NANTES (NOVOpress Breizh) – Elu conseiller régional de la région dite des « Pays-de-la-Loire » en 2010, Franck Louvrier s’était même fait bombarder « secrétaire national de l’UMP chargé des relations avec les conseillers régionaux ». A l’époque, conseiller en communication du président de la République – Nicolas Sarkozy -, il faisait figure d’homme tout puissant capable d’imposer ses vues à la droite nantaise. On lui prêtait des ambitions locales qui n’avaient rien de médiocre. « Son rêve absolu ? Débarrasser Nantes, sa ville natale, de son maire socialiste, Jean-Marc Ayrault, aux municipales de 2014 » (Libération, 15/02/12). On avait même cru le voir sonder le terrain à La Baule, ville apparemment plus facile à conquérir. Ce qui l’amenait à déclarer : « Il y a un mandat qui me plait énormément, c’est celui de maire. C’est, à mes yeux, le mandat de proximité par excellence. Ce mandat, qui doit être passionnant, m’intéresse. » (Bretons, mai 2011). Mais la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle changeait la donne.
On le voyait alors réduit à l’état de conseiller régional de base, ne disposant plus du levier présidentiel pour mettre au pas les baronnets locaux plus indisciplinés les uns que les autres et à l’égo surdimensionné. Bref, des gens compliqués pour ne pas dire ingérables. Pendant son séjour à l’Elysée, Franck Louvrier n’aura pas été sans utiliser les moyens offerts par la maison pour tester le terreau nantais. Etudes quantitatives et qualitatives lui auront rapidement montré l’impossibilité pour l’UMP de récupérer Nantes. En effet, la réalité sociologique des grandes villes – Nantes, Rennes et Brest en Bretagne – en fait des chasses gardées du Parti socialiste. Nouvelles classes moyennes – les fameux « bobos » –, fonctionnaires territoriaux et d’Etat, personnel enseignant et professions libérales, sans compter les nouveaux habitants « issus de la diversité », offrent à la gauche un socle électoral suffisamment étoffé pour assurer mécaniquement la victoire. Bien entendu, il s’agit là d’une « gauche sociétale » qui n’a rien à voir politiquement et culturellement avec la « gauche sociale » encore présente dans les communes à forte composante ouvrière.
Toutes les conditions étaient donc réunies pour s’oxygéner ailleurs. C’est ce que fit Franck Louvrier en devenant patron de « Publicis Events », la branche événementielle du groupe éponyme. Là il y a découvert une autre vie et goûté à d’autres plaisirs mieux rémunérés. Ainsi le gala organisé à l’Olympia contre le cancer le 7 mars dernier. Avec 2.000 femmes chantant en chœur et 50 grands artistes sur scène (Paris Match, 28/02/13). Il ne lui restait plus qu’à décliner l’offre de conduire la liste aux municipales et à botter en touche…en préconisant l’organisation d’une primaire. Façon élégante de tirer sa révérence.
C’est l’occasion de découvrir que l’UMP nantaise demeure régulièrement démunie en leaders solides après 23 ans de règne de Jean-Marc Ayrault. Incapable de mettre sur les rails une locomotive apte à réussir le fameux « rassemblement », elle en est arrivée à envisager le parachutage de Marie-Anne Montchamp, délégué général à l’UMP, ancienne secrétaire d’État auprès de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale durant la présidence de Nicolas Sarkozy. Dans un premier temps villepiniste endiablée, elle s’empressa de trahir son idole dès qu’un petit maroquin lui fut offert par l’ennemi sarkozyste. Aux législatives de 2012, candidate UMP dans la 4ème circonscription des Français établis hors de France (Benelux), elle est battue par le socialiste Philippe Cordery.
Ce n’est donc pas ce qu’il est convenu d’appeler une grosse pointure, d’autant plus que sa notoriété et sa popularité apparaissent fort inexistantes dans la Cité des ducs. Autant dire que Patrick Rimbert ou Johanna Rolland peuvent espérer aborder l’échéance de mars 2014 en toute quiétude.