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Lutte des classes

Il suffit de partir du 12e arrondissement pour se rendre dans le 7e avant de rejoindre le 18e pour constater les conséquences des inégalités sociales sur la beauté féminine. Il y a bien évidemment le facteur platement pragmatique de l'attirance féminine pour les ors et dorures et le goût des hommes riches pour les jolis objets, mais ceci ne joue finalement qu'un rôle d'appoint et est bien trop banal pour qu'on y revienne . Plus profonde est la façon dont la modestie sociale et la plus ou moins grande précarité économique abîment l'esthétique et le charme féminins. Mauvaise nourriture, maquillage bas de gamme, vêtement grossiers, métiers éprouvants, manque de soins dentaires... dans les HLM et les deux-pièces cuisine, les années comptent triple ou quadruple...

Et quand vient l'été, alors que les coquettes des rues bourgeoises affichent la rayonnante fraîcheur de leurs élégantes et suggestives tenues estivales, les filles à Bts et Cap se transforment en cagoles directement sorties des Marseillais à Cancun, toutes débordantes de leurs mini shorts fushia et exhibant des ongles de pieds peinturlurés agrippés à leurs tongs à paillettes.

Les nouvelles Fantines ne vendent plus leurs cheveux, elles les brûlent avec des colorations bon marché, elles ne négocient plus leurs dents mais les gâtent à coups de soda, d'alcool et de tabac (toutes choses vendues comme « libératrices », bien entendu). A défaut de bijoux et de parures, elles se couvrent le corps de tatouages qui affichent leur condition plus sûrement qu'un CV ou un prénom tiré d'une série américaine. Ce sont doublement des victimes, puisque, au lieu de se défendre et se consolider dans la simplicité, la pudeur et le naturel qui firent longtemps la dignité et la beauté des pauvres, elles se soumettent servilement, et même avec enthousiasme, à une propagande cosmético-vestimentaro-publicitaire qu'elles n'ont pas les moyens de suivre et dont elles ne peuvent incarner qu'une version caricaturale et grotesque les transformant peu à peu en mauvaises et piteuses copies des coruscants et clinquants épouvantails qu'on leur agite cyniquement sous le nez à longueurs de pages et d'écrans. Non contente de les maintenir dans la siccité économique, l'hyper-classe sa plaît à les humilier... On imagine sans difficulté la réunion des connards cokés en costumes Smalto ricanant à l'idée de la prochaine ridiculité qu'il vont parvenir à faire acheter en masse aux péquenaudes des bas quartiers... Ils ont déjà réussi à leur faire se mettre des os dans le nez, la porte de tous les possibles est donc largement ouverte.

On ne croise finalement pas moins de jolies filles dans les quartiers populaires mais ce sont des types de beauté dégradées, altérées, éreintées par une existence « low-cost », par les milles petites blessures et salissures qui constituent les journées des gens qui n'ont pas les moyens de ne s'occuper que d'eux-mêmes et pas le courage, ou les armes, pour rompre avec les modèles imposés par ceux qui l'ont.

Source: A moy que chault

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