Dire que les Français n’attendent rien de l’intervention télévisée ce soir de François Hollande est une évidence. Un chef de l’Etat qui semble attendre la « vague » de la reprise américaine dont profiterait hypothétiquement la zone euro pour donner un peu d’air à notre pays ou tous les indicateurs économiques sont dans le rouge. Hier, l’Insee a annoncé , selon ses indicateurs, une baisse du pouvoir d’achat en 2012 (- 0,4%), la première officiellement depuis 1984. Les Français eux, savent plus justement qu’il subissent cette baisse chaque année depuis dix ans avec l’abandon du franc au profit de l’euro… Un Hollande dont l’impuissance incarne assez bien les aphorismes de son compatriote corrézien, le radical-socialiste Henri Queuille, trois fois président du Conseil sous la quatrième république : « Il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout » ou encore « La politique n’est pas l’art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent »…
Après 10 mois à l’Elysée et des records d’impopularité, nos compatriotes, les électeurs socialistes et même les élus du PS qui sentent leur base électorale se dérober sous leurs pieds, ont compris que le changement n’était pas pour maintenant , ni même pour après-demain. Comme Marine Le Pen et Bruno Gollnisch l’avaient prédit, la sociale démocratie européiste qui sert de mauvaise boussole au chef de l’Etat et au gouvernement, n’est en rien une rupture avec le libéral-mondialisme à la sauce Sarkozy. C’est cette idéologie commune à la « droite » et à la gauche qui lamine les classe moyennes, met nos travailleurs au chômage, accélère a disparition des derniers pans de notre industrie, matraque nos entreprises, nos commerçants et artisans, en un mot tiers-mondise notre pays sacrifié sur l’autel du Mammon Bruxellois.
Le sondage ifop paru dans le quotidien gratuit Metro ce matin fait état des attentes des Français. Il démontre, sans grande surprise, que nos compatriotes souhaitent que M Hollande s’exprime en priorité sur le « chômage » (54% de l’ensemble des Français, 66% des sympathisants de gauche, 46% des sympathisants de droite, 42% des sympathisants du FN), le « pouvoir d’achat » (48%, de l’ensemble des Français, 56% des sympathisants FN, 55% des sympathisants de gauche, 35% des sympathisants de droite ), la « réduction de la dette et des déficits publics » (38% de l’ensemble des Français, 52% des sympathisant de l’UMP, 38% des sympathisants de gauche, 26% des sympathisants FN) , la « fiscalité » (27% de l’ensemble des Français, 34% des sympathisants de droite, 24% des sympathisants de gauche, 23% des sympathisants FN ).
Viennent ensuite l’ « immigration » (20% de l’ensemble des sondés ) et de la « sécurité » (19% de l’ensemble des sondés), qui sont appréhendées également comme prioritaires. Elles restent en tout cas deux questions centrales pour respectivement 54% et 33% des électeurs frontistes et marinistes, contre seulement 26% et 21% des sympathisants UMP et 9% et 13% des sympathisants de gauche.
Un sondage qu’il n’est pas inintéressant de comparer avec les analyses qui se sont succédées après le score impressionnant réalisé par la candidate FN Florence Italiani (48,59%) face à Jean-François Mancel dimanche dernier. Jean-Vincent Placé, président du groupe EELV au Sénat, a jugé lundi sur RMC que si le deuxième tour de la législative partielle dans l’Oise avait opposé un PS et un FN, «Si ça avait été PS-FN, le FN aurait gagné».
Sur le blog du Monde le 26 mars, une question « embarrassante » (angoissante) était d’ailleurs posée : « Des électeurs de gauche ont-ils massivement voté pour la candidate Front national dimanche 24 mars dans la deuxième circonscription de l’Oise ? »
Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’IFOP relève que la candidate frontiste « a gagné en une semaine près de 22 points, soit 5 941 suffrages, et dépassé la barre des 50 % dans quatre des huit cantons de cette circonscription ». Aussi, « le sondeur émet l’hypothèse que la mobilisation des abstentionnistes du premier tour ne suffit pas à l’expliquer la spectaculaire poussée du FN. L’analyse objective des grandes masses en présence conduit à penser qu’une part significative des électeurs gagnés au second tour provient des rangs de la gauche », estime-t-il.
Jérôme Fourquet ajoute qu’en faisant tourner un modèle statistique sur les 196 bureaux de vote de la circonscription, Joël Gombin, doctorant en sciences politiques à l’université d’Amiens, arrive à la même conclusion. Il évalue même entre 40 et 45 % la part d’électeurs de Sylvie Houssin (la candidate du PS éliminée au premier tour, NDLR), s’étant portés au second tour sur la candidate frontiste (soit environ 2500 suffrages) . Et ce en dépit de la consigne de front républicain donnée par la direction du Parti socialiste. Tout se passe, constate le sondeur, comme si le parti lepéniste pouvait compter sur des reports et des renforts très hétéroclites au second tour provenant des abstentionnistes, de la droite, mais aussi de la gauche. »
La candidate frontiste aurait aussi bénéficié des voix d’environ 3500 électeurs qui s’étaient abstenus au premier tour et grosso modo des 2000 personnes qui avaient voté pour Jean-François Mancel le 17 mars mais qui auraient voté FN au second tour… une fois la gauche éliminée.
« Le contexte local a sans doute aidé à cette agrégation, mais ce qui vient de se passer dans l’Oise sonne comme un avertissement. En pleine crise sociale, et alors que le FN ne cesse de dénoncer la collusion UMPS, la thématique du front républicain ne permet plus de faire barrage à l’extrême droite. Elle semble au contraire favoriser le basculement d’une partie de l’électorat de gauche vers le FN, attirée par le discours anti-système et anti-élites de Marine Le Pen » est-il encore avancé.
Reste que les explications fournies ici affirme Bruno Gollnisch, tendent cependant à minorer le fait principal, à savoir que le FN dispose d’un socle solide d’électeurs convaincus, venus au fil des années de la gauche, de la droite et même de plus en plus souvent, qui ont toujours voté (quasi) systématiquement FN ! Des électeurs qui sont séduits par son programme et qui se déplacent quand les enjeux sont importants et/ou médiatisés.
Président du groupe FN de la région Picardie, Secrétaire départemental de l’Oise, Michel Guiniot a fourni un très remarquable travail de terrain avec les militants lors de cette partielle. Fin connaisseur de la carte électorale de son département, il a rappelé que le meilleur score enregistré par le FN dans l’Oise ne date pas d’hier mais de 1998, lorsque Pierre Descaves fut élu conseiller général dans le canton de Noyon. Il souligne aussi que ce second tour Italiani-Mancel est la « réplique exacte de la cantonale de Noailles en 2011 »dans laquelle le candidat de gauche avait été éliminé au premier tour, laissant face à face au second Florence Italiani et Jean-François Mancel, ce dernier ne la devançant que de 210 voix. La candidate FN avait recueilli 48,33 % des voix.
Michel constate encore que du fait de l’abstention très élevée, même au second tour, la candidate frontiste n’a pas fait dimanche dernier le plein des voix qui se sont portées sur Marine le Pen lors du premier tour de la présidentielle, Florence Italiani ayant un déficit de 60000 suffrages par rapport à la présidente du FN, arrivée première dans cette circonscription le 22 avril 2012. Bref, il n’est pas nécessaire d’échafauder des théories plus ou moins bien balancées pour expliquer le renforcement du vote national alors que la violence de la crise valide singulièrement nos avertissements . Enseignement intéressant qui valide une nouvelle fois les analyses électorales opérées par notre Mouvement, ce sont d’ailleurs dans les quatre cantons où l’abstention a été la moins forte que le FN est arrivé en tête devant M. Mancel dimanche dernier.