On découvre que M. Guéant est un bohème, un poète qui ne se soucie guère de toutes les paperasses dont s’embarrasse l’administration d’un État.
Secrétaire général de l’Élysée, puis ministre de l’Intérieur, longtemps comme cul et chemise avec Nicolas Sarkozy, plus influent, mieux informé et plus agissant que cet autre « collaborateur » qu’était le Premier ministre, intervenant dans tous les dossiers au mépris des structures et des hiérarchies officielles, mêlé de près ou de loin à toutes les affaires, aux grands comme aux petits secrets de l’État, courtisé, redouté, s’environnant d’un manteau de mystère qui lui allait bien au teint, Claude Guéant passa, durant le dernier quinquennat, pour l’homme le plus puissant de France, la moderne réincarnation de ces éternelles éminences grises, de ces hommes de l’ombre, insensibles, calculateurs et cyniques, dont le Père Joseph, sous le règne de Louis XIII et de Richelieu, demeure le modèle.