e qu'on qualifie du terme d'élite, c'est la partie supérieure d'une communauté. En mathématiques, on utilise les termes de « max » ou de « sup » d'un ensemble donné, pour qualifier sa partie supérieure. L'erreur que commentent beaucoup, c'est de croire qu'une élite donnée soit transcendante. Autrement exprimé, qu'une élite donnée soit ainsi reconnue par tous, en tout lieu et à toute époque. Pour déterminer l'élite (partie supérieure) d'un ensemble, on doit disposer d'une relation d'ordre ainsi que d'une norme. Si la première ne pose problème (« < » et « > »), c'est la seconde qui fait toute la différence : c'est ainsi que selon la norme choisie, pour un même ensemble d'individus, l'élite sera différentes.
Zidane comme Platini firent partie de l'élite. A condition bien sur de prendre pour norme la valeur footballistique. Cela ne signifie absolument que si on prend en considération une autre norme – l'intelligence par exemple – ces deux hommes en feraient nécessairement partie. L'élite dans le cadre de l'armée est constituée par les officiers et notamment les généraux. Là encore, cela ne signifie pas que ces derniers continuent de faire partie de l'élite si on prenait en compte d'autres critères.
L'absence d'élite ne peut exister que dans le cadre d'une société totalement égalitaire. On peut par exemple prendre en considération certaines micro-sociétés comme celles postérieures à mai 68 tout en s'en réclamant. Il n'en reste pas moins que celle-ci achoppèrent sur les qualités humaines de ses membres. C'est ainsi que même en postulant l'égalité totale et parfaite que certains paramètres, notamment naturels, continuent d'être discriminant. Toujours afin d'imager, notre physique et je pense au visage, influence considérablement le rapport qu'autrui entretient avec nous. Donc, même si tous étaient habillés de la même façon, que les différences perdureraient.
L'une des erreurs que je constate assez souvent à la lecture de la prose issue de la mouvance, est de considérer que la société actuelle qui caractérise la France d'aujourd'hui n'a pas d'élite. D'où l'introduction du terme de « pseudo-élite ». En fait, cette élite existe pourtant bien et se comporte en tant que telle. Le fait est que ceux qui ne la reconnaissent pas utilisent une autre norme et on donc une autre conception de l'élite. En aucun cas l'élite actuelle ne trahit : elle tisse sa toile avec les valeurs qui sont les siennes, toujours soucieuse de respecter son engagement envers la cause qu'elle s'est choisie.
On sait aujourd'hui que certaines formations universitaires ouvrent grandes les portes du pouvoir. Ainsi Science po, l'Ena ou le droit. L'un des objectifs de l'Ena justement, est depuis sa fondation, de former des individus susceptibles d'occuper les plus hauts postes, dans la société de leur époque. On comprend alors très bien le ridicule à affirmer que les énarques trahissent : au contraire, ils font justement ce pour quoi ils ont été formés. Fonctionnaires bien souvent à très haut niveau, ils obéissent au même titre qu'ils dirigent.
Dans les faits, chaque idéologie politique dispose de sa propre norme et ainsi, de sa propre élite. La question est de savoir s'il est possible de trouver une norme absolue, permettant de trouver une élite susceptible d'être consensuelle. On m'accordera bien volontiers que l'éthique et la vérité sont des valeurs spécifiquement humaines et indépendantes de l'espace comme du temps. On pourrait donc concevoir que pour appartenir à l'élite, même si on peut ajouter d'autres critères, il faille adhérer tant à l'éthique qu'à la vérité.
Un aspect me semble presque certain : c'est que l'élite actuelle, n'est pas en phase avec ces valeurs...
Philippe Delbauvre