Lu dans Présent à propos de l'avis du Conseil d'Etat sur l'affaire Vincent Lambert :
"[...] la décision du Conseil d’Etat pose plusieurs principes qui confirment le caractère euthanasique de la loi Leonetti – caractère que Présent avait dénoncé dès la discussion et l’adoption de la loi, en 2005 !
Elle qualifie d’emblée l’alimentation entérale, à savoir l’administration directe de la nourriture dans l’estomac d’un patient pour pallier une difficulté de déglutition, de « traitement » médical, alors que rien dans le code de la santé publique ne permet de le dire, au motif que c’est ainsi que les travaux préparatoires de la loi Leonetti en ont décidé.
Soins de base comme l’hygiène, l’abri ou le chauffage, la nourriture et l’hydratation administrées à un patient comme Vincent Lambert ne font que lui apporter ce dont il a besoin pour vivre, son organisme étant parfaitement capable d’assimiler la nourriture selon le processus digestif normal. Si on les lui retire, il ne mourra pas de sa maladie – puisqu’il n’est pas malade – ni de son handicap, mais bien parce qu’on lui aura refusé ce qui est ordinairement dû à toute personne.
Le Conseil d’Etat se fonde sur les principes de la loi Leonetti pour affirmer que tout patient a droit à la protection de sa vie – raison pour laquelle il se dit fondé à statuer – mais ajoute que tout patient a le droit « de consentir à un traitement médical et de ne pas subir un traitement qui serait le résultat d’une obstination déraisonnable ».
D’où, pour les experts qui seront nommés par l’Académie nationale de médecine, le Comité consultatif national d’éthique et le Conseil national de l’ordre des médecins, l’obligation de se prononcer d’ici à deux mois, après avoir examiné le patient, sur la capacité de Vincent Lambert à communiquer et sur le fait de savoir si réellement il rejette les soins, s’il souhaite vivre ou mourir.
Autrement dit, c’est une reconnaissance de principe de l’euthanasie ou du suicide assisté, le retrait de l’alimentation ayant pour objectif la mort.
Ils devront en réalité surtout – la décision du Conseil d’Etat en parle beaucoup – s’exprimer sur la dignité de la vie de Vincent Lambert : traduisez, même si la décision n’emploie pas le mot, sa qualité. Ils sont invités à se prononcer, en effet, sur le caractère « irréversible », ou non, de ses lésions cérébrales, « et sur le pronostic clinique » : autrement dit, l’état du patient est-il susceptible de s’améliorer ?
Les travaux entourant la loi Leonetti ont fait de l’absence d’amélioration possible un critère pour la suppression de l’alimentation et de l’hydratation d’un patient en vue de le faire mourir.
C’est cela que consacre le Conseil d’Etat. Le débat sur l’euthanasie est derrière nous."