Pas une journée ne passe sans que je me pose cette question : mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ?
Par exemple, quand Cazeneuve établit son budget en prévoyant le doublement des redressements fiscaux, je me pose la question : mais qu’est-ce qu’il a dans la tête ? N’a-t-il jamais vu un contrôle fiscal ? Sait-il qui sont ceux qui vont être détruits de la sorte ? Est-il conscient qu’il va perdre, par ruine factice, des milliers de créateurs de richesse du fait de cet ordre stupide ?
Quand les contrôleurs fiscaux partent en campagne, qu’ils montent des dossiers complètement abscons en recalculant à leur sauce la comptabilité des entreprises, je me dis : mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ?
Quand ces mêmes contrôleurs notifient un redressement, dont ils savent pertinemment que c’est une abstraction sans aucune réalité, que l’entreprise est incapable de le payer, et qu’il va ruiner l’entrepreneur : mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ?
Quand les politiques véhiculent l’idée que c’est la trop grande liberté accordée aux entrepreneurs qui est à l’origine de la crise que nous traversons : ils ont quoi dans la tête ? Impossible d’imaginer qu’ils ignorent l’encadrement qu’ils ont mis en place qui interdit toute initiative. Evidemment, ils savent parfaitement que rien ne peut se faire sans passer par eux, qu’ainsi rien ne se fait, puisque le temps de passer par eux c’est déjà trop tard en fonction du rythme imposé par l’économie mondiale.
Quand ces mêmes politiques sont capables de débattre pendant des heures de l’avenir, à la télévision ou ailleurs, en laissant croire qu’ils vont pouvoir continuer à inonder leurs électeurs d’avantages pécuniaires, alors que leur faillite est programmée pour demain : que se passe-t-il dans leur tête ? Ils n’ignorent pas que leurs prélèvements ont depuis longtemps terrassé les entrepreneurs. Ils n’ignorent pas qu’ils ont les mains vides. Comment peuvent-ils encore faire des promesses ?
Quand la famille Le Pen a le souffle de promettre encore plus, plus de partage, plus de ponction sur le capital, donc sur le moteur de l’économie : mais que se passe-t-il dans leurs têtes ? Comment imaginent-t-ils que cela va finir ?
Quand les braves gens croient à tout cela, quand on les sent prêts à tuer, la violence à fleur de peau, cherchant juste sur qui la déverser, je me dis : mais qu’ont-ils dans la tête ?
Quand la presse ment à tout le monde sur la situation. Quand elle fait croire que l’on va encore pouvoir vivre dans l’insouciance, que la seule chose qui compte est de savoir si deux personnes du même sexe peuvent se marier, ou espionner la vie des starlettes de la télé, des intermittentes du spectacle, alors que la misère est à nos portes : mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ?
Quand je suis sur la route, que je croise des milliers de voitures, je me demande : comment font-ils pour payer l’essence ?
Quand je suis au restaurant, qu’au deuxième service il n’y a toujours pas de place, je me dis : comment vont-ils faire pour payer l’addition ?
Je ne parle pas des voitures neuves, du prix des appartements, des vêtements, des sports d’hiver : comment ça marche tout ça ?
Ils ne peuvent quand même pas avoir tous gagné au loto ?
Quand je vais dans un service public, que dès la réception on m’explique que ma requête est impossible, que ceux qui pourraient y répondre sont absents, voire en congé, que de toute façon ce que je demande est interdit de communication, je me dis : mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ?
Une fois par mois, peut-être moins, la surprise me terrasse. Récemment, je suis allé dans un bureau. Fermé le mardi ! La responsable m’a ouvert quand même ! Je me suis surpris à penser : mais qu’est-ce qui s’est passé dans sa tête ?
En clair, j’ai beaucoup de mal à comprendre l’environnement et la pensée de cette société dans laquelle je suis projeté à mon insu. J’espère que c’est moi qui ai tort, moi qui suis décalé par rapport à la réalité, sans quoi ce serait très inquiétant.
Si par malheur cette incompréhension généralisée n’était pas de mon fait, si, au contraire, c’était tout le système qui prenait une mauvaise route, l’accident collectif à venir serait alors d’une grande gravité. Il est bien préférable que ce soit moi le con de service. Vous voudrez bien m’en excuser.
Henri Dumas
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