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La Turquie dans l’Europe c’est pour demain ?

Fort d’une toute petite embellie dans les sondages ( ?) directement liée à l’intervention au Mali, François Hollande s’est cru en capacité de se saisir de la question de l’adhésion de la Turquie dans l’UE. Une hypothèse rejetée par  une très large majorité de Français. Alors qu’un déplacement à Ankara de M. Hollande est programmé dans les prochains mois, le 12 février, en marge d’une conférence sur la sécurité en Libye, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, a confirmé à son homologue turc, Ahmet Davutoglu,  que « La France va renforcer son soutien aux négociations d’adhésion de la Turquie » . « Nous souhaitons avoir des relations très positives avec la Turquie (…) la France est favorable à ce qu’on ouvre la discussion sur ce qu’on appelle le chapitre 22 » (sur les 35 répertoriés). «Ce chapitre, rapporte l’Afp, porte notamment sur la redistribution des aides de l’UE aux régions et sur la contribution du pays-candidat aux fonds régionaux. »

Pour le moment cette fameuse adhésion ouverte officiellement en 2005 et en faveur de laquelle les Etats-Unis pèsent de tout leur poids, bloque sur la question du respect des droits de l’homme, des libertés, de Chypre, Etat non reconnu par Ankara et dont la moitié du territoire est occupée militairement par la Turquie depuis l’invasion de 1975.

Alors que l’UE est confrontée à la violente crise économique que l’on sait, cette adhésion turque, pays de 95 millions d’habitants à l’horizon 2050, dont 44% de la population est actuellement comprise dans la tranche d’âge des 0-24 ans, aurait un coût assez faramineux.

L’enseignant et géopoliticien Pierre Verluise indiquait sur le site du Huffington Post, qu’ « au vu des données Eurostat pour 2011, la Turquie se place à 52% du PIB par habitant en Standard de pouvoir d’achat (SPA) de l’UE-27. Ce qui la met au dessus de la Bulgarie (45) et de la Roumanie (49) mais en dessous de la Lettonie (58), de la Pologne (65) et très loin de la France (107) et de l‘Allemagne (120), sans parler du Luxembourg (274). »

« Combien d’années faudrait-il à la Turquie pour dépasser 75% du niveau de vie moyen dans l’UE? La question peut sembler incongrue mais elle fait sens: aussi longtemps qu’une région de l’Europe communautaire reste en dessous de ce seuil, elle a effectivement droit à des fonds structurels conséquents. Ces derniers constituent actuellement le deuxième poste du budget de l’UE. »

M Verluise élabore des scenarii au terme desquels Ankara dépasserait ce fameux seuil de 75% entre 2029 et 2057. Si la Turquie était admise avant d’atteindre ce chiffre et selon le rapport d’un établissement allemand indépendant, le Gefra (Gesellschaft für Finanz und Regionalanalysen), que nous citions en 2011, « l’Etat turc ne recevrait pas moins de 124,9 milliards d’euros au titre des fonds structurels européens soit un tiers du montant total de ces fonds ». « Les fonds structurels (prévus) pour les exercices 2007 à 2013 (forment un total) de 350 milliards d’euros ».

Le rapport du Gefra soulignait également que la Turquie a déjà perçu des contribuables français et européens « un total de 3 milliards d’euros au titre d’aides diverses entre 2007 et 2010 ». « 781 millions (ont été encore versés à Ankara en 2011) et 900 autres millions (ont été) engagés pour 2012. »

Bien sûr, s’agissant de la Turquie, les questions financières ne sont qu’une (petite) partie du problème. Le quotidien israélien Haaretz a indiqué que l’Etat hébreu vient de fournir à la Turquie des systèmes de combat électroniques. Une coopération militaire entre Tel-Aviv et Ankara officiellement suspendue depuis l’interception  par Tsahal de la « flottille de la liberté » en route vers Gaza en mai 2010, qui avait entraîné la mort de plusieurs citoyens turcs.

Mais dans le même temps, le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé vendredi dans un message adressé à l’ONU le rôle « destructeur de la Turquie » dans la guerre de déstabilisation qui ensanglante la Syrie. La diplomatie syrienne a ainsi accusé Ankara de « pressions » « sur des composantes de l’opposition syrienne pour qu’elle refuse le plan politique proposé le 9 janvier par le président Bachar el-Assad ».

« La Turquie a transformé son territoire (…) pour abriter, entraîner, financer et infiltrer les groupes terroristes armés, y compris le réseau Al-Qaïda, et principalement le front al-Nosra. » Cette structure, au nombre des brigades internationales islamistes financées par le Qatar et l’Arabie Saoudite qui sévissent en Syrie, regroupe de nombreux terroristes djihadistes venus de l’étranger.

Si Bachar el-Assad a affirmé lundi dans le journal libanais as-Safir, « (sa) certitude de gagner» face aux fous d’Allah et à leurs alliés de circonstance de l’Otan, le Premier ministre turc Recep Tayip Erdogan reste confiant dans la capacité de son pays à intégrer l’UE.

Or, Bruno Gollnisch le relevait déjà en 2003 dans son livre d’entretien « La réaction c’est la vie !», si l’on intègre la Turquie dans l’UE, nous assisterons au nom de la liberté de circulation et d’établissement des citoyens des pays membres de l’UE,  à un exode massif des Turcs vers nos contrées

« La Turquie est assurément un grand pays  assure Bruno Gollnisch, nous devons avoir avec cette nation les meilleurs relations possibles ». « La France a d’ailleurs été la première à avoir de bonnes relations avec la Turquie, les premiers traités entre les deux pays ont été conclus il y a cinq siècles entre François 1er et Soliman Le Magnifique ; ils ont servi ensuite de modèle aux relations entre les pays de l’Orient et ceux du monde occidental. »

Il n’en reste pas moins que la Turquie « n’est pas un pays européen », « ni géographiquement », « ni culturellement», « ni ethniquement », « ni linguistiquement », « ni religieusement. »

« Si l’on intègre la Turquie, cela veut dire que cette Union n’est pas européenne, et plus exactement qu’elle n’est en réalité, ce que je crois hélas être l’intention de ses promoteurs, qu’une espèce d’étape géographique ou de secteur d un nouveau pouvoir mondial qui se met en place ». « Si on fait entrer la Turquie demain, on fera entrer Israël, le Maghreb et d’autres plus tard. »

Surtout Bruno Gollnisch pose la question majeure, celle en effet de l’identité européenne…en contradiction avec le projet euromondialiste bruxellois. Qu’est-ce que l’Europe ?

« Si l’Europe se définit par l’adhésion à des valeurs communes laïques, qui sont celles en gros de l’individualisme libéral et des droits de l’homme, alors effectivement à ce compte, il n’y a pas de raison de pas l’étendre jusqu’au Zaïre,  le jour où ce pays pratiquera la démocratie parlementaire ! C’est là qu’on voit bien (…) que dans l’esprit (des partisans d’une Europe ouverte et mondialisée, NDLR ), l’Europe n’est qu’une espèce de plate-forme commune, qui a vocation à s’étendre de plus en plus, dans laquelle, à condition de respecter une règle sacrée qui est celle de l’ouverture et du métissage, n’importe quel pays pourra finir par entrer .» Encore faut-il que nos compatriotes soient pleinement conscients de cet enjeu.

http://www.gollnisch.com

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