mais ils prétendent connaître à l’avance les étapes de ce progrès, ce qui est incorrect. Ce qui donne le « progressisme » une idéologie fausse car contraire à la science.

Un esprit scientifique sait qu’il n’est pas omniscient et en bonne rationalité sait qu’on avance par essais et par erreurs (les plus grandes découvertes sont d’ailleurs tous des accidents !) surtout en matière d’innovations sociales. C’est ainsi qu’avance la science : elle fait des hypothèses, elle avance, les teste, les conserve si elles se révèlent fécondes mais les abandonnent si elles ne débouchent sur rien. C’est cette prudence même qui permet de réaliser de vrais progrès. Telle n’est pas la démarche du progressisme dont le caractère utopique, irrationnel et non-scientifique se marque précisément par le fait qu’il ne veut jamais revenir en arrière quand il se targue d’avoir effectué une « avancée », comme l’exprime Michéa dans Le Complexe d’Orphée : « L’idée progressiste (…) selon laquelle la “morale du futur” n’aurait plus rien de commun avec celles du passé (…) n’est pas seulement meurtrière. Elle repose d’abord sur une profonde méconnaissance des données de l’anthropologie. »

Est-ce que le progressisme est obscurantiste ? Quelque part la philosophie et la vision de la vie que nous offrent généreusement les franc-maçons est teintée de morbide : maintenir en vie des tueurs (pardon, abolir la peine de mort), tuer les bébés (pardon, encourager l’avortement), tuer les anciens (pardon, encourager l’euthanasie), valoriser le mariage stérile (pardon, le « mariage pour tous »), imposer la théorie du genre (démolie par la science neuro-biologique et les études du docteur Simon Baron-Cohen sur les nouveaux-nés), l’on peut se poser la question sur cette curieuse vision du vivant.

Spirituellement les codes maçonniques font référence à un « Grand Architecte » mais puisent leur révélation dans les passages les plus mineurs et les plus flous de la Bible (le « fils de la veuve » Hiram, devenant une sorte de prophète, est juste un type qui a participé à la construction du temple de Salomon). Un homme « sans qualités » et qui n’a rien d’universel qui, concourant en maçonnerie, va se voir « mourir pour renaître » selon un rite, à des fins se réclamant élitistes et exclusives, tout comme un certain « peuple élu » : il y a ceux qui en sont et ceux qui n’en sont pas. L’aristocratie, en comparaison, était articulée sur l’héroïsme chevaleresque pour grimper dans la hiérarchie.

La maçonnerie s’oppose aussi au catholicisme qui promet la vie après la mort. En reniant cet espoir, la maçonnerie considère que nous ne sommes que des tubes digestifs sur pattes, vivant sur une boule de gaz tournant elle même autour d’une masse nucléaire. Une vie dont le sens devient absurde. Elle adopte une vision matérialiste de la vie (donc utilitariste de l’homme, malthusianiste, nihiliste...) rendant tout marchando-compatible, les « frères trois-points » devenant les « frères-tapins » du Marché international. Ils s’opposent à la société du Sacré en favorisant toujours la société de consommation...

On peut se demander si un ordre qui voulait l’homme nouveau pour son bonheur n’est pas responsable d’une société anesthésiée, plus grande consommatrice d’antidépresseurs, en ayant détruit systématiquement tout ce qui est sacré. Ce goût des « droits de l’homme » a remplacé l’ancienne religion et déifié l’homme à la place de Dieu, comme le rappelle René Guénon : « C’est l’inférieur qui juge le supérieur, l’ignorance qui impose des bornes à la sagesse, l’erreur qui prend le pas sur la vérité, l’humain qui se substitue au divin, l’individu qui se fait la mesure de toute choses et prétend dicter à l’univers des lois tirées toutes entières de sa raison relative et faillible. » On voit ici de quelle prétention la maçonnerie se réclame !

Mais regardons aussi l’héritage de valeurs léguées : le fameux slogan « liberté, égalité, fraternité » qui orne nos mairies depuis près de 170 ans. Tout d’abord, on étudie en philosophie qu’il n’y a pas de liberté mais des libertés. La liberté totale (sans structure pour s’appuyer, se construire ou se rebeller) rend angoissé et dépressif. La totale liberté rétablit la loi de la jungle (donc loin d’être un « progrès » elle fait le lit de nos instincts) où la loi du plus fort règne, ce qu’ont bien compris les libéraux en économie. La liberté s’oppose à l’égalité (trop de l’une nuit à l’autre) et l’égalitarisme dogmatique conduit à l’uniformité voire pire, au totalitarisme (l’exemple soviétique). Et la fraternité n’est même pas de la même famille, comme le rappelait Alexandre Soljenitsine, qui eut tout le loisir dans les goulags de vérifier l’égalitarisme forcené.

Comme la maçonnerie est la vitrine idéologique de la bourgeoisie libérale, rappelons entre autres ce que pensait Marx de son si glorieux apport historique : « Partout où la bourgeoisie est parvenu à dominer, elle a détruit toutes les conditions patriarcales idylliques et féodales. Impitoyable, elle a déchiré les liens multicolores de la féodalité qui attachaient l’homme à son supérieur naturel pour ne laisser subsister que seul lien entre l’homme et l’homme l’intérêt tout nu, l’inexorable paiement comptant. Frissons sacrés et pieuses ferveurs, enthousiasme chevaleresque, mélancolie béotienne, elle a noyé cela dans l’eau glaciale du calcul égoïste. » La maçonnerie déguisant toute cette grisaille d’une fabuleuse « évolution des mentalités » qui devient notre nouvelle religion, telle un totem dans un supermarché.

En maçonnerie, sachez que sur toute idée de progrès social, vous risquez de vous tromper tout en continuant dans une voie aux fondements erronés, anthropologiquement à côté de la plaque et à la spiritualité réduite aux intérêts bien sentis du calcul vaniteux, non-libre réellement parce que désintéressé, comme l’enseignent les religions révélées. Par contre vous serez sûr d’assurer votre carrière et éviterez de payer certaines contraventions (belle épopée), certains se battant pour des idées, des valeurs que l’on met au-dessus de soi et de sa vie et d’autres ne voyant que leur intérêt particulier, la maçonnerie sera donc pleinement faite pour eux. Laissons le mot de la fin à Charles Maurras, qui a bien résumé cela : « Si la franc-maçonnerie était jadis un esprit (d’ailleurs absurde), une pensée (d’ailleurs erronée), une propagande (d’ailleurs funeste) pour un corps d’idées désintéressées, elle n’était désormais plus animée ni soutenue que par la communauté des ambitions grégaires et des appétits individuels. »

Un arrière-secret derrière le secret ?

Le double-jeu des médias est tout à fait révélateur du malaise qu’a la corporation journalistique à critiquer ou même à en parler vraiment librement : la presse multiplie les unes fracassantes mais rarement pour la dénoncer, souvent sous un jour amusé, complice et faussement inquiet. Une association créée par Guy Lengagne et nommée « fraternelle parlementaire » met en connivence des politiques (députés, sénateurs et membres du gouvernement) de différentes obédiences mais surtout de différents partis ! Nul journaliste ne semble s’en préoccuper, restant dans le confortable clivage « gauche/droite » alors que les faits contredisent... Il est étonnant par ailleurs qu’aucun journaliste non plus ne fasse jamais la traduction en latin du symbole le plus connu, à savoir le « porteur de lumière », qui signifie littéralement « Lucifer ». Il y a de quoi inquiéter que l’on se réfère à cette entité spirituelle, et pourtant les médias cajolent la maçonnerie comme on s’amuse d’une fille légère en soirée pour mieux l’oublier ensuite.

Il est d’ailleurs troublant que la maçonnerie soit un lobby dont on a le droit de parler dans des médias – avec parcimonie – mais que ce n’est pas le seul lobby existant en France : breton, gay, psychologue, viticole certes, mais parmi ceux qui défendent les minorités, le lobby des Juifs n’est jamais mentionné en une d’aucun magazine, alors qu’on peut en observer les manifestations (dîner du Crif par exemple). Hélas, en parler publiquement revient dans l’opinion publique à rappeler « les heures les plus sombres de notre Histoire ». Loin de nous l’idée de froisser des gens sans doute puissants, à des postes importants, concernant leurs idées au Moyen-Orient ou dans la finance ; donc c’est avec un courage revendiqué et au nom de l’esprit critique, de la libre parole sur les rapports de force et des privilèges dans ce pays, que le sujet ne sera pas évoqué dans ces lignes.

Tout maçon sait néanmoins que pour accéder au B’nai B’rith (une maçonnerie spéciale, de haut degré et ne réunissant que des Juifs à travers le monde) il faut être juif, donc être coopté par le sang et la position sociale (ironiquement il y a peu de gens dans le bâtiment en franc-maçonnerie !), traduisant un racisme antigoïm, ce qui rajoute de l’exclusif à l’exclusivité et questionne sur l’immense avancée des mentalités dont la maçonnerie s’enorgueillit, faisant revenir ses adeptes aux valeurs de l’Ancien Testament (hypocrisie de plus sur la laïcité et le progrès).

Mais la maçonnerie peut cacher bien d’autre choses, comme le scandale de la loge P2 en Italie (voir le film Il Divo), impliquée dans un certain terrorisme d’État, l’affairisme véreux de Didier Shuller et ses complices sur les HLM des Hauts-de-Seine. L’affaire du Carlton où DSK et ses amis franc-maçons lillois entretenaient un réseau de parties fines avec prostituées exploitées. Bien pire et ayant du mal à passer la frontière dans nos médias malgré la proximité géographique, l’affaire Waterhouse le révèle récemment : des franc-maçons tous impliqués dans un vaste réseau de pédophilie autour de cet orphelinat (tout comme l’affaire de l’Île de Jersey) et qui révèle ce que Jean-Pierre Mocky avait mis en scène dans son film Les Ballets Écarlates : des utilisations d’organisations publiques dans des affaires pédophiles par et pour des notables. De la crypto-secte à la crypto-mafia : peut-on savoir combien de degrés les séparent ?

Antidémocratique (car initiatique et exclusiviste), à la philosophie présomptueuse car sure d’elle-même, teintée d’esprit combinard, antiscientifique dans sa méthode, à l’historique pas vraiment glorieux, dotée d’une quincaillerie ésotérique loufoque, camouflant des affaires honteuses, aidée d’une presse souvent complice, la maçonnerie peut désormais faire un véritable audit de son action, dont le bilan n’a pas grand chose de valeureux. On pourrait lui reconnaître la rédaction du code national de déontologie pour les policiers (écrite sous Joxe en 1986), qui est une des rares preuves que les maçons peuvent exercer une influence positive sur la société, mais concevoir qu’un pouvoir s’exerce en lieu et place du peuple et de manière crypto-sectaire était peut-être très en vue dans une France se cherchant de nouvelles Weltanschauungs alliées au progrès technique, mais au vu des enjeux du XXIe siècle, elle apparaît aujourd’hui aussi utile qu’un cendrier sur un vélo. C’est pourtant le lieu où doivent se rendre tous les candidats à la République française s’ils veulent avoir le cachet pour se présenter et construire, lentement, étape après étape, la République universelle, à savoir un gouvernement mondial qui ne profitera qu’à une élite, dont on parle un peu dans les médias – selon la méthode développée plus haut – afin de préparer l’opinion.

Devant cette nouvelle « fin de l’Histoire », où nous serons peut-être les témoins contemporains d’un retour à une monarchie supranationale, vient une question hégélienne et d’éternel retour du concret : quelqu’un a-t-il une meule pour aiguiser nos guillotines ?

Par Simone Choule http://www.egaliteetreconciliation.fr

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