Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Quand le rideau de fer se baisse sur la France active

131004Grâce à la CGT, seuls les épiciers arabes auront donc désormais le droit de travailler après 21 heures et le dimanche. N'est-ce pas là une attitude un peu raciste de notre société ? se demandera-t-on. Essayons d'aller au-delà.

La centrale communiste est parvenue à devenir majoritaire au sein du groupe des magasins populaires fusionnés sous l'enseigne Monoprix. Or, c'est bien cette bureaucratie syndicale qui a mis son veto à un accord sur les horaires nocturnes. C'est ainsi que par conséquent plus de cent magasins de cette chaîne, orientée vers des achats essentiellement utilitaires, et dont l'ouverture un peu plus tardive rendait service aux gens contraints à de longs déplacements en transports en commun, vont devoir fermer à 21 heures. (1)⇓

Qu’importe les clients, – ne parlons mêmes pas des actionnaires !, – pourvu que nous tenions le comité d'entreprise : doctrine constante des bureaucraties syndicales.

On ne doit pas s'étonner de cette évolution franchement rétrograde.

Il ne semble pas inutile revenir loin en arrière pour comprendre la tactique, malheureusement inchangée, des cégétistes.

On se souviendra par exemple du premier gouvernement de l'union de la gauche, sous la présidence de Mitterrand. À partir de 1981, on avait vu certes l'effondrement électoral du PCF dans les urnes. Mais la même période avait permis à la CGT de prendre le contrôle, au sein de la SNCF, du comité d'entreprise national créé par Fiterman, lui-même ministre d'État communiste des Transports jusqu'en mars 1983.

Les vagues de nationalisations de 1946 avaient été conçues par les services et les réseaux du ministre de la Production industrielle de l'époque. L'apparatchik Marcel Paul met alors en place la doctrine et la pratique des cégétistes. Ils posent comme axiome que l'entreprise doit fonctionner d'abord au bénéfice, spectaculaire et immédiat de ses salariés : cela conduit à l'octroi arbitraire d'avantages avant tout en nature sur le prix du kilowatt ou du billet de train, etc.

En observant un peu attentivement la carrière du militant communiste Marcel Paul on découvre, certes, un léger décalage avec les positions officielles, avec la propagande de son Parti, auquel cependant il demeurera fidèle toute sa vie.

Dès l'été 1944, les dirigeants du PC martèlent en effet des mots d'ordre présentant la "production" comme une sorte d'impératif national.

Cette conception quasi militariste de l'Usine relaye une idée de réforme générale de la France : on la retrouve, à partir de septembre 1944, dans tous les discours se réclamant de l'esprit de la résistance.

Or, le "pitau" (2)⇓ Marcel Paul s'en écarte quelque peu. Il donne la priorité, au sein des bastions étatisés, aux "œuvres sociales". Cette pieuse étiquette recouvre en fait un pillage systématique des ressources au profit des réalisations de propagande. Il s'illustre en particulier dans le cadre de la fondation d'EDF-GDF où il joue un rôle décisif. On peut mesurer, aujourd'hui, encore l'impact des infléchissements de l'époque. (3)⇓

Et c'est précisément sur cette question qu'il sera mis sur délicatement sur la touche par la fédération CGT de "l'éclairage" en 1964. Il est devenu un peu trop voyant. Dès la constitution du gouvernement de 1947, dont les staliniens poussés dehors par Paul Ramadier ne se retireront qu'en avril, Marcel Paul ne redevient plus ministre.

Dès janvier, au contraire, il revient au sein du fief d'EDF-GDF, qu'il a créé ; il devient en février président du Conseil central des œuvres sociales (CCOS). Il y restera jusqu'à la dissolution de l'institution par le gouvernement Pleven en 1951.

Qu'on se rassure : elle fut remplacée par la "Caisse centrale d'activités sociales". Contrôlée par la CGT, cette CCAS est incontestablement "le plus gros et le plus riche comité d'entreprise de France"; elle serait même "le premier acteur du tourisme social en France".

À remarquer par conséquent que la question reste pendante : la reconstitution de cette institution, matériellement essentielle à l'appareil du Parti et de la CGT, continue d'engendrer les mêmes formes de "gestion", et de digestion, qui font certes l'objet d'une procédure judiciaire mais dont on attend le procès, remis de trimestre en trimestre, depuis des années. Qu'on en juge :

En 2007, "L'Express" (6 mars) affirme : "Affaire du CE d'EDF : le juge accélère."

En 2012 "Le Figaro" (10 septembre) se félicite : "Des dirigeants de la CGT renvoyés en correctionnelle".

En 2013, cependant, la date de l'audience reste toujours problématique.

On doit bien comprendre à cet égard que ce détournement de ressources n'est possible qu'au sein de quelques rares entreprises généralement des monopoles historiques liés à l'État.

Or, les vieux slogans post soixante-huitards, le droit à la paresse, le partage du travail, etc. continuent de faire recette sur ce modèle ravageur, ruineux et destructeur, comme si on pouvait le généraliser.

Coupés du réel, coupés de l'opinion, coupés aussi de la vie concrète des gens les admirateurs, parfois inconscients, de l'idéologie cégétiste la relayent impunément.

Se réclamer ainsi de la gauche, sur ces bases-là, revient à saboter l'économie. Cette attitude se révèle, et se révélera de plus en plus, contradictoire avec le redressement de la Nation et les aspirations à la Liberté.

JG Malliarakis  http://www.insolent.fr/

Notes

1 - cf. Le Monde.fr en ligne le 01.10.2013 à 20 h 09 • Mis à jour le 02.10.2013 à 10 h 14
2 - Ce terme désigne les enfants de l'assistance publique. Pierre Durand en fera en 1983 le titre d'une révélatrice hagiographie "Marcel Paul vie d'un Pitau" ed. Messidor, 320 pages
3 - cf. Rapport de la Cour des comptes du 16 septembre 2013.

Les commentaires sont fermés.