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La révolte des flics n’aura pas lieu

Nous avons déjà abordé le sujet à plusieurs reprises sur CI et cela nous a valu quelques courriels peu courtois. Voici qu’un blog de « catholiques excédés  », la table ronde, sort un article sur un mythe droitard qui a la vie dure, la révolte des policiers.

« Repassons-nous la bande. Situons arbitrairement (et imparfaitement) le coup d’envoi des violences policières à la date du 24 mars dernier. Depuis lors, ce n’est un secret pour personne, la confrontation politique s’est doublée d’une confrontation ouverte ET larvée entre les manifestants de toutes sortes et les forces de l’ordre.
Le fait est tellement inhabituel, pour une population majoritairement de droite et traditionnellement respectueuse des agents publics, que les réactions furent pour le moins hétéroclites et partagées. Parmi ces réactions, une constante revient incessamment : « les flics sont secrètement avec nous, en leur for intérieur » « la Police finira par ne plus obéir aux ordres injustes et politiques » voire même « ils se retourneront contre le pouvoir ». Le tout copieusement nourri d’émouvants témoignages d’agents écœurés de leur boulot, confessant le malaise général à leur victime entre deux fouilles au corps.

Non.
Non.
Et re-non.

PRIMO, parler de « LA » Police est une première erreur, sous ce rapport. Il est impossible de tirer une conclusion générale de quelques témoignages isolés et anonymes. Il se trouve par ailleurs que les états-majors et la hiérarchie des corps policiers (tant la P. nationale que la P. municipale) sont gangrenés par la franc-maçonnerie, et ce depuis de nombreuses années. Mention spéciale à l’immense commissariat de Nice, sans doute un des pires de France à cet égard. Ainsi donc, les policiers éventuellement « avec nous » se situent statistiquement au sein de la valetaille et non pas des décideurs : comme soutien, on a vu mieux.
D’autre part, il s’agit d’une résurgence d’un vieux mythe qui colle à la droite, selon lequel « l’armée est avec nous, tradi-catho-péchu-honneur et elle remettra de l’ordre quand il le faudra, sabre au clair si nécessaire, comme Napoléon et de Gaulle » (dans notre cas, ce mythe est quelque peu adapté aux forces de l’ordre). Là encore, erreur. Depuis le putsch de 1961, s’il y a bien une constante inaltérable dans les politiques de défense françaises, c’est d’éviter toute velléité de rébellion et d’amenuiser la « menace » de l’armée. Notamment en minimisant l’esprit de corps des régiments, en accélérant le turn-over des officiers, et en professionnalisant au maximum l’armée de métier (c’est bien connu, seules les armées de conscrits se révoltent). Et bien chez les forces de l’ordre, c’est pareil : elles ne constituent pas un allié potentiel pour nous, ni une menace pour le pouvoir.

SECUNDO, il y a un aspect psychologique fort compréhensible : après quarante ans que les policiers se font cracher dessus par le pouvoir et les médias et qu’ils se prennent des cailloux dans les cités, voilà qu’on les déploie dans les beaux quartiers ! Alors c’est peut-être inutile et fatigant, mais on est toujours mieux là qu’ailleurs. C’est bêtement humain. Quant à ceux qui refoulent leur agressivité depuis quinze ans de service par crainte de la bavure, voilà qu’on les autorise à cogner avec le blanc-seing de sos-racisme ! On a beau avoir une conscience, une fois le premier homophobe passé à tabac… la suite passe tout seul.

TERTIO, en admettant même qu’une bonne partie des agents de police approuve nos idées (c’est très possible), croyez-vous qu’ils seront suffisamment « avec nous » pour retourner leur veste ? Moi pas. Celui qui les paye, c’est le gouvernement – et c’est ça qui compte, en dernier recours. On ne démissionne pas sur un coup de tête dans un pays où le chômage est aussi dramatique. Et sans aller jusqu’à démissionner, on ne se rebelle pas si aisément contre sa hiérarchie quand on a une femme et quelques gosses à nourrir, et qu’on habite dans un logement social / de fonction qui peut malencontreusement être attribué à quelque demandeur d’asile, ou que la mutation dans le 93 pourrait remplacer inopinément la mutation dans le Gers.
Et quand bien même un agent de police se retournerait, est-ce que tous ses collègues le suivraient ? Certainement pas. Et sa hiérarchie se ferait un plaisir d’en faire un exemple très dissuasif.

L’attrapera, l’attrapera pas ?

Voilà. Qu’il y ait un malaise dans la Police, et des policiers favorables à LMPT à titre individuel, c’est certain. Mais cela n’engage à rien, et il ne faut certainement pas en conclure que « les flics sont avec nous ». Les agents, qui sont de braves gens (je n’en doute pas une seconde) ne sont ni pires ni meilleurs que vous et moi ; c’est bien pour ça qu’ils ne faut pas compter sur leur retournement.

Les témoignages touchant et les confessions larmoyantes, c’est fort beau. Mais enfin, face aux rebelles inexpérimentés que nous sommes, les larmes de crocodiles sont pour certains flics une manière rapide et économe de parvenir à leurs fins tout en se mettant les victimes dans leur poche – situation ô combien confortable ! Il faut redonner à ces belles déclarations leur véritable valeur, c’est-à-dire… aucune ! (particulièrement valable en cas de discours rapporté, et encore plus si c’est lu sur les réseaux sociaux) Si elles sont sincères, elle n’avancent à rien, et si elles ne le sont pas, on avait raison de se méfier. Après tout, ces agents « si nombreux », pourquoi ne se constituent-ils pas en syndicat ? (bon, sauf les gendarmes) Ils savent le faire quand la paye est mauvaise, ça n’est pas plus compliqué quand le boulot est immoral. Posez-leur la question. Je le fais souvent.

Ami veilleur, camarade manifestant, compagnon interpellé : de grâce, imprime-toi ça dans la tête :

  • Ton avocat est ton seul ami
  • Le policier n’est pas ton ami
  • Le policier n’est toujours pas ton ami
  • Tant que la paye tombera à la fin du mois, le sursaut éthique que tu espères n’aura pas lieu.

REMARQUE : La Table Ronde vous recommande vivement la lecture du communiqué des Avocats des Veilleurs (disponible ici). Bien qu’un peu long, il est particulièrement édifiant. Les plus pressés liront avec profit la seconde moitié du communiqué : c’est suite à ces témoignages inédits que nous avons décidé d’écrire cet article.
Ce communiqué vous donne également, à toute fin utile, de nombreuses recommandations à suivre à la lettre en cas de contact avec les forces de l’ordre, à quelque degré de que soit (discussion, contrôle, interpellation, GàV…) »

http://www.contre-info.com

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