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Les quatre maux de la Défense

Alors que la passion partisane égare un certain nombre de commentateurs, sur ce blog et ailleurs, qui préfèrent leur frénésie à l'analyse complexe des faits, tentons de voir ce qui ne va pas dans la Défense. Il me semble possible de lister quatre problèmes majeurs : la masse salariale, Louvois, l'entraînement des forces, les exportations. 

1) La masse salariale du ministère de la Défense augmente alors que les effectifs diminuent. On peut discuter du niveau de cette hausse et de ses causes, mais le fait est là. C'est évidemment un problème structurel considérable. Tout l'édifice construit depuis la professionnalisation de 1996 - et renforcé par la loi de programmation de 2008 - reposait sur l'idée suivante : moins d'hommes mais mieux équipés. Il y a aujourd'hui beaucoup moins d'hommes, mais cette réduction n'a pas permis de dégager des crédits pour financer les équipements. Le gouvernement précédent a été généreux avec les personnels de la Défense en termes de soldes, traitements et primes de départ. La masse salariale globale a donc augmenté. Le ministère du Budget, comme la Cour des comptes, ont à juste titre fait grise mine.   

On se retrouve aujourd'hui avec des armées et un ministère qu'il faut "repyramider", c'est-à-dire où il faut réduire le poids des catégories supérieures par rapport aux subalternes. Chacun voit bien de quoi il s'agit : combien de colonels font des tâches qui ne sont pas de leur niveau ?  Ce repyramidage  est à la fois compliqué et douloureux. Compliqué ? Prenons l'exemple d'une frégate : l'équipage a été réduit mais il fait appel à des personnels plus qualifiés, donc mieux payés. Douloureux ? C'est le blocage des avancements, naturellement très mal vécu par les intéressés.

2) Louvois. Pas besoin de faire un dessin : il ne se passe pas une semaine sans que des situations ubuesques soient rapportées, en ce qui concerne le versement des soldes. Parmi les témoignages que je reçois, en voici un qui résume le problème : " Jeune retraité de l'armée de terre et rayé des contrôles depuis le 1er mai dernier, j'ai eu la joie de découvrir dans ma boite à lettres un courrier de mon ancienne administration. J'ai été étonné, j'ai reconnu l'envoi caractéristique des bulletins de solde. Et c'était bien un bulletin de solde. J'ai été soldé pour le mois de septembre de... roulement de tambour : 1 centime d'euro !"

Entre les impayés et les trop-perçus (ces derniers étant apparemment supérieurs aux premiers), les relations compliquées avec le fisc, les bricolages de garnison pour trouver des solutions (des bons d'achat dans des grandes surfaces ! Allez réinscrire cela dans la comptabilité publique...), la situation est lamentable. C'est un véritable scandale national, dont on ne voit pas l'issue. S'il avait touché une autre population que les militaires (ou les petites entreprises victimes des défaillances du système de paiement Chorus), le pays aurait été secoué par des vagues de protestation. Je  laisse imaginer aux usagers quotidiens du chemin de fer les conséquences sur la circulation des trains d'un tel fiasco à la SNCF...
Jean-Dominique Merchet - La suite ici

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