« L’Angleterre est en système habituel, je dirais presque naturel de guerre, ou du moins d’opposition, avec tous les peuples du monde, et le repos ne peut être pour elle qu’un état forcé et accidentel. »
Bonald
Un commentaire récent d’un lecteur âgé de 91 ans, ancien soldat de la Deuxième Guerre Mondiale, et que je salue ici (alors que je trouve les commentaires trop souvent à côté de la plaque, je le dis comme je le pense - avec le temps), souligne les aléas sordides de ladite guerre et ses tromperies. Le lecteur évoque l’affaire scandaleuse de Dakar en rappelant que peut-être l’or français y était, et que les Anglais le voulaient à tout prix, c’est le cas de le dire, sentant sans doute qu’ils allaient sous peu être ruinés par les Américains dans le cadre de la grande croisade pour les démocraties, croisade coûteuse dont nous ne sortirons jamais avant mille ans sinon fort endettés et embêtés. Sur ces fâcheux et éternellement reproductibles événements de Juin 40, nul ne nous a aussi bien verbalisés que Céline en 37 :
« Nous serons déjà tous asticots quand débarqueront dans les Flandres les premiers invertis d’Oxford. »
Mon lecteur souligne la trahison britannique à Dunkerque, l’inféodation de la France à Albion depuis 1815 - 1830 exactement -, l’inutilité absolue de cette guerre qu’Hitler ne voulait qu’à l’Est où, cela tombait bien, on avait droit à un monstre pire que lui et Tamerlan réunis. Mais c’était compter sans l’Angleterre et sa conspiration démocratique - voyez le groupe Focus. On prit donc soin en France de se prendre une énième raclée avec l’Allemagne (comme aujourd’hui avec l’euro) au nom d’une Pologne qui, outre sa législation antisémite, avait tout de même reçu des offres d’échange territorial de la part des nazis et avait surtout accepté de se partager avec les autres vautours les dépouilles de la Tchécoslovaquie en 1938 - Tchécoslovaquie créée comme la Yougoslavie par les irréels traités wilsoniens avec les résultats que l’on sait. Ce pays très moral, la Pologne donc, un peu trop sûr de lui et de l’alliance anglaise, fut aussi occupé par l’URSS qui extermina ses élites à Katyn (les maîtres-chanteurs de Nuremberg en accusèrent les Allemands), tout en massacrant les cadres des petites républiques baltes, mais à l’URSS personne chez les bons alliés anglo-saxons ne se proposa de déclarer la guerre. Staline put envahir, tuer, saccager, piller, violer avec la bénédiction de la démocratie occidentale trop occupée ailleurs. Le tsarisme fut toujours abhorré, le communisme sous sa forme la plus rogue adoré à l’Ouest, on est comme ça, on ne se refera pas. Le bolchevisme et ses crimes de masse, l’oncle Joe et ses vingt millions de morts, l’oncle Joe et son Holodomor ukrainien (je sais, je sais, c’est la propagande de Goebbels...) devenait un prodige de la vie démocratique et post-démocratique. Née sur les échafauds des rois anglais et français, sur les cadavres des Irlandais de Cromwell et des Vendéens, née de la barbarie mathématique et quantitative du monde postchrétien, la démocratie qui aujourd’hui professe la liquidation des nations blanches, des sexes et des familles, ne m’aura il est vrai jamais déçu, que ce soit sous son aspect rond-de-cuir, sans-culotte ou commissaire politique. Car le rond-de-cuir, a dit Cochin, est successeur du sans-culotte. Un lynchage une élection : voyez la Libye. Une élection, une trahison. Et quand vous vous plaignez, conspiration !
Mon lecteur pense qu’il est impossible de savoir ce qu’il y avait à Dakar dans un livre d’histoire français. Je n’en lis jamais, de livre d’histoire en français, donc je ne peux pas lui répondre. Mais de l’or, je sais qu’il y en avait.
Il se trouve que dans son livre sur la guerre de Churchill publié il y a longtemps déjà et téléchargeable gratuitement sur son exceptionnel site, David Irving évoque cette histoire ; qu’il souligne la dégoûtante tentative de vol churchillien et la patriotique participation des gaullistes (on comprend pourquoi ils étaient si peu nombreux...) qui se heurtèrent à une résistance rageuse des soldats présents à Dakar et déjà révoltés (comme une partie de l’amirauté britannique !) par le massacre de Mers-El-Kébir (Churchill tua nos deux mille marins comme il bombarda nos villes et tua 70 000 civils mais c’est un allié démocrate, alors il pouvait se le permettre). L’Angleterre du grand libérateur du continent (Hitler aussi lorsqu’il attaque l’URSS se présenta un temps en libérateur, et Staline ou Mao à peu près tout le temps) désirait aussi voler l’or des Belges et des Polonais. L’Angleterre avait déjà volé l’or des Baltes et des Tchèques, avant à son tour de se faire voler tout son or par le vénérable Roosevelt. Irving rappelle au passage une chose : Vichy n’est pas le jouet des nazis, Vichy la dilettante passe l’éponge sur Mers-El-Kébir et marche main dans la main avec les puissances anglo-saxonnes. Irving rappelle ce qu’il en coûtera plus tard à Pétain, Darlan et Huntzinger, et on ne les plaindra pas. Vichy aura été méprisable de bout en bout et méritera son destin d’infamie.
En 1939 l’Angleterre nous envoie donc comme d’habitude - pourquoi se gêner ? - nous faire « crever la poitrine tout en mandant la note pour la chemise trouée » (Bernanos). Mais il y a les fables de la Fontaine, plus utiles que nos historiens hexagonaux, et Churchill trouva un Grippeminaud plus gourmand et mieux fourré que lui : Roosevelt, qui ne savait que faire de douze millions de chômeurs (et réélu quand même !) et buvait du petit laid devant la deuxième guerre européenne qu’il avait aidée à déclencher. David Irving précise très bien que pour entrer dans cette guerre dans laquelle il voyait avec un grand sourire une liquidation de l’Europe, Roosevelt voulait essentiellement trois belles choses :
- L’anéantissement de l’Allemagne par le rêve - dès 41 - de la castration chimique, l’application dès 45 de l’extermination physique de sa population (famine organisée, camps de prisonniers, plan Morgenthau appliqué au moins jusqu’en 48 par le preux Truman, etc.), dont l’avocat canadien James Bacque a horriblement rendu compte dans ses livres sur les "autres pertes", celles de l’ennemi vaincu, dont on ne parle jamais (pensez aux deux millions de Vietnamiens morts sous les bombes au nom d’une ubuesque et déplacée lutte contre le communisme par exemple). Bacque est pourtant un modéré, un de ces Canadiens qui ont eu un beau comportement - peut-être un peu trop soumis aux British, non ? - pendant toute cette guerre (je pense à l’étonnant ministre McKenzie King, à Beaverbrook, etc.). Cette destruction généralisée fut une fioriture de plus à mettre à l’actif de Churchill, ancien antisémite politique, ancien adorateur du Duce, raciste dilettante et butor bombardier, grand responsable de la ruine totale de son pays, de l’effondrement de l’empire et de l’Europe, du dérapage final de cette guerre en monstruosité humanitaire et de l’invasion soviétique de notre continent puis de l’avènement de la décolonisation et du communisme en Chine. Mais quand on aime la guerre et la démocratie, on ne compte pas, ni les blocus ni les bombes, n’est-il pas vrai ? Tête de mule (bullheadedness) ! Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Joe Kennedy, le père du futur accidenté de la route démocratique, alors ambassadeur à Londres, et qui voit que Churchill aime la guerre comme une affaire à suivre propre à sauver sa laborieuse carrière. Il voit surtout que le contrôle churchillien sur les médias est total : on est bien en démocratie. Car comme on sait, en démocratie, on fait confiance à ses journaux, à sa radio : ils sont démocrates comme le gouvernement, alors va pour le gaz sarin, le gaz hilarant surtout et le lynchage de Kadhafi : on est là pour montrer l’exemple !!!
- Roosevelt veut surtout en bon démocrate mondialisé la ruine de l’Europe, de l’Angleterre, de la France et la fin de leurs empires coloniaux. Il a pris son temps pour entrer en guerre, voulant affaiblir l’Angleterre un peu plus, et confisquer toutes ses colonies et ses richesses. John Bull finit ainsi la guerre "bare stripped" et furieux contre Churchill (10 % dans les sondages !) qu’il abandonne dès 45 pour les sirènes rouges des travaillistes ; son stoïcisme coutumier et son aveugle soumission à ses élites ne lui auront en rien servi. Le prix du légendaire flegme.
Roosevelt confirme qu’Hitler était certainement une meilleure affaire pour l’Angleterre puisque le 16 juillet 40 le trop anglophile tyran propose un partage du monde à l’empire britannique, qu’il croit encore vivifié par l’esprit de Kipling (par ailleurs auteur d’un colossal poème antisémite mis sous le boisseau par Churchill) ; mais l’Angleterre préfère la guerre d’anéantissement et la fin de l’Histoire. Mais Roosevelt est là qui exploite le bellicisme ultra, la germanophobie, l’humanisme agreste (il voudra que la population germanique baisse de trente millions en 45) et surtout la sidérante naïveté de Churchill qui fera comme s’il n’avait pas vu venir le rapace yankee.
- La puissance de la Russie soviétique, qu’il veut renforcer à n’importe quel prix pour l’Europe. Roosevelt annonce très bien nos élites hostiles (voir ce qu’il a fait de ses paysans blancs pendant son passage aux affaires, de 34 à 40) qui renforcent le communisme comme notre islamisme. Il le dit tel quel, pourquoi ne pas le croire ? La montée du communisme à cette époque dans les élites anglo-saxonnes n’est une surprise pour personne, même si nous savons tous que le maccarthysme correspond pour l’Amérique aux heures les plus sombres de l’histoire de notre pauvre France à nous ! Quand on résiste, cela donne Patton. En 45, Patton ne veut ni de la paix avec la Russie ni de la famine en Allemagne ; il est viré et puis victime d’un fameux double accident de camion (dans la même journée, il fallait le faire !) avant d’être retrouvé mort dans son lit d’hôpital d’où il envoya un message désespéré à sa femme (- ils vont me tuer !). Il restait aux Allemands abattus et naïfs à leur tour à perdre environ quatre millions des leurs dans les camps de prisonniers polonais (1250 camps en Pologne à la fin de 1945 et cinq millions d’expulsés, lisez John Sachs et son remarquable "Eye for Eye"), français, américains, russes. Ce fut chose faite peu après. Les Allemands estimant leur punition méritée et donc ne se plaignant pas (sauf Adenauer dans ses mémoires !!!), on ne se montrera pas plus royaliste que le roi. Mais aujourd’hui que la Russie n’est plus une dictature communiste et qu’elle n’a plus le programme impérial stalinien ou mao-rooseveltien, elle redevient comme par enchantement l’homme à abattre du temps des tzars. Quand donc l’homo democraticus sera moins bête ? je suis trop vieux pour le dire maintenant. Il doit se charger de la Syrie puis de l’Iran, du Yémen libre, de toute la liste. On enverra des drones et des juges androïdes jugeront les victimes vitrifiées.
Personne ne va excuser les Allemands pour leurs crimes et pour leur inconduite. Hitler a ses lubies lunaires sur les oranges en Crimée, sur les sous-hommes Juifs et Slaves, et des dadas sur les Saxons. On parle souvent des crimes d’Hitler, pas de ses erreurs ; or ce sont ses erreurs (l’Angleterre, Mussolini, la Russie, l’aviation) qui lui ont fait perdre la guerre, pas ses crimes. Mais je répète : les chefs nazis ne veulent pas de la guerre contre l’Angleterre, et l’exigence churchillienne fera soixante millions de morts et nous créera le monde cauchemardesque, post-français ou post-humain dans lequel nous émargeons au quotidien en 45. Nous ne sommes plus rien et nous serons bientôt moins que rien. L’Angleterre a tué cinquante fois plus d’hommes, de femmes ou bien d’enfants que l’Allemagne sous ses bombardements inutiles (85 % du potentiel industriel est intact en 45 en attendant l’établissement de l’esclavage, le démontage d’usines et les vols de patentes) et elle a immédiatement assisté Staline en 41, pour après la guerre avoir le culot de dénoncer le rideau de fer et préparé une guerre froide interminable, encore renforcée à la chute du mur (OTAN, suspends ton vol !) et empêchant pour une période indéterminée la construction de l’Europe. Bien entendu tous les oligarques sont allés vivre à Londres après avoir pillé "leur" chère terre russe. Sur la dimension méphitique de la métropole londonienne, je recommande les journaux de voyages de Dostoïevski et de mon cher Théophile Gautier. C’est Baal et Babylone à chaque page, vers 1860.
Pour ce qui est de l’or que des malandrins et autres banksters ont fait baisser récemment sans même en posséder (lisez le courageux et compétent Paul Craig Roberts à ce sujet), je rappelle que Roosevelt en avait interdit la possession en Amérique pendant son lamentable New Deal qui ruina dix fois son pays ; et qu’il s’empara de tout l’or qui traînait alors dans notre pauvre monde, de provenance anglaise ou autre. A l’heure où Mme Lagarde parle de dettes de niveau de guerre, fruits de la guerre de l’euro, je fais juste ce petit rappel, qu’il vaudrait mieux avoir de l’or ; mais gare aux gabelous dans le futur proche. Ils ne prendront pas plus de gants que la Royal Navy. On n’en a pas fini avec les élites hostiles qui sont la marque de l’époque démocratique (à quelques exceptions près, citées plus haut, et canadiennes !).
Concluons :
« The great majority are rarely capable of thinking independently. »
C’est Hayek qui le disait dans sa route de la servitude, qui est un peu la route de l’histoire humaine (plus que celle du "totalitarisme"). Hayek ajoute une autre vérité que Churchill pouvait mieux méditer en pseudo-libéral qu’il était. Voyez sa prose :
« The war economy created in Germany in 19 14 is the first realisation of a socialist society. »
En 45, le monde entier est communiste, à des degrés divers.
En réalité tous les mouvements politiques modernes ont été d’essence démocratique. Churchill, Roosevelt, Staline en Russie restent d’ailleurs les idoles des foules, laissant à Hitler l’aura luciférienne des aubes dorées à venir. Seul le culte du général de Gaulle se fait plus discret. C’est la mécanisation de la mémoire.
Bernanos disait lui que la France avait déjà assez eu à payer pour la démocratie. C’était dans "La France contre les robots", son plus beau pamphlet qui célèbre notre France d’avant 89, élite de l’univers. Je le pense aussi.
Quant à ceux qui vont m’accuser de me faire l’avocat des diables et le pourfendeur de nos vertueuses démocraties, je hausse les épaules et leur recommanderai ce propos de l’illustre Robert Mc Namara, bombardier en chef en Allemagne et au Vietnam, dans the Fog of War, documentaire fabuleux passé sous silence en France en 2004 : « Si nous avions été vaincus, c’est nous qui aurions été pendus pour crimes de guerre. »
Shocking ! En tout cas merci cher lecteur, de m’avoir permis de faire mon abstruse mais nécessaire mise au point.
Toute sa vie, il a fait des affaires avec le diable.
C’est la méchanceté et l’alcool qui le conservent.
De Gaulle (sur Churchill)
Nicolas Bonnal http://www.france-courtoise.info/?p=1484#suite