Les informations sont relativement discordantes quant au fait que le Sud libyen, en particulier le Fezzan, serait dorénavant une véritable plateforme des mouvements jihadistes, entre Maghreb et Sahel. On ne peut nier toutefois que, depuis la fin 2013, les principaux courants semblent adopter une stratégie d'ensemble afin de gagner en puissance et en capacité de rayonnement. Diverses réunions des principaux mouvements en témoignent.
Pour autant, les jihadistes sont loin de faire l'unanimité. Ainsi, ils trouvent face à eux, les Toubous, nomades d'ethnie noire. Estimés entre 300 000 et 600 000 selon les sources - la fourchette est grande -, les Toubous rejettent catégoriquement l'islamisme radical des groupes tels Al-Qaïda au Maghred islamique (AQMI) et Ansar al-Charia qui ont des émules en Libye, notamment dans le sud du pays, via des milices arabes de tribus comme celle des Ouled Slimane - tribu du Premier ministre Ali Zeidan - foncièrement hostiles aux Toubous.
On rappellera donc combien l'opération Harmattan continue de secouer géopolitiquement la région de manière catastrophique. Au point qu'à Paris, au sein de certains services ministériels, on prenne en compte la nécessité, à moyen terme, de lancer des opérations afin de parer la menace jihadiste qui continue de se renforcer depuis le territoire libyen et alimente le Nord-Mali, mais aussi le Niger, en réseaux de déstabilisation notoire. Tout en sachant que la ville de Dema, en Cyrénaïque, situé à l'est de Benghazi, demeure depuis 2011, le fief des jihadistes libyens.
Quoi qu'il en soit, exagérée ou non, la présence de jihadistes dans le sud du pays déstabilise réellement la zone, déjà traversée par trafics divers (sucre, cigarettes, farine, alcool, drogues) et insécurisée par les conflits de tribus dans les régions de Sebha et Koufra.
RAIDS n°335
http://www.oragesdacier.info/2014/05/sud-libyen-vivier-de-jihadistes-et-zone.html