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[Entretien] Paul-Marie Coûteaux à L’AF : "Tous ceux qui ont le souci de la nation sont des interlocuteurs."

Paul-Marie Coûteaux, à quelques jours des élections européennes et alors que les media ont fait un large écho à ses divergences avec Marine Le Pen, a accordé un long entretien à L’Action Française où il dit sa foi dans des "rassemblements autour d’une incarnation forte".

 

L’AF 2886 - Les médias ont pris un malin plaisir à attiser vos dissensions avec Marine le Pen. Qu’en est il exactement ?

PAul-Marie COÛTEAUX - On peut en effet parler de divergences de vues avec Marine le Pen -ou plutôt entre le Front National et le SIEL, car il me semble que je ne fais que refléter l’opinion médiane des membres de mon parti. Ces divergences ne sont pas anormales puisque, bien que nous soyons alliés, nous n’appartenons pas aux mêmes traditions politiques -c’est d’ailleurs tout l’intérêt, et le risque, de ce que nous tentons en lançant des passerelles entre des courants qui se sont trop longtemps ignorés, ou combattus...

Que les journalistes s’intéressent à ces divergences n’est pas étonnant puisque, le SIEL étant le seul allié du FN, l’affaire a une certaine portée : la question est de savoir si le FN peut avoir un partenaire ou pas. L’aspect personnel compte beaucoup moins, la brouille entre Marine le Pen et moi-même n’étant qu’un épisode d’une amitié qui dure depuis douze ans, et qui en a connu bien d’autres... 

Restent nos divergences de vues. La première a porté sur la laïcité : le SIEL, ouvertement chrétien ( nous avons inscrit les "points non négociables de Benoît XVI" en tête de notre charte ) ne tient pas la laïcité pour une mise à l’écart de la religion, puisque les religions sont aussi des civilisations et que l’on ne peut vouloir reléguer la civilisation dans la "sphère privée", encore moins mettre en France toutes les civilisations sur le même pied, Nous croyons à la nécessité d’une sorte de préférence chrétienne et cette divergence de vues nous a séparés lors des différentes "manifs pour tous", aux cotés desquelles le SIEL s’est engagé -de même qu’il s’est engagé auprès du Printemps Français, du "Jour de la Colère", et des différents mouvements de jeunes qui ont éclos à la faveur du formidable renversement d’époque ouvert par les grandes manifs de 2013.

Le souverainisme s’est trop longtemps présenté sous la forme d’une statocratie, alors que les questions de civilisation se sont faites de plus en plus aiguës et que ce n’est pas seulement la Nation et l’Etat qu’il faut sauver mais une certaine notion de l’Homme et je crois l’Humanité même de l’Homme. Ceci nous a conduits à ajouter une troisième terme au triptyque souverainiste : à côté de la souveraineté de la nation et de celle de l’Etat, nous avons aussi à défendre une souveraineté culturelle, entendue comme sauvegarde de l’originalité, donc des origines mêmes de la civilisation française qui sont grecques, chrétiennes, romaines et supposent le respect minimal d’une "nature des choses"...

Mais le débat majeur porte sur la stratégie de conquête du pouvoir, et sur le rôle à nos yeux moteur que doit jouer le RBM ( "Rassemblement Bleu marine" ), qui fut lancé en décembre 2012 et qui reste hélas dans les limbes ; aucune manifestation publique, aucune réunion de ses administrateurs (sur sept, trois viennent du SIEL), aucune visibilité -à telle enseigne que, par exemple, les listes européennes se nomment FN et non plus RBM comme ce fut le cas pour lors des Législatives il y a deux ans. Je m’en inquiète, comme l’ont fait récemment de leur côté Gilbert Collard ou Robert Ménard : nous tenons d’autant moins à être assimilés au FN qu’il nous paraît impensable qu’un parti puisse conquérir seul le pouvoir (il y faut une majorité, dont le FN est assez loin...), encore moins qu’il puisse le restaurer et l’exercer dans sa plénitude, ce qu’exigent pourtant les très graves circonstances d’aujourd’hui. Rien ne peut plus se faire en France sans un large gouvernement de salut public doté d’une légitimité forte, donc d’une très vaste assise populaire, que seul assure le rassemblement de tous ceux qui placent la nation au coeur de leur projet. Il y en a parmi les royalistes, parmi les amis de Philippe de Villiers, ou ceux de Nicolas Dupont Aignan, mais aussi à l’UMP, et ailleurs, dans de petits groupes mobilisés sur tel ou tel sujet ( l’écologie, l’alimentation, la santé, l’éducation, l’immigration etc.) ou autour de personnalités, écrivains ou autres, auxquelles nous ne prêtons pas assez d’attention...

Vous vous méfiez donc des partis... [...]

La suite dans L’AF 2886

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