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L’Histoire falsifiée, mais libérée

Le Musée de l’’Ordre de la Libération vient enfin, suite à nos pressantes interventions (1), de déposer l’’important placard gravé du faux appel du 18 juin qui était apposé depuis des années à l’’entrée de ses locaux, dans l’’enceinte des Invalides. Il reconnaît ainsi, de facto, une falsification que Charles De Gaulle avait lui-même dénoncée quand il écrivait, le 23 juillet 1955, à Olivier Guichard : « Si l’on donne pour l’’appel du 18 juin une allocution postérieure, je ne l’’admets pas d’avantage » (2). L’’affaire justifie que l’’on en fasse un bref historique.
Sous deux drapeaux tricolores entrecroisés, le titre A TOUS LES FRANÇAIS précède les mots connus : « La France a perdu une bataille ! Mais la France n’’a pas perdu la guerre ! ». Le texte qui suit porte la date du 18 juin 1940 et la signature du général De Gaulle à son Quartier général, 4 Carlton Gardens, London, S.W.1.
Ces mentions, date et adresse, contrefont l’’Histoire. En effet,
–- s’’agissant de l’’adresse, Charles De Gaulle, arrivé à Londres le 17 juin 1940, n’’était pas installé le lendemain à Carlton Gardens. Il le note dans ses Mémoires de guerre : « Nous travaillions, mes collaborateurs et moi, à St Stephens House, sur l’’embankment de la Tamise, dans un appartement meublé de quelques tables et chaises. Par la suite, l’’administration anglaise mit à notre disposition, à Carlton Gardens, un immeuble plus commode où s’’installa notre siège principal ».
Philippe De Gaulle confirme que cette installation eut lieu le 24 juillet 1940 (in De Gaulle, mon Père, Plon, tome 1, p. 103).
-– s’’agissant de la date, la mention 18 juin 1940 trompe le lecteur, en lui faisant croire que le texte placardé est celui de l’’appel authentique. Et ce, d’’autant que celui-ci ne faisait l’’objet d’’aucune affiche murale, bien que, dans le premier tome de ses Mémoires, Charles De Gaulle le cite à la première page des documents en annexe, sans faire la moindre allusion au texte du placard incriminé dont il dénoncera – dans sa lettre à Olivier Guichard – le caractère apocryphe. Car ce texte est celui de l’’affiche qui fut placardée en Angleterre, au cours du week-end du 3 août 1940 (3). Le premier numéro du Bulletin officiel des Forces Françaises Libres, daté du 15 août 1940, le reproduit aux côtés du texte de l’’authentique appel du 18 juin (4).
Ce qu’’écrivait le colonel Rémy
Ces faits sont connus. Le colonel Rémy – qui fut membre du Comité directeur de l’’Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (A.D.M.P.) (5) –évoquait à leur sujet « une équivoque dont on pourrait croire qu’’elle est soigneusement entretenue, tant on la voit se répéter d’’une année sur l’’autre, à l’occasion de l’’anniversaire du 18 juin [...] Comment ne pas croire à une falsification délibérée » (6).
Il ne s’agit pas là d’une interrogation, mais d’’une affirmation. Car, au cours de son second règne, de 1958 à 1969, Charles De Gaulle avait la possibilité, voire le devoir, d’’interdire que le faux appel soit substitué au vrai, et soit reproduit, sous la forme de centaines d’affiches et de placards émaillés qui, aujourd’’hui fleurissent sur les murs de nombre de nos villes, villages et bâtiments publics. Et ce, aux frais de la princesse.
Il est donc peu discutable que le silence gaullien, sur ladite falsification et sa diffusion, présente un caractère de complicité. Ce qui surprendra peut-être le lecteur de la lettre précitée, adressée en 1955 à Olivier Guichard. Mais qui étonnera moins ceux qui n’’ont pas oublié le jugement porté sur Charles De Gaulle par :
-– Jacques Soustelle : « Il a tout dit et le contraire de tout »
–- Georges Pompidou : « Il a tout dit et le reste » (7)
–- Philippe De Gaulle : « Il lui arrivait de mentir par omission. Il expliquait : “Il y a des moments où il faut savoir se taire “» (8).
Un combat légitime
Mais, au-delà de l’’intérêt qui s’’attache à mesurer la part éventuellement prise par Charles De Gaulle et ses fidèles dans l’’invention et la diffusion du faux, l’’attention qui doit être portée à cette affaire réside dans les conséquences de la reconnaissance par le Musée de l’’Ordre de la Libération de la falsification et de sa décision de l’’éliminer de ses propres murs.
Cette décision n’’est, en effet, qu’’un épisode du combat légitime contre un faux qui demeure placardé en moult lieux de France et de Navarre. Sous l’’exergue d’’une Croix de Lorraine, il est même apposé à Londres sur la façade du 4 Carlton Gardens. C’’est au pied de ce faux que, le 18 juin 2006, dix officiers élèves de Saint-Cyr et un détachement de leurs camarades britanniques de Sandhurst, ont reçu pour mission de commémorer le 18 juin. Ainsi, Français et étrangers apprennent que l’’armée française aurait honteusement capitulé, alors qu’’en dépit de pertes qui, en cinq semaines, avaient été supérieures à celles subies à Verdun durant une période équivalente, nous avons combattu –comme l’’attestent nos morts, nos blessés et nos citations (9) -– jusqu’à la première heure du 25 juin 1940, date d’’entrée en vigueur d’’un armistice et non d’’une capitulation. Un armistice que juge Henri Amouroux : « Le gaullisme a imposé l’’idée qu’’il ne fallait pas signer cet armistice et que Vichy était illégitime. C’est fabuleux ! Mais ce n’’est pas sérieux ! » (10).
Éliminer tous les faux
Suite à l’’exemple du Musée de l’’Ordre de la Libération, tous les faux figurant ici et là doivent être éliminés. Cette mesure de salubrité implique l’’intervention
–- des instances gaullistes, notamment pour déposer le faux du 4 Carlton Gardens ;
-– du ministère de la Défense auquel il appartient d’une part d’’interdire l’’affichage du faux dans les casernes, sur les navires de guerre et sur les bases de l’’armée de l’’Air, d’’autre part de ne pas renouveler la manifestation du 18 juin 2006 à Londres ;
-– du ministère des Anciens combattants, responsable de la défense de la mémoire combattante ;
-– du ministère de l’’Éducation nationale qui ne peut ignorer et accepter des ouvrages scolaires qui enseignent le faux ;
-– des directions de musées à vocation historique ;
–- des maires pour l’’élimination des faux éventuellement placardés dans les communes. Mais la responsabilité du combat principal contre la falsification de l’’Histoire incombe, vu leur position dominante, aux familiers des médias et notamment aux historiens et journalistes professionnels qui demeurent trop souvent prisonniers de la pensée unique, au point que rares sont ceux qui, depuis un demi-siècle, ont eu le courage de dénoncer les faux mettant en cause la France et ses armées au profit de l’’idéologie de puissants lobbies.
Le courage intellectuel est, on le sait plus rare que le courage physique (11). La survie possible du faux risque, dans l’’avenir proche ou lointain, de le confirmer. L’’affaire est donc à suivre sans le moindre relâchement.
Jacques Le Groignec (général de corps aérien (CR)) L’’Action Française 2000 du 5 au 18 octobre 2006
(1) Ces interventions sont évoquées dans mon ouvrage Réplique aux diffamateurs de la France (Nouvelles Éditions Latines, p.198).
(2) Charles De Gaulle : Lettres, notes et carnets, 1955, p. 240.
(3) cf. l’’article du Times du 5 août 1940 dont un fac-similé figure à la page 202 de mon ouvrage précité.
(4) cf. mon ouvrage précité, p. 201.
(5) A.D.M.P., 5 rue Larribe, 75008 Paris, 01 43 87 58 48 www.marechal-petain.com, et www.admp.org.
(6) Colonel Rémy : Lettre du 26 décembre 1970 adressée au directeur du Figaro.
(7) Georges Pompidou : Pour rétablir une vérité, Flammarion, p.119.
(8) Philippe De Gaulle : De Gaulle, mon père, Plon, tome 1, p. 228.
(9) Malgré ma répugnance à parler à la première personne pour évoquer de brefs instants d’’un conflit qui dura cinq ans et tua cinquante millions d’’êtres humains, je tiens à souligner, à titre d’’exemples, que le dernier de nos pilotes de chasse morts au champ d’’honneur tomba dans la soirée du 24 juin 1940, et que je fus moi-même -– pardonnez-moi– - cité pour fait d’’armes le 18 juin 1940
(10) Henri Amouroux : Interview dans “Valeurs actuelles”, 13 décembre 1993.
(11) Extrait de l’hommage au général Gouraud rendu le 15 novembre

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