De Guillaume de Thieulloy dans les 4 Vérités :
"Depuis des décennies, nous savons que le « pays légal » a bien peu à voir avec le « pays réel ». Et, à peu près une fois par génération, le pays réel, qui passe son temps à avaler des couleuvres, se lève pour dire non aux dérives.
Ce fut le cas en 1968, quand la France travailleuse est descendue dans la rue pour dire non à la « chienlit ». Ce fut le cas en 1984, quand la France catholique est descendue dans la rue pour défendre la liberté scolaire. Et ce fut le cas le 13 janvier dernier, quand la France du bon sens est descendue dans la rue pour dire non au mariage et à l’adoption par des couples homosexuels – c’est-à-dire, en définitive, pour dire non aux bobos et aux pseudo-valeurs de mai 1968. Le succès est inespéré. Avant l’été, je pensais que cette loi passerait comme une lettre à la poste. Début septembre, quand il fut question de descendre dans la rue, j’avais applaudi. Mais, dans mon esprit, il s’agissait d’un baroud d’honneur. Jamais, je n’aurais parié sur une telle mobilisation en si peu de temps. Mobilisation plus impressionnante, à certains égards, que celle de 1984, qui avait mis près de deux ans à germer. À l’ère d’internet, la résistance du pays réel peut s’exprimer pratiquement à égalité avec la « tyrannie médiatique » (le mot est de Jean-Yves Le Gallou, animateur de Polémia).
[...] Nous étions près d’un million donc. Et le gouvernement fait la sourde oreille (alors que le président a reçu en 24 heures l’inter-LGBT représentant quelques centaines de personnes…). Pourtant, la victoire est à portée de main. À deux conditions : maintenir la pression et ne pas se diviser. Ne pas diviser, cela implique de ne parler que du point sur lequel tout le monde est d’accord, à savoir le retrait du projet de loi. [...]
Le gouvernement ne pourra pas nous refuser indéfiniment le débat populaire. À ce propos, il faut noter une chose : depuis plusieurs semaines, la seule justification théorique (je dis bien : la seule ; il n’est plus question d’arguments plus ou moins solides, mais seulement de cette espèce de mantra pseudo-démocratique) au passage en force du gouvernement tient en une phrase : les Français ont choisi François Hollande. Eh bien, c’est faux ! Même si c’était vrai, cela ne donnerait pas à François Hollande la légitimité de faire le « changement de civilisation » dont ont parlé ses ministres. Mais c’est faux. D’abord parce que c’est bien davantage contre Nicolas Sarkozy que pour François Hollande que les Français ont voté. Ensuite, rien ne permet de supposer que, dans le programme du candidat Hollande, ce point ait particulièrement motivé les électeurs. Enfin, et surtout, François Hollande est le seul président de la Ve République à avoir été choisi, même au 2e tour, par une minorité de votants (je ne parle même pas des inscrits) : 48,2 % des votants. Cela ne signifie pas qu’il ne soit pas légalement président de la république. Mais cela signifie que ce pseudo-argument de la légitimité électorale ne tient pas ! La seule issue possible, pour François Hollande, c’est l’appel au peuple. Faute de quoi, la vraisemblable victoire du PS au parlement se paiera tellement cher (car il peut compter sur nous : cette immense lame de fond populaire ne retombera pas !) que François Hollande regrettera d’avoir gagné…"
Les 4 Vérités via Le Salon Beige