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Édouard Martin, un syndicaliste en campagne

Une fois n’étant pas coutume, et la fin d’année étant prétexte à quelque fantaisie, nous commenterons dans cette chronique une saynète de la comédie électorale, à laquelle nous dénions par ailleurs toute légitimité. Mais le sujet est attrayant : il s’agit de l’élection au parlement européen de mars prochain dans la circonscription dite « grand Est » (en réalité Champagne-Ardenne, Lorraine, Alsace, Bourgogne et Franche-Comté).

Le scrutin verra s’affronter, entre autres, trois candidats hauts en couleur et réputés « bons clients » des médias hexagonaux. Il s’agit, sans ordre de préférence, d’Edouard Martin pour le PS, de Nadine Morano pour l’UMP, et de Florian Philippot pour le FN. On ne présente plus Mme Morano, sarkozyste fanatique, que les tombereaux d’injures déversés sur elle finissent par rendre sympathique (on a poussé les hauts cris en faveur de Mme Taubira pour dix fois moins). Originaire du quartier populaire du Haut du Lièvre à Nancy, elle est la seule des trois native de la circonscription.

Plus récemment arrivé sur la scène politique, Florian Philippot est le numéro deux officiel du Front National. Cet énarque qui a débuté aux côtés de Jean-Pierre Chevènement détonne par rapport aux candidats traditionnels du parti, et ne laisse pas indifférent dans l’opinion. Servi par un indéniable talent de débateur, il souffre d’un enracinement local problématique ; le décalage entre ses prises de position et l’opinion des électeurs habituels du mouvement peut le desservir mais aussi élargir sa base.

Le troisième roi-mage de cette crèche républicaine (les rôles de l’âne et du bœuf sont réservés protocolairement aux actuels présidents et chef du gouvernement) est de loin le plus énigmatique : Edouard Martin est en effet l’ancien lidère syndical (CFDT) du combat des ouvriers de l’usine sidérurgique de Florange lors de la fermeture par le groupe Arcelor Mittal de la phase à chaud de ce site. A ce titre, il n’avait pas ménagé ses coups contre le pouvoir socialiste, accusé d’inaction face à cette restructuration (portant inéluctable et que la reprise d’Arcelor par Mittal n’a fait que retarder). Il avait même menacé les socialistes d’être leur « cauchemar », ce qui sera peut-être le cas sous une forme inattendue.

Certes, Martin, recruté par Harlem Désir, se défend d’avoir adhéré au PS, se contentant de conduire sa liste. Certes, les porosités entre la centrale cédétiste et la rue de Solférino sont un secret de polichinelle, même si elles sont moins visibles que les liens presque ombilicaux qui unissent la centrale de Montreuil et la place du colonel Fabien. [...]

Jean-Marc Ferrand - La suite dans L’AF 2877

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