; le génocide juif n'ayant été qu'une Saint-Barthélémy à une échelle gigantesque.
L'Histoire officielle ratiocine que l'extermination juive a été faite sur une base raciale, on en conclut donc le danger que véhiculent la notion de race et a fortiori le racisme. Cette version officielle est pourtant contredite par la pratique de cette persécution. Tout montre que le seul facteur qui a joué fut le critère religieux. Y a-t-il des juifs qui au cours d'une rafle ont été arrêtés en leur mesurant le crâne ou l'angle facial ? On arrêtait un israélite parce qu'on savait son nom (à résonance juive), qu'il pratiquait cette religion, lui ou ses ancêtres. Les nazis qui faisaient dénuder les petits enfants juifs prouvaient paradoxalement qu'on ne pouvait le savoir que comme «cela». L'étoile jaune en était aussi la preuve. Etait considéré comme «racialement» juif celui qui était de religion juive. Si on avait pris uniquement des critères raciaux ou physiques identifiables, l'immense majorité des juifs n'aurait pas été inquiétée (certains sont devenus SS évidemment en cachant leur religion d'origine) ; on peut même ajouter que de nombreux non juifs auraient pu être inquiétés dans ces pays de l'Europe de l'Est ou la France, véritables sacs de nœuds de tous les types physiques européens.
Hitler dans « Mein Kampf » insiste pour dénommer les Juifs comme une race : « Les Juifs sont une race ». En disant cela il fait des Juifs l'UN. Il est en cela très Allemand, même d'Autriche, dans cette utilisation abusive du mot race. Les Français n'ont jamais très bien compris la culture et les catégories allemandes. On pourrait sans doute en dire autant des Tziganes exterminés sans doute plus pour leur mode de vie différent que pour des critères raciaux. Un Tzigane habillé en «bourgeois» dans un salon «bourgeois» aurait-il été identifiable ? Ruse de la raison ou de la déraison, cette extermination s'est faite par un état païen, mais Hitler n'a jamais persécuté les Chrétiens en tant que tels, seulement les opposants. Beaucoup de Chrétiens ont été nazis sans doute plus par un nationalisme exacerbé (ou le goût de l'ordre) que par racisme. Les nazis ont ressuscité toute la vieille rhétorique et pratique religieuses anti-juive. Ils n'ont presque rien inventé. L'étoile jaune est une réminiscence moyenâgeuse. Quant au concept de sang pur et impur, il vient tout droit de l'Inquisition espagnole. La rhétorique raciale a beaucoup emprunté à la rhétorique religieuse.
Cette insistance sur l'idée d'extermination raciale est perpétuée par les Eglises qui ont tout intérêt à dire et à continuer à faire croire que les hommes se sont entre-tués à cause de la race en ne respectant pas l'enseignement des religions. Mgr Lustiger n'avait-il pas déclaré avec suffisance à propos de la polémique sur l'inégalité des races provoquée par Jean-Marie Le Pen : « On sait maintenant que le terme «race» a conduit aux horreurs de la seconde guerre mondiale », alors que comme on vient de le montrer, elle est très peu intervenue dans la pratique exterminatrice. Il existe en France une véritable hystérie franco-française dès que le terme race est utilisé et a fortiori lorsqu'on commence à analyser des différences et des inégalités qui pourraient en résulter. Il ne s'agit pas pourtant ici de nier l'existence des races au sens intuitif qui vient simplement de la perception que les hommes peuvent avoir des autres. La réalité est tout autre et dure à admettre pour les Français. La «race» a sans doute infiniment moins tué que les mots justice, liberté et égalité.
Patrice GROS-SUAUDEAU juin 2009