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Des quotas raciaux sous couvert de diversité sociale (arch 2010)

Alors que sous le poids de l'immigration, de plus en plus d'établissements scolaires deviennent d'ingérables zones de non-droit, Nicolas Sarkozy profitait le 11 janvier de la présentation de ses vœux au « monde de l'éducation et de la recherche » pour réaffirmer sa volonté d'obtenir une plus grande diversité sociale dans les Grandes Écoles et les facultés de droit et de médecine. Chacune d'entre elles devant accueillir 30 % de boursiers.
Les classements aux concours d'entrée aux Grandes Écoles ou en deuxième année d'études de médecine se jouent au dixième de point et entre dans ces classements une part non négligeable et inévitable de hasard et d'injustice auxquels, boursiers ou pas, les candidats, y compris les meilleurs, n'échappent pas. Et ça, aucune loi, aucune volonté présidentielle ne l'éviteront. Du reste, l'examinateur ignore si le candidat à qui il attribue une bonne note s'engage en toute connaissance de cause dans la voie pour laquelle il postule, s'il est capable d'adaptation, possède les qualités morales, la volonté, la résistance physique, la dextérité manuelle requises pour occuper et s'épanouir dans les emplois auxquels sa réussite au concours lui ouvre l'accès. Autrement dit, un candidat reçu en deuxième année peut renoncer et priver le candidat qu'il précédait d'un dixième de point d'un métier dont il possédait toutes les qualités.
STATISTIQUES ETHNIQUES ET DISCRIMINATIONS POSITIVES
Mais la volonté du président ne vise évidemment pas, comme il le prétend, à ce que « tout [soit] mis en œuvre pour faire comprendre à tous les jeunes que les grandes écoles ne sont pas réservées à quelques enfants de la grande bourgeoisie ». Car voilà qu'en plein débat sur l'identité nationale réapparaissent les statistiques ethniques. Le Comité pour la mesure et l'évaluation de la diversité et des discriminations, créé en mars 2009 par Yazid Sabeg, commissaire à la Diversité, a présenté un certain nombre de recommandations dont une estimant que les statistiques sont nécessaires pour mesurer les discriminations mais en évitant toute référence "ethno-raciale". Le pays de naissance des individus et celui de leurs parents, leur nationalité à la naissance seraient des renseignements suffisants. Car le Comité affirme un dogme : « Les discriminations frappent au premier chef les descendants d'immigrés et des Français d'outre-mer. »
Si certains observateurs s'inquiètent « des graves conséquences de cette obsession ethnique maquillée sous de bons sentiments », d'autres estiment au contraire que les statistiques ethniques « n'ont de légitimité et de sens que pour accompagner des politiques de discrimination positive ». En plus, le Comité plaide pour la création d'un Observatoire des discriminations, venant s'ajouter à la HALDE et chargé de superviser des enquêtes, mais également de surveiller les entreprises ! Histoire de compliquer encore plus les contraintes sociales, le Comité propose l'obligation pour toutes les entreprises de plus de cent salariés d'afficher « la distribution du personnel par origines, uniquement d'après les pays de naissance ou les nationalités sur deux générations ». À croire que les membres de ce Comité sont les derniers représentants d'un régime totalitaire hors d'âge, une comparaison sera faite « entre la structure du personnel et la main-d'œuvre disponible, en fonction du vivier environnant ».
Eric Besson adhère évidemment à certaines propositions du Comité, notamment, en accord et en communion avec Sarkozy, sur le recueil des origines nationales. Si ce n'est pas, comme s'en défendent les services de M. Besson, pour "trier" les individus sur deux générations les parents, puis leurs enfants - leur donner des passe-droits et favoriser leur installation au détriment de ceux qui sont Français et en France depuis des siècles, à quoi servent alors ces statistiques sur la diversité ?
L'objectif sarkozyen d'obtenir une plus grande diversité sociale dans les Grandes Écoles a suscité les commentaires de quelques patrons qui en sont issus ou de membres de l'enseignement. Quasiment tous font une remarque de bon sens : pourquoi débattre de mesures qui visent quelques milliers de jeunes parmi les 10 % d'une génération qui accède aux Grandes Écoles, quand on oublie de s'attaquer aux 20 % d'une génération incapables de maîtriser les savoir de base puisque 150 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans le moindre diplôme ?
PRIORITÉ À LA LUTTE CONTRE L'ÉCHEC SCOLAIRE ET L'ILLETTRISME
Laurent Wauquiez, secrétaire d'État à l'Emploi, l'avoue : « Oui, notre pays a un problème avec l'illettrisme. Il nous faut aujourd'hui le reconnaître et briser ce tabou qui représente une barrière impitoyable quand on perd son emploi ou on en recherche un. »
Selon une étude de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme, 4,5 millions de personnes auraient des difficultés pour lire et écrire. Soit 9 % de la population ayant été scolarisée. Côté demandeurs d'emploi, 15 % des chômeurs seraient en situation d'illettrisme.
Soit 300 000 personnes ! Il est évidemment plus facile pour Nicolas Sarkozy de tenir des propos démagogiques que de s'attaquer à ce réel problème qui concerne les programmes dès le primaire et d'identifier, sans démagogie, les raisons du fléau de l'illettrisme.
Alors quotas pour quotas, pour éviter la concentration des handicaps dans certains quartiers ou écoles, Michel Godet, professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers pose dans une tribune du Figaro la question très Politiquement Incorrecte : pourquoi ne pas imposer un quota minimum de 80 % d'enfants de langue maternelle française dans les classes ? Encore faudrait-il évidemment trouver ces 80 % d'enfants, ce qui est de plus en plus difficile non seulement dans les banlieues, mais au centre de Paris même où petits Turcs, petits Chinois et petits Africains sont majoritaires.
La directrice de l'École normale supérieure considère quant à elle que « les quotas de boursiers menacent l'équité ». Son argument est imparable : « On juge des performances sans rien savoir du candidat, sans faire de discriminations, conformément au principe d'équité ayant présidé à la mise en place de ces concours. Comment pourrait-il en être autrement ? Des milliers de candidats, moins de deux cents reçus. Avec une si faible proportion d'admis, l'équité n'est possible qu'à cette condition. » Elle s'interroge également : « Apprendre sérieusement aux élèves, surtout les plus modestes, l'orthographe, la grammaire, la maîtrise de la langue et les connaissances de base, n'est-ce pas le meilleur moyen de les mettre sur la voie de la réussite aux concours ? ».
Rien n'est immuable, il est parfaitement possible de renoncer à des concours de ce type. Les Grandes Écoles ne sélectionneraient plus les élèves, elles les choisiraient individuellement en fonction moins de leurs aptitudes que de leur origine, voire de leur personnalité. Une suggestion : pour modifier le recrutement, il existe une solution très simple : organiser un cross de 10 à 15 km ; comme - on le voit dans nos équipes nationales d'athlétisme - les de souche sont à la fois minoritaires et moins performants, le recrutement de nos Grandes Écoles serait modifié de fond en comble !
RÉINVENTER LES CHANTIERS DE JEUNESSE ?
Nous laisserons la conclusion à Jean-Robert Pitte de l'Institut, ancien président de l'université Paris-Sorbonne qui suggère d'inviter tous les parents à éduquer leurs enfants, dès leur plus jeune âge, à structurer leur personnalité et à comprendre que la rue, la télévision et les jeux vidéo leur assurent la paix, mais leur préparent, à eux comme à leur progéniture, des lendemains difficiles. Car, dit M. Pitte, « la France a grand besoin de sa jeunesse, mais d'une jeunesse encadrée, stimulée, joyeusement encouragée à donner le meilleur d'elle-même ». Alors oui, réinventons les Chantiers de Jeunesse !
Pierre PERALDI. RIVAROL 26 FÉVRIER 2010

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