par Pierre Marchand
Une étude récemment publiée par le Parlement européen estime le coût de la non-Europe à 800 milliards d’euros par an entre 2014 et 2019. Peut mieux faire
Le service de recherche du Parlement Européen vient de commettre un rapport édifiant intitulé Cartographie du coût de la non-Europe 2014 – 19.
Opportunément publiée à quelques semaines des élections européennes, cette étude fera date dans l’arsenal de propagande européiste. Quand on n’arrive pas à convaincre, on menace ; la propagande la plus efficace est toujours celle qui consiste à faire peur. La première remarque qui s’impose est celle de la qualité des auteurs du rapport. Celui-ci est en effet directement issu du Parlement Européen, et plus précisément l’unité « Valeur ajoutée européenne ». Un cas d’école de conflit d’intérêts caractérisé (c’est un thème à la mode pour l’UE), même si ce rapport comporte une once d’honnêteté, celle de rappeler que le concept de coût de la non-Europe date des années 80. Autant dire qu’il s’agit d’une rengaine qui prend parfois des allures de rouleau compresseur. C’était d’ailleurs un des thèmes favoris de Jacques Delors dans son plaidoyer pour le marché unique, avec les résultats que l’on sait…
A grand renfort de « gains d’efficacité potentiels », on est par exemple prié de croire que le marché unique numérique va rapporter 260 milliards d’euros par an, et l’approfondissement du marché unique existant 235 milliards. Ne cherchez pas un chiffrage précis, il s’agit d’estimations pour la plupart émises par d’autres rapports produits par d’autres départements du… Parlement européen. Le fameux Traité transatlantique, dont nous reparlerons, ferait gagner à l’UE la bagatelle de 60 milliards par an. Autre exemple éloquent, celui de l’union bancaire, qui permettrait de « jouer un rôle majeur pour prévenir et contenir toute future crise financière. » On nous explique donc sereinement que d’autres crises financières auront lieu mais qu’elles seront moins graves si l’Europe fait l’union bancaire (35 milliards d’économies par an). Plus inattendus, les gains potentiels de la lutte contre les violences faites aux femmes, estimés à 7 milliards par an. Nous nous permettons ici de suggérer aux auteurs du rapport d’élargir cette étude non seulement au monde entier mais aussi à tous les autres crimes qui ont un coût pour la société. Le rapport n’oublie pas non plus la réduction du « gender pay gap » (différences salariales hommes – femmes), qui permettrait une économie de 13 milliards par an moyennant un meilleur alignement du salaire des femmes sur celui des hommes – donc des augmentations de salaires, ce qui est tout à fait cohérent avec ce qui se passe en Grèce par exemple ou même en Allemagne, qui a fait peser son arrogante prospérité sur les salaires de ses ouvriers.
Reste que tout cela a un coût, que ce rapport se garde bien de préciser. Car sur ce sujet, il ne s’agit plus de prospective mais de données historiques sur le coût de l’Europe : 700 milliards pour le Mécanisme européen de stabilité (143 milliards rien que pour la France), ou encore 1 100 milliards pour le sauvetage de l’euro (estimation du FMI). Ça fait cher le pari. Mais c’est un autre coût qui nous intéresse et qu’aucun scribouillard de Strasbourg ou de Bruxelles ne chiffrera jamais : le coût social et humain de l’Europe. Au-delà de la guerre des Balkans et de la crise Grecque, ou de son inconscience qui a contribué à enflammer l’Ukraine, les dégâts qu’elle a causés sont déjà considérables. Sans doute par manque d’intégration européenne…
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Europe-Plus-c-est-gros-plus-ca