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L'échec de la mondialisation et du mondialisme

La mondialisation se comprend comme l'ouverture des économies des états du monde, jusqu'à former une forme d'économie à peu près unifiée, ou du moins étroitement communicante d'un point à l'autre de la planète. Les marchés mondialisés seraient les plus efficaces possibles, c'est-à-dire proposant les prix les moins chers possibles pour l'ensemble de l'humanité, qui y gagnerait. Telle est la théorie du libre-échange, doublée de la complète mobilité des moyens de production - qui aboutissent aux fameuses délocalisations frappant depuis quelques décennies l'Europe -, étendue au monde entier dans le cadre de l'OMC - Organisation Mondiale du Commerce - , qui s'applique à tous les États, membres ou non. En pratique, le système ne fonctionne pas, ou fort mal, même si les marchandises circulent en des volumes toujours croissants, flux réels doublés plusieurs fois par des flux financiers, pour l'essentiel purement spéculatifs. Tous les États ou groupes d’États associés trichent plus ou moins, en suivant le plus souvent des clauses légales pour l'OMC, mais en multipliant leur usage au point de fausser l'esprit général, car l'avantage le plus évident consiste à exporter au maximum, profiter de l'ouverture de l'autre, et importer au minimum, en se fermant plus ou moins de facto. On en arrive ainsi au protectionnisme, qui, s'il était pratiqué par tous, ralentirait considérablement le volume des échanges au niveau mondial. Ce ne serait pas en soi un mal, cela éviterait probablement des volumes considérables de gaspillage et de consommation d'énergie pour les transports, et permettrait à chaque État de veiller au mieux à ses intérêts. Les seuls États qui ne peuvent absolument pas se passer du libre-échange sont assez artificiels le plus souvent, ou des micro-États, comme Singapour, Monaco, les nombreuses îles-États des Caraïbes ou du Pacifique... Les plus grands États, comme dans une certaine mesure les États-Unis ou le Japon, très nettement la Chine ou l'Inde, entendent imposer un libre-échange effectif aux autres Nations, tout en protégeant souvent leurs propres marchés, particulièrement ceux réputés stratégiques - du textile indien aux terres rares chinoises -. L'OMC a désigné quelques boucs-émissaires, jugés à la fois significatifs et pas assez puissants à l'échelle mondiale : le plus célèbre est l'ensemble de mesures protectionnistes de l'industrie nationale adoptée en Argentine par la présidente néopéroniste Kirchner, à la politique économique souvent discutable, à la politique sociétale détestable, mais sur ce point précis elle a raison.
Il existe un vaste ensemble politique qui applique honnêtement les règles de l'OMC, seul au monde, ce qui aboutit donc à un désastre - puisque tous trichent sauf lui -, l'Union Européenne. Pour défendre, en principe, les intérêts de l'Union, à défaut des États constituants qui ont renoncé par les traités successifs à toute politique autonome, il existe un quasi-gouvernement de fait, la Commission Européenne : or, elle a pour habitude de sacrifier systématiquement les intérêts européens, en œuvrant en particulier à la destruction de tout le secteur productif - agricole et industriel -, rêvant d'une mythique économie dématérialisée, ne polluant pour le coup plus du tout faute de production ; l'homme n'étant pas pur esprit, on perçoit immédiatement l'absurdité de la chose. Les négociateurs officiels de l'OMC ou des Nations étrangères, en particulier les États-uniens ou les Chinois, sont d'ailleurs surpris de ce bradage systématique alors qu'ils sont entraînés pour des conflits commerciaux durs. En ce moment, la Commission est en train de céder sur toutes les barrières invoquées jusque-là pour des raisons sanitaires, le plus souvent valables, au sujet des importations alimentaires américaines - bœuf aux hormones, poulet au chlore, maïs-OGM -, et ne se montre en apparence ferme que sur un détail face à la totalité de nos marchés envahis, celui des panneaux solaires, dont ceux importés de Chine ont tué leurs concurrents européens par un clair dumping - vente à perte pour éliminer la concurrence, procédé évidemment interdit -. L’euro, qui se situe à un niveau trop élevé, ou les règlements coûteux ajoutés - comme les fameuses « taxes carbones » que seules ou quasiment les entreprises européennes paient -, ajoutent aux handicaps. Il reste, il est vrai, dans certains secteurs, comme le textile, le coût de la main d'œuvre et des charges sociales ; mais il ne faut pas considérer les travailleurs européens trop payés ou l'assurance sociale pour les autochtones trop généreuse, il faut d'autant plus protéger l'économie par des barrières douanières au nom de « normes sociales et environnementales », paradoxalement en théorie admissibles par l'idéologie dominante. Or, les pays d'Europe du Sud, du Portugal à la Grèce, en passant par l'Espagne et l'Italie, organisent l'effondrement du niveau des salaires pour retrouver en compétitivité : ce n'est qu'un cercle vicieux qui accroît la pauvreté générale et n'atteindra jamais en bas le niveau de misère humaine de bien des pays d'Asie ou d'Afrique. Le prétendu modèle allemand n'en est pas un : il se caractérise par 7 millions de travailleurs très précaires, gagnant quelques centaines d'euros par mois, une croissance en 2013 à moins de 1 %, donc tout sauf une réussite à imiter, même si la structure économique ultra-rhénane comprend des éléments plus sains qu'en France, dont une base industrielle spécialisée dans le haut de gamme largement préservée.
Bruxelles veut 100 À 200 millions d'immigrés en plus d'ici 2050 en Europe !
La Commission Européenne pousse aussi à un immigrationnisme forcené, souhaitant, d'accord avec les conseils des "experts" de l'ONU, l'entrée de dizaines de millions d'allochtones sur le territoire de l'Union pour les décennies à venir, dans ses idéaux de 100 à 200 millions d'ici 2050, dont 10% pour la France... Le pire est que sur ce point, l'objectif de la Commission risquerait d'être atteint. Le tout en plein accord d'ailleurs avec le Parlement européen, hémicycle de névrosés dans leur monde à eux, persuadés de représenter une Nation européenne imaginaire. La France devrait vraiment quitter d'urgence ce syndicat de destruction du Vieux Continent qu'est l'Union Européenne. À ce degré de folie collective à Bruxelles, cette obstination sur des décennies, il y a lieu de croire que les actions sont délibérées, bien au-delà de l'incompétence de telle ou telle équipe ; on observe nettement la volonté de réaliser une utopie maçonnique, et cela malgré l'échec total évident.
La mondialisation détruit donc l'économie de l'Union Européenne. Toutefois les autres États en profiteraient-ils vraiment, c'est-à-dire avec un total d'avantages clairement supérieur aux inconvénients ? Il est probable que non, comme en témoignent les très récentes fluctuations, monétaires d'importance, avec des conséquences sur les entreprises et consommateurs des pays concernés. En cet été 2013, la Réserve Fédérale Américaine, la Banque Centrale des seuls États-Unis, a envisagé de remonter de manière significative les taux d'intérêt aux États-Unis, extrêmement bas, sinon négatifs en termes réels depuis de nombreuses années. Constatons qu'il ne s'agit que d'une possibilité, pas d'un programme certain, et d'une ampleur impossible a fortiori à chiffrer, même s'il y a lieu de croire en fait la hausse éventuelle prudente, progressive et modérée - suivant la tradition désormais établie de la Réserve Fédérale -. Or, les conséquences ont été très importantes de par le monde : les monnaies de pays très significatifs, comme l'Inde ou le Brésil s'effondrent - plus de 30 % pour la roupie de la Nouvelle-Delhi -, suivies par celle de la plupart des pays dits "émergents". Il en résulte une perturbation immédiate des marchés locaux avec une hausse importante des prix des produits importés - répercutant, voire davantage, les variations des changes -, en particulier des carburants importés, subie par les consommateurs locaux ; le phénomène toujours pénible, peut en outre devenir dramatique à l'occasion, pour la nourriture, ou des médicaments par exemple ; à terme, la baisse de la valeur internationale de la monnaie favorise certes les entreprises nationales, avec un temps nécessaire de réaction, contrairement à la hausse des prix, immédiate. Surtout, l'instabilité structurelle perturbe gravement les acteurs économiques : la fameuse remontée des taux américains peut être non significative, et les parités monétaires atteintes se stabiliser, repartir en sens inverse, ou en cas de remontée significative, continuer dans le sens de la réévaluation du dollar, par ailleurs trop faible face aux autres grandes monnaies de référence, dont l'euro, depuis deux décennies.
Face à ces perturbations connues, depuis des années, en prétendant les corriger ou les annuler, se développe l'idéologie mondialiste : elle soutient la nécessité d'une direction centralisée de la mondialisation, pour un contrôle contraignant par institutions existantes, autour de l’ONU, comme dans les années 1920-30 son précurseur direct la SDN, et ses multiples organisations-satellites, dont l’UNESCO, qui prétend promouvoir une culture mondialisée, siégeant à Paris, ou l'OMS, Organisation Mondiale de la Santé, qui organisent le militantisme dans cette direction. Les institutions économiques internationales, l'OMC, la Banque Mondiale, le FMI (Fonds Monétaire International), aux prêts léonins, devraient contribuer à une croissance et un développement économique mondiaux harmonieux. Il faut constater l'échec. Ce mondialisme entend s'accompagner d'un bras armé. Il en est de deux types. Le premier type, pour les conflits de basse intensité, est composé des « casques bleus », avec des contributions théoriques des armées de tous les États membres de FONU, en pratique surtout des pays les plus pauvres disposant d'armées relativement importantes et professionnelles, qui se spécialisent comme mercenaires de la prétendue communauté internationale, comme les Iles Fidji, le Népal, le Bangladesh, l'Inde, le Pakistan, le Nigeria. Le second type pour des conflits de haute intensité correspond au recours au « gendarme dû monde », les États-Unis. Le sommet de popularité, toujours relatif, de cette théorie du recours à la guerre pour le bien supérieur du monde et de toutes les populations, y compris du pays visé, avait eu lieu il y a dix ans avec l'invasion de l'Irak, qui aurait été suivie de celles de l'Iran et de la Syrie, annulées pour cause de désastre en Irak. Elle s'appuie sur le point de vue optimiste de l'homme universel de la philosophie des droits de l'homme du XVIIIe siècle, d'essence maçonnique, qui serait universellement semblable, aux aspirations identiques. Or, ce n'est pas le cas : le monde arabo-musulman en particulier raisonne encore aujourd'hui de manière différente des libéraux occidentaux ; il aspire à un gouvernement "moral", selon les critères de l'Arabie du VIIe siècle, avec une infinité de nuances très significatives, beaucoup d'hypocrisie, mais s'oppose certainement à l'hédonisme occidental, repoussoir absolu. Ce qu'il y a d'universel, en l'homme, ce sont ses vices, et l'on trouve certainement des corrompus dans le monde entier, du Maroc à la Chine ou au Brésil. Par contre, une diffusion de ces règles onusiennes s'accomplit malgré des résistances passées ou présentes dans l'Amérique latine, partiellement dans le Sud-Est asiatique, avec un très fort mélange des cultures locales en Indonésie, en Malaisie, en Thaïlande, désormais en Birmanie aussi.
Scipion de Salm. RIVAROL 5 septembre 2013

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