Décryptage de la polémique au lycée Gerson par Famille chrétienne :
"[...] Un mauvais scénario, pour une affaire révélatrice des tensions qui traversent les écoles catholiques entre les familles attachées au magistère de l’Église et celle qui n’en veulent pas.
Il faut savoir quecinq jours avant le reportage d’Europe 1, une enseignante avait déposé dans tous les casiers des professeurs un tract cosigné par la CGTdénonçant ladite intervention en des termes assez similaires : prêtant à Alliance Vita des « conceptions ultra », l’accusant de « propos violents » comme d’avoir dit aux élèves que « les filles qui utilisent la pilule du lendemain sont des criminelles ».Un mot qui n’a jamais été prononcé, d’après une élève de terminale qui a assisté à la séance.
L’infirmière scolaire qui a reçu la jeune fille ayant contacté Europe 1 sous un nom d’emprunt a du mal à y croire : « Je la connais bien, c’est une jeune fille qui est très dans l’affectif, très à vif, dit-elle. On a passé du temps à discuter après l’intervention parce qu’elle était secouée, et qu’elle avait besoin de parler. C’est normal, un sujet comme l’IVG touche à l’intime. Les jeunes sont mal informés, ils accumulent les expériences traumatisantes, ils sont toujours fortement interpellés quand on leur donne une autre version que ce qu’ils entendent dans les médias, pour qu’au moins ils fassent leurs choix en connaissance de cause… Mais je ne m’explique pas qu’elle ait pu passer ce coup de fil à Europe 1, car elle est revenue me voir en fin d’après-midi, pour me remercier. Elle semblait rassérénée ».
[...] Ce groupe scolaire doit gérer unmélange hautement hétérogène entre des familles très attachées au caractère catholique de l’établissement, d’autres pas vraiment croyantes mais attachées à Gerson en raison de son ouverture, et d’autres qui sont indifférentes, parfois même hostilesau magistère de l’Église. Ces dernières ont longtemps été largement représentées dans l’association des parents d’élève et ont été influentes en matière de vie scolaire. Maisles dernières élections ont vu arriver une nouvelle équipe, beaucoup plus engagée dans la vie pastorale et représentative d’une majorité silencieuse, contente de reprendre un peu la main. Se sentant désormais minoritaires face à une équipe très soudée autour du projet catholique (direction du secondaire, responsable du lycée, conseil d’administration et délégués de l’Apel…),ces familles se seraient crispées.
Dès octobre 2013, la visite de tutelle programmée depuis plusieurs années par la direction diocésaine de Paris avait confirmé l’existence de ces tensions. Mais dans cette ambiance électrique, elle a aussi mis le feu aux poudres, en libérant la parole de cette minorité : quelques familles du primaire, bien décidées à obtenir la tête du directeur, à coups de mails et d’insinuations à la sortie de l’établissement... Une école, c’est comme un village, la rumeur va très vite, il suffit de rien pour qu’une information soit reprise et amplifiée. Une mésentente entre la direction du primaire et du secondaire, et surtout un manque de dialogue entre tous les acteurs de l’établissement a achevé de pourrir les relations. Au point que certains ont décidé d’instrumentaliser la presse, qui s’est empressée d’agiter le spectre de l’intégrisme. [...]"