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Dénoncer le nouvel ordre moral ! (archive 2011)

Entretien avec Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique
La vingtième université d'été de Renaissance catholique a pour thème « Le nouvel ordre moral ». Pourquoi avoir choisi ce sujet ?
Parce qu'il nous semble qu'il se répand largement aujourd'hui une erreur selon laquelle il n'y aurait plus de morale. Cela n'est pas possible. En effet, toute société, dans la mesure où elle fait vivre ensemble des personnes aux aspirations et aux intérêts divers, a besoin pour des raisons pratiques de formaliser un certain nombre de règles plus ou moins arbitraires. L'archétype de ces règles arbitraires, sans incidence morale, est que sur les routes de France la circulation est à droite alors qu'en Angleterre, elle se fait à gauche. Si l'homme a toujours besoin de règles communes partagées pour vivre en société, il se trouve cependant qu'en l'espace de cinquante ans un changement complet de paradigme s'est opéré : on rougit aujourd'hui de la vertu, de la fidélité, de la tradition comme on rougissait autrefois de ses écarts de conduite. L'avortement légal et remboursé, la stérilisation de masse, la pilule contraceptive, le mariage homosexuel, l'euthanasie, le tri embryonnaire, la théorie du gender... sont devenus les nouveaux lieux communs de la bien-pensance contemporaine. Nous ne pouvions imaginer, lorsque ce sujet a été choisi en début d'année, que nous serions à ce point rejoints par l'actualité : si les débats sur les lois de révision de bioéthique étaient bien programmés, les démêlés judiciaires de Dominique Strauss-Kahn, les déclarations de Luc Ferry mettant en cause un ancien ministre, les manuels de SVT (sciences de la vie et de la terre) des classes de Première ne l'étaient pas.
Il était de bon ton, à une certaine époque, de déclarer que tout était politique. L'affirmation selon laquelle tous nos actes ont une portée morale paraît plus fondée dans la mesure où la morale est étymologiquement ce qui a trait au comportement, aux mœurs. C'est dire l'importance et l'actualité de ce sujet. Le programme détaillé des conférences est indiqué ci-dessous.
-  Vous parvenez  encore  cette année a opérer un mélange assez exceptionnel puisqu'au « noyau dur » de vos conférenciers habituels ou au moins réguliers (Philippe Conrad, Claude Rousseau, Jean Sevillia, Jacques trémolet de Villers...) viennent s'adjoindre de nouveaux intervenants  (Mgr Anatrella,    Laurent Dandrieu, Hugues Kéraly, Anne-Marie Libert..,).
- Effectivement ! Il nous semble que concernant la formule d'une université pérenne dans le temps -nous en sommes à la 20e édition - il y a deux solutions : soit vous travaillez exclusivement avec une équipe fidèle qui partage toutes vos convictions, le risque étant de rapidement tourner en rond ; soit vous acceptez de faire appel à des compétences qui sur un sujet particulier vous paraissent avoir des réflexions intéressantes à transmettre. C'est clairement ce second choix que nous avons fait.
-    Comment s'articule le programme de cette Université ?
—    La conférence introductive sera prononcée par le professeur Claude Rousseau qui s'attachera à mettre en lumière  toutes  les conséquences du passage, dans le langage usuel, de la notion  de morale à celle d'éthique. Ensuite nos conférenciers traiteront de la manière dont a été détruite la morale traditionnelle et dans quels domaines les destructeurs de cette morale ont fait porter l'essentiel de leurs efforts : seront ainsi abordées  les  questions  de bioéthique, d'eugénisme, la promotion de l'homosexualité et la manière dont la lutte  contre le sida a été utilisée pour banaliser des pratiques que la morale traditionnelle  réprouve. Il nous est enfin apparu indispensable de consacrer une conférence à la manière dont l'ONU est un acteur majeur de la modification de la notion de famille, conçue comme l'union stable d'un homme et d'une femme ayant pour projet commun d'avoir et d'élever ensemble des enfants.
Dans une seconde partie, nous nous attacherons à cerner quels sont les piliers de cette nouvelle morale : refus de toute discrimination, dictature du principe de précaution, utilisation de l'écologie comme moyen d'imposer un comportement identique à tous les habitants de la planète, objectif ultime du mondialisme, et diffamation de notre histoire nationale. Notre réflexion serait cependant incomplète si nous ne nous penchions pas d'une part sur les rapports de l'économie et de la morale, d'autre part sur ceux de la morale et de la politique sans omettre de mettre en exergue la manière dont les puissances médiatiques (presse, cinéma, télévision, publicité...) ont promu ces changements de paradigme.
En conclusion, fidèle à la pensée de Benoît XVI et reprenant une partie des réflexions de notre ami Roberto de Mattei sur le sujet, je m'attacherai à montrer que, selon l'expression connue, « il n'y a pas plus sectaire qu'un libéral », et que ce relativisme généralisé engendre un système dictatorial sans équivalent à ce jour.
En complément de ces conférences, deux témoignages nous semblent devoir intéresser les lecteurs de Présent. D'abord celui de Philippe Isnard, professeur d'histoire, de géographie et d'instruction civique au lycée de Manosque, qui vient d'être révoqué de l'Éducation nationale pour avoir animé un débat contradictoire, conformément à la loi, dans ses classes de lycée à propos de l'avortement. Il témoignera de la manière dont l'Éducation nationale impose une pensée unique totalitaire et mensongère aux élèves et aux enseignants (cf. l'entretien dans Renaissance Catholique n° 116, 6 euros franco).
Ensuite, Adélaïde Pouchol viendra témoigner de la passionnante enquête, publiée par notre confrère l'Homme Nouveau, qu'elle a menée dans différents centres du Planning familial. En se faisant passer pour une jeune femme enceinte se posant des questions sur la poursuite de sa grossesse, elle a concrètement observé la réalité de cette institution qui a fait du droit à l'avortement libre et gratuit, selon le slogan « un enfant si je veux quand je veux », son cheval de bataille et fonds de commerce.
Concrètement ?
Cette Université se déroule du jeudi 14 au dimanche 17 juillet à Grand'Maisons (Villepreux, 20 km à l'ouest de Paris). Elle n'est pas réservée aux seuls adhérents de Renaissance catholique, mais elle s'adresse à toute personne de bonne foi désireuse de s'informer sur les sujets que nous traitons. Une garderie permet aux jeunes enfants d'être pris en charge pour la journée. Au-delà des conférences, ces journées sont également un temps fort de rencontres et d'échanges. Dans le domaine Spirituel, la sainte messe est célébrée tous les jours et nous nous réjouissons du nombre de prêtres de diverses communautés d'ores et déjà inscrits, six. Le père Argouarc'h de la Sainte-Croix de Riaumont nous accompagnera en pèlerinage à la collégiale Notre-Dame de Poissy où fut baptisé saint Louis. Une activité sportive est prévue pour les jeunes ainsi qu'une visite guidée du parc du château de Versailles.
Nous restons fidèles à notre intuition originelle : éclairer les débats du présent à la lumière de la foi et de la raison, dans la fidélité à notre tradition nationale. En ces temps de désorientation générale, ces quatre journées de formation, de détente, de culture et d'amitié chrétiennes constituent notre contribution à la toujours plus nécessaire réforme intellectuelle et morale. Croire que le zapping sur internet peut remplacer la formation un peu suivie et la lecture serait une grave illusion...
Propos recueillis par François Franc PRESENT  25 juin 2011

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