Voila comment l’Humanité présentait ce 19 novembre "Les Jours heureux" de Gilles Perret, et les initiatives autour de ce film dont le journal communiste se dit partenaire.
Citons : "Entre mai 1943 et mars 1944, sur le territoire français encore occupé, seize hommes appartenant à tous les partis politiques, tous les syndicats et tous les mouvements de résistance vont changer durablement le visage de la France. Ils vont rédiger le programme du Conseil National de la Résistance intitulé magnifiquement : Les jours heureux."
Citons encore : "Ce programme est encore au cœur du système social français puisqu’il a donné naissance à la sécurité sociale, aux retraites par répartition, aux comités d’entreprises, etc."
Mais voila comment les lecteurs du journal réagissent :
Première réaction, le 19 novembre "Pas de communiste ?" "Dommage qu'aucun représentant du PCF ne témoigne dans ce film sur l'actualité du CNR. Laisser la part belle à Copé, Hollande, Bayrou, qui démolissent le programme du CNR, c'est un peu fort de café."
Ce camarade n'a manifestement rien compris au film : il s'agit de faire passer cette affaire comme la naissance d'un "modèle social français", en quelque sorte unanimiste. Contre-vérité absolue sur le plan historique, mais qu'on nous impose sur le plan politique.
Deuxième réaction le 20 novembre à propos des "quatre rédacteurs": "Passer sous silence le rôle des communistes est d'autant plus injuste que les quatre rédacteurs des Jours Heureux de mars 1944, Pierre Villon, André Mercier, Benoît Frachon et Jacques Duclos étaient quatre communistes.
Le nier revient, une fois de plus à minimiser le rôle du parti dans la Résistance."
En voilà un, dira-t-on qui n'a pas lu "L'Alliance Staline Hitler" (1)!
Retenons quand même l'aveu : ce ne sont pas 16 hommes, et curieusement aucune femme, représentant tous les courants de la résistance, mais 4 dirigeants communistes qui ont fabriqué ce manifeste. Soulignons en effet que Pierre Villon, qui semble bien en avoir été le principal rédacteur, siégeait théoriquement en tant que délégué du "front national" (de l'époque ! qu'alliez-vous croire ?) : en fait cet architecte proche du Bauhaus fut pendant de longues années après la guerre député du PCF.
Trosième réaction, plus sympathique encore le 20 novembre : elle s'intitule "Terrible dilemme."
"En regardant les images du film "Les jours heureux" où l'ont entend parler d'abattre un homme en pleine rue, de le tuer en fait, parce que c'est la guerre, ont est légitimement amener à se poser la question de l'élimination physique de responsables économiques et politiques de la France et de l'Europe d'aujourd'hui, responsables qui détruisent l'équilibre social pour générer toujours plus de profits. Donc d'une lutte armée soutenue par un projet social et économique concret. Il faudrait dans ce cas les tuer pour faire passer un projet politique bien construit, radicalement plus social, plus égalitaire, plus solidaire, et cela avant que la situation actuelle ne se dégrade au point de tourner au jeu de massacre ou de dégénérer en guerre civile. Mais peut-être est-il plus raisonnable d'attendre que le sang des victimes innocentes coule à nouveau à flots dans les caniveaux pour se mettre en branle et que les fascistes aient fait main basse sur le pouvoir au nom d'une extrême droite pseudo-démocratique ?"
Intéressant délire n'est-il pas vrai ?
En se rendant sur le site de L'Huma on découvre que le parti se sert du film pour organiser des débats, bien calibrés.
Ainsi par exemple ce vendredi 22 novembre au cinéma Lincoln, Paris 8e, à 20 heures : débat avec Ian Brossat (PCF) porte-parole communiste d'Anne Hidalgo et Pierre-Yves Bournazel (UMP) porte-parole de Nathalie Kosciusko-Morizet. Thème : "L'héritage du programme du CNR aujourd'hui".
Voici quelques autres rendez-vous
- avec Raquel Garrido (Parti de Gauche) et le collectif FSU-CGT-Solidaires-Attac-LDH "Construire les mobilisations pour de nouveaux Jours Heureux ?"
- avec Laurent Douzou, historien et Léon Landini, résistant FTP-Main d'Œuvre Immigrée, tous deux protagonistes du film "Le programme du CNR d'hier à aujourd'hui"
- avec Gilles Perret, réalisateur : "Témoignages et archives : Filmer les Jours Heureux"
- avec François Ruffin (Fakir), Martine Orange (Mediapart) et Jean-Luc Porquet (Le Canard enchaîné) : "Le démantèlement du programme du CNR".
- avec Gérard Filoche (Parti Socialiste), inspecteur du travail. "Droit du travail et Jours Heureux depuis 1945"
- avec Éric Coquerel (Parti de Gauche) conseiller spécial de J.-L. Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan, député et président de Debout la République : "Une nouvelle République pour de nouveaux Jours Heureux ?"
Faut-il vraiment commenter ces thèmes ? Faut-il passer sous silence cette opération de désinformation ? Et surtout faut-il ignorer la participation de gens se réclamant du gaullisme ?
On appréciera tout particulièrement l'intervention du "porte-parole communiste de Madame Anne Hidalgo".
Ce jeune homme ira loin: le 14 octobre l'Humanité posait ainsi la question : "Le 16e arrondissement de Paris va-t-il s’ouvrir aux Roms ?"... car en la personne du camarade Brossat "le chef de file du groupe PCF-PG au Conseil de Paris va soumettre aujourd’hui un vœu proposant la création d’un village d’insertion dans le très riche arrondissement parisien."
Allons, prenons en conscience : pour tous ces gens, le mur n'est tombé qu'à Berlin.
http://www.insolent.fr/2013/11/les-jours-heureux-du-parti-communiste.html
1) http://www.editions-du-trident.fr/catalogue#ash
http://aucoeurdunationalisme.blogspot.fr/