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Une première : la justice française applique la Charia (2005)

La cour d'appel de Paris a ordonné l'inhumation d'Amar Bergham, donnant ainsi raison à sa veuve, et avalisant surtout la fatwa de la Ligue islamique du Nord, dont elle reprend les arguments sans la moindre réserve.
Amar Bergham est mort le 13 mai. Ses trois enfants voulaient incinérer son corps, conformément à ses dernières volontés. Mais sa veuve (qui n'est pas la mère des enfants et qui était en instance de divorce avec le défunt) refusait l'incinération, au motif que son mari était musulman. Ce à quoi les enfants répondent que leur père se proclamait athée. 
L'affaire a été portée devant la justice. En première instance, le tribunal a donné raison aux enfants. La veuve a fait appel, mais son recours a été jugé irrecevable. Elle a alors formé un pourvoi en cassation. La Cour de cassation a cassé la décision de la cour d'appel de Douai : celle-ci avait rejeté le recours en arguant du fait que les délais avaient été dépassés, or la seule raison pour laquelle l'appel n'avait pu être enregistré est que le greffe était fermé. L'affaire a donc été renvoyée devant la cour d'appel de Paris, qui a donné raison à la veuve.
L'arrêt est un modèle de justice islamique, comme on peut le constater en comparant ses attendus avec la fatwa de la Ligue islamique du Nord, produite par la veuve devant la justice, et appuyée par le témoignage de son président Amar Lasfar.
La fatwa disait ceci : « Seule une autorité judiciaire musulmane dans un pays musulman doit définir et vérifier les causes de l'apostasie d'une personne. » En effet, un musulman est réputé rester musulman, quels que soient ses propos et quelle que soit son attitude vis-à-vis de la religion.
Seul un tribunal islamique officiel, donc dans un pays musulman, peut constater l'apostasie, ce qui est une procédure exceptionnelle, car on juge là le pire des crimes. Procédure en tout état de cause impossible en ce qui concerne Amar Bergham, puisqu'il était français. 
Le maire de Lille Martine Aubry, le préfet du Nord et le procureur de Lille avaient pris la décision, malgré le jugement du tribunal et le rejet de l'appel, de «suspendre» l'incinération du défunt. La fatwa primait la justice française.
La cour d'appel de Paris va plus loin. Elle avalise la fatwa, et tout le droit islamique en la matière. En effet, tout en considérant qu'il « résulte des attestations produites qu'Amar Berghnm n'était pas un pratiquant régulier », elle estime que « rien ne permet d'affirmer qu'il avait entendu rompre tous liens avec ses traditions, l'absence de respect des obligations de l'Islam [avec un i majuscule] n'étant pas déterminante ». C'est exactement ce que dirait un tribunal islamique. De ce fait, M. Bergham n'ayant « pas fait le choix expressément et de manière certaine d'un mode de funérailles ayant un caractère irréversible, violent et contrairè à sa tradition », il convient d'ordonner l'inhumation de son corps.
Ainsi importe-t-il d'abord, pour la justice laïque française, de faire respecter «la tradition» auquel le défunt est supposé appartenir, et non ses dernières volontés contestées. On constate enfin que dans son élan de défense de l'islam, la cour d'appel de Paris condamne l'incinération comme un mode de funérailles «violent». Or ce qui est violent est par définition contraire à la loi. L'incinération serait-elle subrepticement devenue illégale ? Ou illégale seulement pour les musulmans ?
Yves DAOUDAL
National Hebdo : SEMAINE DU 23 AU 29 JUIN 2005

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