Jean-Michel Vernochet, journaliste -indépendant, politologue, écrivain, expert en questions internationales, est intervenu dans le cadre des XXle Universités d'été du Front National. Il nous livre ici une brève synthèse de sa conférence. Ses propos sont ceux d'un esprit libre.
Sarah Palin, bientôt peut-être vice-présidente des États-Unis derrière John Mc Cain, vient de proclamer : « La guerre contre la Russie pourrait constituer une option pour l'Otan ». Une telle annonce doit inspirer quelques réflexions.
Les commentateurs autorisés repoussent l'idée d'une Guerre froide recommencée et font semblant de ne pas entendre les déclarations qui se multiplient à Washington, présentant la Russie comme un État voyou au même titre que la Corée du Nord, le Soudan ou l'Iran... Comme si de tels propos ne résultaient que de l'émotion due à la gravité de la crise - notamment humanitaire : plus d'un millier de victimes - qui a frappé la Géorgie le 8 août.
Cette crise a été engendrée par une criminelle erreur d'appréciation du président géorgien Saakachvili, poussé volontairement à la faute par ses commanditaires américains, sans doute en vue de tester la capacité de réaction des forces russes face à une éventuelle offensive contre l'Iran qui prendrait au Nord la Géorgie comme point d'appui. Mais l'aventure a au final fort mal tourné.
La Russie, jugée a priori trop faible pour soutenir les indépendantistes ossètes en cas d'intervention géorgienne et continuellement discréditée par les basses œuvres médiatiques, a pourtant démontré qu'elle pouvait agir et réagir sans délais alors même que M. Poutine, chef du gouvernement russe, assistait à Pékin à l'ouverture des jeux d'été. La rapidité et la détermination de la réponse russe ont marqué son retour en puissance sur la scène internationale.
Le thermomètre de la tension internationale n'a depuis fait que monter, après que l'intervention de Saakachvili a créé l'irréparable. Dans le prolongement de la crise caucasienne, le président bolivien Moralès, puis son homologue vénézuélien Chavez étroitement liés avec Moscou, viennent de déclarer persona non grata les ambassadeurs américains et les ont renvoyés à Washington. Chavez menaçant en outre les É-U d'interrompre ses approvisionnements pétroliers - certes uniquement en cas de conflit -. Il crée ici les conditions d'un quasi casus belli... Car en jetant dans la balance les intérêts vitaux des É-U (à l'heure actuelle ce sont 1,5 million de barils vénézuéliens qui partent chaque jour vers les É-U soit 15% environ de ses importations), et même si l'on désamorce les propos de Chavez en parlant de rodomontades, celui-ci profère stricto sensu une menace insupportable pour la sécurité des É-U... Un défi équivalent à celui de l'Iran menaçant de fermer le détroit d'Ormuz en cas d'attaque américaine ou israélienne de ses installations nucléaires.
Pourtant les É-U ne réagiront pas, au moins dans l'immédiat. Enlisés dans les affaires d'Irak et d'Afghanistan, économiquement déstabilisés par le krach bancaire de Lehman Brothers, engagés dans le dernier « quart d'heure » de l'élection présidentielle, ils doivent encaisser ces camouflets. Il est donc assuré que le sommet de l'Otan qui s'ouvre dans la capitale géorgienne Tblissi, ne peut qu'amorcer une décrue à la crise.
Mais comme dans tout séisme majeur, nous devons maintenant nous attendre à des répliques qui nécessairement surviendront...
Jean-Michel Vernochet Au Front septembre 2008
http://vernochet.blogspot.com
CRISE DU CAUCASE - Une menace pour la stabilité internationale ? (arch 2008)
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