Il n’échappe guère au public que les motivations du MRAP, de la LICRA, de la LDH et de SOS Racisme sont moins humanitaires que communautaires.
Son accès de franchise s’explique-t-il par le dépit de ne pas voir reconnu son rôle personnel ou par le seul souci de rétablir la vérité historique ? Quoi qu’il en soit, alors que sort sur les écrans un film qui célèbre le trentième anniversaire de la grande marche pour l’égalité et contre le racisme, Julien Dray – qui sait de quoi il parle – vend la mèche et rappelle que ce mouvement n’était pas tout à fait aussi libre ni pur de toute attache qu’on voudrait le faire croire aujourd’hui. Encore ne s’agissait-il que de coups de pouce et de coups de main. Le prodigieux succès de SOS Racisme, un an plus tard, doit beaucoup – sinon tout – au soutien idéologique et logistique du Parti socialiste – Georgina Dufoix et Françoise Gaspard –, à l’appui matériel et financier de l’Élysée – Jean-Louis Bianco –, au génie publicitaire et aux relations de Jacques Pilhan, et bien sûr à l’autorisation et à la caution de François Mitterrand. La carrière de l’homme à la petite main jaune, Harlem Désir, et d’un certain nombre de ses « potes », dont Julien Dray lui-même, ne relève pas exactement de la génération spontanée.