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Europe, es-tu là ? Par Louis-Joseph Delanglade

 

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Le tout récent sondage plaçant le Front National de Mme Le Pen en tête pour les prochaines élections européennes (24% contre 22 pour l’U.M.P. et 19 pour le P.S.) affole les rédactions et les états-majors politiciens. La France risque, selon eux, d’être le principal pourvoyeur en « eurodéputés eurosceptiques ». Beau paradoxe, en effet. Mais, outre que le contexte national explique en grande partie la poussée du F.N., l’« euroscepticisme » fleurit un peu partout sur le vieux continent, de la Grèce au Danemark et de la Hongrie à la Grande-Bretagne. Au vrai, on se demande même comment il pourrait en être autrement.

Sur le papier, l’« Europe » est la première puissance mondiale dans les domaines économique et intellectuel. Dans la réalité, ce n’est qu’une association hétéroclite et cacophonique de boutiquiers. Cornaquée par une commission, à raison d’un commissaire par Etat membre, les mesures qu’« elle » prend le sont toujours (en tout cas, paraissent toujours l’être) au détriment de tel(s) ou tel(s) et sont très mal perçues par les opinions publiques. 

D’aucuns – avec M. Guetta comme porte-parole militant sur France Inter - considèrent que, pour se sauver, cette « Europe » doit s’affirmer davantage dans tous les domaines en harmonisant les diverses politiques fiscale, militaire, industrielle…; et que, surtout, la zone euro doit se transformer en union politique avec un « vrai » parlement, un « vrai » gouvernement et un chef de l’Etat. Bref, il faudrait abolir les actuelles entités nationales (devenues, dès lors « provinciales » - avec même des regroupements transfrontaliers) au profit d’une impossible Europe supranationale.

Là où les choses coincent en effet, c’est que le politique viendrait couronner un ensemble de démarches qui lui seraient antérieures. On ne voit donc pas très bien qui pourrait initier lesdites démarches, tant les intérêts nationaux restent divergents. Ne serait-ce pas le contraire qu’il faudrait envisager, c’est-à-dire commencer par une « union » politique ? Mais, nouveau problème, cette « union » peut-elle se décréter ? Qui ou qu’est-ce qui va « faire » l’Europe. Il paraît de toute façon peu probable que les grands pays moteurs (Allemagne et France au premier chef) acceptent de se fondre dans la masse.

On se rappelle comment De Gaulle se gaussait en 1965 des « cabris » européistes. On se souvient moins que, dès 1953, il donnait à sa pensée politique la forme d’un véritable syllogisme : la politique n’est rien d’autre que l’art des réalités ; la réalité c’est que l’Europe se compose de nations ; c’est donc à partir de ces nations qu’il faut organiser l’Europe.

Rien à objecter, sauf à être un « cabri » ou à cultiver le phantasme d’un empire au bois dormant.

http://lafautearousseau.hautetfort.com/

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