Ce 9 juillet à Tallinn on prenait connaissance d'une protestation officielle de l'ambassadeur russe. Celui-ci n'accepte pas en effet que le ministre estonien de la défense mette sur le même pied les deux gouvernements totalitaires qui, après s'être alliés de 1939 à 1941, se sont partagé l'Est européen, l'Estonie étant occupée et annexée par l'URSS. Ils ne se sont trouvés en guerre qu'à partir du 22 juin 1941, date à partir de laquelle les communistes de toute l'Europe se sont ralliés à la résistance. Mais jusqu'à l'attaque hitlérienne, à laquelle il ne s'attendait pas et n'a aucunement préparé son pays, Staline s'est comporté en allié très loyal.
Les adeptes de la petite histoire retiendront peut-être que la date du 22 juin est chère à ce ministre Urmas Reinsalu puisqu'elle correspond à son propre anniversaire. On pourrait souligner aussi que, né à Tallinn en 1975, il était âgé de 15 ans quand les pays baltes ont arraché leur indépendance à l'empire soviétique. Ancien conseiller du chef de l'État il préside actuellement le parti ProPatria Respublica affilié aux conservateurs du parti populaire européen. On observera au besoin que la présidence tournante de l'Union européenne est assumée depuis le 1er juillet par les amis lituaniens.
Il apparaît que les cercles dirigeants et historiens officiels moscovites ne comprennent toujours pas que les Baltes, et quelques autres, sans s'attarder sur la "comparaison philosophique" entre les deux régimes totalitaires, ont considéré et considèrent encore que l'Union soviétique, qui les incorpora de force dans sa période d'alliance avec le Reich, n'était pas autre chose qu'un occupant.
Il est pour le moins troublant que ces cercles se montrent aussi sourcilleux pour défendre le passé le moins avouable de l'Union soviétique. Par comparaison, observons qu'on n'a jamais vu les porte-parole officiels allemands chercher à minimiser les crimes du gouvernement de Berlin des années 1933-1945. Or, lorsque j'ai publié les documents, les cartes, les faits relatifs à l'alliance Staline-Hitler (1)⇓ j'ai remarqué une hostilité absolue, et même une consigne de silence, de tous ceux pour qui, finalement, le "génial Staline" demeure une référence, ainsi que de la part de leurs divers obligés.
Mon livre met pourtant en évidence tout ce que ce régime et, en particulier, cette alliance a engendré de souffrances pour les peuples de l'Est européen, à commencer par les Russes. Ils voudraient nous convaincre que, dans certaines sphères, rien n'a changé, qu'ils ne s'y prendraient pas différemment.
JG Malliarakis http://www.insolent.fr/
Apostilles
- cf. "L'Alliance Staline Hitler (1939-1941)" comprenant l'intégralité des accords germano-soviétiques.⇑