Fort d’une conjoncture décrite comme « porteuse » pour ses idées, les médias, même les plus hostiles au Mouvement national, prévoient une belle affluence à l’occasion du traditionnel défilé frontiste du 1er mai en l’honneur de Jeanne d’Arc et des travailleurs français. Celui-ci sera bien évidemment clôturé par une allocution de Marine Le Pen place de l’Opéra sous le thème du « peuple d’abord », de la « concorde nationale », de la résistance aux oligarchies mondialistes. Thierry Lepaon, le très controversé successeur de Bernard Thibault à la tête de la CGT, a d’ailleurs avoué implicitement dans le quotidien gratuit Directmatin ce mardi, que sa préoccupation n’était pas tant le sort des salariés français –mais ça nous le savions déjà- que la division cette année du cortège syndical qui «sert le Front National ». « Il y a un risque important que leur cortège (du FN, ndlr) soit plus important demain que les nôtres. Cela renverrait une image terrible.» Pour le Système certainement M. Lepaon…
Preuve de cette adhésion en progression constante aux constats, au programme de Marine, selon un sondage CSA pour BFMTV, la présidente du FN serait face à Nicolas Sarkozy au second tour d’une élection présidentielle si le premier tour avait lieu dimanche. Avec 23% des suffrages (contre 17,9 en 2012), elle surclasserait très largement François Hollande, qui recueillerait seulement 19% des voix (contre 28,6% en 2012).
Tout juste peut-on s’étonner –« Français vous avez la mémoire courte »- que Nicolas Sarkozy caracole en tête dans cette enquête avec 34% des intentions de vote (contre 27,2% il y a un an). Pourtant, comment ne pas voir que la situation actuelle découle certes de l’impuissance socialiste, mais plus largement du quinquennat sarkozyste, d’une décennie d’UMP au pouvoir.
Sur le plan sécuritaire, exemples parmi d’autres, Valérie Pécresse, élue régionale UMP, expliquait hier dans Le Parisien son souhait de débloquer « 200 000 euros pour l’équipement en télésurveillance des médecins, car l ’insécurité est l’une des causes de la désertification »…
Au même moment, la Préfecture de police de Paris a relancé sa « campagne de sensibilisation » sur les vols des chaines en or, invitant les femmes, avec le retour des beaux jours, à ne pas porter leurs bijoux de « façon trop ostensible ». Voilà la réponse apportée par les autorités à l’explosion des vols à l’arrachée et la recrudescence des exactions des bandes de (très) jeunes, souvent originaires des communautés Roms des pays de l’Est.
Encore un peu souligne Bruno Gollnisch, et comme à Rio ou à Lagos, les passants seront obligés de sortir de chez eux sans aucun «signe extérieur de (petite) richesse » et les femmes « invitées », comme au Caire, à se déplacer dans des wagons réservés…
Cette insécurité que découvre Mme Pécresse, cette explosion des vols avec violence, des agressions dont les femmes sont souvent les premières victimes, ne sont jamais que le fruit de l’ouverture des frontières, de la poursuite d’une immigration sans frein, cause de délinquance, de tiers-mondisation, de paupérisation sociale et économique. Une politique poursuivie par Sarkozy avec l’entrée officiellement d’un million d’immigrés supplémentaires entre 2007 et 2012.
Si Marine Le Pen est en tête dans les enquêtes d’opinion chez les ouvriers et les salariés, « Pas une semaine ne passe (sans qu’elle ne) se revendique comme le héraut des petits broyés par ce système et de la classe moyenne attaquée de toutes part », note Guillaume Perrault dans Le Figaro.
Ce dernier ne voit qu’un « seul bémol, mais de taille, à ce contexte favorable pour Marine Le Pen: l’ampleur de la mobilisation contre le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels et la starisation de Frigide Barjot. »
« Entre Marine Le Pen et l’ex-cofondatrice du magazine Jalons, la prudence a fait place à l’affrontement » affirme-t-il et « depuis que l’égérie de la Manif pour tous a pris ses distances avec l’extrême droite (sic) et a annoncé sa volonté de présenter des listes aux municipales, Marine Le Pen peut arguer que son mouvement est largement repris en mains par l’UMP».
Une «(re)prise en main » par le parti de MM. Copé et Fillon qui est de l’ordre de l’évidence. Elle a été constatée par tous les patriotes ayant participé aux manifestations et notamment par Bruno Gollnisch qui, comme Marion Maréchal notamment, ont été interdits de toute prise de parole publique pendant les rassemblements tandis que dans le même temps les « ténors de l’UMP » ont monopolisé les micros et les tribunes.
Or, comme l’a noté Michel Geoffroy sur le site Polemia, «les élus de droite, soucieux de ne pas paraître homophobes et de complaire aux médias, (ont finassé) et (n’ont cessé) de prendre leurs distances avec (les manifestants). Ces élus leur recommandent le calme , ce qui veut dire qu’il ne faudrait pas trop contester le pouvoir. Ils mettent en garde contre la radicalisation , c’est-à-dire contre la contestation des fondements du Système… que les élus de droite ont, il est vrai, contribué à mettre en place ! Au Sénat, ces élus n’ont même pas demandé de scrutin public. »
Sur le site Mediapart, Jean Mézières écrivait le 28 avril que comme le fit François Mitterrand en 1989, qui avait créé « de toutes pièces » le parti « Génération Ecologie pour assommer les Verts », ce qui limita « la catastrophe électorale » pour le PS, l’UMP aurait la même volonté machiavélique.
Ainsi, selon M. Mézières qui comme beaucoup à gauche pointe les liens qui existeraient entre la Manif pour tous et des réseaux droitiers américains, « la Droite veut faire du Mitterrand ». En l’espèce « appeler à la rescousse les ultraconservateurs américains pour organiser et financer un nouveau parti en faisant un coup d’éclat contre le Mariage pour Tous. Nouveau parti du style mouvance Droite Populaire qui mettrait Marine Le Pen à moins de 10 %. »
« L’Opus Dei américaine et le Tea-Party annihilant des nationalistes dans leur province européenne, cela ne manque pas de piquant ! » écrit encore M Mézières. Mais cela manque tout de même sérieusement de réalisme. Imaginer que des listes dans l’orbite de la Manif pour tous -et il y a une grande marge entre annoncer leur éventuelle création en 2014 et leur mise en place à grande échelle….- puissent limiter l’essor d’une liste FN, conduirait à prendre les électeurs-sympathisants nationaux pour des naïfs et des imbéciles.
C’est ignorer aussi que des listes de cette obédience parasiteraient certainement, et notamment pour d’évidentes raisons de sociologie électorale, dans de bien plus grandes proportions les listes municipales UMP. C’est ignorer enfin que le FN est le seul mouvement à avoir unanimement condamné ce mariage pour tous et que les Français lui savent gré justemment de sa défense résolue des valeurs traditionnelles.