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"Impostures intellectuelles"

Vivement septembre. Je n’apprécie guère les périodes de l’année, vacance ou fête, durant lesquelles se trouvent mise entre parenthèse les passions et autres centres d’intérêt. Dès lors où l’on est vraiment passionné, c'est-à-dire qu’au sens philosophique on subit, il n’y a pas de pause acceptable ni d’ailleurs possible. Je m’amuse donc de voir autrui, soi-disant passionné, mettre entre parenthèse sa passion au simple motif d’un soleil radieux. Septembre, ce sera donc la sortie d’un état second, et le retour aux tristes réalités du monde contemporain qui se traduiront probablement par une rentrée sociale dont je pense que le gouvernement n’en sortira pas indemne.
Bien peu à exprimer, tout au moins en politique intérieure (En Egypte, en revanche, ça chauffe !), en cette fin de semaine si ce n’est peut être le décès de Jacques Vergès dont on pourra penser ce que l’on voudra mais dont on remarquera la constance dans les idées – c’est un anti-système – et les capacités hors normes dans le cadre de l’exercice de sa profession qui ont fait de lui l’un des tous premiers.
C’est un entretien avec Jean Baubérot, publié par le site 20minutes (1) qui a surtout retenu mon attention. Il ne s’agit pas de remettre en cause la valeur intellectuelle de l’homme qui est certaine puisque dans son domaine d’investigation initial, il est probablement le meilleur, mais de s’interroger sur la prise de position qui est la sienne.
On sait que le Haut Conseil à l'Intégration (Hci), sachant qu’il a prôné dans le cadre d’un rapport l'interdiction du foulard islamique dans l'enseignement supérieur, a été mis en cause. Et Jean Baubérot de se joindre à la liste de ses détracteurs.
Je tiens ici à faire remarquer au lectorat qu’une personnalité, quand bien même disposant de grandes aptitudes dans son domaine d’investissement intellectuel, ne devrait plus avoir la moindre aura dès lors où elle s’exprime sur un autre sujet. C’est une des caractéristiques justement de la postmodernité que d’interroger une personnalité hors du champ de ses compétences. Et par exemple, d’interroger sportifs et artistes sur des sujets qui n’ont pas trait au sport, comme par exemple la politique ou la diplomatie, dans lesquelles à l’évidence, ils n’ont aucune compétence. Même dans le champ intellectuel, le fait a été mis en exergue par un ouvrage publié voici une quinzaine d’années (2), fustigeant les « impostures intellectuelles ».
Là où on peut le brillant universitaire, c’est sur le fait que la laïcité en France est sélective, et il ne trompe pas lorsqu’il affirme :
« Il existe en France une laïcité à deux vitesses. On paie avec nos impôts les prêtres, pasteurs et rabbins d’Alsace-Lorraine, on respecte les jours chômés des fêtes catholiques… La laïcité devient un cache-sexe pour dissimuler l’islamophobie. Le HCI n’a d’ailleurs rien dit à propos de l’Alsace-Lorraine , il ne tape que sur l’islam. »
L’analyse s’avère ici partiale parce que partielle. Pourquoi ne pas évoquer la construction des mosquées avec de l’argent républicain, c'est-à-dire justement laïc ? Qu’a-t-on à faire des recommandations du Hci que la plupart des Français méconnaissent alors que les hommes politiques qui sont eux – malheureusement – écoutés, célèbrent l’islam nonobstant la laïcité ? C’est quand même l’actuel président de la république qui, à peine élu, a jugé bon de souhaiter un bon ramadan au musulmans français. Laïcité ? Socialisme ? Il faut avoir lu l’entretien accordé par Alexandre Douguine (3) pour être conforté dans l’idée qu’en effet « Les forces radicales dans l’islam servent les intérêts des Américains ». Et qu’en matière de géostratégie, la France depuis belle lurette, n’est qu’un valet des yankees. Pourquoi ne pas aussi évoquer la Turquie, pays à la fois musulman, mais autrement plus laïc que le nôtre ?
De façon similaire, lorsque Jean Baubérot déclare qu’ « Une extension de l’interdiction du voile islamique à l’université serait très dangereuse. Parce que de nombreux étudiants et étudiantes ne mettraient plus les pieds à la faculté. Ce qui favoriserait l’ignorance. », il oublie que dans le cadre islamiste, le savoir est placé bien en deça de la religion et se trouve mis à son service. Quid du prosélytisme ? Quid de la mise au ban de certaines disciplines ou de certaines théories scientifiques au motif que l’islam les rejette ?
L’argumentation de type humaniste et/ou progressiste ne tient pas. Cela me rappelle l’histoire des prêtres-ouvriers investis dans l’industrie afin de christianiser le prolétariat : ce dernier n’est pas devenu chrétien mais en revanche ces prêtres, bien souvent, ont été convertis au marxisme. Je crains qu’il n’en soit de même pour la laïcisation de l’islam. Elle ne fonctionnera pas mais cependant et malheureusement, nous obtiendrons le résultat contraire : l’islamisation progressive de l’université, tolérante dans un premier temps, puis oppressive par la suite.

Childéric Fonteney http://www.voxnr.com/cc/politique/EFZylElkFZkatoHSpO.shtml

Notes :

1) http://www.20minutes.fr/societe/1207497-20130806-jean-bauberot-la-laicite-devient-cache-sexe-dissimuler-lislamophobie
(2) Impostures intellectuelles, Alan Sokal, Jean Bricmont, Odile Jacob
(3) « Les forces radicales dans l’islam servent les intérêts des Américains » : http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFZyVFklkkIbIscPJK.shtml

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