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Quand on a que la peur...

Alors que rien ne fonctionne dans la boîte à outils hollandaise, le pouvoir tente d'unir les Français qui veulent jouer à se faire peur. Kit antiraciste, mode d'emploi.
Les avantages du discours antiraciste sont depuis longtemps connus. Il permet à n'importe qui de se mettre du côté des « dominés » contre les « dominants », des « opprimés » contre les « oppresseurs ». Cette dialectique est séduisante en diable : une fois construite l'opposition entre deux groupes, être du bon côté permet de critiquer l'intégralité de la position adverse sans même prendre la peine de répondre aux arguments. Car le dominant qui se défend ne fait que reproduire sa domination, et refuser d'entendre sa défense n'est que la légitime conquête de la liberté.
Il est bien sûr piquant d'admirer en quoi la posture antiraciste ainsi comprise est surtout a. une magnifique machine à fabriquer de la terreur intellectuelle et b. le support idéal des idiots utiles de tous bords. L'invention du concept d'islamophobie par l'Organisation de la Conférence Islamique dans les années 1970 est exemplaire. Quarante ans plus tard, la moindre critique concernant l'attitude la plus scandaleuse (mariages forcés et consommés des fillettes pré-pubères, au hasard), l'événement le plus sordide ou les déclarations les plus inquiétantes, est immédiatement qualifiée d'islamophobe par les musulmans et par les idiots utiles.
Du côté des bourreaux
Cette nazification du discours de l'autre est parfaite pour interdire tout débat, délégitimer toute parole, empêcher tout discours historique, récuser tout comparatisme culturel. Son effet le plus pervers est d'encourager un rapport au temps schizophrène et hystérique, qui veut que tous les péchés passés du prétendu oppresseur, selon les règles actuelles d'appréciation édictées par les antiracistes, soient éternellement actualisés, lui soient éternellement opposables et vaillent éternellement absolution de tous les péchés présents du soi-disant opprimé. Au nom des croisades occidentales (dont on se garde bien de connaître l'histoire exacte), il est légitime que les chrétiens soient aujourd'hui massacrés. C'est là que l'antiracisme révèle tout son génie : il autorise l'apôtre de la paix à être du côté des bourreaux. C'est un chef-d'œuvre de double-pensée orwellienne. On ne peut même pas parler de contradiction, puisque tout ce qui vise à annihiler l'oppression (et quoi de plus simple que de supprimer l'oppresseur ?) est par nature pertinent.
Exclusion maximale
L'antiracisme se double aujourd'hui d'une dénonciation clinique de l'autre : judéophobe, homophobe, islamophobe, il s'agit d'abord et avant tout de dénoncer la maladie, de désigner le malade, d'établir un périmètre sanitaire, d'éliminer le risque de contagion. Car toutes ces maladies sont devenues mortelles : là où les militants voyaient des adversaires à convaincre, l'antiraciste ne voit plus que de dangereux morts-vivants. C'est la paranoïa qui le guette désormais. Il n'hésite plus, dans un processus révolutionnaire classique, à dénoncer quiconque n'est pas absolument d'accord avec lui. Cette reductio ad absurdum du « vivre ensemble républicain » aboutit en fait à exclure de plus en plus, d'une part (c'est ainsi que tous les opposants à François Hollande, sages-femmes ou paysans, camionneurs ou urgentistes, sont forcément d'extrême-droite), et créer des communautés séparées, d'autre part, chaque opprimé se trouvant plusieurs oppresseurs - outre le Français chrétien adepte du bien commun.
Le musulman a le droit de détester le juif (les discours musulmans antisionistes sont d'une brutalité ahurissante), l'homosexuel a le droit de craindre le musulman (la gauche horrifiée dénonce l'inquiétante dérive nationaliste des homosexuels), la lesbienne peut dénoncer l'oppression mâle des militants gays, le Breton, Paris, etc.
Le pays légal n'est plus qu'un vaste tourbillon de communautés haineuses, aux alliances de circonstances mais aux antagonismes fondamentaux, qui luttent pour exercer un pouvoir totalitaire sur les esprits.
Quant à ceux qui détestent être pris en otages, et pensent que la politique ne consiste pas à choisir entre antisémites et islamophobes, tant pis pour eux.
Hubert Champrun monde & vie 3 décembre 2013

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