Un très beau texte de Bernanos rappelé et commenté hier sur l’excellent site Nouvelle Revue Critique.
Demain, comme chaque deuxième dimanche de mai, nous célébrerons Jeanne d’Arc. On fleurira ses statues un peu partout en France, des prise d’armes ou des festivités civiles auront lieu dans la plupart des grandes villes et ceux d’entre nous qui habitent Paris...
... ou qui s’y trouveront pour l’occasion auront à cœur de défiler comme chaque année devant la sainte à cheval, casquée et vêtue d’or, de la place des Pyramides.
L’an dernier la fête de Jeanne d’Arc aurait du prendre un relief particulier puisqu’elle coïncidait à la fois avec le six centième anniversaire de la naissance de Jeanne et avec le cent cinquantième anniversaire de son mentor moderne, M. Maurice Barrès. Mais la République ne l’entendait pas de cette oreille. Elle ne s’est mise en frais ni pour l’un, ni pour l’autre. Nos deux lorrains n’ont eu droit à aucune commémoration officielle. Il est vrai que nous étions en pleine séquence présidentielle et que le culte de la Pucelle n’a jamais fait bon ménage avec la démocratie. Les deux candidats qui cherchèrent, bien timidement d’ailleurs, à récupérer l’image de Jeanne, n’en tirèrent aucun avantage et c’est tant mieux.
Cette année, il serait bien venu de placer l’hommage à Jeanne sous le patronage de Georges Bernanos. Ses textes johanniques sont moins connus que ceux de Barrès, de Péguy ou de Claudel mais ils sont souvent d’une grande beauté. Qui peut lire Jeanne relapse et sainte sans être pris par la force du texte, sa puissance poétique et par sa profonde vérité ? Le petit document que nous publions ci-dessous est une prière des jours sombres. Il vient du Brésil. Bernanos, après avoir connu l’amertume de l’exil et pleuré sur sa patrie défaite, recouvre progressivement l’espoir. Il pensait être venu en Amérique du Sud pour y cuver sa honte. Or, comme il le dit dans sa Lettre aux Anglais, "je n’y ai pas cuvé ma honte, j’y ai retrouvé ma fierté, et c’est le peuple du Brésil qui me l’a rendue". [...]
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