L’étude Ifop de Jérôme Fourquet et Marie Gariazzo pour la Fondation Jean Jaurès (gravitant dans l’orbite du PS) et rendue publique en octobre dernier, confirmait la porosité grandissante depuis 2006 entre les électorats UMP et FN. Une évidence sur les questions identitaires, sécuritaires, de défense des valeurs traditionnelles, de la famille, ou encore sur celles du refus de l’assistanat, du fiscalisme confiscatoire… Les divergences principales entre les deux familles électorales, qui certes ne sont pas négligeables même si elles ont tendance à se réduire, portant sur le rôle de l’Etat, la perception de l’Europe bruxelloise, la monnaie unique… L’enquête de l’Ifop pointait une « radicalisation » parallèle des électeurs UMP et frontistes sur les questions migratoire et sécuritaire. Ainsi, 87 % des sympathisants UMP pensent désormais qu’« il y a trop d’immigrés en France » – + 25 points en sept ans !- constat partagé par 96 % des sympathisants FN – + 10 points depuis 2006. « Dans ce contexte, les tentatives des leaders de l’UMP pour séduire les électeurs frontistes sur leur propre terrain risquent d’avoir pour principal effet de donner encore plus d’audience aux thèses du FN » avertissaient les auteurs de l’étude
Pourtant, dans leur tentative de retenir par la manche des Français qui veulent une vraie rupture, entre autres, avec la politique d’immigration de peuplement qui s’est poursuivie entre 2002 et 2012, les figures du parti de MM. Copé et Fillon se livrent parfois à des déclarations « extrémistes » ( ?) . Ainsi l’irréprochable ancien ministre de la Justice, Pascal Clément, affirmait le 22 décembre 2009, lors d’une réunion de groupe UMP à l’Assemblée nationale, que « le jour où il y aura autant de minarets que de cathédrales en France, ça ne sera plus la France ».
Une manière d’essayer de « coller » au ressenti de nombreux cadres locaux de l’UMP, éternels cocus de la politique menée par les dirigeants de leur parti quand ils sont aux affaires. Ce ras-le-bol devant le trop plein migratoire s’exprimant parfois avec véhémence. Nous pensons aussi aux propos du maire UMP de Gussainville (Meuse), André Valentin, qui toujours en décembre 2009 et réagissant au débat sur l’identité nationale avait déclaré: « Je pense qu’il est plus qu’utile, qu’il est même indispensable, qu’il est temps qu’on réagisse, parce qu’on va se faire bouffer »? « Par qui ? » lui demandait un journaliste. « Par qui? Par quoi? » avait-il répondu. « Y en a déjà dix millions. Il faut bien réfléchir. Dix millions que l’on paie à rien foutre ». M. Valentin s’était attiré les foudres de SOS racisme et certains de ses collègues.
En mars 2011, c’était le député UMP Chantal Brunel qui sur un mode nettement plus brutal que Marine Le Pen, proposait de « (remettre) dans les bateaux » les clandestins débarquant à Lampedusa.
Mais comme l’UMP veut le beurre, l’argent du beurre et les faveurs de la crémière, à savoir se concilier une base droitière excédée, tout en donnant des gages aux grands prêtres de la religion progressiste, ce parti entend ne pas être reste dans la chasse aux commentaires malheureux pouvant se trouver disséminés, ici ou là, sur les pages des candidats frontistes ou RBM consultables sur les réseaux sociaux.
Une manœuvre dénoncée par le secrétaire général du FN, Steeve Briois, relayant d’ailleurs des informations rapportées par RTL : « Jean-François Copé aurait manifestement doté l’UMP d’une cellule chargée de fliquer les candidats du Front National. Il s’agit, nous dit on, d’une équipe internet, chargée de passer au crible les nouveaux candidats du Front national: leur vie, leurs fréquentations, leur passé sur les dix dernières années. »
« Outre le fait que leurs méthodes relèvent du flicage et de l’opération de barbouzerie caractérisée, nous constatons que l’UMP et ses dirigeants ont choisi de continuer à jouer les supplétifs des socialistes, traquant le Front National avec un zèle qu’on ne rencontrait plus qu’à SOS Racisme » constate Steeve.
Notons encore que la maison mère de SOS racisme, le PS, s’était déjà doté d’une structure équivalente en janvier 2012, une « cellule riposte anti-FN ». Son objectif, avouait Alain Bergougnioux, conseiller de Martine Aubry, était d’ « élaborer une contre-argumentation face au FN et démystifier le mouvement », de le déconsidérer aux yeux de l’électorat populaire.
Alors, Bruno Gollnisch le dit aussi tout net, il y a beaucoup de malignité dans ce procédé de l’UMP qui se retrouve aujourd’hui dans le rôle de l’arroseur arrosé. Les médias ont fait leur choux gras du photomontage, disons malheureux de Christiane Taubira, réalisé par la conseillère municipale de Combs-la-Ville, la copéiste Claudine Declerck, qui a entraîné son exclusion du parti.
Le même sort devrait être réservé Luc Jousse, maire UMP de Roquebrune-sur-Argens, cerné par la justice, car « impliqué dans de nombreux dossiers judiciaires », écrivait il y a un mois L’Express. M. Copé n’entend pas l’exclure pour ses motifs là mais pour ses propos enregistrés à son insu le 12 novembre lors d’une réunion de quartier dans lequel ils se plaignaient des exactions des roms. « Je vous rappelle quand même que (…) les Roms, m’ont mis neuf fois le feu. Neuf fois des départs de feu, éteints par le SDIS (service départemental d’incendie et de secours, NDLR), dont le dernier, ils se le sont mis eux-mêmes. Vous savez ce qu’ils font : ils piquent des câbles électriques et après ils les brûlent pour récupérer le cuivre et ils se sont mis à eux-mêmes le feu dans leurs propres caravanes ! Un gag ! Ce qui est presque dommage, c’est qu’on ait appelé trop tôt les secours ! »
Mardi, c’était un autre élu de l’UMP, Michel Loosvelt, maire de Lompret, qui a été interpellé par des gendarmes lui reprochant la consultation « régulière » de sites pornographiques présentant des images de mineurs. M Loosvelt s’était opposé au mariage pour tous au printemps dernier…
En mai 2012, c’était le conseiller municipal UMP du Mesnil-Saint-Denis et membre du Crif, Maurice Gutman, dans un silence médiatique assez général, qui était condamné à deux mois de prison avec sursis pour proposition sexuelle à une mineure de 12 ans. Le procureur avait pourtant réclamé une peine de cinq mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve, assortie d’une amende de 1.500 euros. Il avait été piégé courant février 2011 par un journaliste de l’émission de France 2, Les Infiltrés. En se connectant sur un site Internet, M. Gutman avait conversé avec un journaliste se faisant passer pour Jessica, une fillette de 12 ans. Après de longues minutes d’échanges, l’élu UMP lui avait proposé d’avoir des relations sexuelles ».
Avec le sens de la mesure qui le caractérise, Bruno Gollnisch ne tire pas comme conclusions de ses différentes affaires que l’UMP est un repaire de dangereux détraqués sexuels et de racistes plus ou moins honteux. La brebis galeuse n’est pas représentative du troupeau notait il déjà à l’époque.
Mais nous sommes en droit d’attendre de l’UMP, comme des autres formations du Système éclaboussées par des scandales multiples flirtant souvent avec l’infâme, un peu plus de décence. Comme le dit ce sage proverbe antillais que nous aimons citer, « quand on monte au cocotier, il faut avoir la culotte propre ».
http://www.gollnisch.com/2013/12/11/quand-monte-au-cocotier/